LES SUICIDES ET TENTATIVES DE SUICIDE

ATTITUDE DES COMMUNAUTES FACE AU SUICIDE

     Chez les grecs, Aristote condamnait cet acte qu’il qualifiait de lâcheté face à la vie et assimilait le suicide à un soldat déserteur. PLATON, quant à lui, l’admet pour des cas de maladies douloureuses et incurables. Les cyniques, les épicuriens et les stoïciens reconnaissent eux, que l’homme peut quitter volontairement la vie qui lui devient pénible. Dans la Rome antique, l’acte suicidaire était valorisé mais devait obéir à des critères compatibles avec la morale stoïcienne (douleur physique, perte d’un proche, fureur, folie) sous peine d’être condamné. En Inde, jusqu’au XIXéme siècle, considérant la mort comme un simple changement d’existence, les veuves s’immolaient au coté de leur époux lors de la cérémonie de crémation. Une veuve qui ne suivait pas son mari dans la mort n’avait pas le droit de se remarier, ne pouvait plus accomplir les devoirs religieux. Les veuves qui acceptaient ce suicide étaient considérées comme des saintes. Interdit par le christianisme à partir du Ve siècle, il est considéré comme rébellion envers Dieu, entraînant l’exposition et l’exhibition du corps du suicidé sur la claie avant de l’amener à la voirie .Cet interdit est réitéré au cours du XIXe siècle à travers le code de droit canon qui refusait la sépulture chrétienne à « ceux qui se sont donnés la mort de façon délibérée ». La religion musulmane aussi est catégorique sur cet interdit formulé dans la sourate III et IV du Coran promettant le feu éternel à ceux qui se donnent la mort. « L‘homme ne meurt que par la volonté de Dieu et le terme de ses jours est écrit. Ne vous tuez pas vous même car Dieu est miséricordieux envers vous et quiconque se tue par la malice ou par la méchanceté sera rôti au feu de l’enfer ».Le suicidé est privé de la bénédiction de la dernière heure que tout musulman reçoit avant d’être enterré. Certaines cultures ont une position ambiguë sur la question. Au Japon « celui qui ne peut plus choisir de vivre décemment peut choisir de mourir décemment ». En Chine « celui qui sauve le suicidant sera responsable de lui durant le reste de ses jours ». Dans la société traditionnelle africaine, le suicide pour la sauvegarde de l’honneur est permis, encouragé voire valorisé. Au Sénégal, l’histoire des femmes de Ndeer qui se sont brûlées vives pour échapper à l’esclavage et le mythe de Yacine Boubou qui aurait donné sa vie pour que son fils monte sur le trône du Cayor, sont des exemples de suicides valorisés et sont chantés jusqu’à présent par les griots. Préférer la mort au déshonneur est même la devise du pays : « On nous tue, on ne nous déshonore pas ». Chez les Diolas de la Casamance, COLLOMB9 raconte que jadis, on faisait comprendre au vieux qu’il était temps qu’il meurt afin de pouvoir se réincarner dans un être jeune et plein de force, et éventuellement on l’aidait à mourir : bains froids, abandon dans la forêt avec une maigre nourriture lui permettant de subsister quelques temps. Ces différentes attitudes nous montrent combien le sujet l’acte suicidaire est complexe et déconcertant. Mais nous pouvons dire qu’à défaut d’être toujours formellement condamné, le suicide est désapprouvé dans la plupart des sociétés.

LE SUICIDE ANOMIQUE

    Le suicide anomique est celui qui augmente proportionnellement au dérèglement et au relâchement des normes sociales. Il distingue le suicide anomique qui découle de l’anomie économique, de celui qui découle de l’anomie conjugale. L’anomie économique est particulièrement fréquente dans les périodes de crises économiques. Suivant leur nature, les crises agissent différemment sur les individus. Dans les crises économiques aiguës, les individus plongent dans une situation économique inférieure à celle qu’ils occupaient jusqu’alors et sont contraints à vivre une vie qu’ils ignorent. La société, dans l’impossibilité de les adapter à ses nouvelles conditions de vie en un laps de temps, les livre à euxmêmes, et, devant ce désarroi, ils se donnent la mort. Les plus éprouvés dans ce genre de crise sont les fortunés. Inversement dans les périodes de prospérité, il y a un bouleversement de l’échelle des besoins qui se trouve sans limite. Tous les individus espèrent avoir plus qu’ils ont et dans cet état de dérèglement général de l’ordre social, les classes sont apposées les unes aux autres dans une lutte sans merci. Les fortunés aussi bien que les infortunés n’arrivent pas à satisfaire leurs ambitions désordonnées et illimitées et se donnent la mort. Cet état de dérèglement que DURKHEIM appelle anomie est à l’état chronique dans les sociétés modernes. Il constitue le facteur régulier et spécifique des suicides dont souffre le monde des affaires, mais atteint d’autres sphères de la vie sociale. Les suicides qui surviennent par exemple pendant le veuvage où à la suite d’un divorce ou d’une séparation de corps sont à des degrés divers des suicidés anomiques. DURKHEIM divise ainsi le suicide en ces trois types, chacun correspond à une situation de l’homme par rapport à la société. La société tend vers un état d’équilibre entre l’égoïsme, l’altruisme l’anomie où chaque composante a un seuil au delà duquel la vie en groupe devient impossible. Un peu plus d’un siècle plus tard, l’œuvre de DURKHEIM continue d’exercer beaucoup d’influence. Sa théorie sociologique et sa méthodologie inspirent bon nombre de chercheurs à travers le monde. Mais d’autres théories psychiatriques et psychologiques viennent battre en brèche cette théorie.

MOTIF

      Il nous paraît difficile de parler de cet aspect parce que nous n’avons pas rencontré de suicidants pour avoir des explications plus détaillées sur les motivations profondes qui les ont poussés à vouloir se suicider.Sur les dossiers consultés, nous n’avons que les premiers motifs avancés par les suicidants. Ces motifs sont toujours liés à la famille et à la difficulté de faire face à une situation difficile. Chez les jeunes, il s’agit surtout de dysfonctionnement familial ou de conflit avec les parents les relations difficiles entre les familles d’alliance. Ils se suicident parce qu’ils ont été objet de reproches, de désapprobations, d’insultes. L’impossibilité de ne pouvoir régler un problème financier, un sentiment de malaise général, le fait de ne pas trouver du travail sont aussi des motifs avancés. 12 ,2% de notre série ont des problèmes mentaux. COLLOMB souligne que le suicide était rare chez les malades mentaux. Dans notre série, les sujets se sentent persécutés par des esprits ou « rab » par des sorciers anthropophages. Des malades se suicident aussi pour éviter l’issue fatale d’une maladie et la souffrance.

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Table des matières

INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
I. DEFINITIONS
II. ATTITUDE DES COMMUNAUTES FACE AU SUICIDE
III. PROBLEMATIQUE
IV. HYPOTHESES
V. REVUE DE LA LITTERATURE
VI. METHODOLOGIE
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET COMMENTAIRE DES RESULTATS
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES RESULTATS
I. LA POPULATION ETUDIEE
II. LA TENTATION DE SUICIDE
III. LES STRATEGIES PREVENTIVES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
PLAN DETAILLE

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