Les systèmes informatiques et l’abstraction 

Les systèmes informatiques et l’abstraction

Les ordinateurs sont de façon générale, des machines à calculer. La force première d’un ordinateur c’est la gestion de données. Un ordinateur peut traiter un volume de données en un temps qu’il serait impossible pour n’importe quel homme d’égaler. Tout ce que l’on consomme aujourd’hui à travers le réseau numérique qu’est internet sont des éléments qui nous sont accessibles parce qu’ils ont été transformés en valeur numérique pour leur permettre d’exister à travers ce réseau. C’est cette transformation en valeur numérique ou numérisation qui est à la base des systèmes informatiques. Tout ce qui existe dans un système informatique est à la base une séquence de chiffres qui, une fois décodée par un programme informatique spécifique ou dédié, peut être consultée. Le fonctionnement des systèmes informatiques influence la façon dont les données sont traitées. La structure informatique est indissociable des éléments qu’elle soutient. Cette structure informatique, ce code, n’est pas un élément visible directement, mais il influence la façon dont nous traitons, diffusons et consommons l’information à travers les réseaux numériques, en particulier internet. (Manovich, 2010) Pour moi, travailler l’abstraction en lien avec l’univers du numérique passait par l’utilisation de la structure des codes informatiques et des données.

L’art génératif

II existe un courant en art numérique appelé « l’art génératif». Le terme art génératif n’est pas unique à l’art assisté par ordinateur, car il est attribué de façon générale à des formes d’art ou des œuvres dont la production ou la présentation incluent l’utilisation de systèmes autonomes.

 ”Generative art refers to any art practice where the artist uses a system, such as a set of natural language rules, a computer program, a machine, or other procedural invention, which is set into motion with some degree of autonomy contributing to or resulting in a completed work of art. (Galanter, 2003)”

Dans son application à l’art assisté par ordinateur, l’art génératif se définit généralement par la production d’oeuvres issues d’un code informatique structuré utilisant des séquences aléatoires pour l’obtention de résultats respectant les visées plastiques de l’artiste-programmeur. Si on se rapporte aux métacatégories d’Etienne Souriau citées plus haut. La plupart des œuvres portant l’étiquette d’œuvre generative entreraient dans la première métacatégorie, qui comprend les œuvres d’art abstrait qui se concentrent sur des compositions de formes pures. Le type d’œuvre auquel il est fait référence ici est celui qui utilise des valeurs provenant de procédures aléatoires et non d’une source particulière et identifiable. L’art génératif est un art de système informatique; ce type d’art exploite la capacité exceptionnelle des ordinateurs à gérer des données. Ce n’est pas un type d’art qui exploite uniquement les possibilités des systèmes informatiques, mais aussi la nature même de l’informatique, la gestion et la procédure. Toutefois, le fait qu’en général les œuvres associées au titre « art génératif » utilisent des valeurs générées les fait entrer pour moi dans un domaine purement esthétique et les prive d’une autre facette importante des systèmes informatiques soit le culturel porté par les réseaux numériques. Mon intérêt pour l’art génératif se situe principalement dans la création de programmes informatiques qui sont des structures de production de possible, des variantes sur un même thème produites par l’entrée de valeurs différentes à l’intérieur des ces systèmes de gestion de données. C’est l’accident qui devient intéressant pour moi dans ce type de procédé de création, la rencontre entre une structure avec une certaine latitude de possibilités et des valeurs numériques tellement nombreuses qu’il devient impossible de prédire le résultat final. Mes intérêts artistiques n’étant toutefois pas uniquement esthétiques, il devient apparent qu’à ce type de travail doit être lié quelque chose d’extérieur, qui porte une signification. Mon travail s’est donc orienté vers l’utilisation de données provenant de sources significatives pour produire des abstractions.

L’analyse de données numériques comme processus d’abstraction

L’analyse est une forme de connaissance. L’analyse, c’est la « décomposition d’un tout complexe. » (Souriau, 2010, p. 116) Mes intentions artistiques se situant dans l’idée d’utiliser des données numériques provenant de sources significatives dans le but de produire des abstractions géométriques, il devient nécessaire de construire des systèmes informatiques pour faire la gestion des données. Le nombre de données comprises au sein d’une source numérique est parfois très grand et pour en faire une gestion efficace, il faut comprendre ces données pour être en mesure de les utiliser convenablement. Pour cela il faut la plupart du temps faire une forme de compression , créer des ensembles de données pour mieux diriger la production. Dans cette optique, le processus d’abstraction que j’exerce se rapproche pour moi de la notion d’analyse. Mon processus implique de décomposer un élément numérique en ses valeurs pour ainsi réinterpréter ces valeurs vers la production d’abstractions géométriques. Comme la séquence du code informatique qui forme les éléments numériques utilisés n’est pas dénaturée, mais garde intacte la séquence de lecture des valeurs qu’elle comporte, il s’agit pour moi d’un processus d’abstraction lié à ce qu’Etienne Souriau appelle l’art représentatif qui définit les œuvres d’art abstrait représentant par un processus d’abstraction des objets du monde réel, soit la deuxième métacatégories citée plus haut. Mon processus d’abstraction s’intéresse à la structure interne, dans le cas présent la structure informatique, qui est sujette à l’abstraction et cette structure n’est pas visible directement donc elle n’est pas perçue. Cette structure permet l’existence virtuelle du sujet choisi, mais n’est pas vécue directement comme l’on peut vivre la présence d’un élément du monde réel. Comme cette structure invisible permet l’existence du sujet choisi, elle fait partie de lui. C’est pour cela que pour moi, le processus d’analyse et d’interprétation de l’analyse garde un lien avec le sujet sans toutefois le représenter directement.

Les œuvres composant la série d’images appelée Lieux Géométriques représentent bien le concept de l’analyse comme processus d’abstraction. À la base, des images provenant de Google Street View sont extirpées de leur contexte, qui est celui du site web du moteur de recherche Google. Les images sélectionnées sont ensuite analysées par un programme informatique créé entièrement pour la réalisation des œuvres de la série. Le programme informatique a comme objectif de trouver lesquels des pixels de chaque image sont les plus près des valeurs absolues contenues dans le code de couleur VGA (Video Graphics Array), qui comprend seize couleurs. Toutefois, pour faciliter la tâche du logiciel, seulement douze couleurs ont été utilisées par le programme. Le programme devait donc comparer tous les pixels avec les valeurs demandées et garder en mémoire l’emplacement dans l’image du pixel le plus près de chacune des valeurs recherchées. Une fois les pixels trouvés, le logiciel avait comme objectif de relier les différents pixels en  formant des triangles dont la couleur interne était établie par une moyenne des valeurs de couleurs des pixels qui formaient chaque triangle. La forme ainsi créée était ensuite superposée à une version floue de l’image initiale d’où provenait la forme générée . Mes intentions étaient de mettre en relation une image virtuelle et le système qui la rend visible. Ce type d’œuvre ouvre la porte à une réflexion sur la structure du système.

Le choix de faire réaliser des triangles par le programme informatique est un choix purement esthétique et personnel de ma part. Ce choix est en lien avec la deuxième partie de mon processus d’abstraction qui tend à exprimer non pas le sujet du processus d’abstraction, ni le code de ce sujet, mais une forme de perception générale et personnel du système numérique, soit ce que je perçois de l’espace médiatique d’où l’information provient, qui influe sur la perception de mon environnement. L’analyse à l’aide de logiciels sert de canevas à l’expression de la perception du système où évolue le sujet de l’analyse. Le processus de l’analyse seule expose plus des positions sur le système dans lequel évolue le sujet que la nature du sujet de la représentation. Voulant développer une production hybride entre la représentation de la structure informatique et le contenu présenté par cette structure, je me dois de mieux définir ce qu’est la perception en rapport avec l’univers intangible du numérique.

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Table des matières

INTRODUCTION 
CHAPITRE 1 
DE L’ABSTRACTION 
1.1 Faire usage de l’abstraction
1.1.1 L’abstraction comme réaction à l’hypervisibilité
1.2 Ébauche d’une définition de l’abstraction.
1.3 Les systèmes informatiques et l’abstraction
1.3.1 L’art génératif
1.3.2 L’analyse de données numériques comme processus d’abstraction
1.3.3 Percevoir
CHAPITRE 2 
L’ART POST-INTERNET 
2.1 L’internet.
2.2 Définition et usage du terme « post-internet »
2.3 Post-internet comme contexte.
CHAPITRE 3 
SYSTÈME DE REPRÉSENTATION 
3.1 De l’analyse à la représentation subjective
3.2 Développement d’un langage plastique
3.3 Mise en œuvre
3.3.1 Bande Passante
3.3.2 Espace de conflits
3.3.3 Architecture de parcours
3.3.4 Structure et surface
CONCLUSION

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