L’espace dans le Dernier Eté de La Raison de Tahar DJAOUT

L’espace topographique :

   « Du point de vue de la lecture, l’espace topographique permet quant à lui de comprendre comment l’espace s’actualise dans le texte ». De cette manière, la lecture est un moyen qui facilite la compréhension du texte et l’organisation de l’espace. Par conséquent, l’espace topographique dans le Dernier Eté de la Raison s’organise autour d’un seul personnage, Boualem YEKKER et son environnement. Ainsi, l’espace topographique de Boualem YEKKER s’articule autour de sa vie qui s’est soudainement transformé à l’arrivée des prédicateurs. Notons qu’auparavant, il avait une vie harmonieuse. Il était sociable avec tout le monde, particulièrement ses clients qui viennent à la librairie. Sans oublier sa femme et ses enfants. En d’autres termes, c’est un espace déclencheur qui permet l’agencement des autres espaces. Si on transpose le propos cité plus haut à notre corpus, notamment sur le personnage de Boualem YEKKER, on constate que l’espace est éparpillé tout au long du roman, de même qu’il est fragmenté durant la lecture. L’espace topographique est alors l’espace du personnage, particulièrement sa vie. Autrement dit, c’est tous ce qui est relatif à Boualem YEKKER. De ce fait, on constate que son parcours est bien rempli. A savoir qu’il était libraire, passionné par les livres et la lecture avant la fermeture. En effet, la librairie de Boualem a été fermée par les prédicateurs. Alors, il se retrouve perdu sans ses ouvrages qui le nourrissent de culture. Quant à sa famille, elle a quitté lors d’un mal entendu concernant les nouvelles règles. La vie de notre personnage se transforme en un autre univers. C’est-à dire, l’espace qui gouverne le roman. « Cette mise en question des relations qui unissent espace du roman et univers de la fiction conduit en outre à s’interroger sur la manière dont la spatialisation conditionne la généricité du texte ». Par conséquent, cet espace s’enchaine avec le roman et produit une fiction spatiale dans le texte. La fiction spatiale n’est autre que l’espace topographique qui se dégage à travers la lecture. « L’acte de lecture se laisse ainsi envisager comme un acte topographique, et la métaphore du voyage dans le texte prend une résonance nouvelle des lors que l’on en déplie toutes les démentions : point, ligne, surface, volume ». Sur ce, les premières pages de la lecture constituent l’espace topographique qui guide le lecteur.

L’espace social :

  « La notion d’espace peut ainsi être envisagée comme une modélisation de l’esprit qui aide à observer et à comprendre un ensemble de phénomènes, souvent antithétiques où la société, les êtres et les textes trouvent leur charpente». L’espace peut être perçu par la société pour découvrir et comprendre des phénomènes sociaux. Parmi, les phénomènes qui gouvernent notre corpus, celui du rejet social, produit par Boualem YEKKER. Ainsi, il fuit cette société qui le terrorise, car après tout il n’a pas le choix. Soit il accepte de se soumettre, soit il se fait déchiqueté. C’est un espace social transformé par les nouveaux gouvernants qui soutiennent le sacré et qui proclament la religion. Pour Boualem YEKKER. L’ordre établi par les frères vigilants, n’est pas à sa portée. Sur ce, il décide d’échapper à ces nouvelles règles. Cet homme a fini ses jours incompris, malmené par la société à la traîne des différents pouvoirs politiques et religieux. Agir au gré du quotidien n’est pas facile, lorsqu’on est surveillé aux faits et gestes par les tenants de l’ordre. Cependant, Boualem YEKKER est témoin de son temps. Il est spectateur de sa société. Un témoin qui assiste à la déconstruction de sa société sans aucun moyen possible d’apporter son aide. Boualem YEKKER est mis à l’écart à cause de son comportement qui a d’abord choqué sa famille, ensuite la société. Il passe alors de la lumière à l’ombre « Boualem a hâte de voir se lever le jour, convaincu que la lumière allait le délivrer de ce cauchemar » (p100). Ainsi il remonte des enfers en ayant perdu le souvenir de ce qu’il a vécu avant. Pourtant, il est hors de lui-même. Il se crée presque entièrement sa propre planète. Il est au bord de la folie à cause d’une société qui a fait de lui un être sans conscience. Un espace social qui se caractérise par le pouvoir des frères vigilants. En outre, c’est un espace de solitude pour Boualem YEKKER de même pour Ali ELBOULIGUA. Tous les deux rêvent à la vie de «leur ville » à cette humanité qui rampe encore dans les bas-fonds. « Pourquoi, le monde est-il ainsi? ». «Est-ce bien la faute de la société… ? ». Ensemble, ils se sont posé autant de questions redoutables. Ils ont tourné les questions dans tous les sens. Néanmoins, la librairie était leur propre espace, le lieu de leurs rencontres et de discussions.

L’espace intérieur :

   «La notion d’espace intérieur, dès lors elle ne se limite pas aux lieux physiques de l’intimité pour être transférer à l’intériorité. Elle acquiert un caractère métaphorique qui en rend la saisi à la fois plus riche et plus difficile. L’espace intérieur, s’il a pour socles les modifications de la cosmologie, de la géographie, de la physiologie de la perception, de la perspective, correspond à un réaménagement des rapports de la conscience au monde. Dés lors des analogies s’établissent entre les espaces physiques et d’une part les réalités mentales et spirituelles, d’autre part les formes et les genres littéraires. Les paysages d’âme quêtent pour l’homme un nouvel habitat » . L’espace intérieur est relatif à la conscience humaine notamment à l’esprit avec lequel prend forme notre personnage. L’homme en question n’est autre que Boualem YEKKER. Cette « figure emblématique de la résistance » refuse de se soumettre aux ordres des prédicateurs ainsi il décide de transgresser les interdits et d’enfreindre les règles établies par la religion pour mieux dire non. Dire non aux hommes barbus qui ont changé le cour des évènements, «qui traquent la mémoire de l’humanité consignée dans les livres (…) qui arrêtent les automobilistes et vérifient les liens des couples descendus des voitures (…) les prédateurs barbares et leurs milices barbues ont pris le pouvoir à Alger et maillé tous les espaces d’une capitale tombée dans la mutité » . Ces derniers ont fait subir un changement radical au pays, une transformation qui ne laisse aucun individu indifférent. «De retour de vacance en ce premier été de la déraison, Boualem YEKKER ne reconnaît plus la ville rongée par la maladie du fanatisme. Chaque jour plus engluée dans l’extrémisme et la violence» . Si la violence existe chaque jour le prouve, par crainte et peur, la famille de Boualem YEKKER quitte la maison familiale pour suivre les hommes barbus «Sa femme et ses enfants, gagné au fanatisme, lui reprochent de ne pas faire la prière et sa fille Kenza dont il   garde le bonheur des souvenirs d’innocence l’en réprimande» . Aussitôt, la solitude s’installe pour Boualem et la peine se fait sentir chez cet être qui voudrait tant pouvoir soulager sa conscience. Mais que pouvait-il faire à cet instant? Un univers rempli de violence, de peur et de haine. L’univers de Boualem YEKKER est sans fin.Il est pris par ses souvenirs d’enfance où la mémoire est au centre. Il essaye de se remémorer chaque instant passé au près de ceux qui l’aime. Mais ses souvenir semblent très loin voir inexistant. Il fait appel à sa mémoire pour demeurer en vie et pour peupler le vide laissé par sa famille. Pour oublier ce qui vient de se produire, Boualem YEKKER se crée un espace intérieur relatif à ses rêves et à ses désirs. Un monde personnel dans lequel il plonge sans en sortir. Il espère trouver un monde meilleur que celui qu’il vient de quitter, celui dans lequel il pourrait vivre et penser sans obstacle. Toutefois, il serait un monde livresque dans lequel ses livres auront la place qu’ils méritent, porteront un sens à la vie et seraient le meilleur ami de l’homme à savoir des armes qui doivent servir pour lutter et comprendre l’autre. Comprendre cette société qui l’a expulsé et qui lui fait défaut et tant de reproches. Boualem YEKKER aurait voulu que la lecture soit présente pour enrichir les esprits, mais «l’inévitable se produit un matin, alors qu’il se dirige vers son travail, il trouve la librairie sous scellés. Il n’a plus le droit d’y entrer. La phrase qui l’annonce est à la forme passive: La librairie a été fermée ».  En effet, le livre représente beaucoup pour Boualem YEKKER si bien qu’il se réfugie dans sa librairie pour incarner le savoir et le partager avec autrui. Il aurait aimé l’inculquer et le faire apprendre « les livres dans ce roman brûlent sous les cris de la meute barbue. A quoi servent les livres puisque tout est dans le Livre? ».

L’espace tragique :

   « La vraie tragédie met en scène des conflits spécifiquement maghrébins, issue d’une situation historique bien précise ». Les éléments de cette citation confirment bien le contexte dans lequel se positionne notre roman. Sur ce, le contexte historique met l’accent sur la tragédie algérienne qui a frappé les têtes pensantes du pays. A travers, le personnage de Boualem YEKKER, l’auteur dénonce le tragique par le biais de son personnage. De cette façon, il place Boualem YEKKER dans une position assez tragique. Aussi, il le soumet au destin des frères vigilants qui hantent sa vie et diminuent son existence. Par conséquent, la vie de notre personnage devient tragique. Tout d’abord, il perd sa famille et se retrouve seul sans ses proches. Ensuite, on lui ferme sa librairie pour ne plus exercer son métier de libraire. De même, il est séparé de ses livres, ce qui a provoqué en lui un énorme bouleversement. « Cette séparation d’avec les livres et le plus grand bouleversement advenue dans sa vie ». Et enfin, il se fait éjecter de la masse, n’ayant plus de soutien. Seul la mémoire, le désir, le rêve, et l’espoir lui reste. En somme, c’est un univers hostile et un espace tragique pour Boualem YEKKER d’autant que le désespoir est toujours là, avec lui, qui l’accompagne où il va.

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Table des matières

Remerciement
Dédicace
Introduction
Première Partie : La structuration de l’espace
I-la perception :
I-1-le contexte
I-2-l’horizon d’attente
I-3-la réception
I-4-l’hors-texte
I-5-le para-texte
II-l’espace
II-1-l’espace topographique
II-2-l’espace social
II-3-l’espace intérieur
II-4-l’espace tragique
II-5-la transgression des espaces
III- Le volet d’écriture
III-1- La définition de la poétique
III-2-la poétique du roman : Le Dernier Eté de la Raison
Deuxième Parti : Le personnage 
I- Personnage et organisation narrative
I-1- L’étude sémiologique du personnage
I-2-Les itinéraires des personnages
I-3-La grille des personnages
I-4- Commentaires des tableaux
I-2- Les valeurs du personnage
I-3- Le personnage héro
Conclusion

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