LES TROUBLES LOCOMOTEURS CHEZ LA DINDE

LES TROUBLES LOCOMOTEURS CHEZ LA DINDE

Les modes d’élevage de la dinde et les pathologies du système locomoteur :

Les modes d’élevage de la dinde peuvent être impliqués dans l’apparition des troubles locomoteurs. En effet, la sélection génétique des souches lourdes à croissance rapide représente une cause majeure à l’origine d’une augmentation des pathologies locomotrices (30, 48). Les exigences économiques ont encouragé une sélection des souches à larges poitrines, à croissances rapides et de poids élevés (48, 2, 3). Des études comparent la démarche et la posture de deux souches de dindes et confirment cette situation (2, 3) : Des dindes à taux de croissance rapide qui peuvent peser jusqu’à 40 Kg pour les mâles reproducteurs (appelés BB pour broad-breasted) et des dindes «traditionnelles» d’un poids de 9 Kg ont été observées. La distribution inégale de la masse du corps des souches BB est liée à l’hypertrophie des muscles pectoraux. Ils représentent 13% du poids du corps dans les souches traditionnelles à 105 jours et 20% au même âge chez les souches lourdes (2).

La vue postérieure de la démarche montre que les modifications morphologiques induites par la sélection génétique affectent l’équilibre des animaux. En effet, en raison de l’élargissement de la poitrine lié à une augmentation du volume pectoral, les pattes des animaux lourds sont beaucoup plus écartées. Pendant la marche, le centre de gravité est amené sous la position de la patte pour permettre l’équilibre. Ces oscillations latérales constituent des mouvements parasites qui ne sont pas utilisés pour la progression et qui augmentent donc le coût énergétique de la marche. Les efforts musculaires nécessaires pour bouger le corps d’un coté à l’autre entraînent donc de la fatigue et des boiteries (2). Une seconde étude indique que l’augmentation de la taille de la poitrine déplace le centre de gravité du tronc dans une position plus antérieure.

L’effort pour maintenir l’équilibre en station debout est donc augmenté. L’apparition des boiteries serait liée au plus grand stress nécessaire pour rester debout et marcher. La fatigue et la vulnérabilité des muscles contribuent également à ce phénomène (3). La sélection génétique a permis d’augmenter le poids des animaux mais les contraintes mécaniques peuvent limiter cette évolution. La question est de définir la limite phénotypique sans l’induction de troubles fonctionnels (2). Le temps ou la sélection génétique se focalisait uniquement sur le taux de croissance sans tenir compte des caractéristiques de la démarche semble révolu (48).

D’autre part, des facteurs environnementaux liés à la conduite d’élevage comme l’intensité lumineuse, la durée du jour, la température ambiante, la densité d’élevage et le type de sol peuvent être impliqués dans le développement des troubles locomoteurs (30, 48). L’incidence des problèmes de pattes est en effet significativement plus élevée dans les élevages mal ventilés et mal aérés, avec des litières de mauvaise qualité, une mauvaise hygiène et la présence de multiples facteurs stressants (30). En vue d’évaluer l’influence des modalités d’élevage sur l’apparition des troubles locomoteurs chez les dindes, plusieurs études ont été menées. Concernant l’intensité lumineuse et la photopériode, les effets sur l’incidence des troubles locomoteurs ont été clairement établis. En effet, une haute intensité lumineuse avec un programme de 9H de lumière /24H pendant 50 jours puis 15H/24H pendant 120 jours réduit l’apparition des troubles locomoteurs par rapport à une faible intensité avec 24H de lumière/24H pendant 3 jours et 15H/24H pendant 12 jours puis une lumière maintenue constante pendant 120 jours.

D’autre part, un programme intermittent de lumière a montré que chaque fois que la lumière est allumée, il y a un sursaut d’activité qui conduit à une augmentation de la prise de nourriture et une diminution des troubles locomoteurs. Récemment, il a été suggéré que le programme intermittent réduise les blessures par piquage. En effet, la durée du jour de chaque période est courte, les animaux sont donc essentiellement occupés à manger, boire et se nettoyer (48). La densité de l’élevage peut également jouer un rôle dans l’apparition des troubles locomoteurs. Une étude menée par le CNEVA compare la situation dans 3 élevages de différentes densités : 8, 6 et 5 animaux/m2. La démarche était moins bonne dans l’élevage avec la densité la plus grande. De plus, des lésions des hanches (croûtes et égratignures) et des pododermites ont été signalées (48). Les facteurs génétiques et la conduite d’élevage semblent donc intervenir dans l’apparition des pathologies locomotrices. Cependant, les problèmes de boiteries peuvent être attribués à des causes variables le plus souvent difficiles à identifier.

Incidence en pathologie d’élevage :

Les troubles locomoteurs représentent un problème d’importance majeur en aviculture (60). Afin d’estimer l’incidence des troubles locomoteurs par rapport à l’ensemble des autres pathologies, il est intéressant d’établir un bilan des diagnostics pathologiques chez la dinde. Une telle étude a notamment été menée en Géorgie en 1986 (50). Les diagnostics ont été placés dans plusieurs catégories : septicémies, troubles gastro-intestinaux, troubles respiratoires, troubles musculosquelettiques, troubles nutritionnels, divers et pas de diagnostic. A partir de 186 dindes examinées, 33 diagnostics différents ont ainsi été établis. Sur l’année, les troubles musculosquelettiques (ostéomyélites, synovites à Staphylococcus aureus, ténosynovites, dyschondroplasies tibiales et myopathies) représentaient 10,2% de l’ensemble des diagnostics.

Le choléra, le plus souvent détecté correspondait à 26,2% des cas. Un classement des diagnostics a été réalisé selon les âges des dindes : les troubles musculosquelettiques représentaient 5,3% des diagnostics chez les dindes âgées de moins de 21 jours, 1,8% chez les dindes âgées de 21 à 49 jours, 8% chez les dindes âgées de 50 à 112 jours et 39,4% chez les dindes âgées de plus de 112 jours. Les pathologies liées au système musculo-squelettique semblent donc importantes en élevage de dindes et leur incidence augmente de manière significative avec l’âge des animaux. Les pertes économiques liées aux troubles locomoteurs sont essentiellement dues à une diminution du taux de croissance, une augmentation de la mortalité et des saisies à l’abattoir. Les pathologies locomotrices sont reconnues comme le 4ème facteur limitant les performances des volailles de chair (72, 30). Il est généralement difficile d’estimer le coût des troubles locomoteurs en raison de la nature des pertes (72).

Croissance et déformations des pattes :

La déformation angulaire des os est une déviation latérale ou médiale du tibio-tarse distal et du tarso-métatarse qui peut avoir lieu chez des dindes de chair âgées de quelques jours jusqu’à l’abattage. Les animaux ont les pattes arquées. Secondairement un déplacement du tendon gastrocnémien peut être observé. L’étiologie est inconnue, mais une croissance rapide et des troubles de la nutrition pourraient expliquer ces symptômes. Une carence en vitamine B jouerait probablement un rôle. En réduisant le niveau de protéines dans la ration, l’incidence des déformations angulaires des os a été diminuée (37). La dyschondroplasie tibiale est également un trouble fréquent chez les dindes. Elle correspond à une prolifération et une croissance d’une plage cartilagineuse avasculaire au niveau de la plaque de croissance du tibio-tarse proximal (37, 51, 62). Elle se caractérise par une absence de vascularisation et de calcification des plaques épiphysaires du tibia en période de croissance active (26).

La plupart des oiseaux ne montre pas de signe clinique. Les boiteries apparaissent seulement en cas de nécrose, déformation ou fracture (62, 37). Les causes sont multifactorielles, mais une croissance rapide et un déséquilibre en électrolytes semblent le plus souvent impliqués. La dyschondroplasie tibiale représente 5 à 25% des boiteries chez les dindes. Si les lésions sont importantes, l’extrémité de l’os affecté s’élargit, devient plus fragile et se courbe vers l’arrière. L’os peut alors se fracturer spontanément (26, 37). Concernant les jeunes dindonneaux en croissance, il est fréquent d’observer des doigts recroquevillés et courbés (37). Les doigts sont pliés soit latéralement ou médialement. La rotation des phalanges y est souvent associée (37, 62).

Cela diminue la mobilité et probablement les performances des animaux (37). L’origine de ce trouble n’est pas connue. Cependant, ces symptômes sembleraient liés à un raccourcissement du tendon fléchisseur et une augmentation de la tension des tendons (37, 62).

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Table des matières

PARTIE 1 : LES TROUBLES LOCOMOTEURS CHEZ LA DINDE
I.Les modes d’élevage de la dinde et les pathologies du système locomoteur
II.Les syndromes locomoteurs chez la dinde
II.1. Rappels anatomiques
II.2. Incidence en pathologie d’élevage
II.3. Anomalies génétiques et congénitales
II.4. Croissance et déformations des pattes
II.5. Origines physiques et mécaniques des boiteries
II.6. Origines toxiques, métaboliques et nutritionnelles
II.7. Causes infectieuses des boiteries
III. Les arthrites, synovites et ténosynovites chez la dinde
III.1. Les arthrites bactériennes
III.1.1. Les arthrites staphylococciques
A.Etiopathogénie
B.Diagnostic :
C.Conduite thérapeutique :
III.1.2. Les arthrites à Escherichia coli :
A.Etiopathogénie
B.Diagnostic :
C.Conduite thérapeutique :
III.1.3. Autres agents bactériens
III.2. Les synovites infectieuses à mycoplasmes
A.Etiopathogénie
B.Diagnostic :
C.Conduite thérapeutique
III.3. Les ténosynovites virales
A.Etiopathogénie
B.Diagnostic :
C.Conduite thérapeutique
I.ORT chez la dinde
I.1. Présentation de l’agent pathogène
I.1.1. Historique
I.1.2. Taxonomie
I.1.3. Caractères bactériologiques
I.1.4. Habitat et pouvoir pathogène
I.2. Pathogénicité chez les dindes
I.2.1. La situation sur le terrain en élevage de dindes
I.2.2. Les études expérimentales chez la dinde
I.3. Diagnostic de laboratoire
I.3.1. Diagnostic direct
I.3.2. Diagnostic indirect
I.4. Conduite thérapeutique :
I.4.1. Traitement
I.4.2. Prophylaxie
II.Observations cliniques des cas de ténosynovites à ORT en Bretagne
II.1. Incidence
II.1.1. Bilan des diagnostics bactériologiques et parasitologiques chez la dinde au laboratoire Selvet
II.1.2. Répartition des cas de ténosynovitesII.1.3. Les signalements des ténosynovites à ORT en France
II.2. Etude épidémio – clinique
II.2.1. Typologie des élevages
II.2.3. Lésions
II.2.4. Isolement d’ORT : historique des élevages atteints
II.3. Diagnostic différentiel
II.3.1. Arthrites bactériennes
II.3.2. Synovites infectieuses à mycoplasmes
II.3.3. Ténosynovites à réovirus
II.4. Diagnostic de laboratoire
II.4.1. L’analyse histologique
II.4.2. L’isolement et l’identification bactériologique
Escherichia Coli
proteus
ORT
II.4.3. Les sérotypages
II.4.4. Les antibiogrammes
II.4.5. La sérologie
II.5. Importance en élevage
II.6. Traitements
II.6.1. Nature et Posologie
II.6.2. Efficacité du traitement
II.7. Prophylaxie
II.7.1. Sanitaire
II.7.2. Médicale
III. Implications sur l’approche des arthrites, synovites et ténosynovites chez la dinde :
III.1. Diagnostic clinique
III.2. Diagnostic lésionnel
III.3. Diagnostic épidémiologique
III.4. Diagnostic de laboratoire
CONCLUSION
LISTE DES ILLUSTRATIONS
ABREVIATIONS

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