Les rôles infirmiers versus les rôles des médecins

Les rôles infirmiers versus les rôles des médecins

Revue exploratoire de littérature

Pour commencer notre revue exploratoire de littérature, nous nous sommes fait notre propre opinion sur ce qui pouvait poser problème dans la collaboration entre le médecin et l’infirmière grâce à nos expériences professionnelles. Par la suite nous avons recherché les thèmes issus de notre réflexion dans la littérature, que ce soit des revues ou des articles scientifiques. Ceci nous a permis d’élaborer des questions à poser à des infirmières diplômées avec des années d’expérience variées. Enfin, les problématiques consécutives à ces divers entretiens ont orienté nos recherches en lien avec notre question de départ. Suite à nos expériences professionnelles précédant la formation en sciences infirmières et à nos formations pratiques lors des divers stages effectués à ce jour, nous nous sommes rendus compte que les problèmes principaux liés à la collaboration sont le manque de connaissances – ou de reconnaissance – des compétences de l’infirmière par le médecin ainsi qu’une mauvaise communication entre ces derniers. Ce sont deux problématiques qui ont été validées suite à nos recherches dans la littérature scientifique, plus précisément dans deux revues systématiques trouvés sur JBI et Cochrane. En effet, selon Eddy, Jordan, & Stephenson (2016), un manque de connaissance du rôle de l’autre et les différents niveaux de compétences de chacun peuvent amener à une mauvaise collaboration entre l’infirmière et le médecin. Ils ajoutent à cela la hiérarchie 14 (les membres de l’équipe peuvent craindre d’interroger ou de défier les professionnels de niveau perçu comme supérieur, en l’occurrence les médecins) ce qui entraîne une difficulté à s’exprimer de la part des infirmières ou une insécurité pour remettre en question les actions entreprises par d’autres et prévenir les erreurs médicales et donc de porter atteinte à la qualité des soins prodigués au patient. Aussi, ils expliquent qu’il existe toute une gamme de compétences pour le développement professionnel et qui favorisent la collaboration entre les disciplines et le travail en équipe telles que le professionnalisme, l’environnement d’équipe ou le mentorat. De plus, selon Zwarenstein, Goldman, & Reeves (2014), une mauvaise collaboration peut avoir une incidence négative sur les prestations de soins au patient. A l’inverse, une bonne collaboration peut diminuer les frais d’hospitalisations des patients, mais également les erreurs médicales et les réhospitalisations fréquentes des bénéficiaires. Dans le rapport « To err is human », Kohn, Corrigan, & Molla (1999) rapportent que 50’000 à 100’000 personnes meurent chaque année dans les hôpitaux aux Etats-Unis suite à des erreurs médicales qui auraient pu être évitées grâce à une meilleure collaboration ; c’est plus que mourir d’accidents de véhicules à moteur, de cancer du sein ou de sida – trois causes qui reçoivent beaucoup plus d’attention publique. A la suite de nos différentes recherches, certaines questions ont émergé telles que « quel est le rôle de l’infirmière ? », « qu’est-ce que la collaboration ? », « quels sont les facilitateurs à la collaboration et quels en sont les obstacles 15 ? », « quelles sont les répercussions liées à une mauvaise collaboration ? » et enfin « que peut-on mettre en place pour favoriser une collaboration médecin/infirmière adéquate dans le but de garantir la qualité des soins offerts au patient ? ». Nous sommes allées présenter le fruit de nos réflexions aux professionnelles de la santé qui nous ont proposé leur point de vue ; En ce qui concerne le rôle de l’infirmière il est expliqué que premièrement, il diffère selon le contexte dans lequel elle pratique ; selon notre choix, elle se situe en milieu aigu. Deuxièmement, l’infirmière doit être capable d’évaluer l’état clinique, les besoins, l’environnement et les ressources du patient quotidiennement et de l’accompagner en lui garantissant la meilleure autonomie possible en l’aidant à comprendre ce qui lui arrive et en lui laissant la possibilité de s’exprimer. C’est ce que l’on appelle le rôle propre de l’infirmière. Troisièmement, on trouve le rôle médico-délégué : l’infirmière doit être capable de comprendre, de planifier et d’exécuter la prescription médicale en respectant les critères de qualité ; elle doit faire preuve de connaissances théoriques et humaines, et des compétences en négociation et en communication. La collaboration est d’évaluer son patient, d’en ressortir le problème et de l’orienter vers différents corps de métier, de communiquer avec eux et de fixer un objectif commun dans l’optique de maintenir ou de rétablir une bonne qualité de soin. Les facilitateurs à la collaboration sont dans un premier temps de connaître le cahier des charges et donc les rôles et compétences de chaque corps de 16 métier, mais aussi de reconnaître ses propres limites. Ensuite, il y a la curiosité, l’envie d’apprendre et d’avancer dans la réflexion avec le médecin. Enfin, il faut échanger avec le professionnel avec qui on collabore, avoir le courage de dire les choses qui ne sont pas satisfaisantes mais aussi de savoir dire quand ça va bien. Finalement, la pratique de l’évaluation clinique pertinente est bénéfique et accroît la notion de confiance. Selon Jarvis (2015), « l’évaluation clinique vise à l’identification et la réponse aux besoins des patients. Il permet de formuler des diagnostics infirmiers et/ou des problèmes à traiter en collaboration interdisciplinaire, le choix des interventions et l’établissement des priorités de soins infirmiers ».

Perspectives de la problématique pour la pratique

Au travers de notre revue exploratoire de littérature, des différents entretiens menés auprès des professionnels et de nos propres expériences, nous avons pu nous rendre compte qu’il y a effectivement une problématique liée à la collaboration entre le médecin et l’infirmière. En effet, les problèmes ressortis principalement sont le manque de connaissance du rôle propre de chacun, les difficultés de communication, le manque de confiance et de connaissances empiriques (Blondon et al., 2017). Nous avons découvert plusieurs répercussions pouvant être graves suite à une mauvaise collaboration entre le médecin et l’infirmière. Les impacts rencontrés le plus fréquemment sont les erreurs médicales, le manque de confiance de la part du patient, des réhospitalisations plus fréquentes et précoces, l’augmentation des frais d’hospitalisation ainsi que l’augmentation de la durée séjour d’hospitalisation (Blondon et al., 2017) 24 Nous pouvons nous poser la question de savoir si l’infirmière est suffisamment préparée à la relation avec le médecin lors de sa formation en soins infirmiers. En effet cette question a été soulevée à plusieurs reprises lors de nos différents entretiens; cela a également un lien direct avec l’expérience et la confiance en soi de l’infirmière qui est acquise après plusieurs années de pratique. En lien avec ce questionnement, nous pouvons nous demander ce qui peut être mis en place pour remédier à cette lacune objectivée. La deuxième question qui peut être posée est le fait de savoir si les médecins sont suffisamment formés à la connaissance du cahier des charges de l’infirmière et donc du rôle de cette dernière. En lien avec ce questionnement, nous pouvons nous demander ce qui peut être mis en place pour remédier à une éventuelle méconnaissance des compétences infirmières. Suite à quelques recherches, nous avons trouvé une revue qui donne des recommandations qui nous semblent pertinentes et en lien avec les questions qui ont été soulevées durant nos entretiens avec les professionnels de la santé. Dans leur article, Eddy, Jordan, & Stephenson (2016) proposent que tous les membres d’une équipe devraient être encouragés par les supérieurs à participer à des programmes d’éducation de travail en équipe, que les experts en collaboration devraient explorer les besoins d’apprentissage des participants et leurs expériences antérieures de travail en équipe, que les experts en collaboration devraient comprendre la façon dont les équipes fonctionnent et tenir compte de ces facteurs lors de la prestation de la 25 formation, que la simulation à haute-fidélité devrait être envisagée dans les hôpitaux de soins de courte durée pour la formation des aptitudes en travail d’équipe; les scénarios offrent des possibilités réalistes aux participants pour mettre en pratique des stratégies de communication qui améliorent le travail en équipe, et finalement, que les supérieurs devraient exploiter la nouvelle confiance et la motivation du personnel en matière de collaboration après avoir participé à des programmes d’éducation en équipe et s’assurer qu’il existe des possibilités d’appliquer de nouvelles compétences et connaissances dans la pratique quotidienne. Nous pouvons donc comprendre que les auteurs de cet article souhaitent mettre en place des programmes d’éducation à la collaboration afin d’améliorer cet aspect pour dispenser des soins de qualité aux patients. Quelques propositions ont été amenées par les professionnels de santé que nous avons rencontrés mais aussi par nos propres expériences professionnelles. Voici quelques hypothèses de propositions: créer un livret avec les compétences infirmières à remettre à chaque nouveau médecin dans les hôpitaux, l’idée de journées simulées a été favorable pour toutes les infirmières rencontrées. De plus, durant notre 2ème année de formation, nous avons eu le privilège de collaborer avec un médecin qui jouait le rôle du médecin récalcitrant. Nous devions faire des jeux de rôle et nous positionner face à lui; tous les étudiants de notre volée ont apprécié cet échange qui nous a paru pertinent pour la préparation de notre future collaboration avec les 26 médecins. Ce cours a été donné pour la première fois cette année et nous souhaiterions que cela perdure pour les années à venir. Le but de ce travail de Bachelor n’est pas d’imposer des solutions toutes faites aux professionnels de la santé mais de pouvoir comprendre et expliquer les impacts qu’une mauvaise collaboration entre le médecin et l’infirmière peut avoir sur la qualité des soins dispensés au patient et peut-être proposer des pistes quant à la gestion et l’amélioration de la collaboration entre le médecin et l’infirmière et les différentes composantes de ce thème grâce aux différents articles scientifiques que nous analyserons dans la suite de ce travail de Bachelor.

Interdisciplinarité

Dans ce présent chapitre, nous allons approfondir le concept d’interprofessionnalité. Pour ce faire, il est important d’éclairer plusieurs notions qui gravitent autour en commençant par différencier ce que sont la pluri et l’interdisciplinarité. Premièrement, nous pensons nécessaire de définir ce qu’est une discipline. Pour Bayle & Maisch (2014), une discipline est l’ensemble spécifique de connaissances qui a des caractéristiques propres sur le plan de l’enseignement, de la formation, des mécanismes, des méthodes et des manières. Nous considérons une discipline comme une branche de savoirs, propre à chacun. Dans le cas de notre travail de Bachelor, les disciplines concernées sont celles de l’infirmière et celles du médecin, on parle alors de pluridisciplinarité. L’infirmière, tout comme le médecin, ne peut pas travailler seule, elle travaille dans le but de fournir les meilleurs soins possibles au patient, tout comme le médecin; ils travaillent alors dans un but commun. C’est ce que défend Mucchielli (2016) lorsqu’il désigne une équipe comme étant un ensemble de personnes travaillant ensemble, lié par des interrelations, conscientes d’une appartenance au groupe et poursuivant un but commun. C’est là que la notion 29 d’interdisciplinarité prend tout son sens. Ensuite, il est important de préciser que la notion de pluridisciplinarité est synonyme à celle de multidisciplinarité. En cherchant l’origine de ce nom, nous pouvons déterminer que le mot « pluri » signifie plusieurs et nous amène donc à dire que plusieurs disciplines travaillent ensemble. Selon le Bulletin officiel de la Société neuchâteloise de médecine (2017), la pluridisciplinarité consiste à aborder un sujet selon des points de vue différents grâce au travail de différents professionnels et de faire coexister plusieurs disciplines sur ce même sujet. Aussi, et toujours selon cette société, jusqu’à maintenant, le médecin semblait être au sommet d’une vision pyramidale de la continuité des soins. Nous comprenons donc qu’il semble y avoir une certaine hiérarchie avec comme personne qui décide le médecin. C’est aussi ce que nous avons pu observer lors de nos expériences dans les soins ainsi que lors de nos entretiens avec les infirmières. Grâce à leurs compétences de plus en plus élargies, les infirmières souhaitent être davantage autonomes et participer à la prise de décision en collaborant de manière égale avec les médecins et en exerçant plus que leur rôle médico-délégué. Aujourd’hui, on tend de plus en plus vers une organisation dite transversale, voire elliptique, avec au centre le patient et tout autour les prestataires de soins (Bulletin officiel de la Société neuchâteloise de médecine, 2017). Selon la psychologue clinicienne Sanson (2006) « la pluridisciplinarité signifiant que plusieurs disciplines ou domaines de recherche sont à l’œuvre et sous-entend donc un partenariat. Ainsi, un long 30 travail de préparation est à mettre en place, qui inclut tous les membres d’une même équipe ». En allant dans une approche de la pluridisciplinarité plus intime et individuel, Perrenoud (1999) décrit la pluridisciplinarité comme suit: « Le travail en équipe n’est pas une technologie, ni même une méthodologie. Il touche ce qu’il y a de plus profond en chacun, son rapport à soi et à autrui, la peur d’être percé à jour ou phagocyté, la confiance, la dépendance, l’autonomie, le goût du pouvoir, l’envie d’être accepté, reconnu et estimé ». L’essence même du travail en équipe se loge donc au plus profond de nousmêmes; nous avons tous une certaine personnalité qui nous donne la capacité de prendre une place dans une équipe de soins.

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Table des matières

Résumé
Problématique
Concepts abordés
Méthode
Résultats
Conclusion
Mots-clés
Remerciements
Chapitre 1 : Introduction
Chapitre 2 : Problématique
2.1. Survenue de la question de départ
2.2. Mise en lien avec le métaparadigme et les savoirs infirmiers
2.3. Revue exploratoire de littérature
2.4. Mise en avant des concepts retenus comme pertinents
2.5. Perspectives de la problématique pour la pratique
Chapitre 3 : Concepts et champs disciplinaire infirmiers
3.1. Concepts
3.1.1. Interdisciplinarité
3.1.2. Fin de vie
3.1.3. Qualité de vie
3.1.4. Soins aigus
3.2. Champs disciplinaire infirmier
3.2.1. La théorie de la fin de vie paisible: Cornelia M. Ruland & Shirley
M. Moore
3.2.2. De novice à expert: Patricia Benner
Chapitre 4 : Méthode
4.1. Question PICOT
4.2. Méthode de recherche
4.3. Articles retenus
4.4. Analyse des articles avec la grille de Fortin (2010) adaptée
Chapitre 5 : Synthèse des résultats et discussion
5.1. Synthèse des résultats des articles
5.1.1. Les rôles infirmiers versus les rôles des médecins
5.1.2. La communication et la collaboration
5.1.3. L’expérience, l’expertise et la formation
5.1.4. Qualité des soins
5.2. Développement des résultats en lien avec la question PICOT
5.3. Perspectives et propositions pour la pratique
Chapitre 6 : Conclusion
6.1. Apport du travail
6.2. Limites
6.3. Perspectives pour la recherche
7. Références
8. Appendices
Appendice A : RETRANSCRIPTIONS
Appendice B : GRILLES ADAPTÉES DE FORTIN

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