Les universites africaines face aux defis de la mondialisation

« Le développement économique, social et culturel de l’Afrique semble en stagnation sinon en décroissance par rapport à celui des autres régions du monde. Ce fait incite plusieurs organisations internationales actives dans la lutte contre la pauvreté par la promotion de l’éducation et des autres services sociaux à soutenir que l’enseignement supérieur africain est un luxe inutile » . Pourtant, il est généralement admis que le développement d’une société passe par l’existence, dans cette société, d’hommes capables de réfléchir sur les problèmes de celle-ci et d’en proposer des solutions adéquates. Ainsi, oser croire qu’il est possible de réduire la pauvreté en Afrique tout en marginalisant son enseignement supérieur est d’avance un échec programmé. De ce fait, l’université a toujours été et constitue encore aujourd’hui le lieu par excellence de production de ce potentiel humain.

Notre sujet qui porte sur les universités africaines face aux défis de la mondialisation s’inscrit dans le cadre des réflexions sur les grands changements provoqués par ce phénomène et qui ont des impacts sur ces institutions. En Afrique particulièrement, malgré les crises successives qui ont secoué les universités, celles-ci continuent de nourrir les espoirs des peuples aux prises avec la paupérisation croissante et grandissante. Malgré les restrictions budgétaires occasionnées par les programmes d’ajustement structurel, les effectifs d’étudiants s’accroissent de façon exponentielle. A cela s’ajoute une situation de chômage dans un environnement socio-économique de plus en plus dominé par l’économie de marché.

En ce qui concerne la mondialisation, beaucoup pensent qu’elle est un phénomène nouveau. Pourtant ce n’est pas le cas. En effet, la deuxième moitié du siècle qui a précédé la deuxième guerre mondiale fut marquée par le phénomène de la « globalisation ». Mais, on peut noter juste quelques différences entre le phénomène qu’on a connu fin XIXème et début XXème siècle et celui en cours. Ces différences sont relatives au nombre de participants au processus, plus grand aujourd’hui qu’hier et surtout l’essor des technologies de l’information et de la communication. Mais la globalisation qui s’est amorcée fin/début XIXème siècle a pris fin brutalement avec la montée des protectionnismes et les restrictions aux mouvements des capitaux. Ce qui a entraîné la grande dépression des années 30.

En réalité, dans la perception historique du concept, la mondialisation est souvent mise en opposition ou en rapport avec le concept de globalisation dont on retrouve l’image le plus souvent dans les milieux anglo-saxons. «A la différence du terme mondialisation dont on trouve des équivalents dans toutes les langues latines et qui désigne essentiellement la dimension géographique du phénomène, le mot globalisation exprime simplement le passage à un système de géofinance durant les années 80 » . Le terme désigne donc les dimensions financières et culturelles. Mais « Les nouvelles dynamiques mondiales et la globalisation (des marchés, de l’information) pèsent de plus en plus sur les économies nationales et les sociétés, y compris les plus puissantes » . En plus, si on laisse à part la continentalisation, l’essentiel de ce que l’on appelle mondialisation se ressent à travers les multiples manifestations de l’expansion à l’échelle mondiale des capitalismes nationaux les plus puissants. Cette expansion se traduit à travers trois grands types de processus qui sont : l’internationalisation (échange, crédits, payement), la multinationalisation (entreprises, banques, organismes financiers) et la globalisation (monétaire, financière, culturelle) .

Dès lors, il devient nécessaire de repenser les missions traditionnelles des universités africaines et notamment leur repositionnement qui devient incontournable en cette ère de la mondialisation. Car, « à notre époque, un pays qui ne dispose pas d’un système de formation et de recherche de qualité à un niveau supérieur, ne peut assurer un progrès suffisant pour répondre aux besoins et aux attentes de la société» .

C’est dans ce contexte que la présente étude qui se veut avant tout une ébauche d’analyse des défis actuels de la mondialisation auxquels font face les universités africaines s’est appesantie sur le cas de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Ce contexte a deux dimensions principales. D’une part, la mondialisation qui est devenue un phénomène irréversible et qui entraîne un certain nombre de changements, et d’autre part la dérive dans laquelle végète la majorité des universités africaines qui se caractérise par : la pléthore des effectifs, l’insuffisance d’infrastructures, l’inadéquation entre formation et emploi, l’insuffisance de matériel didactique, le sous encadrement, le tout couronné par la précarité des moyens financiers.

En effet, l’histoire de l’UCAD nous apprend que cette institution, depuis sa création a toujours été un pôle d’attraction d’étudiants d’horizons divers compte tenu de ses potentialités humaines et surtout de ses programmes d’enseignement hautement attachés aux valeurs culturelles africaines. L’UCAD porta donc pendant longtemps et porte encore « l’auréole d’institution modèle pour le pré carré français d’Afrique au sud du Sahara » . Cela s’explique par le fait qu’en 1966 par exemple les étudiants inscrits dans cette institution appartenaient à 42 nationalités différentes.

Cependant, à l’époque les ressources financières et techniques étaient très limitées par rapport au besoin. D’ailleurs, entre 1960 et 1961 le budget de l’université qui pouvait atteindre 1,5 milliard était financé à 90% par une subvention française . Aussi, à l’exception de l’école nationale d’administration créée en 1958, l’enseignement supérieur se limitait à la seule université qui est elle-même composée des quatre facultés traditionnelles (Droit et Sciences Economiques, Médecine et Pharmacie, Sciences, Lettres et Sciences Humaines), six Instituts d’université dont l’Institut Français d’Afrique Noire, des instituts à vocation médicale et l’institut des sciences économiques et sociales appliquées. A la rentrée d’octobre 1960 les étudiants étaient au nombre de 108 dont 35% de français et à peine 34 sénégalais .

Sur le plan juridique, si l’université a été érigée en établissement public de la République du Sénégal, il n’en demeure pas moins qu’il existe une certaine contradiction car l’administration était entièrement concentrée entre les mains des français. Face à cette situation, étudiants et enseignants sénégalais n’étaient pas restés indifférents. Ainsi, en mai 1968 une crise secoua le monde universitaire avec comme revendications non seulement l’amélioration des conditions de vie et de travail des étudiants et enseignants mais aussi et surtout le remplacement des cadres étrangers à la tête de l’université par une élite proprement sénégalaise. Ces événements ont entraîné un certain nombre de bouleversements au sein de l’université et se sont traduits par une série de réformes.

Malgré de multiples tentatives de redressement de la situation par les différents régimes, aujourd’hui l’UCAD, à l’instar des autres universités du continent, n’échappe pas aux difficultés comme celles ci-dessus mentionnées. C’est pourquoi notre étude s’est axée sur quelques aspects à savoir : les difficiles conditions de vie et de travail des enseignants et étudiants, le contenu des curricula et la question de leur adéquation avec les besoins actuels du marché de travail qui, du reste, demeure aujourd’hui largement dominé par les entreprises et la question du financement de l’université.

Cette étude, nous l’avons structurée en trois principales parties : une première partie qui traite du cadre général et de la méthodologie de la recherche, une deuxième partie qui s’intéresse à la description du cadre de l’étude et enfin une troisième partie consacrée à la présentation, l’analyse et l’interprétation des données recueillies lors des enquêtes.

Cadre général

Problématique

Aujourd’hui le monde est devenu un « village planétaire », a-t-on coutume de dire. Cette expression semble nouvelle. Pourtant déjà en 1962 le sociologue canadien Marshall Mac Luhan dans son livre « La galaxie gutemberg » a estimé bon de forger une telle expression pour parler des différents brassages entre les peuples du monde entier. Cela est d’autant vrai qu’aujourd’hui, un paysan africain peut, sans se déplacer, échanger sur les techniques culturales avec son homologue se trouvant à Paris ou à Tokyo. De même un chef d’entreprise africain a la possibilité d’acheter des actions dans une entreprise se trouvant à Washington, sans se déplacer. Tout ceci grâce aux technologies de l’information et de la communication. Selon Matellart A. «Les dispositifs de communication ont hâté l’incorporation des sociétés particulières dans des ensembles de plus en plus vastes et n’ont eu de cesse de déplacer les frontières physiques, intellectuelles et mentales »  .

Dans le domaine de la connaissance particulièrement, grâce aux universités virtuelles, des étudiants du sud peuvent acquérir des diplômes dans les plus prestigieuses universités du nord, sans se déplacer. De même, pour le besoin de la recherche, des universitaires du sud, par le biais des sites Internet, peuvent avoir accès à des grandes bibliothèques du nord. En réalité, l’usage de la technologie dans l’enseignement supérieur comme support pédagogique a évolué aussi. Si dans le temps on utilisait des matériels aussi divers que l’ardoise, le tableau, la craie, les cahiers, les cartes géographiques à enrouleurs, les appareils de laboratoire, aujourd’hui se servir d’ordinateurs pour réaliser des représentations power pointe lors des conférences est monnaie courante .

En fait, toutes ces relations sont rendues possibles par un phénomène qui a les capacités de rapprocher les nations du monde entier tout en les intégrant dans un réseau dense de relations et d’interdépendances qu’on appelle la mondialisation.

Celle-ci se caractérise surtout par sa capacité à toucher tous les domaines des activités des hommes, à la fois économiques, sociales, culturelles et politiques. Mais pour les universités africaines particulièrement les enjeux sont non seulement économiques, sociaux, politiques mais aussi culturels.

Cependant, la mondialisation est, de nos jours, vue sous deux angles. D’un côté, elle est présentée comme un bien et d’un autre comme un mal. Bien, parce que considérée comme la seule alternative pour le bien être collectif auquel aspire l’humanité toute entière ; c’est la position du courant néo-libéral qu’incarnent le FMI et la Banque Mondiale ; mal, parce qu’accusée d’être la cause de tous les maux dont souffre l’écrasante majorité de la population du monde incarnée par le tiersmonde avec en tête l’Afrique. Telle est la position du courant socialiste et du mouvement altermondialiste.

En effet, l’Afrique colonisée et par la suite balkanisée avec plus de cinquante Etats n’est composée que de pays sous développés. Ce sous développement présente plusieurs caractéristiques : famine, chômage, analphabétisme, difficile accès aux soins de santé primaire et à l’eau potable, etc. En ce qui concerne l’enseignement supérieur, à titre de comparaison, en France les universités comptaient moins de 7.000 étudiants au début du XIXème S, 30.000 au début du XXème S, 40.000 en 1940, 200.000 en 1960 et environ 1.200.000 en 1990. En Afrique, en 1960 les Etats héritent de systèmes d’enseignement embryonnaires et de taux de scolarisation faibles parfois même dérisoires : moins de 40% des enfants scolarisés dans le primaire, -2 à3% de jeunes accèdent au niveau secondaire ; moins 0,2% bénéficient d’un enseignement supérieur (moins de 0,5% pour le Sénégal entre 1969 et 1970) et la majorité des pays ne disposaient d’aucune institution universitaire.

C’est ainsi dans ces conditions de précarité que vont naître la majorité des grandes universités africaines. Leur naissance s’inscrit dans la logique des jeunes Etats héritiers de la colonisation qui étaient appelés à prendre leur destin en main en élaborant chacun une politique de développement économique et social. Donc, « La naissance et le développement de l’enseignement supérieur est à l’origine lié à la volonté de contrôler le rythme de la formation des cadres supérieurs africains (l’université française en métropole s’y prêtant très mal) et surtout de soustraire les étudiants à l’influence prétendument « sensible » exercée sur eux par les milieux progressistes français (en particulier la classe ouvrière et le parti communiste français) » .

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Table des matières

Introduction
PREMIERE PARTIE : CADRE GENERAL ET METHODOLOGIE
CHAPITRE 1 : Cadre général
1.1Problématique
1.2Objectifs de la recherche
1.2.1 Objectifs généraux
1.2.2 Objectifs spécifiques
1.3Hypothèses
1.4Définition opérationnelle des concepts
1.5Revue critique de la littérature
1.6Modèles théoriques
CHAPITRE 2 : Méthodologie de la recherche
2.1 Le champ de l’analyse
2.2 Population cible- échantillonnage
2.2.1 Population cible
2.2.2 Echantillonnage
2.3 Méthodes et techniques de collecte de données
2.3.1 Méthodes
2.3.2 Techniques
DEUXIEME APRTIE : PRESENTATION DU CADRE DE L’ETUDE
CHAPITRE 3 : Historique et évolution de l’UCAD
3.1 Historique
3.2 Evolution
CHAPITRE 4 : Objectifs et structures d’enseignement
4.1 Objectifs et vocation
4.2 Structures d’enseignement et type de formation dans les facultés
TROISIEME PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES
CHAPITRE 5 : Présentation des résultats
5.1Point de vue de l’administration
5.1.1Sur le problème du financement
5.1.2 Sur la recherche scientifique
5.1.3 Sur le projet de réforme LMD en cours
5.1.4 Sur les infrastructures
5.2 Point de vue des enseignants
5.2.1 Sur les curricula et l’adéquation formation/emploi
5.2.2 Sur le conditions d’enseignement
5.2.3 Sur la recherche scientifique
5.2.4 Sur le projet de réforme LMD en cours
5.3 Point de vue des étudiants
5.3.1 Sur le niveau de compréhension des cours dispensés
5.3.2 Sur l’adéquation formation/emploi
5.3.3 Sur la bibliothèque et la documentation
5.3.4 Sur les infrastructures sociales et pédagogiques
CHAPITRE 6 : Analyse et interprétation des données
6.1Par rapport au problème du financement
6.1.1 Généralités
6.1.2 Cas de l’UCAD
6.1.3 Perspectives
6.2Par rapport à la recherche scientifique
6.3 Par rapport aux conditions d’enseignement
6.3.1 La pléthore des effectifs
6.3.2 La massification
6.3.3 La faiblesse des taux d’encadrement
6.4 Par rapport aux conditions de vie au campus
6.5 Par rapport à l’adéquation formation/emploi
6.5.1 Une réorientation des curricula
6.5.2 De nouvelles méthodes d’enseignement
6.5.3 Une formation qui intègre le besoin du marché de l’emploi
6.6 Par rapport à l’usage des TIC
6.7 Par rapport au projet de réforme LMD en cours
Conclusion
Bibliographie
ANNEXES

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