Les Rangers canadiens et les Rangers Juniors canadiens

L’Arctique, une mosaïque de sous-régions

S’il est courant de se référer aux deux pôles comme un ensemble logique, il faut préciser que l’Arctique est l’exact opposé de l’Antarctique : l’Antarctique est un continent recouvert de glace entouré d’océans et de mers ; l’Arctique est un océan recouvert de glace entouré d’Etats souverains. Du grec « Arktos » (ἄρκτος, « ours » en grec ancien), l’Arctique est la région polaire située autour du Pôle Nord et de l’océan Glacial Arctique. Cet océan, le plus petit océan de la Planète Terre (environ 13 millions de kilomètres carrés), est en partie recouvert d’une couche de glace épaisse d’un à quatre mètres. L’extension de la couverture de glace varie d’une saison à l’autre, bien qu’une partie, appelée « glace éternelle », ne fonde jamais. Très souvent, l’on a tendance à aborder l’Arctique comme s’il s’agissait d’une région du monde à part entière – comme le continent antarctique. Or, l’Arctique doit plutôt être « considéré comme un ensemble de sous-régions que comme un tout » (Griffith, 2015, p. 277). En effet, cette étendue glacée est bordée par cinq Etats : les États Unis d’Amérique (avec l’Alaska), le Canada, le Royaume du Danemark (avec le Groenland), le Royaume de Norvège (avec l’archipel du Svalbard) et la Fédération de Russie. Toutefois, si l’on applique une définition élargie des frontières de l’Arctique, il faut inclure trois autres Etats : la République d’Islande, le Royaume de Suède et la République de Finlande. Avant de présenter rapidement les différentes définitions utilisées pour déterminer les frontières de l’Arctique, notons que la définition élargie est généralement celle retenue dans les instances régionales. L’exemple le plus répandu est le Conseil de l’Arctique, forum intergouvernemental institué par la Déclaration d’Ottawa en 1996, qui compte ces huit États parmi ses membres permanents – aux côtés d’institutions de peuples Autochtones et d’organisations non-gouvernementales.

Ainsi, il existe plusieurs définitions pour délimiter les frontières des régions arctiques des États. En effet, les géographes, les climatologues et les biogéographes utilisent différents critères. L’Arctique peut être défini :
– Comme la zone localisée au nord du Cercle Arctique (66° 33’N). Sur la carte située à la page suivante (Figure 1), le Cercle Arctique est la ligne noire en pointillée ;
– Comme la zone enregistrant une température moyenne en Juillet – le mois le plus chaud – en-dessous des 10°C (autour de l’isotherme +10°C). Sur la carte, cet isotherme est représenté par la ligne rouge ;
– Comme la zone située au nord de la limite des arbres qui est elle-même la transition entre la taïga et la toundra. Sur la carte, il s’agit de la ligne verte.

En l’espèce, nous aborderons l’Arctique comme étant la région située au Nord de la transition entre la taïga et la toundra. En effet, cette définition prend mieux en compte la spécificité de l’environnement arctique, dont l’une des principales caractéristiques est d’être composé d’étendues n’offrant que peu de résistance aux vents. Cette définition inclue les cinq États côtiers ainsi que l’extrême Nord de la Suède et la Finlande, le long de la péninsule de Kola (voir Figure 1). En revanche, la présence d’arbres à l’extrême Nord de l’Islande l’exclut de cette définition. Nous ne discuterons pas de cette problématique ici, cette étude étant centrée sur le Canada. Si l’on se concentre sur le Canada, cette définition inclue, en plus du Haut-Arctique, les parties suivantes du Bas-Arctique canadien : l’extrême Nord du Yukon et des Territoires du Nord-Ouest et du Canada ainsi qu’une bonne partie du Nord du Québec.

La sous-région canadienne

Le Canada, deuxième Etat arctique en taille après la Russie, accorde une grande importance à ses régions arctiques. Signe de cette importance, la Politique étrangère du Canada pour l’Arctique de 2010 débute en ces termes : « L’Arctique est essentiel à l’identité nationale canadienne. (…). L’Arctique fait partie de l’histoire et de la culture canadiennes, ainsi que de l’âme du Canada » (Gouvernement du Canada, 2010, p. 2). Et ce n’est pas la seule communication officielle qui adopte une telle rhétorique. Ainsi, l’Arctique est essentiel à la construction de l’identité nationale canadienne et au rôle joué par le Canada à l’échelle mondiale (Gouvernement du Canada, 2017a) . Mary Simon , personnalité incontournable du paysage arctique canadien, a également souligné cette importance de « le considérer comme une représentation de [notre] identité en tant que pays arctique qui entre dans une nouvelle ère de relations interculturelles, de science mondiale et de développement durable » (Gouvernement du Canada, 2017b).

Mais à quoi renvoie le terme « Arctique » au Canada ? Quelles sont les régions qui y sont considérées comme « arctiques » ? Où se situe cette partie de l’ « âme du Canada » ? L’Arctique canadien recouvre plus de quarante pour cent de son territoire terrestre. Quelques 100 000 habitants s’y répartissent, dont presque la moitié d’entre eux est Inuk (Gouvernement du Canada, 2017c). Notons qu’au total, 64 235 Inuit habitent dans tout le Canada. Il faut donc en conclure qu’un très faible pourcentage d’Inuit habite dans le Sud du pays (Affaire Autochtones et du Nord, 2017).

L’Inuit Nunangat, terme inuktitut renvoyant à l’ensemble des régions arctiques canadiennes, est composé d’ouest en est par l’Inuvialuit (Yukon et Territoires du Nord-Ouest), le Nunavut, le Nunavik (Québec) et le Nunatsiavut (Labrador).

Chacune de ces régions a une histoire et un statut administratif qui lui est propre. D’une part, les traités de revendications territoriales et d’autonomie de l’Inuvialuit, du Nunavik et du Nunatsiavut ont été négociés indépendamment (Bonesteel, 2006, p.xi). Ces traités reconnaissent les droits ancestraux sur les terres et ressources et le droit inhérent à l’autonomie gouvernementale visés au paragraphe 35 de la Loi constitutionnelle de 1982. Ils ont été négociés dans le cadre de la politique sur les revendications territoriales globales visant à la conclusion « d’ententes justes et équitables et à assurer une conciliation durable des droits et des intérêts » sur des affaires non réglées dans des traités canadiens (Gouvernement du Canada, 2018a).

D’autre part, le Nunavut ne constitue pas un territoire autochtone au même titre que les terres visées par ces traités de revendications territoriales et d’autonomie. Par exemple, les Allochtones y ont aussi le droit d’exercer des fonctions institutionnelles et de posséder des terres.

L’Inuvialuit

L’Inuvialuit est une région de 435 000 kilomètres carrés située dans l’Arctique de l’Ouest. Elle s’étend entre le nord du Yukon (Mer de Beaufort) et des Territoires du Nord-Ouest (détroit du fleuve Mackenzie) et jusqu’aux îles de l’ouest de l’archipel arctique canadien . Selon le recensement de 2016 (Statistique Canada, 2016), 4 080 Inuit vivent dans les Territoires du Nord-Ouest et 225 au Yukon. L’Inuvialuit comprend six communautés dont la plus grande est Inuvik (3 125 habitants, 1 310 Inuit), suivie par Tuktoyaktuk (870 habitants, 790 Inuit) et Aklavik (590 habitants, 315 Inuit) (Statistique Canada, 2016).

La Convention Définitive des Inuvialuit (CDI) a été signée en 1984. D’après cette Convention, les inuvialuit détiennent le droit de propriété sur environ 90 600 kilomètres carrés de terres (sur les 435 000 kilomètres carrés) (Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, 2017). Depuis sa création en 1984, la Société Régionale Inuvialuit (IRC) s’assure du respect de la Convention et représente les droits et avantages des inuvialuit. Le 21 juillet 2015, les Inuvialuit et les gouvernements fédéral et provincial signent l’Entente de principe sur l’autonomie gouvernementale et entament les négociations de l’Accord définitif sur l’autonomie gouvernementale des Inuvialuit.

Le Nunavut

Le territoire du Nunavut, autrefois intégré aux Territoires du Nord-Ouest, couvre 1 936 113 kilomètres carrés de terres et 157 077 kilomètres carrés de mer, soit 21 % de la surface totale du Canada. Il est situé au nord de la partie continentale du Canada et comprend l’archipel arctique, les îles de la Baie d’Hudson, de la Baie James et de la Baie d’Ungava (Nunavut, Villes et régions habitées (s.d), 2017). Le Nunavut comprend trois régions principales (Qikiqtaaluk, Kivalliq et Kitikmeot) et vingt-cinq communautés. Selon le recensement 2016, la population inuit du Nunavut s’élève à 30 140 (pour un total de 35 580 habitants, soit 85 % de la population). Sa capitale, Iqaluit, compte 7 590 habitants dont 4 270 Inuit. Viennent ensuite Rankin Inlet (2 770 habitants, 2 275 Inuit), Arviat (2 650 habitants, 2 515 Inuit) et Baker Lake (2 050 habitants, 1 885 Inuit).

La Commission Inuit de revendications territoriales des Territoires du Nord-Ouest (1977), le projet de revendications territoriales du Nunavut (1979) et la Fédération Tunngavik du Nunavut (1982) ont été créés successivement pour se charger des négociations avec le gouvernement fédéral. En 1982, un référendum sur la division des Territoires du Nord-Ouest récolte 56 % des faveurs des votants. L’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut (ARTN), signé en septembre 1992, est accepté à 84,7 % par référendum en octobre 1992. La Loi concernant l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut et la Loi sur le Nunavut sont adoptées le 10 juin 1993. Le 15 février 1999 se tient la première élection du Nunavut et le 1er avril 1999, le Nunavut se sépare officiellement des Territoires du Nord-Ouest et devient à son tour un territoire canadien (Nunavut, Villes et régions habitées (s.d), 2017).

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Table des matières

TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENT
TABLE DES MATIERES
LISTE DES ACRONYMES (ORDRE ALPHABETIQUE)
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES FIGURES
AVANT-PROPOS
INTRODUCTION
PARTIE I. CONTEXTE
Chapitre 1 : L’Arctique canadien
1.1. L’Arctique, une mosaïque de sous-régions
1.2. La sous-région canadienne
1.3. Le Nunavik
Chapitre 2 : La sécurité humaine
2.1. De la sécurité traditionnelle à la sécurisation, l’exemple de l’Arctique
2.2. La sécurité humaine, les débuts d’une application à l’Arctique
Chapitre 3 : Les relations entre civils et militaires au Canada
3.1. Illustration des relations entre Autochtones et militaires au Canada
3.2. Les Rangers canadiens, exemple de relations entre les Autochtones « réservistes » et les militaires
PARTIE II. METHODE
Chapitre 4 : Devis méthodologique
4.1. Population à l’étude et sites de la recherche
4.2. Constitution de l’échantillon : le groupe de Rangers et d’instructeurs à l’étude
4.3. Collecte des échantillons
Chapitre 5 : Démarche analytique
5.1. Emprunt à l’analyse qualitative de théorisation et à la théorisation ancrée
5.2. Utilisation des observations consignées dans le journal de bord
5.3. Les phases de codification, de réduction et d’analyse des données « entretiens»
5.4. Introduction à l’analyse des résultats : participants et thèmes dominants
PARTIE III – RESULTATS ET DISCUSSIONS
Chapitre 6 : La dimension personnelle des patrouilles de Rangers, les relations entre militaires et
Autochtones réservistes
6.1. Les relations entre Autochtones « réservistes » et militaires au Canada, court rappel introductif
6.2. Données
6.3. Conclusion
Chapitre 7 : La dimension utilitaire des patrouilles de Rangers, les éléments d’assimilation et d’agentivité des membres
7.1. Les théories de l’assimilation et de l’agentivité, courte présentation introductive
7.2. Données
7.3. Conclusion
Chapitre 8 : La dimension sécuritaire des patrouilles de Rangers et de Rangers Juniors, les éléments vecteurs de sécurité humaine
8.1. La notion d’auto-efficacité ou « sentiment d’efficacité », courte présentation introductive
8.2. Données
8.3. Conclusion
CONCLUSION GENERALE

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