L’étude du langage en psychologie

Le langage sert entre autres à définir, interpréter, se représenter et comprendre la plupart des processus conscients chez les individus. En effet, les mots constituent l’une des principales façons d’exprimer les pensées et les émotions dans les contacts sociaux afin de les rendre accessibles aux autres. De plus, le langage employé par une personne reflète l’objet de son attention (Pennebaker, 2011). À titre d’exemple et selon l’auteur, une personne qui accorde beaucoup d’importance aux relations interpersonnelles utilise un plus haut taux de pronoms personnels. De la même façon, une personne très préoccupée par son passé emploie davantage de verbes au temps passé (Pennebaker, 2011) .

Le langage verbal est un comportement observable et si certains comportements observables constituent des marqueurs de la personnalité, le langage peut être en partie le reflet des structures psychologiques inconscientes constituant la personnalité d’un individu. Cependant, les études antérieures qui se sont intéressées au langage et à la personnalité ont mené à des résultats parfois contradictoires. Ces contradictions peuvent être la conséquence de la variabilité des marqueurs linguistiques considérés comme indicateurs de la personnalité, de l’influence du contexte d’évaluation, ainsi que des multiples modalités pour obtenir des échantillons verbaux ou écrits (Chung & Pennebaker, 2007).

Certaines recherches basées sur les travaux de James W. Pennebaker considèrent que les mots de fonction (p.ex., pronoms personnels, conjonctions, prépositions, articles) s’avèrent des marqueurs intéressants pour l’étude du langage et de la personnalité, par leur fonction grammaticale de liaison et de mise en contexte du discours. En effet, ces mots ont la propriété de passer inaperçus, autant pour l’émetteur et le récepteur du message. De plus, ils sont hors du contrôle conscient de la personne qui les utilise de façon automatique. Malgré la réalisation de nombreuses recherches au cours des dernières années sur le langage et diverses variables psychologiques, une seule étude (Jeanneau & Armelius, 1993) s’est directement intéressée aux liens entre les organisations de la personnalité et des variables linguistiques spécifiques, à l’aide d’échantillons verbaux obtenus à partir d’entrevues individuelles. Les résultats observés indiquent que plusieurs variables linguistiques sont caractéristiques et spécifiques des trois organisations de la personnalité du modèle théorique de Kernberg soit, névrotique, borderline et psychotique (Kernberg & Caligor, 2005).

L’étude du langage en psychologie 

L’utilisation des mots est une des façons d’exprimer les pensées et les émotions dans les échanges sociaux (Fast & Funder, 2008). L’étude du langage a suscité l’intérêt de plusieurs chercheurs en psychologie au cours des quinze dernières années. Cet intérêt grandissant a été facilité par l’arrivée des nouvelles technologies informatiques comme moyen d’analyse des contenus d’échanges verbaux ou de textes écrits (Chung & Pennebaker, 2007; Pennebaker, 2011). D’ailleurs, l’hypothèse centrale de la psychologie du langage est que les mots utilisés par des individus reflètent en partie leur personnalité, ce qui les préoccupe, ainsi que l’objet de leur attention (Pennebaker, 2011). Cet auteur décrit les mots comme une fenêtre sur le monde intérieur d’une personne, sur ses pensées, ses émotions et sa personnalité. En effet, plusieurs chercheurs ont observé que l’utilisation des mots, le langage et la façon de s’exprimer des individus contiennent de l’information à propos d’eux-mêmes et de leurs relations (Chung & Pennebaker, 2007 ; Fast & Funder, 2008 ; Grabhorn, Kaufhold, Michal, & Overberk, 2005 ; Pennebaker, 2011 ; Pennebaker, Mehl, & Niederhoffer, 2003 ; Raskin & Shaw, 1988 ; Tausczik & Pennebaker, 2010). D’ailleurs, les variations dans l’information verbale exprimée sont très importantes (Pennebaker & King, 1999). Ainsi, il est raisonnable de croire que ces variations ne sont pas uniquement le résultat d’apprentissages sociaux de chaque individu mais qu’ils reflètent aussi des processus psychologiques sous-jacents (Fast & Funder, 2008). Selon ces derniers auteurs, l’usage des mots peut constituer un indicateur des relations sociales, de la personnalité, de même que des aspects cognitifs et biologiques de l’individu. À titre d’exemple, Pennebaker soutient que les gens qui utilisent beaucoup de pronoms à la première personne vont diriger l’attention de leur interlocuteur vers eux-mêmes, alors que d’autres individus, qui emploient une grande proportion de verbes au temps passé, tendent à être préoccupés par leur histoire personnelle.

Fonctions du discours 

Le discours, qui constitue la mise en œuvre du langage, peut avoir plusieurs fonctions selon le contexte dans lequel il est employé. En effet, selon Husain (2001), le discours a une triple dimension, à la fois (a) sociale (il s’adresse à un interlocuteur), (b) linguistique (il s’agit d’un ensemble d’énoncés à considérer selon leur enchaînement) et (c) psychologique (il comporte une organisation sous-jacente, inconsciente). Dans le même ordre d’idées, Brelet-Foulard et Chabert (2003) mentionnent que le discours s’avère révélateur de fonctionnements psychopathologiques. Ces auteures émettent l’hypothèse que les procédés d’élaboration du discours sont sous-tendus par des opérations inconscientes, dont ils sont la traduction manifeste. De plus, les auteures indiquent que ces procédés peuvent être formels (syntaxique) et/ou narratifs (style d’organisation de l’histoire). Ceci est en accord avec les observations de Ghiglione et Blanchet (1991), qui mentionnent qu’une désorganisation de la forme du discours (p.ex., syntaxe, cohérence) peut survenir entre autres, dans le cas de psychopathologies graves comme la schizophrénie.

L’intérêt pour la signification des mots et du discours, plus particulièrement ce qu’ils peuvent nous révéler à propos de la psychopathologie, n’est pas un concept nouveau en psychologie clinique (Pennebaker et al., 2003 ; Rosenberg, Blatt, Oxman, McHugo, & Ford, 1994). En effet, Freud (1916) considérait déjà que les mots et le discours étaient des indicateurs de phénomènes inconscients. Précisément, il s’est intéressé aux actes manques, qui prennent la forme de lapsus (mot prononcé autre que celui qui devait l’être), de fausse lecture (lire un autre mot que celui qui est réellement imprimé) et de fausse audition (entendre autre chose que ce qui est dit). Depuis ce temps, les liens entre les psychopathologies et l’utilisation du langage ont suscité l’intérêt de différents chercheurs. En effet, plusieurs études se sont intéressées aux liens entre le discours et certaines psychopathologies telles que la dépression ou la schizophrénie (v.g., Brinkley, Bernstein, & Newman, 1999 ; Endres, 2004 ; Helfgott, 2004 ; Langdon & Coltheart, 2004 ; Leroy, Pezard, Nandrino, & Beaune, 2005 ; Molendijk, Bamelis, van Emmerick, Arntz, Haringsma, & Spinhoven, 2010).

Généralisations difficiles des résultats portant sur le discours et la psychologie 

La généralisation des résultats dans l’étude du discours et de la psychopathologie ou autres phénomènes psychologiques est difficile pour diverses raisons (Pennebaker et al., 2003). Premièrement, les méthodes de collectes de données sont diverses et hétérogènes (v.g., parler librement pendant 5 minutes, extraits de séances de psychothérapie, raconter une histoire à partir d’images, questionnaires auto-rapportés, extraits de textes sur Internet). Deuxièmement, ces auteurs mentionnent que la majorité des études n’ont pas été reproduites et troisièmement, que le choix des variables linguistiques pour opérationnaliser le discours est difficile à justifier théoriquement. À ce propos, Pennebaker et al. (2003) indiquent qu’il est nécessaire d’établir une perspective théorique claire pour expliquer les liens entre la psychopathologie et l’étude du discours. En effet, ces auteurs mentionnent notamment que les études futures doivent être plus rigoureuses dans leurs critères d’inclusion des participants et doivent reposer sur des échantillons de discours plus standardisés.

 

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Table des matières

Introduction 
Contexte théorique 
L’étude du langage en psychologie
Fonctions du discours
Généralisations difficiles des résultats portant sur le discours et la psychologie
Choix des variables linguistiques pour opérationnaliser le discours
Le rôle psychologique des mots de fonction
Implication du discours dans la psychothérapie et les progrès thérapeutiques
L’organisation de la personnalité selon Otto F. Kernberg
Définition de l’organisation de personnalité
Identité
Mécanismes de défense
Qualité du contact avec la réalité
Relations d’objet
Étude du discours et des organisations de la personnalité névrotique, borderline et
psychotique
Contexte de l’étude
Caractéristiques linguistiques de l’organisation de personnalité névrotique
Caractéristiques linguistiques de l’organisation de personnalité borderline
Caractéristiques linguistiques de l’organisation de personnalité psychotique
Variabilité des résultats concernant l’utilisation de la référence à soi à lumière des
résultats de l’étude de Jeanneau et Armelius (1993)
Objectifs de l’étude
Hypothèse et question de recherche
Sous-hypothèses de recherche
Méthode 
Scheme de recherche
Participants
Procédure et déroulement de l’expérience
Instruments de mesure
Le Personality Organization Diagnostic Form (PODF)
Le Thematic Apperception Test (TAT)
Description des variables
Stratégie d’analyse du discours
Résultats 
Discussion 
Interprétation des résultats
Conséquences de la recherche et des retombées possibles
Forces et faiblesses de la recherche
Conclusion

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