Les réalités archivistiques

Les réalités archivistiques

Présentation

Les archives de la communauté de l’Emmanuel sont privées et les responsables n’ont pas d’obligations particulières à remplir. La constitution d’un service d’archives est donc bien le fruit d’un choix sans contraintes.Nous allons voir ici les raisons qui ont mené à cette décision, sans oublier de décrire le fonds qui fait l’objet d’une telle attention.

L’intérêt de la communauté pour ses archives

Les documents produits par la communauté ont connu plusieurs lieux de dépôt au cours de leur histoire. Ils n’étaient d’ailleurs pas conservés tous au même endroit.Ainsi, en 1978, les archives courantes des différents services de la communauté sont conservées sur la péniche (acquise par Pierre Goursat pour accueillir les jeunes en difficulté). Il n’y a donc pas encore de service d’archives. Il faut attendre 1993 lorsque le Conseil de l’Emmanuel se penche sur la question des archives. Le père Bernard Peyrous, historien de formation et membre du Conseil, demande la formation d’un service d’archives. Un document écrit par le père Peyrous, adressé au Conseil et datant de janvier 1993, parle de sauvegarder la mémoire de la communauté. Une nouvelle maison à Bagneux, offerte à la communauté, donne la possibilité technique de constituer un service d’archives. Le local trouvé, il fallait un archiviste. Un autre document nommé « projet de formation pour Françou Morin » datant aussi de janvier 1993 montre la volonté de Bernard Peyrous de trouver une personne compétente et formée même si elle n’a pas fait d’études archivistiques. Le choix se porte finalement sur Anton Lindner, ancien élève de l’École des Chartes à La Haye.Ce néerlandais, spécialiste de la période médiévale, rencontre quelques difficultés devant ce fonds contemporain. Une lettre écrite à Marie-Édith Brejon de Lavergnée, chartiste et directrice d’un service d’archives départementales, confirme cette situation. Il lui demande conseil sur les termes archivistiques à employer ou encore les normes d’éliminations en vigueur en France. Fin 1993, l’archiviste doit quitter Bagneux car il manque de place. Les archives sont alors stockées à Paray-le-Monial dans un local d’Audio Vidéo Média (AVM), producteur des documents audiovisuels de la
communauté de l’Emmanuel. Cependant les documents papier et audiovisuels ne sont pas conservés au même endroit : les premiers étant dans un hangar contenant des rayonnages et un petit bureau, les seconds dans un grenier qui subissait des variations de chaleur importantes. L’archiviste doit cohabiter avec l’équipe du Il est Vivant et Bernard Clouzeau. Le problème soulevé est que les archives se trouvent dans un lieu accessible à beaucoup de personnes. Elles ne sont donc pas protégées.Au printemps 1995, le Conseil décide que les archives qui sont à Bagneux soient déménagées à Paray-le-Monial, ce qui devient effectif en juillet de cette même année.
Anton Lindner quitte son poste en 1998, la gestion des archives de la communauté revient à Élisabeth Baranger, spécialiste en biologie végétale et laïque consacrée de la communauté de l’Emmanuel. La succession est l’occasion pour Anton Lindner de faire le point sur la composition des archives. La nouvelle archiviste est donc introduite progressivement dans sa mission.
Le choix se porte sur Élisabeth Baranger car elle travaille déjà pour la communauté. En effet, après sa thèse en biologie végétale, elle avait postulé pour un travail dans le parc de Sceaux à Paris. Entre temps, Pierre Goursat, fondateur de la communauté de l’Emmanuel, lui proposa de faire de la saisie informatique. Elle accepta, recevant le lendemain la réponse tardive du parc de Sceaux lui disant qu’elle était prise… Ensuite, elle fut appelée à L’Île-Bouchard où elle connut son premier travail archivistique.Dans les années 1990, Bernard Peyrous reçoit le conseil de Mgr Brincard de travailler sur les archives du sanctuaire de L’Île-Bouchard qui n’était pas encore reconnu par l’Église comme lieu de pèlerinage. Ces archives, conservées au diocèse de Tours, firent l’objet de copies. Il manquait alors à Bernard Peyrous un archiviste pour les classer. Il demanda conseil auprès des responsables de la communauté et Gérard Arbola lui proposa de travailler avec Élisabeth Baranger qu’il connaissait déjà. Le 26 mars 1996, elle devint l’archiviste chargée du classement des copies d’archives des apparitions mariales de L’Île-Bouchard. Elle travailla pendant un an et demi, saisissant toutes les pièces d’archives sur ordinateur. Elle acquit une bonne connaissance du fonds et les résultats de ce travail furent envoyés à l’archevêque de Tours qui était à l’époque Mgr Vingt-Trois.Celui-ci ouvrit une Commission d’enquête. Élisabeth Baranger, à cause de son investissement, devint alors membre de la Commission diocésaine des apparitions ainsi que Bernard Peyrous. Finalement, le 8 décembre 2001, un décret fut promulgué, « reconnaissant et autorisant le culte public et les pèlerinages ».
En 1998, alors qu’Élisabeth Baranger devient l’archiviste de la communauté de l’Emmanuel, les archives sont encore entreposées à Paray-le-Monial. Encore occupée par le classement des archives des apparitions de L’Île-Bouchard, elle commence véritablement à gérer les archives de la communauté en 2002, date de l’acquisition du château de Chezelles.Au XIXe siècle, cette propriété appartient à la famille des Monteynard. Pierre de Monteynard, homme pieux, est l’héritier d’une grande fortune. Cependant, il souhaite vivre simplement et il propose de donner l’un de ces domaines, en l’occurrence le château de Chezelles au profit de l’Église. Finalement, les Montfortains sont choisis et prennent possession des lieux en 1936. Dans un premier temps, ils en firent une maison de formation mais les vocations se raréfiant, elle devint un lieu de retraite à la fin des années 1960. Dès les débuts du Renouveau , la communauté de l’Emmanuel est en relation avec ce lieu, elle y organise des retraites. Entre les années 1990 et 2000, le nombre de pèlerins venant à L’Île-Bouchard augmente fortement. La maison de Marigny accueillant déjà environ 1 000 personnes par an ne suffit plus. En 2000, les Montfortains proposent à la communauté de l’Emmanuel d’acheter le château de Chezelles. L’accord est signé le 6 décembre 2002.
L’acquisition de cette propriété appartenant précédemment à la congrégation des Montfortains, fut l’occasion pour la communauté de transférer ses archives dans un lieu plus spacieux. Cependant, en 2002, il reste à faire des travaux d’aménagement. En effet, l’archiviste a un bureau satisfaisant pour travailler mais les salles qui accueillent les archives ne sont pas assez grandes pour tout contenir, certains documents sont d’ailleurs. conservés dans le grenier du château. Des travaux sont alors engagés dans la longère où se trouve le bureau d’Élisabeth Baranger et en 2007, le fonds des archives de la communauté se retrouve unifié pour la première fois. Toutes les archives sont transférées dans la longère : celles qui étaient dans le grenier du château et celles qui étaient conservées à Paris par le secrétariat général. D’après Bernard Peyrous, le déménagement des archives à Chezelles a été décisif pour le « service mémoire », il a acquis une certaine visibilité dans la communauté car elle a du investir dans ses archives en finançant les travaux de la longère.
Le travail de l’archiviste n’a cependant pas attendu l’année 2007 pour commencer. En 2002, Élisabeth Baranger effectue un premier classement, les archives traitées sont celles qui sont conservées dans le grenier du château. Mais elle ne travaille pas seule, elle est aidée par Marie-Édith Brejon de Lavergnée. Membre de la communauté de l’Emmanuel depuis les années 1970, elle fut directrice des archives départementales de Pyrénées-Orientales jusqu’en 1997. Ayant par la suite déménagé à Tours (à 53 kilomètres de Chezelles), elle proposa sont aide pour le classement des archives de la communauté.
Élisabeth Baranger a donc pu professionnaliser ses pratiques en archivistique au contact de cette chartiste.
Aujourd’hui encore, elle complète sa formation en participant à des stages proposés par l’AAEF.
La communauté de l’Emmanuel a donné un nom au service qui gère les archives. D’après l’archiviste : « Alors ça c’est…c’est une idée de Bernard Peyrous encore. (…) Bernard Peyrous a été élu au Conseil de la communauté en juin [19]91 et j’ai vu dans un compte-rendu de Conseil de septembre, déjà, il a commencé à parler des archives. » Le responsable des archives s’explique en disant : « Je pensais qu’il était très important
de recueillir les archives de la communauté, pas simplement pour recueillir des papiers mais à cause du charisme. En fait, la question pour moi, a toujours été la question de la transmission et de
l’approfondissement du charisme. Pour deux raisons : la première raison c’est que je voyais bien que l’Emmanuel était une communauté en évolution et en fondation. Et que, quand on fonde, c’est très important d’avoir des bases certaines, sur le départ et les évolutions. Sinon, on imagine et on déforme. La deuxième raison, c’est que je voyais aussi que l’Emmanuel s’étendait dans le monde entier et je crains beaucoup dans ces cas là l’autonomisation des secteurs…des régions. On voit très bien ça dans l’histoire des communautés religieuses. Beaucoup de communautés religieuses ont eu des scissions dans leur histoire. (…) »
Le nom de « service mémoire » exprime donc le sens que la communauté donne à ses archives. « Une communauté, comme un être humain, a besoin d’une mémoire à laquelle elle puisse recourir en permanence. Sinon, elle peut être victime d’amnésie ou de déformations. »
Grâce à l’intervention d’un historien, la communauté de l’Emmanuel a donc rapidement pris conscience de l’intérêt qu’il peut y avoir à conserver ses archives. Les connaissances de Bernard Peyrous dans l’histoire des communautés religieuses lui a permis de profiter de leurs expériences. Les archives ne sont pas seulement les gardiennes du passé. Elles forment les fondations qui permettent à une communauté d’évoluer sans se perdre et se diviser. Et contrairement aux souvenirs, flous et incomplets, le « service mémoire » transmet une histoire palpable, une histoire fixée dans le papier, et plus récemment, dans les documents numériques.

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Table des matières

Remerciements
Sommaire
Introduction
Diversité et complexité des archives des ordres religieux et des communautés de laïcs
1.État des lieux sur les archives 
1.1.Une grande variété au sein des organisations religieuses
1.2.Des archives conservées par les organismes producteurs
1.3.Des archives dans les services publics
1.4.Les pertes dans les archives
2.Les réalités archivistiques
2.1.Qui sont les archivistes ?
2.2.La composition des fonds d’archives
2.3.La volonté d’unification des pratiques archivistiques
2.4.À chacun ses propres pratiques
3.L’usage des archives 
3.1.Retour des religieux et communautaires sur leurs propres archives
3.2.La recherche sur les instituts religieux par les historiens
3.3.La question de la valorisation des archives
Bibliographie
1)Généralités
2)Histoire
3)Législation
4)Archivistique générale
5)Archives et modernité (informatique et nouveaux supports)
6)Archives et recherche historique
7)Groupe de recherches historiques et archivistiques des congrégations féminines
8)Valorisation des archives
9)Archivistes débutants
10)Réflexions et expériences d’archivistes
11)Exemple de gestion de services d’archives de congrégations et communautés
12)Les congrégations enseignantes
13)La communauté de l’Emmanuel
14)Le Renouveau charismatique
État des sources
1)Sources d’archives
2)Sources produites
Le « service mémoire » de la communauté de l’Emmanuel
1.Présentation
1.1.L’intérêt de la communauté pour ses archives
1.2.La composition des archives de la communauté
2.Les pratiques archivistiques
2.1.Des archives à collecter
2.2.Un classement atypique
2.3.La conservation
3.Des archives au service de la mémoire
3.1.L’usage des archives par la communauté et le public
3.2.Des archives et des hommes
3.3.Le procès de canonisation du fondateur
Conclusion
Annexes

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