Les variations de l’oedipe dans les cultures noires africaines

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Rôle de la mère dans le développement de l’enfant

L’histoire de l’enfant commence bien avant sa conception. En effet, selon Bergeret, « la préhistoire de l’enfant est dans l’histoire de ses parents » [17]. C’est ainsi que la future mère attribue par avance des caractéristiques précises à son enfant. Ce dernier, imaginaire, devient de plus en plus présent dans son vécu fantasmatique. Mais la naissance survient et dissocie le scénario imaginaire de la réalité. Il se produit alors un brusque remaniement : l’enfant réellement détaché de la mère est peu ou pas différent de l’enfant fantasme. La mère restera encore pendant un moment, la seule personne qui permettra au nouveau-né de survivre. Car, il y a nécessité de maintenir, d’alimenter et de veiller sur cet enfant qui n’a aucune autonomie. Cette totale dépendance de l’enfant vis-à-vis de sa mère valorise celle-ci, atténue son fantasme déçu et le choc dû à la séparation du bébé avec le corps maternel [17].
Autant la naissance est source de traumatisme pour la mère, autant elle l’est pour le nouveau-né. Il s’agit du traumatisme de la naissance comme l’affirment certains auteurs, constituant un générateur de l’angoisse existentielle chez l’enfant [17].
Un seul et même événement crée ainsi un « dommage » pour deux individus qui sont appelés à vivre en dyade pendant un bon moment.
Dans cette relation, le narcissisme primaire de l’enfant se constituera grâce aux apports de la mère. Le narcissisme primaire est l’état précoce de l’organisation des pulsions de l’enfant qui investit la totalité de sa libido, de son énergie sur lui-même : l’enfant se prend lui-même comme objet d’amour. Dans cette relation, si la communication mère-enfant est perturbée, c’est-à-dire si la « préoccupation maternelle » est teintée d’angoisse ou si la « sollicitude maternelle » est excessive, le bébé ou le nourrisson présentera des troubles en réponse à ce vécu. Ces troubles peuvent être des perturbations du sommeil ou de l’alimentation ou d’autres manifestations pathologiques.
Des auteurs anglo-saxons comme Ribble ont rapporté que le plus sûr promoteur d’angoisse chez l’enfant est le défaut de maternage [17]. Il y a une interaction progressive, un échange de messages, d’affect, d’émotions entre la mère et l’enfant, de façon bilatérale mais asymétrique. Pour désigner cette interaction, Lebovici et al. [18] ont parlé de « spirale transactionnelle », Freud de « foule à deux » [13] et Spitz de dyade [19].
Au Sénégal, l’interaction mère-enfant est marquée par un prolongement du corps du nourrisson par celui de sa mère par le biais du portage (au dos). Le corps du bébé subit un investissement massif et est hyper stimulé par les massages au cours des rituels traditionnels de bain « Dampe en wolof » et aussi par l’intermédiaire de l’allaitement maternel prolongé. Cet investissement considérable du corps de l’enfant et toute la chaleur des premières relations mère-enfant se révèlent quotidiennement chez le noir africain. Cela à travers ses relations avec les autres, à travers les danses mais surtout à travers les manifestations corporelles psychopathologiques. Dès que le corps de l’enfant est atteint par une pathologie somatique, l’anxiété nait chez la mère.
Si la mère joue un rôle fondamental dans la réalisation de l’enfance, le père aussi a sa part de responsabilités dans l’élaboration des bases solides indispensables à la structuration de la personnalité de l’enfant.

Rôle du père dans le développement psychique de l’enfant

Le rôle du père est capital dans la triangulation et permettra l’individuation du nourrisson.
Au Sénégal, le père a, en plus de son rôle de médiateur dans la triangulation et d’intervenant dans la spirale, des rôles et fonctions reconnus unanimement dans la société. Il a aussi une fonction sociale, car c’est lui qui inscrit l’enfant dans la lignée de sa famille, de sa collectivité et enfin dans la société.
Tout reniement de paternité peut être source de grave trouble de l’identité. L’enfant aura du mal à accéder au monde social, sauf si un substitut assure la relève du père absent.
On sait combien le nom du père ou celui de la famille est important pour l’intégration de l’enfant, surtout de l’adolescent ou du jeune adulte dans la communauté. En effet, la première question à laquelle l’enfant est souvent confrontée, en présence d’une tierce personne, dès qu’il franchit le seuil de la maison est : Qui es-tu ? Cette question signifie globalement dans le milieu noir africain, quel est ton nom ? De qui es-tu le descendant ? A quelle famille appartiens-tu ? Qui est-ton père ? Dès lors, la filiation apparaît comme un facteur important d’équilibre psychique chez tout individu, surtout dans les cultures noires africaines.
La situation d’un enfant dont la paternité est douteuse ou non reconnue constitue un drame dans la famille de sa mère. Celle-ci se sent couverte de déshonneur et de honte sociale.
Le couple Ortigues écrivait dans OEdipe Africain que l’enfant qui n’a pas de père a beaucoup de risque de devenir « mal éduqué » avec quelques « excuses ». Mais la société va le considérer comme « fou, fou, fou » [23]. Ainsi, on se rend compte de l’influence du nom du père sur l’enfant. Toutefois, le rôle du père ne s’arrête pas là. En effet, après avoir donné son nom à l’enfant, le père se charge de lui faire connaître les lois de la famille et de la société. Il doit l’aider à bien les respecter. Le père représente l’autorité qui met en place les lois sociales et qui transmet les valeurs culturelles.
Dans nos sociétés, la famille se constitue traditionnellement autour du père. Tous les membres de la famille ont besoin de lui, selon leur place et leur statut. Il doit les protéger tous contre tout danger (surtout les enfants), assister la mère à l’éducation des enfants.
Certes, le père joue un rôle important dans le développement, le devenir et la santé mentale de l’enfant. Toutefois, son action isolée ne peut être concluante tout comme celle de la mère faite isolément ce qui explique l’importance d’une action harmonieuse, combinée et coordonnée qui passe par une complémentarité, une compréhension mutuelle entre les deux parents.

Relations entre les deux parents et leurs influences sur le développement affectif de l’enfant

Les deux ascendants doivent vivre ensemble, physiquement ou symboliquement. Ils doivent se communiquer mutuellement leurs émotions, leurs joies, leurs souffrances tout en veillant sur le nouveau venu, en le protégeant mais en se protégeant également eux-mêmes.
Le père doit veiller à la sécurité de son épouse, mère de leur enfant, à son équilibre psychique. Il doit pourvoir aux besoins économiques de la mère et du bébé, à leur protection physique et morale.
La mère est la personne qui commence l’enseignement des premières notions de la famille puis de la société. Son action sera renforcée par celle du père. Il s’agit d’une complémentarité : ce qui suppose une définition claire, une reconnaissance et une acceptation des rôles, tâches et fonctions de chacun des parents mais aussi la possibilité de délégation du pouvoir de l’un à l’autre, en cas de besoin.
En harmonisant leurs points de vue dans une ambiance de communauté franche, les deux parents permettront une bonne structuration, assureront une bonne éducation et une parfaite socialisation à leur enfant.
Lorsqu’un des deux parents biologiques est absent physiquement, il doit être symboliquement présent à travers la famille (tantes, oncles, cousins) paternelle et maternelle.
Dans tous les cas, il est important de noter que les grands moments de la structuration de la personnalité de l’enfant nécessitent la présence des deux parents. En effet, les échanges de gratifications narcissiques entre parents et enfants, les acceptations, les refus, l’attente anticipatoire mutuelle, la « désillusion » sont à l’origine selon Lebovici d’une création mutuelle et continue [18]. Cela permet à l’enfant de structurer son moi dans des conditions optimales.
Les problèmes au niveau des parents se répercutent sur l’équilibre psychique de l’enfant. Benedek considère que le moi de l’enfant semble se développer le moins bien dans les secteurs qui correspondent aux « conflits non résolus des parents » [24].
Les relations et les échanges parents-enfants sont si importants que Bergeret trouve qu’on pourra incriminer le dysfonctionnement de la « spirale transactionnelle » dans toute la psychopathologie de l’enfant [17].

Quelques grands moments du développement psychique de l’enfant

La notion d’oedipe

Le mot oedipe a été emprunté par Freud à l’histoire « d’OEdipe-Roi » dans la mythologie grecque. On parle de complexe d’oedipe ou de situation oedipienne. Le complexe d’oedipe est l’ensemble organisé de désirs amoureux et hostiles que l’enfant éprouve à l’égard de ses parents [35].
C’est l’attachement sexuel au parent de sexe opposé et de haine à l’égard du parent de même sexe, perçu comme rival. Les choses se jouent surtout dans l’imaginaire et l’inconscient. Le complexe d’oedipe présente deux aspects. Dans sa forme positive, c’est un désir de mort à l’endroit du parent rival (de même sexe) et un désir sexuel vis-à-vis de l’autre parent. Tandis que dans sa forme négative, l’enfant éprouve de l’amour pour le parent de même sexe et de la haine jalouse pour le parent de sexe opposé. Souvent les deux aspects sont présents à des degrés divers et selon l’histoire de chaque être humain.
Ce complexe est fortement vécu par l’enfant vers l’âge de 3-5 ans. Il se met en veilleuse à la période de latence et resurgit à la puberté.
L’aboutissement logique du complexe d’oedipe est l’identification du parent du même sexe. Le complexe d’oedipe joue un rôle capital dans le développement de la personnalité et permet l’orientation du désir humain. Sa résolution offre à l’enfant la possibilité d’adaptation et de diversité et plus tard une vie sexuelle admise par la société. Car le père, en servant de médiation dans la triangulation, apporte à son enfant la notion des relations permises et participe à l’interdiction de l’inceste qui est un fait universellement inadmissible.
Le complexe d’oedipe, dans ses différents modes de résolution ou de position, est fortement incriminé par la psychanalyse dans la genèse d’un certain nombre de troubles psychiques.
Nous aborderons à présent les diverses manifestations de l’oedipe dans les cultures noires africaines.

Les variations de l’oedipe dans les cultures noires africaines

En Afrique noire, le système des aménagements est bien élaboré traditionnellement pour faire assumer la fonction du père par des substituts paternels aussi bien dans la famille du père que dans celle de la mère. Le rôle de l’oncle maternel est primordial dans les coutumes à système matrilinéaire.
Par ailleurs, les cousins, les maris des tantes, les oncles, les maris des cousines, entre autres peuvent aider l’enfant, dont le père est physiquement absent, à régler ses problèmes oedipiens et servir de modèle d’identification au garçon.
Quand le couple est disloqué, l’enfant est soit récupéré par une grand-mère ou une tante ou une belle tante, soit gardé par la coépouse de la mère.
Souvent, lorsque l’enfant n’a pas encore l’âge d’intégrer le groupe de ses pairs (cousins, frères ou soeurs de même tranche d’âge), la mère l’emporte avec elle dans ses déplacements de commun accord avec le père.
Ceci explique qu’en Afrique Noire, l’oedipe est soit dans certains cas, joué avec les collatéraux de l’enfant, soit avec les collatéraux des parents : oncle, tante, autres mères ou tantes (coépouses de la mère), autres pères (nouveau mari de la mère qui peut être l’oncle en cas de décès du père de l’enfant), ou autre personne en dehors de la famille. Parfois cela se passe avec l’enfant plus âgé d’une famille amie ou alliée qui vit dans la même maison ou avec un ami du père.
Ainsi, on se rend compte que, malgré l’étendue des interrelations au sein de la famille traditionnelle, l’enfant arrive toujours à trouver une relation privilégiée qui lui permet de se structurer à travers une triangulation [20].

Tropisme du VIH :

Le VIH a un tropisme pour les cellules qui expriment à leur surface le récepteur CD4 et l’un des corécepteurs. Il s’agit des lymphocytes TCD4+ helper, mais aussi des monocytes et macrophages, les cellules dendritiques du sang et les homologues, les cellules de Langerhans, les cellules micro gliales du système nerveux central[40].

ARV utilisés en pédiatrie au Sénégal

Les ARV disponibles en pédiatrie appartiennent à trois classes: les INTI, les INNTI et les IP.
 Les INTI: Zidovudine (AZT), Lamivudine (3TC), Didanosine (DDI) ; Abacavir (ABC).
 Les INNTI: Efavirenz (EFV), Ténofovir.
 Les IP: Lopinavir et ritonavir (LPV/r) [41, 42, 43].
Modalité de traitement :
 En première ligne : AZT/3TC/NVP – ABC/3TC/EFV -TDF/FTC/EFV.
 En deuxième ligne : AZT/3TC ou ABC/3TC ou TDF3TC et LPV/r (lopinavir /ritonavir).

Manifestations neuro-psychopathologiques et infection à VIH

Les manifestations neuropsychologiques et l’infection à VIH sont étroitement liés. En effet, les problèmes de santé mentale sont souvent associés à un risque accru d’infection à VIH et ont une incidence sur leur traitement et, inversement, certains troubles neuropsychologiques peuvent être en rapport avec une conséquence directe de l’infection à VIH. La prévalence des troubles mentaux chez les personnes infectées par le VIH est considérablement plus élevée que dans la population générale. Ces troubles peuvent apparaître à tout moment de la maladie : à l’annonce de la séropositivité, lors de la mise sous traitement antirétroviral ou lors des stades avancés de la maladie. Ces troubles peuvent être d’étiologies diverses : réactionnels à l’annonce de la séropositivité, secondaires à l’infection elle-même et à ses conséquences somatiques en particulier sur le SNC, ou bien être induits par le traitement.
Dans ce travail nous allons faire un focus sur les manifestations neurologiques, troubles anxio-dépressifs et troubles du sommeil liés au VIH avant de terminer par les manifestations psychiatriques iatrogènes.

Manifestations neurologiques

Les manifestations neurologiques de la primoLes manifestations neurologiques de la primo-infection sont la conséquence de infection sont la conséquence de l’invasion précoce du SNC par le VIH lors de la séroconversion. Elles sont observées dans 10 l’invasion précoce du SNC par le VIH lors de la séroconversion. Elles sont observées dans 10 % des cas. Elles % des cas. Elles sont variées et constituent un signe de gravité.sont variées et constituent un signe de gravité.
Il s’agit de méningites, de méningoIl s’agit de méningites, de méningo-radiculites, de méningoradiculites, de méningo-encéphalites, de encéphalites, de méningomyélites, et de polyneuropathies aiguës. L’évolution est le plus souvent méningomyélites, et de polyneuropathies aiguës. L’évolution est le plus souvent spontanément résolutivespontanément résolutive [44] .

Troubles anxio-dépressifs

Dépression

La dépression peut être définie comme un trouble de l’humeur dépendant de plusieurs facteurs (psychologiques, biologiques, environnementaux) provoquant une souffrance psychologique [45]. C’est une réponse fréquente à des événements importants de vie, comme la perte d’une personne chère, la rupture des relations sociales, une maladie grave, etc. [46]
Différents symptômes peuvent être pris en considération pour le diagnostic de la dépression comme : l’humeur dépressive (tristesse), la diminution de l’intérêt et du plaisir, la perte ou le gain de poids, l’insomnie ou l’hypersomnie, l’agitation ou le ralentissement psychomoteur, la fatigue ou la perte d’énergie, le sentiment de dévalorisation ou de culpabilité excessive, la diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer, des pensées de mort récurrentes [47].
Au moins cinq symptômes doivent être présents pendant une période de deux semaines, marquant ainsi une rupture dans la manière d’être habituelle de l’individu. Le diagnostic n’est pas facile à établir, car plusieurs facteurs doivent être pris en compte [47].
A l’échelle mondiale, la dépression touche plus de 305 millions de personnes, et constitue la principale cause d’invalidité dans le monde [48]. Les conséquences sur la vie de l’individu peuvent être importantes, car le vécu de ce trouble est difficile non seulement pour l’individu, mais aussi pour sa famille et les personnes de son réseau de soutien. Les relations sociales, soit avec les membres de la famille, des amis, soit au niveau professionnel, ont en effet tendance à en être affectées [49].
Dans le cadre de l’infection à VIH, des études ont montré que les niveaux de dépression sont plus élevés chez les PvVIH que chez les personnes non infectées dans la population générale [4]. Par ailleurs, dans une méta-analyse [50], on a noté que les PvVIH ont deux fois plus de risque de présenter une dépression par rapport à un groupe témoin. Des résultats similaires ont été constatés dans une étude [51], dans laquelle 11% des PVVIH présentaient un état dépressif (comparativement à 5% de la population générale). Enfin, dans une étude plus récente le pourcentage des PvVIH avec une symptomatologie dépressive était de 16% [52].
Ainsi, la dépression est le diagnostic psychiatrique le plus fréquent chez les PvVIH [53].
Chez l’enfant, la dépression n’a été reconnue que dans les années 1970 [54]. En effet, jusqu’à cette date, plusieurs auteurs soutenaient qu’elle n’existait pas chez l’enfant, du fait de la maturation incomplète des instances psychiques. En revanche, le concept de « position dépressive » comme stade fondamental et normal du développement de l’enfant a fait l’objet d’une riche élaboration théorique, dans la première moitié du 20ème Siècle [14]. Par ailleurs, les effets de la séparation chez le nouveau-né [19] et l’enfant [12] ont été étudiés, et l’existence d’une souffrance clinique a été reconnue. C’est ainsi que plusieurs travaux ont relevé l’existence de « symptômes dépressifs » chez les enfants nettement différenciés par rapport au repli autistique et à la sémiologie de la psychose infantile. Des auteurs ont décrit un tableau variant avec l’âge et les principaux symptômes sont des difficultés scolaires (attention, concentration, mémoire…), un désintérêt, une perte de l’estime de soi, un retrait, une culpabilité, une tristesse. Toutefois, une irritabilité peut parfois remplacer l’humeur dépressive [47].
Dans la majorité des cas, des signes de dépression sont pris pour des symptômes de la maladie et/ou du traitement, conduisant à un sous-diagnostic de ce trouble. La plupart du temps, l’intensité de la dépression est modérée et elle peut disparaître progressivement en raison d’un support médical et ou social de bonne qualité, car la période d’évaluation constitue un temps thérapeutique. Toutefois, lorsque la symptomatologie dépressive perdure, devient résistante à cette première approche, le recours à un avis spécialisé est justifié, afin que soient affinées l’appréciation de la structure de la personnalité de l’enfant et l’implication souvent inconsciente de ses parents [54].

Les troubles anxieux

L’anxiété est caractérisée par des sentiments d’appréhension, de peur ou d’inquiétude. C’est une tension interne qui résulte de la perception d’un danger ou d’une menace imminente, l’anticipation du résultat de cette menace et le sentiment d’impuissance face à elle. C’est une réaction émotionnelle désagréable, qui est exprimée par des manifestations psychologiques, physiologiques et comportementales [55, 56].
Dans certaines situations, elle est considérée comme normale, par contre, elle devient pathologique lorsqu’elle affecte le fonctionnement de la vie quotidienne. La symptomatologie anxieuse s’exprime par des soucis excessifs et la difficulté à contrôler cette préoccupation, entraînant de la souffrance psychologique associée à au moins trois des symptômes suivants (durant les six derniers mois) : l’agitation, la fatigabilité, la difficulté de concentration ou de mémorisation, l’irritabilité, la tension musculaire, la perturbation du sommeil [57]. La notion d’anxiété liée à la santé est une forme spécifique d’anxiété, qui peut conduire à la souffrance psychologique, y compris à la détérioration du sentiment de bien-être et de la qualité de vie perçue. Elles peuvent se produire simultanément avec la dépression [55]. Des études auprès des PVVIH montrent un risque accru d’une symptomatologie anxieuse, présente dans un tiers de la population [53].
Des auteurs ont rapporté que l’anxiété est associée à l’augmentation de la charge virale et à la diminution du taux de CD4 [58, 59], à la perception des nombreux effets indésirables attribués au traitement [51], à la stigmatisation ressentie [60], à la découverte récente de la sérologie [61], et au sentiment de solitude [62]. Dès lors, l’anxiété est susceptible d’influencer lourdement la qualité de vie perçue des PVVIH [63, 64]. En France, des études montrent que ceux qui ont récemment découvert leur maladie sont plus à risque de dépression et d’anxiété [61] et que la perception des nombreux effets indésirables attribués au traitement [51] notamment la lipodystrophie [65] semblent contribuer à l’apparition des symptômes dépressifs et anxieux.
Chez l’enfant : l’infection à VIH chez est reconnue comme pouvant entraîner des affections chroniques particulièrement décourageantes et difficiles à traiter telles que des affections cutanées persistantes, candidoses digestives à répétitions, diarrhées chroniques et cachexies sévères. En outre, on peut noter un retard psychomoteur, du langage, et divers troubles de l’alimentation, du sommeil, des sphincters (énurésie). Si ces désordres ont une origine somatique, ils sont reconnus en psychopathologie infantile comme pouvant être consécutifs à une désorganisation psychologique. Ils exercent leurs effets indirectement par des perturbations induites sur les relations affectives et sociales [66 ].

La qualité de vie et infection à VIH

Dans le cas de l’infection à VIH, la recherche portant sur l’évaluation de la QV peut être divisée en deux périodes [82].
Une première vague d’études a eu lieu avant l’avènement des traitements antirétroviraux (ARV) et s’est axée sur des variables physiques telles que la douleur et la fatigue, dans un cadre d’aggravation clinique en raison de symptômes du SIDA.
La deuxième vague, post ARV, découle de la nature chronique de la maladie, étant donné la possibilité de vivre dans cette condition pendant de nombreuses années. Ainsi, l’évaluation de la QV a permis une meilleure compréhension de la façon dont les patients vivent la maladie et la thérapie ARV, de façon objective (santé, efficacité du traitement ARV) et subjective (variables psychosociales) [83].
Les recherches sur la QV dans le contexte du VIH sont nombreuses. Un premier constat prend en compte l’impact de la maladie sur la QV des PVVIH. Comparativement aux personnes non malades, une étude faite par le WHOQOL-HIV Group en 2003[84] dans différents pays a permis d’observer une QV plus dégradée des PVVIH dans les dimensions psychosociales, spirituelles, environnementales, physiques et niveau d’indépendance.
D’autres études montrent l’impact de la maladie et des traitements ARV dans la QV des PVVIH. D’ailleurs, il existe plusieurs recherches montrant que les patients présentant de faibles niveaux de CD4 ont une QV plus détériorée [85, 86, 87,88]. Des études montrent également que les personnes parvenues à un stade plus avancé de la maladie ont une QV plus détériorée [89, 64]. Certaines variables comme la perception de la maladie, plus menaçante, le stress [90] et la détresse émotionnelle [91, 63,64], semblent également déprécier la QV.
En revanche, certaines variables psychosociales semblent être protectrices de la QV des PVVIH. Il en va des croyances sur le contrôle de la maladie, les personnes ayant un locus de contrôle interne présentent une meilleure QV [83], il en est de même pour l’auto-efficacité [92], l’attachement [93], l’estime de soi [87] et les sentiments positifs [94]. De plus, les stratégies de coping adaptatives, celles centrées sur les problèmes ont aussi une influence positive sur la QV [86, 95, 96]. Il a été également rapporté que le traitement ARV améliore la QV [97]. Celle-ci se dégrade en raison des effets et symptômes indésirables [95, 98].
Chez l’enfant, l’infection à VIH peut être à l’origine d’une altération de la qualité de vie. En effet, Thoni G et al [107] dans leur étude montraient les répercussions négatives de l’infection à VIH sur la qualité de vie des EvVIH.

Qualité de vie et VIH

L’altération de tous les domaines de la qualité de vie dans l’AUQUEI montre l’impact négatif du VIH sur le système familial. Le sentiment d’inconfort, vis-à-vis du traitement ou de la maladie, a été également mis en exergue. Le sentiment de colère vis-à-vis du défunt parent objectivé chez la majorité des EvVIH montre une défaillance du système familial avec une absence de substitut paternel pour certains EvVIH. Cela montre l’importance du système familial, particulièrement du couple parental dans le processus de développement des enfants, pour une meilleure qualité de vie. Mais aussi, interpelle par rapport à une meilleure sensibilisation de la population et une prise en charge globale de l’infection à VIH dans notre pays.
Le sentiment de désintérêt par rapport à la vie scolaire pourrait traduire la souffrance de ces enfants qui sont conscients de leur particularité, de leur différence par rapport aux autres enfants. En outre, ces enfants ont été également confrontés à des facteurs de vulnérabilité (infections, stigmatisation, séparation des parents, décès des parents, confiage, pauvreté), cela a occasionné un absentéisme scolaire chez certains d’entre eux. Selon l’ONUSIDA, la présence de ces facteurs de vulnérabilité compromettent le bien-être et le développement de l’enfant [48].
Dans cette étude, quatre domaines de vie ont été les plus altérés (famille, santé, vie scolaire et autonomie fonctionnelle). Thoni G et al dans leur étude réalisée en 2006 [107] chez des EvVIH avaient trouvé trois domaines altérés à savoir, la famille, la santé et l’estime de soi. Ceci montre que la famille et la santé constituent les domaines de vie les plus touchées et altérées chez les EvVIH.
Le sentiment de mal être et de colère observé chez les cas témoins a été en rapport avec l’absence d’un ou des deux parents expatriés. La problématique du confiage chez les enfants est de nouveau posée.

Fréquentation hospitalière et psychisme

Dix EvVIH rapportaient dans l’ODD des problèmes de compréhension de la maladie et du traitement. Trois parmi eux ont exprimé un sentiment de solitude. Le processus d’annonce amorcé, n’était pas encore arrivé à son terme. Ces enfants étaient non seulement tenus de se rendre à l’hôpital, mais aussi de prendre des médicaments et ceci de façon régulière, depuis plusieurs années. Dès lors, qu’est ce qui peut se passer dans leur psychisme ? Cela les rendrait-il différents des autres enfants de leur entourage ? Voilà deux questions légitimes à se poser. Ainsi, nous avons noté que le sentiment d’être différent les conduisait à une situation d’auto-stigmatisation et de tendance à s’isoler. Alors que, dans leur famille ils n’étaient pas en réalité stigmatisés par leur entourage. Cela met en exergue l’enjeu de la communication dans la prise en charge globale des EvVIH.

Symptômes psychosomatiques et VIH

Dans notre étude, les symptômes psychosomatiques (anxiété, somnolence, douleur et fatigue) dans l’ESAS étaient plus marqués chez les EvVIH que chez les témoins. Cela conforte les liens étroits qui existent entre psychisme et soma. Le VIH s’insinue dans le corps et le psychisme. Sa présence génère de la douleur physique et/ou morale, une sensation de fatigue continue. Ces symptômes sont source d’anxiété. Tous ces aspects ont probablement des répercussions négatives sur le sommeil de nuit d’où la forte tendance à la somnolence diurne des EvVIH. Cette dernière a des répercussions négatives sur les processus d’apprentissage dans la mesure où la consolidation mnésique se fait au cours du sommeil lent, profond. Dans cette étude, sept EvVIH ont eu des difficultés scolaires.
Cinq EvVIH présentaient des dermatoses. Ces dernières étaient en lien le plus souvent avec un contexte de mal observance thérapeutique. Ces lésions de la peau peuvent être en lien avec un défaut de contenance psychique et physique de la peau. Ces craquelures de la peau renvoient à un trop plein traduisant une continuité des deux peaux selon Anzieu [34].

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Table des matières

LISTE DES ABREVIATIONS
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : REVUE DE LA LITTÉRATURE
1. Généralités sur le développement psychoaffectif de l’enfant
1.1. Les étapes du développement psychique chez l’enfant
1.2. Rôle de la mère dans le développement de l’enfant
1.3. Rôle du père dans le développement psychique de l’enfant
1.4. Relations entre les deux parents et leurs influences sur le développement affectif de l’enfant
1.5. Quelques grands moments du développement psychique de l’enfant
1.5.1. La notion d’oedipe
1.5.2. Les variations de l’oedipe dans les cultures noires africaines
2. L’infection à VIH
2.1. Epidémiologie
2.1.1. Dans le monde
2.1.2. Au Sénégal
2.2. Tropisme du VIH
2.3. ARV utilisés en pédiatrie au Sénégal
2.4. Manifestations neuro-psychopathologiques et infection à VIH
2.4.1. Manifestations neurologiques
2.4.2.1. Dépression
2.4.3. Troubles du sommeil
2.4.4. Syndromes psychiatriques iatrogènes
3. Qualité de vie
3.1. Définition
3.2. La qualité de vie et infection à VIH
DEUXIEME PARTIE 
1. Cadre et méthode
1.1. Cadre d’étude
1.2. Méthodologie
2. Résultats
3. Discussion
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES

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