Les signes d’alerte des troubles du spectre de l’autisme

 Les signes d’alerte des troubles du spectre de l’autisme

Nous pouvons retrouver dans les recommandations de la HAS que les signes d’alerte majeurs d’un trouble autistique sont les inquiétudes des parents concernant le développement de leur enfant, ainsi que les régressions au niveau du langage, des relations sociales, de la diversification alimentaire… Les parents peuvent rencontrer des difficultés à entrer en interaction avec leur bébé, ou encore observer des troubles sensoriels et des troubles moteurs. Le portage peut également être difficile, en raison d’un ajustement tonico-postural inadapté entre le bébé et son parent.

De plus, les premiers signes d’alerte se manifestent par l’absence de mise en place de certaines fonctions, plutôt que par l’existence de symptômes réels. Il y a par exemple une absence de babillage, de pointage ou de gestes sociaux à l’âge de 12 mois.

Les hypothèses étiologiques de l’autisme

A l’époque de L. Kanner, on pensait que les enfants porteurs d’autisme avaient subi des carences affectives ou des troubles de l’attachement, ou encore que l’éducation parentale avait été mauvaise. Les parents étaient les premières personnes incriminées. Puis grâce à des études, il a été possible de montrer de plus en plus nettement que des anomalies organiques, neurobiologiques pouvaient être impliquées dans l’apparition du syndrome autistique. Les symptômes caractéristiques de l’autisme sur le plan comportemental, ont pu être mis en relation avec certains dysfonctionnements d’aires cérébrales, suite à une malformation. Des facteurs environnementaux divers pourraient également influencer la manifestation des symptômes, et d’après N. Georgieff, « l’implication de facteurs génétiques est très probable » (2016, p.37).

Les causes de l’autisme sont donc multifactorielles, impliquant des aspects génétiques qui s’imbriquent avec des facteurs biologiques, environnementaux et des fonctionnements psychiques particuliers. Ces troubles du spectre autistique s’expriment de façon variée chez chaque individu, laissant apparaître des symptômes divers que nous allons aborder maintenant.

La sémiologie, les atteintes chez les personnes avec TSA

Selon L. Kanner, on retrouve dans l’autisme infantile trois symptômes principaux. Il y a d’abord une « altération relationnelle ou des interactions sociales » (Georgieff, 2016, p.12), l’enfant se comportant comme s’il était seul (« aloneness »), sans prendre en considération les personnes qui l’entourent. Le second symptôme caractéristique de l’autisme est, d’après L. Kanner, une « intolérance au changement» (Georgieff, 2016, p.15) qui s’exprime par un besoin d’immuabilité, de permanence de l’environnement, de « sameness ». Enfin, pour lui, on retrouve chez les autistes des centres d’intérêts restreints et des comportements stéréotypés.

De plus, les enfants autistes ont souvent une appétence pour les activités solitaires. Ils ont du mal à être dans l’interaction, à jouer avec les autres, à être dans l’attention conjointe. C’est ce que j’ai noté chez Hector qui pouvait nous tourner le dos pour jouer seul de son côté, ou encore chez Abel qui ignorait Rémi au début de la prise en charge. Cela entraîne des difficultés au niveau social, pour construire des relations avec leurs pairs, tout comme les comportements stéréotypés étranges qu’ils peuvent avoir et qui les enferment dans une bulle à part.

Ils n’ont pas forcément accès à la notion de respect des contraintes sociales et ne freinent pas l’expression de leurs émotions qui est souvent intense. Je pense par exemple à Abel qui poussait des hurlements, frappait les objets qui l’entourait et résistait à nos tentatives d’apaisement dans les moments de frustration.

Enfin, les personnes autistes présentent fréquemment un intérêt inhabituel pour certains aspects sensoriels de l’environnement et ils rencontrent des difficultés à les gérer. Nous allons y revenir maintenant.

Les particularités sensorielles

Troubles de l’intégration sensorielle, hypo ou hyper-sensibilité

Les particularités sensorielles que nous retrouvons chez les personnes avec autisme sont désormais prises en compte dans les critères diagnostics du DSM-5. Elles impactent de manière importante le développement de la personne ainsi que la perception de soi, de l’autre et de l’environnement. En effet, les systèmes sensoriels sont à la base de tout apprentissage, comme le montre la pyramide de William et Schellenberger.

Les enfants autistes peuvent présenter un trouble de l’intégration sensorielle, définit selon A.J. Ayres (1972) comme un processus neurophysiologique grâce auquel l’individu va filtrer, organiser, traiter les informations sensorielles, en vue de produire une réponse adaptée. Le psychanalyste D. Meltzer, parle de l’intégration sensorielle comme servant normalement à analyser tous les paramètres d’une situation pour la comprendre. En neurosciences, on parle d’un défaut de cohésion centrale, qui empêche les informations provenant des sens, d’être mises en correspondance. Or, c’est à partir de l’intégration de toutes les sensations que vont pouvoir se développer les autres fonctions psychomotrices, et que l’enfant va acquérir la capacité à se différencier de l’autre. Effectivement, en percevant qu’un contact ou qu’un son provient de quelqu’un d’autre, le nourrisson peut commencer à avoir accès à l’altérité. B. Meurin parle quant à lui de perturbations « des co-modalités sensorielles» (2019a, p. 174), qui empêchent les enfants autistes de traiter en même temps les différents éléments d’une situation. Ils ont donc tendance à ne traiter qu’une seule information sensorielle à la fois, et ainsi à n’investir qu’un unique canal sensoriel.

D’autre part, ils peuvent présenter une hypo ou une hyper-réactivité face aux divers stimuli sensoriels (visuels, auditifs, tactiles, olfactifs, vestibulaires …). Les différents profils sensoriels ont été définis par Winnie Dunn en fonction des seuils d’activation de chacun. Si le seuil est élevé, c’est qu’il y a une faible réactivité donc une hypo-sensibilité. La personne aura besoin d’un signal puissant pour réagir, et des comportements de « recherche sensorielle au travers de comportements stéréotypés» (ibid.) pourront alors se mettre en place. Au contraire, quand le seuil est bas, il y a plutôt une réactivité très rapide et intense, donc une hyper-sensibilité. Dans ce cas, la personne réagira à la moindre sollicitation, ce qui aboutira à « des évitements sensoriels » (ibid.).

Ces seuils de sensibilité ainsi que la sensorialité sont évaluables en psychomotricité, à partir de tests comme le bilan sensori-moteur d’André Bullinger, le profil sensoriel et perceptif de Olga Bogdashina et le profil sensoriel de W. Dunn. La prise en compte des spécificités sensorielles de ces enfants permet d’aménager le milieu, notamment en psychomotricité pour que l’environnement leur soit le plus agréable possible. Il faut néanmoins, en premier lieu les identifier. Ainsi, tout au long de l’année, j’ai pu observer chez Hector, Rémi et Abel, des comportements particuliers face à certains stimuli sensoriels.

Les particularités sensorielles d’Hector

J’ai tout d’abord remarqué qu’Hector retire sa jambe ou son bras lorsque nous le touchons de façon superficielle, ne supportant pas les effleurements. Il apprécie cependant les pressions fortes, profondes que nous faisons sur son corps lorsqu’il se met sous le tapis en fin de séance et il recherche le dur. Il aime aussi être enveloppé de façon serrée dans un tissu, pour sentir le contact du linge contre son corps. Tout cela me fait émettre l’hypothèse qu’Hector a une sensibilité tactile particulière, plutôt sur un versant d’hyper-sensibilité. Temple Grandin évoque cela dans son livre « Ma vie d’autiste » (1994), expliquant qu’une stimulation trop douce entraîne une excitation insupportable qu’elle a besoin de calmer en étant serrée fortement dans un tissu, sous des coussins ou dans sa « machine à câlin ». Les contacts superficiels ont besoin, chez certaines personnes autistes, d’être régulés par des sensations de pressions suffisamment fortes pour contenir les émotions que ceux-ci provoquent (Barabé & Lheureux-Davidse, 2004). Hector présente également une hyper sensibilité au bruit qui entrave ses capacités de concentration et le rend distractible.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction
I- Présentation du lieu de stage
1) Fonctionnement du CMP
2) L’accueil des enfants
3) Les relations inter-professionnelles
4) La psychomotricité au CMP
II- Présentation de la pratique
1) La prise en charge individuelle d’Hector
1.1- Anamnèse
1.2- Notre première rencontre et mes observations
1.3- L’évolution des premières séances
2) Les prises en charge du groupe cabane
2.1- Présentation des cas cliniques
2.1.1- Rémi
a- Anamnèse
b- Notre première rencontre et évolution des premières séances
2.1.2- Abel
a- Anamnèse
b- Notre première rencontre et mes observations
c- Première séance
2.2- Le groupe-cabane
2.2.1- Origine et présentation du groupe-cabane
2.2.2- Déroulement des séances du groupe-cabane
2.2.3- Évolution du groupe lors de mon stage
III- L’autisme
1) L’histoire résumée de l’autisme
2) Les classifications actuelles
2.1- La CFTMEA
2.2- La CIM 10
2.3- Le DSM-5
3) Les signes d’alerte des troubles du spectre de l’autisme
4) Les hypothèses étiologiques de l’autisme
5) La sémiologie, les atteintes chez les personnes avec TSA
6) Les particularités sensorielles
6.1) Troubles de l’intégration sensorielle, hypo ou hyper-sensibilité
6.2) Les particularités sensorielles d’Hector
6.3) Les particularités sensorielles de Rémi
6.4) Les particularités sensorielles d’Abel
IV- La notion d’enveloppe
1) La construction des enveloppes dès le début de la vie
1.1- Les premiers contenants
1.2- L’enveloppe tactile
1.3- Rôles des parents dans la structuration des enveloppes
2) L’enveloppe-peau
2.1- Structuration de l’enveloppe-peau
2.2- Les fonctions de la peau
3) Le concept d’enveloppe abordée par les théoriciens
3.1- Enveloppe, enveloppe psychique, enveloppe psycho-corporelle
3.2- Le Moi-corporel de Sigmund Freud
3.3- Le Moi-peau et l’enveloppe psychique de Didier Anzieu
3.4- La peau psychique d’Esther Bick
3.5- La fonction alpha de Bion
3.6- L’enveloppe psychique à trois feuillets de Didier Houzel
3.7- Les boucles de retour de Geneviève Haag
Conclusion

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *