Les quais de Bordeaux, une histoire de visionnaires

Un cadre d’exception en constante mutation 

Les quais de Bordeaux, une histoire de visionnaires

Bordeaux 1743 : L’intendant Louis-Urbain Aubert, marquis de Tourny, succède à l’intendant Claude Boucher. La ville n’a pas changé depuis plusieurs siècles. Elle doit épouser son temps et affirmer son rôle de capitale prospère de la Guyenne. Figée derrière ses remparts, hérissée de flèches et de clochers, flanquée du massif Château Trompette, Bordeaux, vue du fleuve, a piètre allure.

Les quais grouillent d’une activité portuaire intense où se côtoient les marchandises les plus diverses devant un parterre d’échoppes de bois ou de pierre et de chais en plus ou moins bon état. Seule, la place Royale, oeuvre des architectes Jacques et Ange Gabriel, affirme, au coeur de la courbe, la volonté d’épouser son siècle : celui des Lumières. Tourny, ébloui par le site, s’attelle très vite à la tâche et entreprend l’un des plus vastes chantiers d’urbanisme du XVIIIème siècle, malgré l’opposition de nombreux Bordelais.

Audacieux et moderne pour l’époque, si classique aujourd’hui, le tracé de la façade des quais choisit d’épouser la courbe du fleuve. Comme un paravent de pierres blondes, une succession d’immeubles aux caractéristiques identiques s’élève en front de Garonne, dissimulant au regard du visiteur les remparts médiévaux et les masures qui s’y étaient accolées au fil des ans. L’ordonnancement, l’équilibre, le sens de la mesure et la beauté de cette architecture forcent, depuis, l’admiration. Les grues, les grilles et les hangars installés par la suite n’ont jamais entravé son image. Bordeaux, depuis le début du siècle, a peu à peu masqué, occulté puis négligé son fleuve nourricier, à qui elle doit pourtant sa richesse, son histoire et son avenir.

Le sauvetage des quais 

Usés par des années d’usage industriel portuaire, les quais de bordeaux n’offraient pas un cadre à la hauteur de leur histoire et c’est avec la fermeture au public des quais en 1930 et la construction d’une grille parcourant l’intégralité de leurs longueurs que la Garonne fut définitivement coupée de la ville. Seul demeurait entre la palissade et les façades un boulevard de 2 x 3 voir 2 x 4 voies en certains endroits. Façades noircies, voie rapide et grille interminable : tel était le paysage offert aux riverains et rares promeneurs… En 1990, le port des quais périclita et ses activités furent redirigées vers le port autonome actuel situé au nord, en aval de la ville. La fin du trafic maritime signa le début d’une vaste entreprise de réhabilitation dirigée par une question : que faire des quais ?

Les premiers changements furent la suppression intégrale de la grille et la destruction de la plupart des anciens hangars de stockage désaffectés permettant ainsi de dégager la vue des riverains sur le fleuve. S’en suivit la réalisation d’un couple promenade et piste cyclable le long de la berge et l’aménagement de nombreux parking répartis le long des quais à la faveur des espaces libérés. Les hangars 14 à 19 furent conservés et investis par différentes installations : espace d’exposition, boite de nuit (Le César), le hangar 20 fut complètement restauré et Cap Science, organisation présentant des expositions scientifiques périodiques, y a élu domicile. Les quais conservaient alors leur revêtement pavé et les reliquats disparates des lignes de chemin de fer desservant les docs. En 1995, le débat sur l’installation d’un tramway ou d’un métro dans Bordeaux se solda par la décision d’adopter la voie du tram (supprimé en 1930…) moins coûteuse et plus « à la mode». L’une des lignes allait traverser les quais sur toute leur longueur et permettre une circulation du public sans utilisation de transport privé, limitant ainsi, à terme, le trafic automobile. Les quais, synonymes de vie et d’activité, étaient alors une réalité déjà bien tangible. En 1997, les études du projet du tramway furent lancées et les parkings répartis sur toute sa longueur furent à terme, condamnés à disparaître. Les travaux furent commencés en 1999 en parallèle avec la restauration complète des façades noircies par l’activité intensive des quais depuis quelques siècles.

Ces démarches furent accompagnées par la réalisation d’un projet d’une envergure considérable, le réaménagement complet des 4,5 km de quais, de la gare Saint-Jean aux bassins à flot. Le défi auquel les projets ont principalement été confrontés était de concilier différents objectifs :

– Réconcilier les bordelais avec le fleuve dont ils avaient été coupés pendant 70 ans ;
– Conserver et mettre en valeur le patrimoine architectural des façades alors en restauration ;
– Ne pas entraver les activités économiques déjà implantées sur les sites concernés et favoriser l’implantation de nouveaux investisseurs.

Le projet Corajoud

Concept

L’équipe de Michel Corajoud, lauréate du concours organisé en vue de cet aménagement présenta un projet se démarquant de ses concurrents par la proposition d’adapter les différentes portions des quais à la structure des quartiers attenants en offrant à ceux-ci les infrastructures leur faisant défaut. Les quais furent subdivisés en cinq séquences correspondant aux cinq « quartiers » des quais et chaque séquence fut elle-même séparé en trois zones :
– Le boulevard comprenant les voies de circulation automobiles ;
– L’espace à vivre, comprenant les trottoirs et leurs extensions, les accès au stationnement, la contre-allée ainsi que la bande réservée à la circulation du tram ;
– La berge avec, en continu, la piste cyclable et le garde-corps.

Séquence 1 : Quais Sainte-croix – Parc Saint-Michel
Un parc de cinq hectares est aménagé entre la rue des Allamandiers et la rue Peyronnet, sur le plateau, le long de la Garonne. Il offre de larges pelouses pour se détendre, s’amuser et jouer au ballon. Des aires de jeux sont aménagées pour pratiquer, entre autre, du street-hockey, du beach-volley, du fitness ou du basket. Au-delà de la promenade sur berge, des « haltes » permettent de pique-niquer entre amis ou en famille, au bord du fleuve. Et l’on se balade même à pied, à vélo ou en roller sous le pont de pierre ! Au débouché du pont de pierre, malgré les multiples croisements (les deux lignes de tramway, la circulation des axes Bacalan / Bastide / gare Saint-Jean, l’accès au cours Victor Hugo…), la place Bir Hakeim, comme la place Stalingrad, est paysagée, ouverte et conviviale. Un nouveau parc souterrain Salinières offre 400 places sur 5 niveaux et présente des oeuvres de l’artiste Marin Kasimir.

Séquence 2 : Quai de la douane, place de la bourse
Une «Place des reflets» sert de miroir à la place de la Bourse et souligne la beauté du Palais Gabriel, fleuron du patrimoine architectural de l’agglomération bordelaise. Elle est, en alternance, recouverte d’une pellicule de 2 centimètres d’eau ou mise à nue, suivant un cycle variable, rappelant celui des marées. Elle est équipée de manière à accueillir des spectacles et des événements festifs. De part et d’autre, deux grands jardins sont aménagés en arc de cercle avec des plantations basses pour dégager la vue. Ils sont cultivés par le service des espaces verts de la Mairie et évoluent au fil des saisons et au rythme de la nature. Des allées piétonnes et des placettes aménagées en font un lieu de promenade plein de charme. La place de la Bourse est pavée, des candélabres classiques respectent l’esprit d’origine et la fontaine des Trois Grâces retrouve sa place centrale. Deux parcs souterrains sont créés, l’un sous la place de la Bourse, l’autre sous le cours du Chapeau Rouge qui est réaménagé.

Partie 3 : Quai Louis XVIII – Prairie des girondins
Au pied de la plus grande place d’Europe, la célèbre place des Quinconces, et face à la magnifique perspective sur le fameux méandre du Port de la Lune, est plantée une immense pelouse sur 15 000 m2. En pente douce, cette «prairie des Girondins» rejoint la Garonne et chacun peut s’y délasser. Le mail des platanes est préservé et embelli. Le premier pôle d’échanges du réseau du tramway et du réseau des bus de l’agglomération est créé allée d’Orléans, à proximité des deux nouveaux parkings souterrains Bourse et Jean Jaurès. Devant la Bourse Maritime, l’espace à vivre est recouvert de pavés afin de respecter ce patrimoine exceptionnel. Sur le plateau, de grandes pelouses peuvent accueillir différents types de manifestations notamment des expositions.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. UN CADRE D’EXCEPTION EN CONSTANTE MUTATION
A. Les quais de Bordeaux, une histoire de visionnaires
B. Le sauvetage des quais
C. Le projet Corajoud
1. Concept
2. Réalisation
D. Le miroir d’eau et Les jardins de lumière
1. Un miroir pour la place de la bourse
2. Jardins des lumières
II. QUATRE ANS DE MISE A L’EPREUVE
A. Sondage
1. Questionnaire
2. Discussions
B. Étude de la réalité du terrain
1. Ombre
2. Gazon et prairie
3. Le Boulevard
4. La convivialité et les bancs
5. Le manque de charme hivernal
6. Objectif propreté
C. Objectifs
III. PROPOSITION
A. Végétation et ombre tamisée
1. Arbre
2. Végétation au sol
B. Nuisance du boulevard
C. Convivialité et bancs
D. Propreté
CONCLUSION

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