Les quartiers d’habitat spontané : une définition volontairement large

UN PHENOMENE COMPLEXE AUX APPELLATIONS ET CARACTERISTIQUES DIVERSES

Le phénomène des quartiers d’habitat spontané ne peut correspondre rigoureusement à une définition théorique figée tant les situations sont variées et les cas particuliers nombreux. Le terme même de “quartier d’habitat spontané” est critiquable, puisque pour désigner cet état de fait, on parle aussi bien de terres occupées, de phénomène de squattérisation ou d’occupation sans titre, que de quartiers auto-construits .

UNE REFLEXION A POURSUIVRE EN S’INSPIRANT DES TRAVAUX EXISTANTS 

A ce jour, les travaux d’Anne HUBLIN et de la Direction Départementale de l’Equipement de la Guadeloupe (D.D.E. 971) sont les seules références bibliographiques qui tentent d’établir une définition détaillée du phénomène des quartiers d’habitat spontané aux Antilles et plus précisément en Guadeloupe. En 1989, la sociologue-urbaniste Anne HUBLIN a proposé une définition des quartiers d’habitat spontané caribéens, basée sur l’association de trois critères :
➤ l’illégalité de l’occupation du sol ;
➤ l’auto-construction des habitations.
➤ le groupement de l’habitat ;

En 2005, l’étude de la D.D.E. 971 sur la « Requalification des quartiers d’habitat spontané » a corroboré ces critères cumulatifs, les a nuancés et adaptés aux réalités guadeloupéennes. Par ailleurs, elle a dégagé certains éléments récurrents aux quartiers d’habitat spontané, causes ou conséquences de leurs conditions de formation et a ainsi complété les critères de définition avancés par Anne HUBLIN.

DES CRITERES DE DEFINITION A NUANCER, JUSTIFER ET EXPLICITER 

La réflexion menée dans le cadre de cette étude, basée sur des observations de terrain et des entretiens avec des acteurs publics et privés intervenant dans le domaine de l’aménagement et de l’urbanisme en Guadeloupe nous a amené à réaffirmer les critères cumulatifs explicités et nuancés par la D.D.E. 971, ainsi que les éléments récurrents identifiés. Cependant, considérant que les liens de causes à effets entre ces deux parties (critères de définition et éléments récurrents) sont très étroits : les caractéristiques qualifiées de récurrentes par la D.D.E. 971 ne sont que des éléments induits ou issus des critères de définition, nous avons choisi de les intégrer à la justification et à l’explication de ces dits critères. De plus, nous avons différencié au sein même des trois critères de définition, des éléments d’identification et des éléments de délimitation des quartiers d’habitat spontané.

L’illégalité foncière : un critère d’identification chargé d’histoire

L’HERITAGE DE LA PERIODE ESCLAVAGISTE : UNE REALITE CULTURELLE

Tout d’abord il existe en Guadeloupe une tradition de squattérisation héritée de la plantation et renforcée par l’abolition de l’esclavage. En effet, dans les exploitations cannières, les cases des esclaves étaient construites sur les terres de l’usine, dans un souci de productivité, et constituaient déjà de ce fait une occupation foncière sans statut. Au début du 19ème siècle, le procédé industriel d’extraction du sucre de la betterave est mis au point. Il entraîne la ruine de nombreuses plantations cannières sur l’île et l’abandon de milliers d’hectares de terres par les cultivateurs. Dès lors le processus de libération des esclaves est engagé et atteint son apogée en 1848 avec l’abolition de l’esclavage. Les affranchis quittent alors les habitations sucrières mais ne peuvent accéder à la propriété (rareté et cherté des terrains). Ils s’établissent donc de manière illégale sur des terrains publics ou privés estimant que la terre guadeloupéenne sur laquelle ils ont souffert leur revient de droit et reproduisent la forme d’habitat développée dans les plantations sous la période esclavagiste.

DES CRISES ECONOMIQUES SUCCESSIVES ET UN CONTEXTE SOCIAL DIFFICILE 

Cette façon de s’approprier l’espace perdure par la suite pour des raisons à la fois culturelles, économiques et sociales. Tout au long du 20ème siècle, les crises agricoles successives continuent de réduire le nombre d’usines cannières et d’exploitations bananières et laissent de nombreux hectares de terres en friches ainsi que de nombreux ouvriers agricoles au chômage. D’un point de vue économique, ces crises agricoles successives affaiblissent fortement l’archipel et rendent la situation sociale difficile. Directement lié au secteur de l’emploi, c’est le secteur du logement qui va rentrer en crise dans les années 1960-70. Beaucoup de guadeloupéens se retrouvent dans une situation économique qui ne leur permet plus de subvenir à leurs besoins notamment en matière de logement. Les logements aidés, adaptés à la situation économique et sociale du moment sont insuffisants carles pouvoirs publics n’ont pas anticipé la demande. Ainsi, un nombre important de personnes en difficulté est contraint d’opter pour l’occupation sans titre de terrains.

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Table des matières

Introduction
I. Les quartiers d’habitat spontané : une définition volontairement large
1. L’illégalité foncière : un critère d’identification chargé d’histoire
2. L’auto-construction des habitations et des quartiers
3. La notion de groupement de l’habitat ou comment délimiter un quartier ?
II. Typologie des quartiers d’habitat spontané
1. Les quartiers d’habitat spontané urbains
2. Les quartiers d’habitat spontané d’origine agricole
3. Les quartiers d’habitat spontané littoraux
III. Les quartiers d’habitat spontané de la zone dite des 50 Pas Géométriques de la Guadeloupe : Critères de définition et naissance d’un concept
1. L’Agence pour la mise en valeur des espaces urbains de la zone dite des 50 Pas Géométriques de la Guadeloupe
1.1. Un peu d’histoire juridique…
1.2. Présentation et missions de l’Agence des 50 Pas
2. Critères d’identification des quartiers d’habitat spontané de la zone dite des 50 Pas Géométriques
2.1. Mise en place de la méthode
2.2. Des critères thématisés pour définir les quartiers d’habitat spontané littoraux
3. Délimitation des quartiers d’habitat spontané littoraux
IV. Quels financements et quelle procédure pour la Résorption de l’Habitat Spontané en Guadeloupe ?
1. Une procédure pour la Résorption de l’Habitat Spontané en Guadeloupe
1.1. Identifier les quartiers d’habitat spontané : un préalable à toutes procédures
1.2. La R.H.S. : une procédure en 7 étapes
2. Une structure aux formes juridiques et compétences adaptées pour accompagner les communes dans la procédure en question
2.1. La structure en charge de la R.H.S
2.2. Vers une réévaluation des missions de l’Agence des 50 Pas Géométriques de la Guadeloupe
3. Des financements pour la R.H.S.
3.1. Des outils financiers insuffisants ou inapplicables à la requalification des quartiers d’habitat spontané
3.2. Les solutions envisageables pour débloquer des fonds
V. Les autres formes d’urbanisation illégale
1. L’habitat spontané isolé
2. L’indivision
3. Les autres types d’appropriation illicite de l’espace
Conclusion

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