HISTORIQUE
L’utilisation des produits cosmétiques est très ancienne. Déjà à la préhistoire, les hommes pratiquaient la peinture corporelle. Trois mille ans avant Jésus Christ, les Égyptiens connaissaient les onguents, les huiles parfumées, le maquillage et le dentifrice. Les caravanes qui acheminaient les épices et la soie en Europe, ont introduit en même temps les cosmétiques en Grèce et dans l’Empire romain [1]. Au Ier siècle, Néron et Poppée éclaircissaient leur peau avec de la céruse et de la craie, soulignaient leurs yeux au khôl et rehaussaient leur teint et leur lèvres avec du rouge [1]. C’est au retour des croisés que le maquillage s’était répandu en Europe du Nord ; à partir du XIVe siècle, les nobles utilisaient des crèmes, des fonds de teint, des teintures à cheveux et des parfums et dès le XVIIIe siècle les cosmétiques étaient utilisés dans toutes les classes sociales [1]. Tout au long de l’histoire, les cosmétiques employés dépendaient des périodes, des modes et des matières premières disponibles. Certaines recettes comme la cold cream de Galien sont encore utilisées aujourd’hui, d’autres recettes ont été abandonnées comme les bains de bouche à l’urine. Certains produits étaient même dangereux pour la santé, car ils contenaient du plomb. C’est le cas du blanc de céruse utilisé jusqu’au début du XIXe siècle [1]. Au XXe siècle et surtout au XXIe siècle, l’industrialisation et certaines découvertes ont changé le visage de la cosmétologie avec l’utilisation de parfums de synthèse, de dérivés pétroliers, de tensioactifs synthétiques et de stabilisateurs d’émulsions. Ces nouveaux ingrédients ainsi que des formulations complexes réalisées par des chercheurs caractérisent les cosmétiques modernes. La cosmétologie moderne a ses grandes dates et ses événements qui ont marqué ou révolutionné le monde de la beauté [53, 55].
Années 20 : Les grands de la beauté sont des femmes: ELISABETH ARDEN, Harriet Hubbard Ayer, Germaine Monteil, Helena Rubinstein. Leurs mots d’ordre: nettoyer, tonifier, nourrir. Déjà, on voit apparaitre les premiers démaquillants avec leur tonique alcoolisé.
1934 : La “Crème de Huit Heures” d’ELISABETH ARDEN a connu un grand succès car ses utilisations sont multiples. Elle est indémodable, toujours leader.
1936 : En France, avec les premiers congés payés, c’est la ruée vers le soleil ; on s’arrache une huile protectrice à l’inoubliable parfum, “Ambre Solaire”, symbolisée par la pin-up “Suzy”, parée d’un bikini et d’un immense chapeau de paille.
1937 : Le Dr. NADIA GREGOIRE PAYOT, dermatologue, ouvre un institut de beauté à Paris, rue de Castiglione; elle y prépare ses propres crèmes de soin en fonction de chaque problème de peau.
1956 : “HELENA RUBINSTEIN” qui n’a cessé de s’intéresser à l’activité biologique de la peau, crée “Skin Life au Gam” qui agit sur la fonction biologique de l’épiderme.
1967 : Le premier tonique sans alcool signé de l’Américain ERNO LASZLO fait son apparition.
1968 : “ESTEE LAUDER” s’implante en France et innove avec un masque désincrustant “Creme Pack”, un démaquillant “Cleaning Oil” et un soin visage ‘’Renutriv”. Pour la première fois, CLINIQUE qui est une marque, parle de gommage et d’exfoliation pour éclaircir les mines tristes.
1970 : La vie des cellules devient la préoccupation première des chercheurs.
1972 : CLARINS innove avec une “Crème aux cellules fraîches” (dont la formule est modifiée aujourd’hui avec des extraits marins) qui reste l’un des produits les plus vendus de la marque.
1974 : ARDEN lance “Visible Difference” qui revendique une action jusqu’à la vingt-deuxième couche des cellules épidermiques.
1978 : Enfin une ligne de beauté pour homme, avec des produits hydratants, des gommages et des masques ! Comme ces messieurs n’osent pas encore reconnaître qu’ils se soucient de leur épiderme, DIDIER RASE la vend par correspondance pour garantir la discrétion.
1980 : Le japonais SHISEIDO s’installe en France avec une ligne de maquillage et de soin “Perfection”, .et apprend aux femmes une nouvelle gestuelle avec ce nouveau concept basé sur l’équilibre de la peau
1980 : On bronze sans danger. Parce que les scientifiques ont mis en évidence les risques cutanés du bronzage, on veut toujours bronzer mais sans s’abimer la peau ! En plus de la protection contre les coups de soleil, les produits solaires jouent à fond la protection contre le vieillissement grâce à des filtres absorbeurs, des écrans réfléchissants mais aussi des anti-radicaux libres.
1981 : Un pas important est franchi. Les cosmétologues ont découvert l’influence des radicaux libres sur le vieillissement de la peau. Rochas, le premier, utilise l’huile de bourrache pour en réparer les dégâts. La prévention devenant une priorité, les formules incluent des substances capables de piéger les radicaux libres ; parmi celles-ci les flavonoïdes (qui sont des extraits de plantes), la vitamine E, la vitamine C. Aujourd’hui tous les produits de soin et les solaires contiennent des anti-radicaux libres.
1982 : L’acide hyaluronique, la vedette, fait son apparition. Cet acide est capable d’absorber jusqu’à trente fois son volume d’eau. On le trouve dans un nouveau style de produit, “Night Repair” d’ESTEE LAUDER, sérum très concentré en actifs qui s’utilise au goutte à goutte en complément du soin habituel.
1984 : La biotechnologie fait son entrée en cosmétologie. Elle consiste à transformer des micro-organismes, des cellules végétales ou animales et des constituants des cellules par des procédés technologiques à des fins industrielles. C’est ainsi que SHISEIDO a réussi à produire en quantité industrielle un acide hyaluronique bio d’une grande pureté alors qu’il était extrait de la crête du coq.
1984 : Un américain, le professeur Kligman, met en évidence les vertus rajeunissantes de la vitamine A acide pour la peau. Cette vitamine était déjà connue pour ses propriétés exfoliantes. La première crème “anti âge” est donc née. Trois années plus tard, ses effets sont confirmés : le teint s’éclaircit, la peau s’épaissit et les ridules sont nettement atténuées. On la trouve en France en 1987 mais sur prescription médicale uniquement. Cette découverte fondamentale débouchera sur d’autres molécules plus douces mais aux mêmes effets.
1985 : C’est le grand boum des démaquillants à l’eau. Crémeux ou moussants, ils s’appliquent avec une petite brosse et se rincent à l’eau, un nouveau geste qui séduit beaucoup de femmes.
1986 : La cosmétologie entre dans l’ère de la technologie : nouveaux moyens scientifiques, nouvelles inventions, nouveau langage. Les chercheurs découvrent le moyen plus efficace de véhiculer un actif sur son site d’action, au cœur même de la cellule : le liposome, sphère lipidique d’une taille inférieure à celle de la cellule et d’une structure semblable à celle de la peau. Ce fut la première crème aux liposomes : “Niosome” de LANCOME qui est suivie de près par “Capture” de DIOR. Depuis, les soins aux liposomes ont déferlé sur le marché.
1987 : Enfin des marques d’antirides pour hommes avec le “Concentré Actif restructurant” dans la ligne de soin de PACO RABANNE. CLINIQUE, ARAMIS, BIOTHERM proposent aussi une ligne spécifique homme.
1988 : La beauté s’avale !!! PIAUBERT ouvre la voie avec les gélules “Vitaminics” suivi par LIERAC avec “Liéractiv”; aujourd’hui le grand spécialiste est sans conteste OENOBIOL. Les femmes trouvent dans différentes gammes des gélules pour l’hydratation de la peau, pour la préparation de la peau au soleil…
1989 : C’est une grande révolution des acides de fruits (AHA) avec l’apparition des premières molécules qui provoquent une exfoliation des cellules mortes de l’épiderme tout en procurant un effet et un résultat immédiats, visibles à l’œil nu en trois jours seulement. Révélés grâce aux travaux de VAN SCOTT, les acides de fruits et leurs dérivés sont utilisés pour la première fois dans “Solution Avon”, “Fruition” d’ESTEE LAUDER et “Turnaround” de CLINIQUE. Aujourd’hui, on a démontré que les acides de fruits augmentent le renouvellement cellulaire et diminuent la profondeur de la ride et cela à faible concentration ; c’est tant mieux car les AHA ont un léger pouvoir irritant, d’où la complexité de formuler des crèmes à la fois efficaces et supportables.
Les filtres chimiques ou organiques
Ils se composent de molécules à base de carbone. Ils protègent de certains UVA et de certains UVB mais ne sont pas efficaces contre tous les rayonnements solaires. C’est pourquoi ils ne sont jamais utilisés seuls. On leur associe toujours des filtres minéraux afin de compléter la protection .Par contre, les filtres chimiques sont très solubles et offrent au produit solaire une grande facilité d’application. Une qualité hautement appréciable quand on se tartine de crème toutes les heures !
Protecteurs professionnels et ménagers
La protection professionnelle et ménagère concerne essentiellement les mains, parfois le visage. A côté de la protection mécanique vestimentaire, la protection par des crèmes « barrières »est souvent indispensable. Les cosmétiques de protection sont des crèmes, ou des gels. Lorsqu’ils sont appliqués sur la peau, ils rendent celle-ci imperméable. On parle parfois de «gants invisibles », bien que leur efficacité n’égale pas toujours les gants visibles. D’autres résistent aux huiles et aux solvants. Exemple : ANTIXOL, PHYPROL, PRO 1. D’autres encore protègent quelle que soit l’exposition. Exemple : BLICKFLUID, MANOL UNIVERSEL. En pratique, il faudrait essayer plusieurs produits sur le lieu de travail, et sélectionner celui qui offre la meilleure protection [20].
Les nettoyants liquides ou gélifiés cosmétiques
Ils contiennent des tensioactifs très proches de ceux utilisés dans la formulation des shampoings, des surgraissants et des stabilisateurs de mousse. Ils ne contiennent pas de molécules antiseptiques. Les gels sont constitués de solutions de tensioactifs, épaissies par un dérivé vinylique ou acrylique, et d’un agent filmogène surgraissant comme l’huile de ricin (castor oïl). Ce ne sont pas de véritables gels. Les gels de douche en font partie. Ils peuvent être utilisés comme produits de nettoyage quotidien. Ils sont très doux et conviennent aux peaux fragiles et sèches.
Emballage et sécurité du produit
L’apparence extérieure des produits exerce un impact croissant sur leur perception par le consommateur et sur l’accueil que celui ci leur réserve. Mais l’emballage peut également accroître la qualité et la sécurité du produit, et cela est particulièrement vrai pour les produits cosmétiques. Ainsi, notamment dans le domaine des cosmétiques pour les soins de la peau (crèmes liquides et gels, etc.), les pots et tubes sont souvent remplacés par des tubes ou flacons pourvus de dispositifs (pompes) qui permettent de ne plus mettre le produit en contact avec l’air ou les mains de l’utilisateur: les risques d’oxydation et de prolifération bactérienne sont ainsi réduits. De tels progrès dans les techniques d’emballage pourront éventuellement permettre de réduire l’utilisation d’agents conservateurs. Un Etat membre a la possibilité d’interdire ou de suspendre la commercialisation d’un produit, s’il considère que celui-ci est dangereux pour la santé publique, et cela, aussi bien en vertu de la Directive sur les cosmétiques, que de la Directive sur la sécurité générale des produits. Enfin, et pour garantir la sécurité du consommateur, tous les produits cosmétiques commercialisés dans la Communauté doivent porter sur le récipient ou sur l’emballage la mention des précautions à prendre pour leur utilisation. Si, de par la nature du récipient, l’information requise ne peut y être mentionnée, une notice explicative doit accompagner le produit [58].
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Table des matières
INTRODUCTION
PREMIERE PARTIE : GENERALITES SUR LES PRODUITS COSMETIQUES
CHAPITRE I : HISTORIQUE, DEFINITIONS ET DIFFERENTS TYPES DE PRODUITS COSMETIQUES
1. HISTORIQUE
2. DEFINITIONS
2.1. Droit européen et droit français
2.2. Caractéristiques des cosmétiques
3. DIFFERENTS TYPES DE PRODUITS COSMETIQUES
3.1. Produits de protection
3.1.1. Photoprotecteurs
3.1.1.1. Produits antisolaires
a) Ecrans
b) Filtres
c) Pièges à radicaux libres
3.1.1.2. Autobronzants
a) Autobronzants externes
b) Pilules à bronzer
3.1.1.3. Accélérateurs de pigmentation
3.1.2. Protecteurs climatiques et environnementaux
3.1.3. Protecteurs professionnels et ménagers
3.1.4. Protecteurs microbiens et anti-moustiques
3.2. Produits d’hygiène corporelle
3.2.1. Produits de la peau
3.2.1.1. Savons
3.2.1.2.Syndets
a) Syndets solides ou pains dermatologiques
b) Syndets liquides ou « savons liquides »
3.2.1.3. Emulsions
a) Laits de toilette
b) Crèmes nettoyantes
c) Mousses
d) Compacts démaquillants
3.2.1.4. Toniques
3.2.1.5. Produits spécifiques pour le bain moussant de la douche
3.2.2. Produits des cheveux
3.2.2.1. Shampoings classiques
3.2.2.2. Shampoings « cosmétiques
3.2.2.3. Shampoings traitants des états du cuir chevelu
3.2.3. Produits pour les dents : les dentifrices
3.2.4. Produits de rasage
3.3. Produits d’équilibre et de confort
3.4. Produits de soins spécifiques
3.5. Produits de parures
CHAPITRE 2 : ASPECTS LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES
1. CANADA
2. FRANCE ET UNION EUROPEENNE
2.1. Nécessité d’une action au niveau communautaire
2.2. Mise en œuvre de la législation
2.3. Contenu de la législation européenne sur les produits cosmétiques
2.4. Exigences de la législation européenne sur les cosmétiques
2.4.1. Contrôle des ingrédients
2.4.2. Sécurité du produit
2.4.2.1.Information à but médical
2.4.2.2. Emballage et sécurité du produit
2.4.3. Information du consommateur
2.4.4. Publicité pour les produits cosmétiques
2.4.5. Droits et respect des droits des consommateurs
3. SENEGAL
DEUXIEME PARTIE : PROBLEMES ENGENDRES PAR L’ABUS DES PRODUITS COSMETIQUES ET LEUR CONTROLE
CHAPITRE I : CAUSES DE L’UTILISATION DESORDONNEE DES PRODUITS COSMETIQUES ET LEURS CONSEQUENCES SUR LA SANTE ET L’ECONOMIE
1. CAUSES
1.1. Vente informelle
1.1.1. « Lieux de vente fixes »
1.1.2. Vente mobile
1.2. Causes secondaires
1.2.1. Facteurs socioéconomiques
1.2.2. Proximité culturelle et sociale
1.2.3. Efficacité « apparente » des produits distribués
2. CONSEQUENCES NEFASTES DES PRODUITS COSMETIQUES
2.1. Produits dépigmentants
2.1.1. Effets locaux
2.1.1.1. Atrophie cutanée
a) Atrophie épidermique
b) Atrophie dermique
2.1.1.2. Dermites
a) Acné stéroïdienne
b) Dermite péri-orale
2.1.1.3. Autres effets locaux
a) Hypertrichose
b) Hypopigmentation
c) Erythrose
d) Eczéma de contact
2.1.2. Effets systémiques
2.1.2.1. Perturbations métaboliques
a) Rétention hydrosodée
b) Déplétion potassique
c) Hyperglycémie
d) Troubles phosphocalciques
2.1.2.2. Accidents digestifs
2.1.2.3. Accidents vasculaires
2.1.2.4. Troubles psychiatriques
2.1.2.5. Risques infectieux
2.1.2.6. Autres risques
2.1.3. Certaines infections cutanées causées par les produits dépigmentants
2.1.3.1. Infections mycosiques
a) Dermatophyties
b) Candidoses cutanées
c) Pityriasis versicolor
2.1.3.2. Infections bactériennes
a) Erysipèle
b) Folliculites
c) Impétigo
2.1.3.3. Gale
a) Gale commune
b) Gale profuse
c) Gale croûteuse
2.2. Conséquences d’autres produits cosmétiques
2.2.1. Déodorants et Anti-transpirants
2.2.2. Savons et Shampoings
2.2.3. Dentifrices
2.3. Conséquences d’ordre économique
CHAPITRE II : CONTRÔLE DES PRODUITS COSMETIQUES
1. ACTIONS PRINCIPALES
1.1. Actions sur les utilisateurs
1.2. Réduction de l’offre du marché illicite
2. ACTIONS NECESSAIRES
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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