Les révélations des écrits de la Grande paix

Les révélations des écrits de la Grande paix 

Il est généralement admis qu’il n’y eut pas d’emblée un ouvrage unique intitulé Livre de la Grande paix (Taiping jing) tel que nous le connaissons aujourd’hui mais que cette appellation générique s’est successivement appliquée, à partir de l’époque des Han 亢 (206 av. J.-C.-220 ap. J.- C.), à des écrits distincts dont les titres se référaient à l’idée de “Grande paix”, taiping ′l 19. Nous sommes donc en présence d’une tradition scripturaire, même si ces documents ayant peut-être préfiguré le TPJ ne sont guère que des titres mentionnés dans des sources anciennes et que des commentateurs tardifs ont absolument tenu à considérer comme des “états primitifs” du texte actuel — ces quelques allusions n’ont peut-être en réalité rien à voir avec lui. L’historicité même de ces documents est incertaine du fait de la pauvreté des informations dont on dispose à leur sujet, aussi toutes les tentatives d’établissement d’une filiation historique et littéraire entre eux se ramènent à l’élaboration d’hypothèses plus ou moins audacieuses mais toujours basées sur des indices en réalité fort minces.

Symptomatiquement, cette “pré-histoire” essentiellement spéculative du TPJ a bien plus passionné la recherche internationale que l’étude du matériau qui s’offre aux outils du chercheur dans le Canon taoïste. Je me contenterai ici d’en brosser un tableau général en citant les sources primaires importantes et en renvoyant, dans mes notes, aux nombreuses sources secondaires ayant abordé le sujet. Mes opinions personnelles, le cas échéant, seront toujours clairement distinguées de l’apport de ces sources.

Les révélations des écrits de la Grande paix précurseurs 

Le Tianguan li baoyuan taiping jing

La biographie de Li Xun 姻填 incluse dans le juan 75 du Hanshu 亢七 {068} rapporte l’événement suivant (p. 3192)  :

拒¢プ係鹿¢呟ßけ鰍D繁庁馨悳1}′l眠¡í蝦¢∇沿¢

亢伺張ゲ\.只¢没員過廻換¢係牡充ß燕傳:Ü糎緯ヨ洋¢

Auparavant, à l’époque de l’empereur Cheng (r. 33-7 av. J.-C.), Gan Zhongke de Qi avait fabriqué un Livre de la Grande paix (conforme au) comput des offices célestes qui englobe une monade  , en 12 juan, (dans lequel) il disait :

“La maison des Han se trouve à la fin d’un grand cycle universel ; elle doit à nouveau recevoir du Ciel son mandat. L’Empereur céleste a envoyé un véritable, Maître Essencerouge incarnat  , m’en enseigner le moyen”.

En affirmant avoir été contacté par un émissaire céleste au nom évocateur, Gan Zhongke se plaçait sous l’égide de l’emblème cosmique du fondateur même de la dynastie  , rejoignant les conceptions de Liu Xin et souhaitant apparaître comme un rénovateur loyaliste et non comme le prophète d’un changement dynastique, dans l’espoir d’un accueil favorable des autorités. Il n’en fut rien : l’ouvrage de Gan fut qualifié de “non conforme aux Cinq classiques”, buhe wujing ーォ‘眠 (ibidem), par Liu Xiang 咸ェ (80-9 av. J.-C.) et Gan, incarcéré, mourut en prison (en 23 av. J.-C.). Le Hanshu reflétant la version officielle des faits, on ne s’étonne pas que le document révélé à Gan Zhongke y soit qualifié de “fabrication”.

Sous le règne suivant, celui de l’empereur Ai 禽 (r. 7-1 av. J.-C.), Li Xun, autrefois allié de Gan Zhongke, obtint du trône la promulgation de trois réformes dans la continuité du Tianguan li baoyuan taiping jing — (a) un changement de nianhao, (b) un changement de titre impérial, (c) une modification de la graduation de la clepsydre — mais, celles-ci n’ayant pas produit les effets escomptés, le souverain revint sur sa décision deux mois plus tard et prit de sévères sanctions à l’encontre de la “faction Taiping”, dont les membres furent bannis ou exécutés .

Le Tianguan li baoyuan taiping jing dut être archivé dans la bibliothèque impériale comme tout mémoire soumis officiellement au trône, mais le catalogue dynastique du Hanshu ne le mentionne pas. On ignore ce qu’il advint des membres de la “faction Taiping” après ce double échec.À l’exception de deux d’entre eux, tous provenaient de la région du Shandong `緩 actuel ou de son voisinage, un des foyers d’origine des fangshi 。, ces spécialistes culturels originaires de contrées périphériques et détenteurs d’un savoir plus ou moins ésotérique .

Chijing zi n’est pas le seul personnage de la tradition chinoise dont le nom contient le caractère chi 燕. Chisong zi 燕間: (Maître Pin-rouge incarnat) a lui aussi été mis au service de la légitimité dynastique des Han dans des “prophéties” (chen 窕) préservées dans des fragments d’écrits apocryphes (wei 姆) du Xiaojing 姐眠 qui associent tous à l’élément chi (“rouge incarnat”) le nom clanique des Han, Liu 咸, et annoncent l’avènement prochain de la dynastie .

Le Taiping qingling shu

La biographie de Xiang Kai 棆戊 donnée dans le Hou Han shu 掲亢七 {071} (juan 30B) comporte le passage rétrospectif suivant (p. 1084)  :

拒¢豹係鹿¢太央刺精優湮¢ë寡施ゝを換ム桧玄∈ë竃跡出七Γぽ¡蝦¢光栲ず 遵ュ]匡鎖ュそ¢籾′l藻叮七¢

Auparavant, à l’époque de l’empereur Shun (r. 125-144), Gong Chong  de Langye s’était rendu au palais impérial et avait présenté des écrits divins en 170 juan que son maître Gan Ji  avait trouvés sur l’eau de la source Quyang, tous en étoffe de soie d’un blanc éclatant, bordée de rouge vermillon, à en-tête vert et aux titres rouge vermillon, intitulés Écrits des Instructions pures  de la Grande paix .

La juxtaposition des différentes reprises de cet élément narratif dans plusieurs sources ultérieures  montre que les deux expressions “shenshu 出七” et “Taiping qingling shu ′l藻叮 七” sont indissociables, sauf dans un cas où l’expression “shenshu bai qishi juan 出七Γぽ¡蝦” a été probablement directement empruntée auHou Han shu . “Shenshu” suggère bien une origine extra-humaine et montre que nous sommes en présence d’une seconde révélation  . Comme le Tianguan li baoyuan taiping jing avant lui, le Taiping qingling shu ne rencontra pas l’accueil qu’espéraient ses promoteurs et fut qualifié d’ “affabulation mensongère contraire aux Classiques” (yaowang bujing 鯵ゼー眠) par les autorités mais Gong Chong, plus heureux,apparemment, que Gan Zhongke et ses alliés, ne subit aucunecondamnation digne d’être consignée dans l’histoire dynastique  .

Xiang Kai, après lui, tenta par deux fois de promouvoir les “écrits divins” à la Cour de l’empereur Huan 漆 (r. 146-167) mais la faction des eunuques, mise en cause dans son second mémoire, l’écarta en 166 bien que l’ouvrage de Gan Ji et de Gong Chong fût, cette fois-ci, déclaré “en accord avec les Classiques” (cantong jingdian 陣ァ眠科) .

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Table des matières

INTRODUCTION
Les révélations des écrits de la Grande paix
A. Les révélations des écrits de la Grande paix précurseurs
A.1. Le Tianguan li baoyuan taiping jing
A.2. Le Taiping qingling shu
B. Les révélations des écrits taoïstes de la Grande paix
B.1. Une double révélation
B.2. Le Taiping dongji zhi jing
B.3. Le Taiping jing
C. Disparition et réapparition des écrits taoïstes de la Grande paix
C.1. Une nouvelle révélation avortée
C.2. La “redécouverte” du Taiping jing
D. Essai de synthèse
CHAPITRE 1 : Le Taiping jing chao ′l眠毘 (CTT 1101, juan n° 1 à 10)
1.1. Présentation
1.2. Titre
1.3. Mentions et variantes
1.4. Historique
1.5. Plan littéraire
1.6. Sources mentionnées
1.7. Sources citées
1.8. Recoupements
1.9. Analyse
1.9.1. La nature du TPJC
1.9.2. Le cas du juan n° 1
1.10. Authenticité
1.10.1. Paternité
1.10.2. Éléments de datation
1.10.3. Le problème des caractères manquants
1.11. Conclusions
CHAPITRE 2 : Le Taiping jing ′l眠 (CTT 1101, juan n° 35 à 119)
2.1. Présentation
2.2. Titre
2.3. Mentions et variantes
2.4. Historique
2.5. Plan littéraire
2.6. Sources mentionnées
2.7. Sources citées
2.8. Recoupements
2.9. Analyse
2.10. Authenticité
2.10.1. Paternité
2.10.2. Éléments de datation
2.10.3. L’ “érosion textuelle” du TPJ
2.10.4. Les “strates” textuelles
2.10.5. Le problème des caractères manquants
2.10.6. L’analyse linguistique
2.10.7. Remarque concernant le champ lexical du TPJ
2.11. Conclusions
CHAPITRE 3 : Le Taiping jing fuwen xu ′l眠孺◇伊 (“postface” à CTT 1101)
3.1. Présentation
3.2. Titre
3.3. Mentions et variantes
3.4. Historique
3.5. Plan littéraire
3.6. Sources mentionnées
3.7. Sources citées
3.8. Recoupements
3.9. Analyse
3.10. Authenticité
3.10.1. Paternité
3.10.2. Éléments de datation
3.11. Conclusions
CHAPITRE 4 : Le Taiping jing shengjun mizhi ′l眠命м祝ポ (CTT 1102)
4.1. Présentation
4.2. Titre
4.3. Mentions et variantes
4.4. Historique
4.5. Plan littéraire
4.6. Sources mentionnées
4.7. Sources citées
4.8. Recoupements
4.9. Analyse
4.10. Authenticité
4.10.1. Paternité
4.10.2. Éléments de datation
4.11. Conclusions
CHAPITRE 5 : Le Taiping bu juan di er ′l挑蝦鷹í (MS S. 4226)
5.1. Présentation
5.2. Titre
5.3. Mentions et variantes
5.4. Historique
5.5. Plan littéraire
5.6. Sources mentionnées
5.7. Sources citées
5.8. Recoupements
5.9. Analyse
5.9.1. L’introduction
5.9.2. La table des matières
5.9.3. L’épilogue
5.10. Authenticité
5.10.1. Paternité
5.10.2. Éléments de datation
5.11. Conclusions
CONCLUSION

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