Lettres françaises et culture néo-latine à l’ époque moderne 

Évolution de la Ratio studiorum

L’ influence de l’humanisme chrétien dans l’enseignement concourt à former un projet éducatif global: d’abord par l’ autorité du fondateur, Ignace de Loyola (1491-1556), qui, sous le nom d’humanités, préconise l’ apprentissage de la rhétorique et de la grammaire. L’ importance donnée à ces deux disciplines est intimement liée à leur caractère propre à former les écrivains et penseurs antiques. En effet, l’apprentissage de ce bagage de connaissances s’ organisait selon deux principes internes:  d’une part, il embrassait la formation de l’homme dans son entier, visant à son instruction aussi bien qu’à son éducation. D’autre part, en se fondant sur un dialogue avec des maîtres reconnus comme les archétypes de l’humanité, il postulait d’emblée une valeur universelle.
Ses disciples poursuivirent alors ce dessein universel et ils instituèrent de fait une véritable entreprise d’ éducation de la jeunesse .
Du reste, les Jésuitesl4 comprirent rapidement la nécessité de systématiser leur enseignement en un code pédagogique qui en édictait les directives générales: les activités de la Compagnie les amenaient de fait à évoluer dans un espace paneuropéen où il était essentiel de s’ adapter aux spécificités culturelles et sociales propres à chaque nation.
Rappelons qu’ à partir de la mort d’Ignace, le nombre des membres de la Compagnie quadruple, passant d’ environ 1 000 à 400015 dans la vingtaine d’ années entre 1556 et 1574. Il en va de même de la multiplication des collèges et des lieux d’ enseignement jésuites en Europe, qui passent pendant les mêmes années d’ une cinquantaine à 163.

Évolution de l’enseignement de la rhétorique au XVIIIe siècle au collège Louis-Ie-Grand

Le XVIIIe siècle « était une époque à la fois une et multiple où s’ observent des changements institutionnels et politiques, intellectuels et spirituels, qui forment le berceau de notre modernité ». L’histoire de l’ enseignement illustre particulièrement bien cette idée. De fait, entre sa fondation et la fermeture de ses collèges lors de l’édit du 6 août 1762 qui sonne l’ interdiction de l’ordre en France, la Compagnie de Jésus avait si bien prospéré que le nombre de collèges atteignait bien plus qu’une centaine d’établissements en France. Tout au long du XVIIIe siècle, la pratique pédagogique des Jésuites devait rivaliser de plus en plus avec celles des autres institutions d’enseignements, comme en témoigne la fortune de certains manuels de pédagogie ou de traités des études . Qu’on songe à l’ influence du traité de l’ oratorien Bernard Lamy , au Traité des études de Rollin , à ceux des femmes pédagogues , ou même à l’Essai de rhétorique à l’usage des jeunes demoiselles (1745) de Gabriel-Henri Gaillard. C’est pourquoi l’enseignement offert par la Compagnie se « modifie considérablement pendant ces soixante ans où sa pédagogie fait, par ailleurs, l’objet d’ attaques de plus en plus virulentes III » , entre les années 1700 et 1762.

La période et les figures au profit d’une théorie de la persuasion

Suivant cette conception moderne de l’éloquence, où l’elocutio joue un rôle prépondérant dans la production du discours, Porée et Bailly étudient la période au premier chapitre de leur rhetorica, les mêmes distinctions se retrouvant chez ces deux auteurs dans la natura periodi, c’est-à-dire la nature de la période, ses divisions et un ars conficiendae periodi (un art d’agencer la période). Ce dernier article est suivi, chez Bailly, d’un quatrième paragraphe, absent chez Porée, exposant les règles devant présider au delectum verborum (le choix des mots), puis le texte se poursuit ensuite avec un second tractatus consacré aux figures. Porée, au contraire, insiste d’abord au quatrième paragraphe sur les vitia periodi (les défauts de la période), puis au cinquième, sur les virtutes periodi (les qualités de la période). Dans tous les cas, il est aisé de souligner les ressemblances, qui sont plus fréquentes que les différences, puisque l’une et l’autre similitudes expriment certains choix dans la méthode et dans la manière de présenter les matières constitutives de la rhétorique qui affectent autant la suite de l’exposé oratoire que le contenu même des matières. Ainsi, même lorsqu’on cherche à relever les différences entre les deux auteurs, ce sont surtout les ressemblances et les emprunts de Bailly de Messein à son prédécesseur qui se dégagent. avec le plus d’ évidence.

Un second parallèle français: le père de la Sante

Une rhétorique manuscrite du père Gilles-Anne-Xavier de La Sante (1684-1762), professeur au collège Louis-le-Grand, permet une comparaison plus serrée: dans cet ouvrage daté de 172785 et basé sur l’enseignement de Porée, l’ auteur introduit en effet des catégories plus précises dans la typologie des figures – notamment en ce qui concerne les figures de pensées, indépendantes de l’expression, et les tropes, qui sont des figures qui détournent le sens des mots. Dans cette rhétorique néo-latine, le père de la Sante débute par le trope, tandis que Bailly, lui, termine son analyse des figures par le trope ; de même, les listes des figures de pensées diffèrent légèrement les unes des autres. Par exemple, chez Bailly, la liste des figures propres à plaire paraissent dans cet ordre : l’ allegoria, l’antithesis, la comparatio, l’hyperbole, l’ hypothyposis, l’ironia, la repetitio, la sermocinatio. Chez La Sante, il s’agit plutôt de la descriptio, l’effictio, l’ethopeia, l’ hypotyposis, la propospeia, la comparatio, la sermocinatio (dialogismus), et finalement, l’apostrophe. Par ailleurs, Bailly sépare les figures en trois grandes catégories: les figures de pensées (propre à enseigner, à émouvoir et à plaire), les figures de mots, puis les tropes dont les quatre majeurs sont la métaphore, la métonymie et la synecdoque, ainsi que l’ ironie, desquels dérivent tous les autres.

Le théâtre en Nouvelle-France: Entre la scène scolaire et profane

Venu d’Europe, le théâtre en Nouvelle-France est une pratique artistique présente dans la colonie dès la première représentation en Acadie du Théâtre de Neptune , une pièce de Marc Lescarbot jouée pour l’ occasion en 1606. Qu’ il s’agisse du théâtre scolaire, du théâtre de garnison, des représentations privées et locales ou du théâtre professionnel, les arts de la scène ponctuent les fêtes, les célébrations officielles, les victoires militaires ou simplement servent à divertir: bref, ils rythment la vie quotidienne du peuple et des élites. Ainsi, au XVIIe siècle, bien que le théâtre se destine à un public moins nombreux qu’en France44, on monte sur les planches deux tragédies: Héraclius en décembre 1651 et Le Cicfs en avril 165246 à Québec, qui sont les « deux seules pièces de Corneille que nous connaissons avant l’ hiver 1693-169447 ». Entre 1640 et 1658, quatre tragi-comédies profanes, trois réceptions, une action et un mystère sont joués. Le père Lejeune relate que ce sont les élèves des Jésuites qui « ont contribué au début de 1640 aux fêtes du premier anniversaire du Dauphin, qui avaient débuté en septembre 1639 », on y présenta alors une tragi-comédie et un mystère. C’est ainsi qu’en 1659, une réception donnée en l’honneur de l’arrivée de monseigneur Laval propose à l’ auditoire de la chapelle de Québec une action qui serait, selon Doucette, une tragi-comédie pieuse et pédagogique . Pourtant, entre 1659 et 1693, on ne connait plus que trois actions pieuses représentées, deux en 1668 et une autre en 1691 .

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Table des matières

INTRODUCTION
L’ENSEIGNEMENT DES JÉSUITES : LA RHÉTORIQUE DE LA FRANCE AU QUÉBEC
i L’ humanisme jésuite
ii Évolution de la Ratio studiorum
iii La Ratio discendi et docendi de Jouvancy
iv Évolution de l’ enseignement de la rhétorique au XVIIIe siècle au collège Louis-le Grand
LA RHETORICA IN SEMINARIO QUEBECENSI (1774)
I Parallèle entre la Rhetorica de Bailly et celle de Porée
i Le tractatus et la place de l’ elocutio
ii La période et les figures au profit d’ une théorie de la persuasion
iii L’ atténuation de l’inventio : les lieux subordonnés aux figures
iv La dispositio et l’actio : de l’ordre des matières au « corps parlant » de l’ orateur
v Un second parallèle français : le père de la Sante
II Analyse de la Rhetorica in Seminario Quebecensi
i L’ importance de l’elocutio : une raison ingénieuse qui assaisonne le discours
ii La nouvelle rhétorique : éloquence et figures de l’ esprit .
D’ UNE RHÉTORIQUE DE L’ESPRIT À L’EXERCICE DE LA PAROLE CHEZ BAILLY DE MESSEIN
I Le théâtre jésuite : un art d’ « assaisonner » le discours
i Le théâtre jésuite en France: de Joseph de Jouvancy à Charle Porée
ii Le théâtre en Nouvelle-France: Entre la scène scolaire et profane
iii Bailly de Messein et la comédie en français : innovation dans le modèle pédagogique
II Une parole en plein essor : Bailly de Messein et la polémique dans l’ espace public
La sphère publique en mutation : l’ émergence du sujet national
CONCLUSION
I Lettres françaises et culture néo-latine à l’ époque moderne
II Le latin: langue savante, langue mondaine
BIBILIOGRAPHIE

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