Les schémas d’irrigation développement et fonctionnement

Les périmêtres d’irrigation : développement et fonctionnement

Le contexte

La pression demographique et Ia faibiesse du territoire viable pour l’agriculture aidant, le gouvernement kenyan decide en 1979 de reprendre une vieille politique coloniale. En effet, des 1930, les anglais expriment la volonté de développer des périmètres d’irrigation dans les terres semi-andes, qui représentent 80% de la superficie du pays.
Le premier site propose est celui de Ia plaine Njems. Depuis iongtemps les Tichamus y pratiquaient la culture irriguée. Des Ic 19°, us mettaient au point un système d’irrigation. Leur economic se basalt alors sur l’équiiibre de I’élevage et de l’agriculture.
Le gouvernement colonial les surnommait, les <<agriculteurs MaasaIs >>. A cette époque, 1 es Européens assimilaient Ic développement a 1 ‘agriculture et 1 ‘élevage au sous developpement. Les Tichamus étaient alors souvent cites comme le parfait exempie de 1 ‘ethnic pastorale évoivant vers la civilisation.
Pourtant, ces populations n’adoptaient l’agriculture que par nécessité. Elles avaient tout perdu ions des guerres MaasaIs et y trouvèrent alors une alternative A leur survie. Depuis, i’irrigation se pratiquait en temps de crise, après les razzias ou les sécheresses. Dc plus, les Tlchamus n’avaientjamais vraiment assimilé I’agriculture a la richesse, comme pouvait l’êtne l’élevage. La production contnibuait a. nourrir les families et a alimenter les caravanes de passage.
Entre 1900 et 1915, les Tichamus participèrent a plusieurs conflits qui opposaient les anglais aux Turkanas et aux Pokot. Tis en furent remerciés par le gouvemement colonial qui leur céda le cheptel saisi. Puis, Ia paix imposée par les anglais entraIna elle aussi une augmentation du nombre d’animaux. Les lichamus ne craignaient plus les razzias des Turkana. Certains allèrent jusqu’à. deserter leurs fermes et pratiquaient une forme de transhumance entre l’escarpement de Lalkipia et le sud du lac Baringo.
En 1918, une inondation détruisit les systèmes de canalisation du périmètre, installé alors proche de l’actuelle yule de Marigat et changea le cours de Ia rivière Perkerra, qui l’alimentait. Les Tlchamus qui possédaient maintenant de larges troupeaux, abandonnèrent 1 ‘irrigation, préférant retourner vers le pastoralisme.

Le développement de l’irrigation

Au même moment, au lieu d’organiser des circuits économiques incorporant des marches aux bestiaux et un développement de l’économie locale, le gouvernement colonial multiplie les etudes et les projets concernant l’irrigation. La plaine Njems est très vite associée a un grenier a grain . En 1885, l’explorateur Thompson remarquait déjà la qualité des sols et affirmait que I’on pouvait y cultiver n’importe quoi 30 . Ainsi, toutes les etudes visent Ia nature des sols et le potentiel irrigable. Des 1930, on étudie la possibilité d’une vaste zone d’irrigation.
Ces projets ont pour objet de réduire le degré de dépendance vis a vis du bétail et de transformer les Tlchamus en véritables agriculteurs. D’autre part, en les immobilisant sur leur terre, l’état souhaite créer mi développement économique et affirmer sa souveraineté dans une region jusqu’alors dominée par les autontés coutumières.

La ruée vers les périmètres d’irrigation

Jusqu’en 1950, le nombre de tête de bétail augmente au sein des troupeaux. fi reste quelques exploitations agricoles, oü certains tentent leur chance dans I ‘agriculture séche, du millet et du sorgho. Ce n’est qu’après l’indépendance que l’agriculture dans cet environnement semi-aride prend son veritable essor.
Dans les années 60, le boom des cultures de commercial i sati on a pour effet d’accroItre la valeur des terres dans les montagnes Tugen. Les plus pauvres des Tugen immigrent alors vers Ia plaine et se lancent dans l’agriculture irriguée. A partir de 1966, on assiste a une forte inflation des prix agricoles et plus particuliêrement pour le mals qui augmente plus vite la viande ou les peaux. Les marches aux bestiaux souffrent d’une mauvaise organisation. Les problêmes de quarantaine imposes au bétail et le manque de débouchés rendent les ventes incertaines 31 . D’autre part, la colonisation des terres irrigables réduit le terrain disponible pour l’êlevage. Ainsi de plus en plus de pasteurs investissent dans le secteur de I’ irrigation, largement développé par les politiques gouvernementales.

Organisation et fonctionnement des périmètres irrigués

Ti existe 3 types de périmètre d’irrigation différents suivant ieurs tailles, leurs fonctions et leurs structures d’organisation.

Le périmètre de Perkerra

Le plus important de ces projets, proche de la yule de Marigat, est alimenté par la rivière Perkerra dont ii tire son nom, le <<Perkerrra Irrigation Scheme >>. Sa construction commence en 1954. A cette époque, Marigat est un important centre de detention, ou sont réunis les pnsonniers du mouvement Mau-Mau 32 . Les condamnés sont employés a Ia construction des infrastructures de ce vaste proj et de 1400 acres et les premieres cultures sont récoltées en 1956.
Le but était de produire assez de nourriture pour les 400 agriculteurs installés a i’époque, et de vendre les surplus dans le nord du district. Le gouvemement créait ainsi un circuit économique pour s’impliquer dans le politique de gestion du nord, mal intégré a. i’état kenyan. A partir de 1966, l’importance du secteur irrigué dans les zones semi-andes se traduit par la creation du <<National Irrigation Board x 33 . Organisme para-étatique sous l’autorité du mimstère de r agriculture, ii est responsable de Ia construction et de la gestion des périmètres irrigués construis par i’état.
Entre 1960 et 1980, les cultures commerciales deviennent prépondérantes dans la production nationaie. Aussi, a peine arrivé a Ia direction du périmètre de Perkerra, le NIB decide de changer sa politique et rentre dans Ic jeu de la commercialisation.
Aujourd’hui, la fonction principale du périmètre est d’alimenter les grands marches urbains de Nakuru et de Nairobi. Le NiB joue le role d’intermédiaire entre les fermiers producteurs et le <<Horticultural Crops Development Authority >>.
Plus de 391 agricuiteurs travaillent ce périmètre et disposent chacun de 1.5 a 2 hectares. Les cultures principales sont onentées vers la commercialisation. Ce sont, par ordre d’importance l’oignon, les piments, le coton, la pastèque, la papaye. De plus, une récolte par an de maIs et de choux frisés est produite sur un tiers de la superficie de chaques fermes. Elle est destinée a l’alimentation des families.
Les lots sont Ia propriété exclusive de l’état, qui accorde un droit d’exploitation. Un comité, formé des agents de la direction du NTB, de l’officier principal du districtet d’un groupe de tenanciers élus, attribue ses droits mais aucun titre de propriété n’est livré. Si les fermiers accumulent les emprunts a valeur de 20000 Kch35 , la direction leur enlCve leur droit sur Ia ferme et installe un autre fermier chargé de rembourser les dettes. Ce système fonctionne, les gens préfèrent rembourser les dettes d’uri autre, plutôt que de rester sans terre.
Lors des transactions commerciales, le HCDA déduit 12 % sur les ventes de chacun des fermiers pour son propre financement. A cela s’ajoute 10 % que le NTB retient pour son fonctionnement et Ia maintenance des canaux.
D’autre part, le NTB impose l’utilisation de quantités précises d’engrais, de pesticides et de techniques modernes pour intensifier les rendements. Les agriculteurs payent des redevances sur l’eau, et l’utilisation du materiel, doivent acheter graines, pesticides et fertilisants a la Direction (le NTB possède ses propres pépinières). Celle-ci déduit ces achats de l’argent gagné par le fermier après la vente du HCDA, retenant 10 % de taxes en sus. En definitive, Ia part revenant aux fermiers reste bien maigre.

Le schema d’irrigation de Chemeron

Non décourage par l’expérience de Ia Perkerra, I’état decide en 1986 d’aménager un nouveau périmètre d’irrigation, Ic périmètre de Chemeron. Ii investit dans Ia construction d’un barrage d’une capacité de stockage de 3 a 4 Mm 3 , sur la rivière temporaire Nasagum.
L’eau atteint Ia plaine par une canalisation souterraine et est dispersée sur les lots par des canaux d’un a deux metres de largeur. Alors que I’étude préliminaire faisait mention de 200 ha de surface irrigable, les terres irriguées s’étendent actuellement sur 75 ha.
La plupart des fermiers installés sont des Tugen récemment arrives dans la plaine. La superficie de leurs champs vane. Ainsi certains cultivent des choux frisés, des haricots verts ou d’autres legumes destinés a leur alimentation, ou plus rarement au marché local sur des parcelles de 0,2 hectares. D’autres possèdent plus de 3,2 hectares, destinés aux cultures commerciales. Les ventes s’orgamsent directement entre le producteur et un <<middle man x’, ce qui rend les prix attractifs et apporte de bons revenus. Mais ces ventes concernent les individus riches, capables d’investir dans les cultures commerciales. D’ailleurs Ia direction est tout a fait libérale et les exploitants n’ont aucun intrant a payer. L’emploi de fertilisants ou de pesticides depend de leur volonté, et Ia distribution d’eau est gratuite. Les bénéfices n’en sont que plus importants.
L’exemple d’Isaac Lemondo est particulièrement frappant. Après avoir vendu sa récolte de piments a un intermédiaire Kikuyu, cet exploitant s’achète tin matatu qu’il rentabilise stir la liaison Nakuru – Marigat – Kampi Ya Samaki. C’est ici un bon exemple de flexibilité économique de Ia part des agropasteurs aisés.
Mais le projet ne peut garantir une spécialisation des fermiers dans I’agriculture irriguée. Les bénéfices gagnés par ceux qui ne cultivent que I ha ne sont pas suffisant pour éliminer l’élevage. L’irrigation est ici une activité secondaire. Les emplois a maigre salaire sont les seules retombées que peuvent escompter les pauvres agropasteurs. Dans ce sens, beaucoup réinvestissent dans Ic bétail qui tend a devenir un veritable problème pour I’environnement et ce d’autant plus qu’il n’y a pas de pâturage réellement productif a proximité du périmètre.

Les petits périmétres d’irrigation

La plaine présente d’autres experiences de projets d’irriation, de moms grande envergure, et plus facilement tournés vers les cultures vivrières. La plupart de ces petits périmètres ont été finances par des orgartisations étrarigères. C’est a l’arrivée du président Daniel Arap Mol, a Ia tête de l’état Kenyan, en 1979, que commencèrent les etudes. Aussi par I’intermédiaire du P1U , puis du projet BASAAP, plusieurs zones d’irrigation apparurent dans Ia plaine. Ce sont, par exemple, les pénmètres de Eldume, Logumgum, Kapkuikui, Kaptombes, Sandal, LoboI, N’gambo, Salabani.
On y voit essentiellement des cultures de subsistance comme le mals, le millet ou les choux frisés. Les surplus sont vendus pour le marché local ou alimentent durant Ia saison sèche Ic marché de Kabarnet dans les montagnes Tugen. Récemment, les cultures de papaye et de pastèques ont trouvé de nouveaux débouchés, notamment depuis que le <<Kenya Wine Industry)) en assure la collecte. La production horticole est toutefois encore marginale. Les exploitants préfèrent obtenir des revenus en extra par la vente des surplus de maTs.
La direction du périmètre est tenue par le Conseil des Anciens, avec Ia participation du chef gouvernernental. Aussi, l’implication des populations locales est-elle évidente. Beaucoup considèrent I’agriculture comme leur principale activité, peut-être par l’investissement en temps qu’elle nécessite. Mais s’ils admettent qu’elle est susceptible de remplacer a court terme I’élevage, us placent une bonne part de l’argent gagné par Ia vente des produits agricoles dans l’achat de bétail. Us possèdent done de larges troupeaux de chèvres qui envahissent les zones d’irrigation. De ce fait, us surveillent leurs champs toute Ia joumee et y dorment Ia nuit pour protéger leurs cultures des animaux sauvages (phacochéres, zèbres, babouins … ).
Un des périmètres responsable du paysage actuel entre Eldume et Sandal est a I’origine de conflits d’usages beaucoup plus sérieux Le projet avait pour objet de regrouper les différents périmètres d’irrigation traditionnelle. II comptait créer une vaste zone øü l’on. optimiserait I ‘utilisation de I ‘eau et apporterait I ‘aide technique nécessaire. Mais en voulant augmenter la surface irrigabte, les investisseurs ont créé un conflit d’usage de l’eau. Le système traditionnel fonctionnait sur le déplacement du périmétre d’irrigation tout les 3 ou 4 ans. Ii y avait 6 zones différentes, dont 2 a 3 étaient utilisées en même temps. Toutefois, il y avait une certaine flexibilité, et I’utilisation de tel ou tel pénmètre dépendait des conditions clirnatiques et du nombre de fermiers intéressés par l’agriculture. L’eau provient des ouadis Lobol et Waseges, qui parcourent les niarécages de Ia plaine. Certaines a.nnées, elle n’arrivait pas sut tous les lots. Les Tugen et les llcharnus s’arrangeaient alors entre eux pour continuer le système 46 . Ainsi, les llchamus acceptaient que les Tugen de Sandal viennent cultiver sur leur territoire. En échange, ces demiers permettaient a d’autres llchamus de garder leurs lots sur la commune de Sandal a Temberwe.

La sédentarisation

La misc en place des secteurs irrigués a introduit un modèle de centralité dans le paysage. En concentrant un grand nombre d’agropastcurs sur Ia plaine, les agents du développement ont contribué a l’apparition de centre urbain.
La sédentarisation par I’ agriculture.  Autrefois, lors des périodes de culture, les agro-pasteurs devenaient moms mobiles.
Les jeunes hommes partaient en transhumance avec les troupeaux tandis que les femmes, les vieux et les enfants restaient dans la plaine. Les mouvements pastoraux étaient dictés par les besoins du bétail. Aujourd’hui, comme nous l’avons vu précédemment, beaucoup de pasteurs se lancent dans l’agriculture irriguée ou dans le commerce, abandonnant ainsi les transhumances. Mais, I’immigration Tugen est le veritable facteur de développement des centres urbain.
La yule de Marigat n’était autrefois qu’un centre pénitencier. Aprés I’apparition du périmètre de Perkerra, les fermiers s’y installèrent et peu a peu une ville naissait autour des bâtiments du NTB. La yule dispose actuellement de nombreux services, tels qu’un hôpital, une école secondaire, des restaurants et plusieurs hotels. Elle est la deuxième yule dii district après Kabamet. Les deux tiers des 5193 habitants vivent de la proximité du pénmètre, mais peu d’exploitants y habitent. Us disposent d’un terrain d’habitation dans un ovillage>> du périmêtre.
De petits hameaux s’organisent autour de Marigat, cc sont des épiceries ou de simples restaurants, mais qui rassemblent la population des campements des alentours, Ic matin ou dans la soirée durant les heures fraIches. Ces satellites jouent un rOle social important dans le processus de socialisation.
Ce développement s’est accéléré depuis 1979. Les petites villes ou les centres d’approvisionnement se sont rapidement étendus. A chaque nouveau périmètre, apparaIt un centre. Toutefois, us ne donnent que rarement naissance a un village, comme c’est le cas de Lobol ou de Sandal. Tls regroupent les services de proximité, mais trés peu d’habitations.

La sédentarisation par I’appauvrissement

Avec leur incorporation dans 1 ‘état, les pasteurs perdaient leur liberté. Le gouvemement colonial subventionnait une politique de restriction des mouvements pastoraux.
Puis, la privatisation des parcours les plus riches par l’irrigation n’a fait qu’accentuer le phénoméne. Les pasteurs furent contraint de limiter leur mobilité.
Au même moment, Ic nombre d’animaux augmente grace a Ia médecine vétérinaire.
Mais, le marché stagne et ne compense pas cette proliferation, car rien n’est fait pour intégrer Ic pastoralisme a l’économie.
D’autre part, les sécheresses n’arrangent rien et font craindre le spectre de la désertification. Les pauvres pasteurs ne peuvent refaire leurs troupeaux et sont souvent forces a cc qu’on appelle la sédentarisation par l’appauvrissement. us sont en fait prisonniers de leur pauvreté et de l’aide alimentaire. Les plus démunis s’approchent des centres pour y recevoir les dons de nourriture de Ia FAO ou d’autres organismes intemationaux ou gouvernementaux. Ainsi, les pasteurs préférent limiter leurs déplacements aux environs des villes, et les pâturages de saison isolés sont marginalisés.
Les centres satellites drainent toutes ces populations de pasteurs destitués de leur bétail. us y viennent pour trouver un moyen de survivre. L’exemple de Kampi Ya Turkana estparticulièrement corivaincant. Ce <<slum>> de pasteurs s’étend a la pénphérie de Marigat.  est apparu après les sécheresses successives, au debut des années 90. 11 regroupe des pasteurs Turkana venus dans l’espoir de trouver des emplois. Sortis de leur environnement traditionnel, us ne s’en sortent qu’avec le maigre salaire d’un menibre de leur famulle ( qui se situe en général autour de 600 Ksh par mois, c’est a dire 60 FF). D’autre part, us n’ont que de petits troupeaux, qui ne leur apportent que de faibles revenus en lait déjà en saison humide. us attendent de pouvoir trouver un emploi aux abords de la yule. us sont les premiers a souffrir de Ia sécheresse, et durant ces périodes, le choix entre bouger et rester attendre Parrivée de l’aide alimentaire peut étre difficile. Les retards peuvent entraIner la mort ou la vente des animaux.
Leurs enfants ne vont plus a l’école du pastoralisme, garder les animaux.
L’enseignement est un bon moyen d’obtenir du travail plus tard. Aussi l’école fait partie des plus gros investissements des agropasteurs de la region. Les taux d’alphabétisme atteignaient àpeuprès6O%en 1995.
Beaucoup se lancent dans l’agriculture irriguée. Mais pour ces pauvres pasteurs, ce secteur demande trop d’investissement. Dc plus, ces investissements n’offrent pas les mémes résultats que l’elevage. Alors que le bétail augmente naturellement, Ia superficie de la ferme est toujours Ia même, suivant Ia volonté de Ia direction. La plupart, piégés autour du centre, se lancent dans l’économie informelle, ou le travail salarié. Toutefois, leur adaptation a Ia pauvreté est habile, puisqu’ils survivent par des activités, comme la vente du bois de feu, de pierres pour le sol des cases ou de l’herbe qu’ils ont ramassée sur les sentiers des périmétres d’irrigation. Mais cette situation n’est possible qu’au prix du déclin de Ia condition du bétail, immobilisé, et de Ia degradation de l’environnement local. Ils deviennent esclaves de leur nouveau mode de vie.

Les consequences sur I’environnement

Le manque de mobilité des troupeaux fait apparaître de nouvelles contraintes. En effet, c’est avec le rapide développement des petits centres a la périphérie des périmétres que le problème de la degradation du milieu devient sérieux (carte n°3 ). Les plus pauvres ont souvent réussi a garder quelques chèvres ou une vache. us sont alors plus ou moms dépendant des marécages. D’une part, parce qu’il leur est facile d’y nourrir leurs animaux.
Ils sont souvent responsables de la disparition des foréts prés des rivières. us utilisent le bois pour Ia cuisine, Ia construction des <<boma>> ou des huttes. Mais la pression sur les pâturages de Ia plaine n’est pas entièrement la faute de ces agropasteurs. Pour preuve, le nombre d’animaux diminue a l’approche des villes. Tis n’ont pas les moyens d’investir dans un troupeau important. Les vastes surfaces dénudées a la périphérie des schémas et des centres, sont plutôt le résultat de la forte densité des campements Ct du passage des larges troupeaux durant la saison des pluies et le debut de la saison sèche.
Si, comme nous I’avons vu, des efforts sont faits pour agrandir les surfaces irriguées, une nouvelle vague de peuplement arrivera. Les consequences sur l’environnement seront a Ia mesure du phénomène de sédentarisation.

La yule, un nouveau centre de diffusion culturelle

La sédentarisation est avant tout un des facteurs de l’évolution du mode de vie pastoral, puisqu’elle lui donne accès aux facilités de la vie moderne. D’autre part, la yule est un centre de diffusion de Ia modemité sur toute sa zone d’influence. Les jeunes sont plus facilement touches, a travers la scolarisation. Mais les plus vieux ressentent aussi la poussée culturelle par les nouvelles structures politiques, dont les représentants resident en ville, et par les politiques de conservations du milieu. C’est ainsi que les éléments culturels traditionnels s’effacent plus ou moms vite, scion Ia localisation des communautés. Les centres urbains, tels que Kampi Ya Samaki, ou plus nettement Marigat, étendent leur influence sur les piémonts, mais aussi sur une partie du territoire Pokot, etjusqu’à Kapedo, en pays Turkana.
Ces nouveaux poles de diffusion sont a la base des processus de formation et de transformation des réseaux et de I’espace. L’agriculture irriguée a évidemment contribué a Ia creation de centres urbains, mais la sédentarisation était inevitable. L’Etat a simplement finance Ia misc en place de périmétres d’irrigation qui gèrent i’occupation du sol, imposant ainsi une organisation de I’espace par I’agricuiture et les centres économiques, plus facile a gérer.

La conservation du milieu

Histoire et témoignages des anciens

La plupart des ouvrages et des rapports prélimiriaires, traitant de Ia conservation du milieu, font état de l’évolution de Ia situation de l’environnement. Ainsi d’après Anderson 47 5 les pâturages étaient abondants en 1914, alors qu’ils commençaient a soufftir en 1921. Les témoignages sur la qualité des pâturages tout au long du 200 siècle sont révélateurs de leurs degradations. Des 1930, un officier du ministère de I ‘agriculture observait que la degradation de Ia strate herbacée atteignait tin stade oü Ia régénération naturelle serait difficile.
Aujourd’hui encore, les personnes âgées interrogées se rappellent le temps, øü dans leur jeunesse, le bassin de Baringo était bien boise. On y trouvait facilement le fourrage pour les animaux et le bois pour Ia cuisine. L’herbe était haute et ii y avait une faune très diverse.
Certains racontent comment les européens venaient y chasser les éléphants. Aujourd’hui les éléphants ont disparu et se sont réfugiés plus haut sur l’escarpement de Lalkipia, tout comme les zèbres, les lions et les autres animaux sauvages .

Les mécanismes de conservation et les mesures traditionnelles anti-érosives

Dans le système traditionnel, des lois et des droits gèrent les ressources naturelles de la communauté. Chacun est tenu de s’y soumettre et des sanctions sont prises contre celui qui ne les respecte pas. La rotation des aires de pâture est commune pour tous les groupes pastoraux de Ia region. Mais les règles concernant la gestion des pâturages iie s’arrêtent pas U. Chez les Pokot, par exempie, us sont contrôlés par le temps de pâture, plutôt que par Ic nombre d’animaux. Lorsqu’ils sont en danger, les anciens décident de les <fermer >, jusqu’à ce que Ia strate herbacée se régénère. Ti arrive parfois qu’ils y introduisent des graines eux mêmes. D’autre part, chaque pasteur choisi ses pâturages de saison sèche, mais les lichamus, par exemple, décident ensemble le jour de leur ouverture. Ces méthodes traditionnelles de conservation et de limitation de l’utilisation des ressources permettent aux éleveurs de revenir chaque année. De ce fait, elles créent une veritable appropriation du sol. De nombreux conflits ethniques éclatent a chaque saison séche et souvent aux mêmes endroits. Chacun des belligerants estime que l’utilisation des pâturages entretenus, lui revient de droit.
La production de ces pâturages de saison sèche est toutefois moms importante que celle des marécages de la plaine. Mais us restent consommables par le bétail assez tard pendant Ia saison sèche, et constituent un appoint non négligeable pour les éleveurs qui partent en transhumance. Aujourd’hui, les régles ne sont pas respectées par tous, le système de rotation est de moms en moms utilisé, les pâturages de saison sèche.sont moms entretenus.

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Table des matières

1 La plaine Njems : un espace discontinu
A – Diversité ethnigue Ct peuplement
1 – Diversité ethnique
2 – Le processus de peuplement
3 – Lieu d’mteraction ethnique
B – Un espace de transition
1 – Une zone frontière
2 – Une zone stratégique
C – Les éléments structurant l’espace traditionnel
1 – Structure socio-économique
– Les pâturages
2 – Elements culturels
– L’espace linguistique
– Les rites de passages
– Prestige et respect
3 – Elements socio-politiques
– Structure d’autorité
– Structure géopolitique
4 – L’espace moderne
1 Un espace en crise
A – La crise de l’environnement
1 – La rift Valley
2 – Le milieu et son evolution
– Les plateaux et les piémonts
– La plaine
3 – Erosion anthropique : surpâturage et déboisement
B – La crise sociale
1 – Crise du système de gestion des ressources pastorales
– Evolution des fonctions
– Crise du pouvoir
– Crise economique et fracture sociale
2 – La crise alimentaire et ces consequence socio-économiques
– Etat de fait
– Consequence sur la vie
III 1 Les facteurs de Ia crise
A – Les aléas climatigues
1 – Des conditions climatiques difficiles
2 – La normalité des aléas
B – Les périmètres irrigués
1 – Les facteurs de la crise
– Passage du pastoralisme a l’agriculture
– Inégalités et disfonctionnement dans le système communautaire
2 – Les schémas d’irrigation: développement et fonctionnement
– Le contexte
– Le développement
– La ruée vers les pénmètres d’irrigation
3 – Organisation et fonctionnement des périmétres irrigués
– Le pénmètre d’irrigation de Perkerra
– Le périmètre d’irrigation de Chemeron
– Les petits périmètres d’irrigation
– Les pénmètres d’irrigation traditionnelle
C – La sédentarisation
1 – la sédentarisation par 1′ agriculture
2 – La sédentarisation par l’appauvrissement
3 – Les effets de la sédentarisation
– Les consequences sur l’environnement
– La yule, un nouveau centre culture!
IV 1 Un développement subi
A – Les politigues de conservation du milieu
1 – Histoire et témoignages des anciens
2 – Les mécanismes de conservation Ct les mesures traditionnelles anti-érosives
3 – Irrigation et conservation : pessimisme et idéologie
4 – Les projets de conservation du milieu
– Les politiques
– Importance des femmes
– Les activités des associations d’ aide au développement
B – Les réponses Ct les attentes
1 – La perception des problèmes
2 – Les besoins
3 – Changements des valeurs et des aspirations
C – Un espace éclaté
1 – Localisation extreme
2 – Un espace toumé vers l’extérieur
CONCLUSION

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