Les représentations sociales et la dialogicité

Les représentations sociales et la dialogicité

Le sens commun vs. la connaissance scientifique

A travers l’élaboration de sa théorie des représentations sociales, Moscovici (1961) va mettre en exergue la dichotomie existante entre sens commun et rationalité scientifique pour l’accès au savoir (Markova, 2007). Selon Markova (2007), la rationalité scientifique est longtemps considérée, préalablement à et lors de l’élaboration de la théorie des représentations sociales, comme seule source de connaissance étant pertinente et, en outre, recevable. Cette conception initiale va, ainsi, tenir à l’écart la connaissance issue du sens commun, jugée comme étant irrationnelle et indésirable dans l’acquisition du savoir. Faisant écho aux croyances religieuses, mythiques et, à maintes reprises, présentées comme naïves, la rationalité scientifique se veut souveraine par rapport au sens commun (ibid, 2007).
Avec la théorie des représentations sociales, Moscovici (1961) souhaite développer l’étude du savoir par le biais des connaissances résultant du sens commun. Il va, ainsi, démontrer que le sens commun peut être rationnel et acquérir une méthodologie qui lui est propre.

Les représentations sociales et la dialogicité

Afin d’illustrer la théorie des représentations sociales, Markova (2007) utilise la notion de dialogicité qui exprime la « capacité de concevoir, de créer et de communiquer à propos des réalités sociales» et « permet les confrontations concrètes, leurs initiatives, leurs interruptions, leurs clôtures et leurs reprises » (ibid, p. 137). La dialogicité représente, ainsi, l’aptitude par laquelle sont produites les «réalités sociales  » et par laquelle elles sont échangées et discutées. Elle donne, en outre, lieu à des comparaisons et/ou à des oppositions. L’émergence et l’arrêt de ces confrontations proviennent, dès lors, du processus que constitue la dialogicité.
Moscovici et Markova (Markova, 2007 ; Moscovici & Duveen, 2000 ; Moscovici & Markova, 2000) soulignent, par ailleurs, dans leurs publications, la polyphasie existante en matière de dialogicité. Ils mettent en évidence la présence de « modes de pensée divers et souvent opposés » (Moscovici & Markova, 2000, p. 245) » (Moscovici & Markova as cited in Markova, 2007, p. 165) qui tendent à différer selon leur contextualisation (ibid, 2007). Selon Markova (2007), ils sont formulés dans divers environnements, « auxquels ils sont adaptés et dont ils font partie » .. La dialogicité, qui représente une disposition à constituer et à dialoguer au sujet de réalités socialement construites (ibid, 2007), prend donc forme dans des contextes sociaux différenciés au sein desquels figurent des systèmes de pensée multiples et pouvant se confronter (ibid, 2007). Chaque contexte, espace social et socioculturel, signifie, dès lors, une pluralité de manières de concevoir et discuter de l’environnement dans lequel les individus se situent, de leurs relations à cet environnement, aux objets qui en font partie et aux autres individus ou groupes sociaux qui s’y positionnent, ainsi que de leur lien, proximité ou détachement aux discours étant produits et circulant au sein de cet espace.

Le concept de thêmata

Dans sa théorie initiale des représentations sociales, Moscovici (2013) met en exergue le concept de thêmata. Selon ce dernier, ils représentent des éléments qui structurent les représentations sociales (Moscovici, 2013) et qui sous-tendent le contenu ou thématisent les notions, les images et les significations qui s’apprêtent à être partagées socialement » (Moscovici, 2013, p. 57). Ils donnent, par conséquent, forme à un élément ─ en l’occurrence, ici, «  [aux] notions, [aux] images et [aux] significations » ─ qui va, ensuite, pouvoir être transmis et « être [partagé] socialement ».
Ainsi, selon Moscovici (2013), « [l]es thêmata constituent des portions de connaissance ou de croyances qui sont partagées par les individus, évoquées par eux, que ce soit de manière explicite ou implicite, et qu’ils tiennent pour acquis » .Si la définition du concept de thêmata selon Moscovici (2013) est intéressante pour comprendre ce qu’il exprime, nous constatons, cependant, pour l’élaboration de notre travail de recherche, que sa conception est incomplète pour l’étude des représentations de l’Islam et du voile musulman dans l’espace social neuchâtelois. Par conséquent, nous choisissons volontairement de nous orienter, une nouvelle fois, vers Markova (2007) ⎯ qui reprend ce concept ⎯ dont les apports théoriques, et notamment la dialogicité et la construction des représentations sociales, sont pertinents

La triade dialogique Ego-Alter-Objet

Dans la construction de la connaissance d’un objet, les théories traditionnelles ont longtemps affirmé l’individualisation de cette dernière ainsi que la séparation stricte entre le sujet —l’individu — et l’objet (Markova, 2007, p. 213). Néanmoins, selon Markova (2007), et « [à] la différence des sujets connaissants solipsistes et monologiques des épistémologies traditionnelles le sujet connaissant, dans une théorie dialogique de la connaissance, est l’Ego-Alter » et «la connaissance d’un objet est construite en collaboration par l’Ego et l’Alter » . La triade de base, inspirée par le modèle de Karl Bühler (1982), cité par Markova (2007), et reprise par Moscovici (1984) et cette dernière (2007), se compose, ainsi, de l’Ego, de l’Alter et de l’Objet ; un objet pouvant susciter et/ou illustrer une représentation sociale. Bühler (1982), à la différence des théories traditionnelles de l’époque, va intégrer l’objet à sa conception et, cela, sous forme de triangle, de triade. La triade EgoAlter-Objet est, ainsi, employée par celui-ci « comme fondement de sa théorie sémiotique de la connaissance  » (Markova, 2007, p. 218). De ce modèle, ressort l’importance du processus de communication dans la construction de la connaissance (ibid,2007). Dès lors, «  la connaissance d’un objet est construite en collaboration par l’Ego et l’Alter.

Les trajectoires de vie : entre ruptures et transitions

Au cœur du champ psychologique et des différentes études qui en émanent, nous nous retrouvons au sein de la psychologie du développement─ théorie du life-span (Baltes, 1987), life-course (Zittoun & Perret-Clermont, 2001 ; Zittoun & Perret-Clermont, 2009) ─ qui s’intéresse au développement de l’individu et qui propose, entre autres, pour ce faire, la notion de trajectoire de vie (Zittoun, 2009).
Afin d’étudier le développement de l’être humain, Zittoun (2009 ; 2012a ; 2012b) propose d’utiliser le concept de trajectoire de vie. A ce propos, elle met, d’ailleurs, en exergue l’élément suivant, qui reflète la pertinence de l’utilisation de cette notion pour l’étude du développement humain: « [a]s much as there is life, there is change: things move, evolve, are constructed, become organized, decompose, and perish ». Les changements font, par conséquent, continuellement partie de la vie humaine ; un objet se crée, se développe, se déplace, s’altère et finit, parfois, par s’éteindre. La vie humaine se transforme  inévitablement ─ nous passons de l’enfance à l’adolescence, de l’adolescence à la vie adulte ; nous traversons différentes étapes de vie, et différentes sphères d’expérience, qui tendent à se dérouler dans des contextes socioculturels diversifiés. Ces différents contextes se caractérisent principalement par des modalités de fonctionnement spécifiques à ces derniers ─ ils sont composés de règles, de lois, de valeurs, de représentations, de conduites sociales, de modalités institutionnelles, etc

 

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Table des matières

1. Introduction 
1.1 Introduction à l’objet d’étude
1.2 Choix de la thématique
1.3 Depuis octobre 2015 : questionnements préliminaires et reformulations
1.4 Contexte de l’étude : de l’international au national
1.5 L’état de la recherche
1.5.1 A l’étranger
1.5.2 En Suisse
1.6 Plan du travail
2. Cadre théorique 
2.1 La théorie des représentations sociales
2.1.1 De Serge Moscovici à Ivana Markova
2.1.2 Le sens commun vs. la connaissance scientifique
2.1.3 Les représentations sociales et la dialogicité
2.1.4 Le concept de thêmata
2.1.5 La triade dialogique Ego-Alter-Objet
2.2 Les trajectoires de vie
2.2.1 Préambule
2.2.2 Les trajectoires de vie : entre ruptures et transitions
2.2.3 Les notions de ruptures et de transitions
2.2.4 Le concept de trajectoire de vie au sein de notre travail
2.3 Complémentarité de ces ressources conceptuelles
3. Problématique et question de recherche 
4. Méthodologie 
4.1 Une méthodologie en deux étapes
4.2 Construction de l’espace social neuchâtelois
4.2.1 L’entretien semi-directif
4.2.2 Le guide d’entretien
4.2.3 L’échantillon
4.2.4 La prise de contact
4.2.5 Le déroulement des entretiens
4.3 Représentations du voile au cours de trajectoires de vie
4.3.1 L’entretien narratif
4.3.2 Le guide d’entretien
4.3.3 L’échantillon
4.3.4 La prise de contact
4.3.5 Le déroulement des entretiens
5. Présentation et analyse des données 
5.1 Méthodologie pour l’analyse de nos entretiens
5.2 Présentation de l’espace social du Canton de Neuchâtel
5.2.1 L’espace social : définition
5.2.2 L’espace social neuchâtelois
5.3 Trajectoires de vie et éléments de la représentation du port du voile
5.3.1 Samia
5.3.2 Myriam
5.3.3 Chloé
6. Discussion 
7. Conclusion 
7.1 Limites du présent travail
7.2 Perspectives et ouvertures

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