Les tumulus de THIECKENE-MBACKE

Le phénomène des tumulus n’est pas spécifique à l’Afrique. Il est très courant en Europe, en Amérique et même en Asie. De formes, de dimensions et de techniques variées, les tumulus ont servi à des fonctions funéraires durant une vaste période de l’histoire de l’humanité.

Au Sénégal particulièrement, les tumulus font partie des « quatre provinces culturelles protohistoriques » avec les anciens villages, les mégalithes et les amas coquilliers. La zone tumulaire est constituée par les quelques 6000 tumulus de sable répartis en 1446 sites dans le centre-ouest , sur une superficie d’environ 32000 km2 . Elle est bordée au nord par le Delta du Sénégal, du Lac de Guiers à la Gambie et du méridien de Thiès au Ferlo à l’est de Linguère (C. Becker et V. Martin 1984 ; C. Descamps 1979). Elle est pénétrée au sud-est par la zone mégalithique et au nord ouest par les anciens villages .

Beaucoup de prospections ont eu lieu dans cette aire culturelle mais les fouilles sur ces monuments restent parcellaires et fragmentaires. Elles sont l’œuvre de J. Joire et G. Duchemin (1941- 42) à Rao, de G. Thilmans et C. Descamps à Ndalane (1971-72), M. Lam à Yenguélé et récemment S. Magnavita et I. Thiaw à Kaël (2012-13). Partout les résultats sont presque similaires. Les découvertes portent sur un impressionnant matériel en argent, en cuivre, en fer et en or, de la céramique, du charbon de bois accompagné d’inhumations individuelles ou collectives. Malgré tout, la chronologie de la zone tumulaire reste peu connue avec seulement deux datations: celles d’un tumulus de Ndalane (région de Kaolack) à savoir 793 après JC  (1157 + / -119 BP) et (751+/-110 BP) pour le secteur de Rao .

A l’origine, les tumulus de sable ont été considérés comme des « anomalies géomorphologiques  » ou de « petites dunes boisées ». Ce qui fait qu’ils ont pendant longtemps échappé à l’attention et à la vigilance des chercheurs. En effet, c’est au début de la seconde moitié du XXème siècle qu’ils ont été signalés pour la première fois par Joire à la recherche d’une butte d’ordures qui indiquerait l’emplacement d’une ancienne capitale de royaume Mboyu Gar (B. Diop, 1975 : 42). A partir de cette date, plusieurs autres tumulus ont été repérés dans le pays. C’est surtout dans le Baol en 1943 que Joire remarque de nouveau l’existence de mbanar dans la région de Diourbel, notamment à Thiéckéne. Mais ces derniers n’ont été reconnus comme structures archéologiques qu’en 1960 par Mauny qui recueille sur le site des fragments de poterie et des éclats de silex (Réf -IFAN: SEN-60-109). En dépit de leur classement au patrimoine national et leur enregistrement sur la liste indicative de l’UNESCO, ils sont sous la menace de dégradations quasipermanentes et ne bénéficient aujourd’hui d’aucune politique de mise en valeur.

De ce fait, notre travail se veut une contribution à la promotion du patrimoine culturel au Sénégal plus précisément dans la région de Diourbel au centre du pays. Notre étude se fera sur le site dit protohistorique de Thiéckène-Mbacké. Cette recherche fait suite aux travaux de J. Gard et de R. Mauny (1961), A. Clos-Arceduc (1962), C. Becker et V. Martin (1979, 1984), S. et R. McIntosh ;à(2013).

Dans leurs études, ces chercheurs se sont surtout focalisés sur la culture matérielle, la description, la localisation, l’inventaire et la signification de ces tumulus. Seuls quelques-uns parmi eux (C. Descamps 2010, A. Diouf, 2007) ont parlé de manière très superficielle de l’aspect patrimonial du site. Donc, jusque-là les recherches archéologiques ne sont portées qu’au volet scientifique, laissant en rade les préoccupations des populations locales notamment les politiques de développement. C’est pour combler ce vide que nous nous sommes intéressé à la question pour apporter notre modeste contribution.

Problématique

Longtemps considéré comme un facteur de coût, le patrimoine apparaît de plus en plus comme une ressource permettant le développement économique et la cohésion sociale. Au Sénégal, des efforts sont consentis par l’État pour sa protection et sa valorisation au lendemain des indépendances. Un pays comme le Cambodge qui était en guerre il n’y a même pas trente ans ne possède qu’un seul site archéologique classé patrimoine mondial : Angkor. Aujourd’hui, il reçoit annuellement 4 millions de visiteurs . Ce qui représente 16% de son PIB. Ce résultat est dû à un investissement sur le tourisme. A cet effet, le site de Thiéckène-Mbacké avec la richesse et la beauté de ses tumulus de sable peut participer à l’émergence économique, tant sur le plan local que national, s’il est exploité d’une manière efficace et efficiente. Mais, il doit être connu en premier lieu par la population locale et sénégalaise et ensuite par les visiteurs étrangers.

Par voie de conséquence, avec la faiblesse du tourisme dans la région par manque d’offre, le patrimoine peut constituer sans nul doute une alternative pour développer la zone. Certes, l’État et l’UNESCO ont fait des avancées significatives mais ce dernier doit être articulé avec le développement local pour être bénéfique aux communautés. Avec l’arrivée de H. Bocoum à la Direction du patrimoine culturel en 2001, on a senti une nette impulsion du secteur. Mais force est de noter qu’il reste beaucoup de choses à faire dans ce domaine. Aujourd’hui, la plupart des sites sont sous la proie d’une dégradation due à des facteurs anthropiques et ou naturels.

CADRE PHYSIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE DE LA ZONE D’ETUDE 

Cadre géographique 

Notre zone d’étude Thiéckène se trouve dans la région de Diourbel. Située au centre-ouest, cette région correspond de manière approximative à l’ancienne province du Baol. Positionnée entre 14° 30 et 15° de latitude nord et 15° 40 et 16° 40 de longitude ouest, elle couvre aujourd’hui, suite au rattachement de l’arrondissement de Taïf au département de Mbacké, une superficie de 4769 km2 contre 4359 km2 en 2001. A cet égard, elle représente la plus petite région du pays après celle de Dakar (550 km2 ). Sa densité de population est l’une des plus des plus fortes du pays avec 201 habitants/km² en 1999 selon les projections démographiques de 1989 à 2015 (PRDI Diourbel 2015). Elle est limitée au nord par les régions de Thiès et de Louga, au sud par la région de Fatick, à l’est par la région de Kaffrine et à l’ouest par la région de Thiès.

Localisation

Thiéckène est un petit village du bassin arachidier qui se trouve dans la commune de Darou Nahim. Cette dernière est limitée au nord par les communes de Dalla Ngabou et de Touba, au sud et sud-est par la commune de Ndioumane, à l’est par la commune de Kaël, à l’ouest et au nord-ouest par celle de Dendèye. En effet, la commune de Taïba-Thiéckène y constitue une enclave.

Devenu communauté rurale en 2009 puis commune en 2014 avec la communalisation intégrale, Darou Nahim s’étend sur une superficie totale de 43 km2 et bénéficie d’une bonne localisation sur le plan géographique. Étant le chef-lieu de la commune, il est à 3, 900 km de la RN3. La commune compte aujourd’hui 24 villages dont 17 officiels et 7 hameaux (PLD Darou Nahim 2010).

Présentation du secteur 

Appartenant jadis à la commune de Kaël, Thiéckène est rattaché depuis 2009 à Darou Nahim avec la réforme de 2008 . Il dépend administrativement de l’arrondissement de Kaël dans le département Mbacké. Il est limité au nord par Bapp, Mbapp Ndakhar, au sud par Tainabe et Djigobé, à l’est par Ndiayène et Ndiobène, à l’ouest par Taïba Thiéckène et Mouré. Il est à moins d’un kilomètre au nord du site des tumulus de sable.

C’est une petite bourgade où vivent 633 habitants dont 187 hommes, 167 femmes, 161 garçons, 118 filles selon les informations recueillies au niveau de Aliou Loum secrétaire municipal de Darou Nahim. Mais en réalité, ce nombre est de loin supérieur à la population réelle qui vit actuellement à Thiéckène. Le nombre de concessions est de 13 selon Modou Seck le chef de village et le nombre de carrés s’élève à 72. Cela s’explique par le fait que la plupart d’entre eux continuent de payer leur impôt à Darou Nahim même s’ils sont à Touba ou à Mbacké. Elle dispose certes d’une adduction d’eau potable et d’une case de santé mais manque d’infrastructures de base (école, poste de santé) et d’électricité etc.

A Thiéckéne, des maisons en dur et des cases en paille se côtoient. Au milieu du village, il y a un puits construit en 1914 et une mosquée en dur. A l’extrémité nord, il y a une maison érigée en l’honneur du vénéré guide Cheikh Ahmadou Bamba.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
I. Problématique
II. Justification de la recherche
II.1. Choix du sujet
II.2. Choix du secteur
III. Hypothèse de recherche
IV. Objectifs du sujet
V. Cadre conceptuel
VI. Méthodologie et plan
VI.1. La recherche documentaire
VI.2. Travail de terrain
Première partie : Présentation générale de la zone d’étude et de ses environs
CHAPITRE I : CADRE PHYSIQUE ET SOCIO-ECONOMIQUE DE LA ZONE D’ETUDE
I. Cadre géographique
I.1. Localisation
I.2. Présentation du secteur
II. Cadre physique du secteur
II.1. Contexte géologique
II.2. Pédologie
II. 3. Climat
II. 4. Hydrographie
II. 5. Végétation
III. Populations étudiées
III.1. Composition ethnique de la population
III.2. Religion
IV. Economie
IV.1. Agriculture
IV. 2. Élevage
IV. 3. Le commerce
IV.4. L’artisanat
CHAPITRE II : CADRE HISTORIQUE
I. Origine du peuplement du Baol selon les sources orales, écrites et archéologiques
II. Historique de la localité de Thiéckène
Deuxième partie : Etude générale du site de Thiéckène-Mbacké
CHAPITRE I : PRESENTATION DES TUMULUS DE SABLE
I. Historique des recherches
II. Localisation du site tumulaire de Thiéckène-Mbacké
III. Description générale du site de Thiéckène-Mbacké
IV. Authenticité et particularité des tumulus de Thiéckène-Mbacké
V. Critères de sélection de l’UNESCO pour les sites du patrimoine mondial
VI. Perceptions des populations locales
VI.1. Les riverains du site
VI.2. Les conseillers municipaux
VI.3. Les enseignants
VI.4. Les élèves
VI.5. Les organisations communautaires de base
CHAPITRE II : LES PROBLEMES DE CONSERVATION DU SITE
I- Les causes de dégradation
I.1. Les facteurs naturels
I.2. Les facteurs anthropiques
II. Sensibilisation pour des mesures de préservation des tumulus de Thiéckène-Mbacké
II.1. Historique de la politique de protection du patrimoine au Sénégal
II.2. La politique internationale sur la protection du patrimoine culturel
II.3. L’éducation, l’information et la communication des communautés locales
Troisième partie : Le patrimoine culturel de Thiéckène : une richesse à valoriser
CHAPITRE I : LE PATRIMOINE ET LE DEVELOPPEMENT LOCAL
I. Présentation du patrimoine religieux de Thiéckène
II. Le patrimoine comme atout de développement local
II.1. Le développement local
II.2. Impact du patrimoine sur le développement local
CHAPITRE II : PERSPECTIVES DE VALORISATION DU SITE DE THIECKENE-MBACKE
I. Actions préalables à réaliser
I.1. Promotion du site
I.2. Propositions d’un projet de valorisation du site
I.2.1. La mise en place d’un musée communautaire
I.2.2. L’aménagement d’un campement touristique
II. Rôle de la municipalité, de l’État et des partenaires
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
ANNEXES

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