Les représentions sociales autour de la sexualité féminine

Les représentions sociales autour de la sexualité féminine

Morale sexuelle

«Jamais remis en question dans sa pertinence, l’impératif moral est d’autant mieux invoqué qu’il échappe à toute tentative de définition, à toute entreprise de délimitation de son étendu et des limites à son emprise sur une société́ donnée. Rarement invoquée seule, la protection de la morale, imprécise dans son contenu, est généralement soulevée conjointement à celle des droits et intérêts d’autrui. Sa seule manifestation, et donc le seul moyen de preuve de la vigueur des conceptions régnant dans une société́, peut être recherchée dans l’efficacité́ des mesures prises par les autorités pour préserver les valeurs affichées. » (Boeglin, 1994, p.14) Il n’y a pas une morale sexuelle mais bien des morales car elle varie en fonction d’un nombre important de facteurs (contexte historique, contexte sociétal, valeurs, idéologies…). Les femmes ont longtemps assumé les conséquences de la sexualité hétéronormée (être enceinte) mais aussi les conséquences sociales (réputation). La révolution sexuelle, c’est–‐a–‐dire l’accès à la contraception et à la séparation entre la sexualité et la reproduction désormais possible n’ont pourtant pas suffit à libérer la sexualité des femmes. En effet, bien qu’il y ait eu de l’évolution, ce sont toujours les femmes qui sont stigmatisées à travers leur sexualité.

Le slut shaming est un parfait exemple. Il démontre que la sexualité est encore un vecteur pour blâmer les femmes. Les normes ne sont pas universelles, elles ne sont pas naturelles, elles ne sont pas non plus atemporelles. Les normes se sont créées par les constructions culturelles, par les interactions et les négociations dans un contexte. Nous pouvons participer à leur élaboration et à leur actualisation. Ce sont ces fameuses normes qui nous aident à distinguer ce qui est considéré comme « normal » ou « a–‐normal ». Par exemple, en 1900, une femme respectable n’avait pas de sexualité. Il est important pour les êtres humains de définir la normalité car ils ont besoin de classer les autres et eux–‐mêmes dans des catégories. Ainsi, chacun peut se rassurer, dans la mesure où il fait partie du groupe dominant. Il existe le concept de normalité statistique qui renvoie au critère de la majorité. Ce que fait le plus grand nombre devient alors normal.

Pourtant, cette définition repose entièrement sur l’échantillon utilisé pour l’étude. D’une culture à l’autre, la normalité n’a donc pas la même définition. Lorsqu’on affirme qu’une pratique n’est pas normale c’est qu’elle n’est pas le propos de la majorité. Ainsi avoir les yeux bleus, être roux, être très grand ou très petit, place les gens dans la catégorie anormale (Doucet, 2015). Il y a aussi la normalité morale qui s’appuie sur des idéaux sociaux ou religieux. Les textes dits sacrés dictent les conduites bonnes et mauvaises. Ces types de texte ont une valeur et une authenticité qui peut être remise en question car ils ne permettent pas la libre–‐ pensée et le questionnement. C’est pourquoi la normalité morale n’aide pas à comprendre ce qui est normal pour l’espèce humaine. Le jugement s’appuie sur les habitudes et les coutumes du groupe. L’éducation sexuelle à pour rôle d’enseigner qu’il n’existe pas de normalité dans la sexualité (Doucet, 2015).

Le rôle de l’éducation sexuelle

Le rôle de l’éducation sexuelle est fondamental. C’est un outil qui permet de lutter contre la stigmatisation des sexualités minorisées. Les cours offrent la possibilité d’ouvrir un dialogue, donnent l’accès aux informations, présentent les différentes sexualités. « La socialisation de la sexualité est encore différenciée. L’approche de l’éducation sexuelle est plus ouverte et libre pour les garçons que pour les filles. » (Riggenbach, 2017). En Suisse, l’éducation sexuelle est obligatoire dans les écoles. Malheureusement, le contenu est très concentré sur la reproduction, la contraception, l’IVG (interruption volontaire de grosses) et le VIH (virus responsable du sida). Le peu d’heures de cours donné ne permettent pas de parler en profondeur sur les questions de consentement et des violences sexistes et sexuelles (de Senarclens, 2014). « Ne nous dites pas comment nous comporter, dites-­‐leur de ne pas violer. » (SlutWalk Suisse, 2012) Il arrive souvent d’entendre que certains comportements « appellent » le viol. Cette idée a pour répercussion que les filles s’autocensurent et que les garçons ne sont pas responsables en cas d’agression sexuelle.

C’est la notion de consentement qui ramène la responsabilité dans le bon camp, celui de l’auteur.e. Il faut donc apprendre aux garçons que la tenue, le comportement, le taux d’alcool ne sont pas des incitations au viol. Il faut aussi apprendre aux filles à ne plus être passive, à se positionner. « On dit souvent qu’il faut apprendre aux filles à se défendre. Mais il faut aussi leur apprendre à connaître leurs droits, leurs désirs, leurs envies, et éduquer les garçons en expliquant qu’une sexualité libre, épanouie, égalitaire, ça ne passe pas par de la soumission. » (Margaux Collet, 2017) Le slut shaming (2.10.1) n’est pas toujours utilisé avec de mauvaises intentions. Il peut aussi être justifié par ces utilisateurs comme un moyen de protéger les femmes. Cette idée s’inscrit dans le sexisme bienveillant qui veut que nous placions les filles sur un piédestal et que nous considérions qu’elles sont des êtres faibles à protéger à tout prix (de Senarclens, 2014). Le nombre de lois misent en place par les politiques pour punir le harcèlement n’importe pas. C’est l’éducation sexuelle de qualité qui fait avancer les choses (Laurent, 2017).

Au–‐ delà de l’importance d’éduquer à la sexualité, la mission de ces cours est notamment de promouvoir les droits sexuels. La Déclaration des droits sexuels de l’IPPF (Fédération internationale pour le planning familial et les droits sexuels) a fait une liste de 10 articles qui mentionnent tout ce qui est relatif aux droits sexuels (IPPF, 2008). Ces droits sont souvent niés ou négligés. L’éducation sexuelle est nécessaire car elle s’attaque à plusieurs angles de la sexualité. En effet la sexualité est composée de plusieurs angles : le social c’est–‐a–‐dire les connaissances, l’éducation, les valeurs, les mythes, les préjugés, les normes sexuelles ; Le biologique qui comporte le sexe biologique, les réflexes excitatoires, l’érection ; et le psychoaffectif qui contient l’imaginaire, l’image de soi, le sentiment d’appartenance, les émotions… Il est primordial de s’intéresser à chacun de ses angles car ils s’influencent et influencent la vie sexuelle des individu.e.s.

Pornographie

La pornographie existe depuis longtemps. Pourtant, il y a une évolution de son approche. Avec l’arrivée d’internet, les jeunes sont plus exposé.e.s à des images à caractères pornographiques. Cette exposition a une influence sur le développement psycho–‐sexuel et sur la représentation que les adolescent.e.s se font de la sexualité. La pornographie exhibe une vision sexiste des rôles de genre. C’est–‐a–‐dire qu’elle renvoie une image péjorative des femmes. Les jeunes consommateurs et consommatrices intègrent la vision de la sexualité à travers les pornographiques comme la norme. Les adolescent.e.s n’ont pas encore la compétence de jugement critique pour différencier la réalité et la fiction. La perception de la sexualité est influencée par de nombreux vecteurs comme les médias. Mais c’est particulièrement la pornographie qui a un impact sur les adolescent.e.s. « Plus de 40% des jeunes puisent dans la pornographie des idées pour leurs rapports sexuels, 30% y trouvent des informations sur la sexualité et 25% tirent de ces images un modèle de rapport sexuel » (Poulin R., cité par : Nisand I., Letombe B. et Marinopoulos S. , 2012, p.35).

Il n’existe pas d’espace d’apprentissage de la sexualité proposé par la société. Les jeunes sont perdu.e.s entre la morale sexuelle encore puritaine et la pornographie qui ne représente pas la « vraie » sexualité. Selon une étude, 48% des garçons pensent que la pornographie a participé à leur apprentissage de la sexualité (OUIEP, 2016). La pornographie renvoie une image de la sexualité extrêmement violente, particulièrement envers les femmes. On présente cela comme une forme de marchandage, d’objectisation de la femme, avec un rapport de domination homme/femme. L’éducation sexuelle est nécessaire pour aider les jeunes à décrypter ses images et à leur apprendre à faire la part des choses.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Liste des figures
Liste des tableaux
Partie 1 : Pourquoi le thème du slut shaming ?
1. Motivation : militer pour la vie sexuelle des femmes
1.1 Motivation personnelle
1.2 Motivation professionnelle
1.3 Le travail social et le slut shaming
1.4 Comment prévenir le slut shaming ?
1.5 Objectif
Partie 2 : Les représentions sociales autour de la sexualité féminine
2. Rapports de genres
2.1 Représentations sociales
2.2 Chacun son rôle à tenir
2.3 Une société patriarcale
2.4 Double standard sexuel
2.5 Morale sexuelle
2.6 Le rôle de l’éducation sexuelle
2.7 Pornographie
2.8 Sexualité et puberté
2.8.1 Le corps des femmes est aussi un lieu de domination masculine
2.8.2 Virginité comme capital d’honneur
2.8.3 Le problème ne vient pas des jupes
2.8.4 Sexualité et adolescence
2.8.5 Les femmes aussi ont du désir sexuel
2.9 Culture du viol
2.9.1 Vous avez dit viol ?
2.9.2 Conséquences d’un viol
2.9.3 Vous avez dit consentement ?
2.9.4 Qui porte la culpabilité ?
2.9.5 Mythes sur le viol
2.9.6 Qui sont les violeurs ?
2.9.7 Victimisation
2.9.8 La charge de la preuve pour la victime
2.9.9 Culture du viol
2.10.1 Slut shaming
2.10.2 Injure
2.10.3 Salope
2.10.4 Harcèlement sexuel
2.10.5 Harcèlement de rue
2.10.6 Rôle du TS
Partie 3 : Une co-­‐construction avec les adolescent.e.s
3. Les adolescent.e.s comme population de recherche
3.1 Le Cycle d’Orientation comme terrain
3.2 Techniques de récoltes par la recherche action-­‐partenariale
3.3 Rencontre avec les adolescent.e.s
3.4 Création d’une vidéo
3.5 Rencontre avec les garçons
3.5.1 Les filles méritent-­‐elles de se faire slut shamer ?
3.5.2 As-­‐tu déjà slut shamé ?
3.5.3 As-­‐tu déjà vu du slut shaming ?
3.6 Rencontre avec les filles
3.6.1 As-­‐tu déjà vécu le slut shaming ?
3.6.2 As-­‐tu déjà vu du slut shaming ?
3.6.3 Les filles méritent-­‐elles le slut shaming ?
3.7 Rencontres avec les filles et les garçons
3.8 Limites, biais et difficultés rencontrées
4. Conclusion
4.1 Synthèse et analyse critique
4.1.1 Les écoles
4.1.2 Le slut shaming et internet
4.1.3 Analyse et perspectives professionnelles
5. Bibliographie
6. Annexes
6.1 Présentation personnelle et du concept « slut shaming »
6.2 Questionnaires premières rencontres des filles et des garçons
6.3 Questionnaires dernière rencontre avec les filles et les garçons
6.3.1 Déroulement 1ère et 2ème intervention
6.3.2 Déroulement 3ème intervention
6.3.3 Bibliographie des interventions
6.4 Définition des termes salaud et salope faites par les élèves durant les premières rencontres

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *