L’évaluation dans l’écrit scientifique en français

Ce mémoire s’inscrit dans le domaine du français sur objectifs universitaires (FOU). Comme la filière du français sur objectifs spécifiques (FOS), le FOU a été créé pour répondre aux besoins linguistiques de l’intégration universitaire des étudiants non natifs voulant poursuivre les études dans des pays francophones (Mangiante et Parpette, 2011. 5). Le français enseigné ici n’est plus le français général, mais le français scientifique qui leur permet de réaliser des tâches académiques dans le cadre institutionnel, y compris l’écrit scientifique. Ce dernier, en tant qu’outil de communication indispensable et essentiel dans le monde de la recherche, doit satisfaire aux exigences de la rhétorique scientifique propre à la communauté scientifique de la langue cible.

Des étudiants non natifs du français, souvent accablés simultanément par le besoin de s’adapter au contexte académique inhabituel, le poids de l’appréhension des connaissances de leur discipline et la difficulté liée à la langue française (Cavalla, 2007 : 38), éprouvent plus de difficultés que les natifs face à l’exigence de l’écrit scientifique, tant sur la stratégie rhétorique que sur le lexique à utiliser pour composer leur propre discours à la française. L’expression à la française signifie ici faire quelque chose «comme font les Français» . En conséquence, rédiger un écrit scientifique à la française consiste à élaborer un discours dont la langue et la rhétorique impliquées répondent aux habitudes langagières inhérentes à la communauté de recherche des Français.

Parmi ces habitudes langagières, le lexique scientifique transdisciplinaire s’avère très important, car il représente, selon Tutin (2007 : 6), la manière habituellement utilisée par la communauté scientifique pour décrire ou présenter les activités scientifiques. Il ne s’agit pas ici des termes scientifiques appartenant à une discipline précise, mais des lexiques qui peuvent être employé dans les activités rédactionnelles pour construire des discours visant à décrire les objets scientifiques ou bien les procédures scientifiques.

Notre étude ne se limite pas purement aux lexiques transdisciplinaires dans le discours scientifique, mais se concentre plus précisément sur des combinaisons phraséologiques qui relèvent typiquement du discours scientifique. Plus précisément, notre étude concerne un genre typique des phénomènes phraséologiques : les collocations évaluatives du genre Nscientifique + Adjévaluatif. Nous nous intéressons à ce genre de collocations pour quatre raisons :

1. Les collocations du genre Nscientifique + Adjévaluatif dans le discours scientifique en français sont rarement étudiées : nous retenons seulement le travail de Tutin et Cavalla en 2008 qui traite ce genre de travail.
2. Les adjectifs dans les collocations évaluatives du genre Nscientifique + Adjévaluatif jouent un rôle important dans l’argumentation et remplissent une grande fonction interpersonnelle dans le discours scientifique (Tutin, 2010 : 1).
3. Les adjectifs montrent l’attitude (ou le positionnement) de l’auteur envers les activités scientifiques et dévoilent sa stratégie rhétorique pour valoriser et promouvoir son étude.
4. Nous croyons que l’enseignement de ce genre de collocations évaluatives peut aider l’apprenant non natif à mieux évaluer dans l’écrit scientifique.

Dans le but de découvrir l’utilisation des collocations évaluatives dans l’écrit scientifique en français, notre travail invite à entrer également dans le domaine de la linguistique de corpus, et c’est sur les textes scientifiques en français regroupés dans le corpus Scientext que nous envisageons de mener notre recherche. Le corpus Scientext est un corpus conçu principalement par le Laboratoire de Linguistique et de Didactique du Français Langue Étrangère et Maternelle (LIDILEM) de l’Université Grenoble 3-Stendhal. Il a pour objectif d’étudier les phénomènes phraséologiques ainsi le positionnement et le raisonnement dans l’écrit scientifique. Les collocations évaluatives seront extraites du corpus Scientext et classées en fonction des valeurs sémantiques des noms scientifiques et des adjectifs évaluatifs dans les collocations évaluatives du patron Nscientifique + Adjévaluatif. Par la suite, nous effectuerons des observations et des analyses sur les classes des collocations évaluatives afin de démontrer leurs propriétés sémantiques, syntaxiques et rhétoriques.

De ce fait, ma problématique est ainsi la suivante : comment les collocations évaluatives manifestent-elles l’évaluation de l’auteur dans les différentes disciplines et dans les différentes parties textuelles de l’écrit scientifique en français. Cette problématique peut être mieux précisée par les questions suivantes : quelles valeurs sémantiques les collocations évaluatives du genre Nscientifique + Adjévaluatif interprètent-elles? Quelles fonctions rhétoriques sont remplies par les collocations évaluatives du patron Nscientifique + Adjévaluatif dans le discours scientifique? Existe-t-il des différences ou des similarités d’utilisation dans des disciplines différentes? Dans des parties textuelles différentes? Quelles propriétés les combinaison entre des noms scientifiques et des adjectifs manifestent-elles? Comment enseigner ces collocations évaluatives ?

Il est difficile de donner une définition à la notion de discours et maints chercheurs ont tenté d’en trouver une. Aujourd’hui, la notion de discours a connu une extension, ce qui nous met face à plusieurs définitions possibles. En les interrogeant, nous n’avons pas manqué de trouver que cette notion allait souvent de pair avec quelques notions proches telles que la langue, l’énoncé, le texte ou la phrase qui sont sujettes à causer des confusions.

Au tout début, Saussure a opposé la parole à la langue. Pour lui, la langue est un « système de signes acceptés par une communauté linguistique » alors que la parole représente « l’acte de d’individu qui utilise la langue pour émettre ou pour comprendre des énoncés » (Saussure, 1979 : 17). Ici, le terme parole saussurien est traité comme le synonyme du terme discours. Maingueneau (1987) a précisé cette opposition en allant plus loin et expliqué que le discours, enveloppe « toute production langagière », « n’a affaire au langage que par là où il fait sens pour des sujets inscrits dans des stratégies d’interlocution, des positions sociales ou des conjonctures historiques » (Maingueneau, 1987 : 7). La distinction entre la langue et le discours nous conduit à voir que le discours se différencie par son orientation vers la dimension sociale ou mentale. A.H.Gardiner considère le discours dans la dimension sociale, il confirme que le discours constitue un outil pour que les hommes communiquent entre eux à travers des signifiants en cas d’exprimer leur opinion. La dimension mentale du discours s’explique par le fait que le discours se réalise en fonction de la condition psychique (Charaudeau & Maingueneau, 2002 : 185-186).

Quant à Benveniste (1966), dans sa définition, le terme discours est proche du terme énoncé. D’après lui, le discours est « tout énonciation supposant un locuteur et un auditeur et chez le premier l’intention d’influencer l’autre en quelque manière » ( Benveniste, 1966 : 242). Cependant, il faut signaler que les deux termes ne sont pas les mêmes bien qu’ils soient proches. L’énoncé, le produit de l’acte de l’énonciation, est « la suite des phrases émises entre deux blancs sémantiques, deux arrêts de la communication » tandis que le discours pourrait être vu comme « l’énoncé considéré du point de vue du mécanisme discursif qui le conditionne ». (Guespin, 1971 : 10). Dans cette citation, nous comprenons le fait qu’il existe trois niveaux hiérarchiques entre la phrase, l’énoncé et le discours : les phrases constituent l’énoncé qui constitue enfin le discours en ajoutant la prise en compte des conditions de la production de cet énoncé. Même si on dit que la phrase est l’un des constituant du discours, ceci n’implique pas qu’un discours doive toujours se manifester plus long qu’une phrase car une seule phrase pourrait aussi devenir un discours, c’est par exemple le cas d’un proverbe. La différence réside justement dans l’organisation des phrases. Le discours est obligé de répondre aux exigences d’organisation des phrases d’une communauté ou d’un genre de discours (un résumé ne s’organise pas de même façon qu’une nouvelle).

En parallèle, nous trouvons la définition de Maingueneau (1976) qui préfère voir le discours en tant que « résultat d’une construction », « résultat de l’articulation d’une pluralité plus ou moins grande de structurations transphrastiques, en fonction des conditions de production ». (Maingueneau, 1976 : 16). Cet essai de définir le discours reprend les éléments importants dans la distinction entre l’énoncé et le discours que nous trouvons chez Guespin : les phrases articulées (l’énoncé) et les conditions. Mais il complète ces deux éléments par le résultat de constitution ou de production. Le discours doit être compris en même temps comme résultat de constitution et les conditions dans lesquelles l’on obtient ce résultat. Ici, ce n’est plus le processus qui compte mais plutôt le fruit du processus de production et la situation où se passe cette production qui s’avèrent plus importants. C’est aussi pourquoi Jaubert (1990) pense que le discours est « du langage en situation» (Jauber, 1990 : 22).

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Table des matières

Introduction 
Chapitre 1. Le discours scientifique
1.1.La notion de discours
1.2 Le type du discours et le genre du discours : précision terminologique
1.3. Le discours scientifique et les genres du discours scientifique
1.4. L’écrit scientifique universitaire
1.5. Les difficultés des étudiants non natifs face à l’écrit scientifique
1.6. L’exigence spéciale de l’écrit scientifique : savoir évaluer
Bilan
Chapitre 2. L’évaluation dans le discours : les études antérieures
2.1. La genèse des recherches sur l’évaluation du texte
2.2. La théorie de l’évaluation de Hunston et Tompson (2000)
2.3. Appraisal theory (Martin et White : 2005)
2.4. L’évaluation dans le discours scientifique en français
Bilan
Chapitre 3. Les collocations évaluatives transdisciplinaires du genre Nscientifique + Adjévaluatif
3.1. Lexique scientifique transdisciplinaire
3.2. La définition des collocations
3.2.1. L’acception statistique de la notion de collocations
3.2.2. L’acceptation sémantique de la notion des collocations
Bilan
3.3. Les collocations transdisciplinaires évaluatives du genre Nscientifique + Adjévaluatif : des caractéristiques principales
3.4. Le traitement sémantique des constituants des collocations Nscientifique + Adjévaluatif
3.4.1. Des noms scientifiques dans les collocations en question
3.4.2. Des adjectifs évaluatifs dans les collocations en question
Bilan
Conclusion

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