Les problèmes liés à la non adhésion et à la non observance

Les problèmes liés à la non adhésion et à la non observance

Contexte médical

Les chiffres de la non-observance

Aujourd’hui dans le monde, les études s’accordent à estimer la non-observance toutes pathologies confondues aux alentours de 50% (Source : Osterberg, 2015). Un chiffre important quand on le met en relation avec le nombre de prescriptions annuelles : plus de 4 milliards rien qu’aux Etats-Unis pour l’année 2016 et en ne comptant que les officines ! (Source : IMS 2016). En France, plus de 80% des consultations se terminent par une prescription médicale. Toujours en France, d’après une étude IMS, seuls 40 % des patients atteints par l’une des six principales pathologies chroniques* prendraient correctement leurs médicaments (Source : IMS 2014). Plus précisément, on estime que :
● 50% des patients oublient de prendre leur traitement
● 33% des patients ne suivent pas le traitement prescrit
● 30% des patients ne finissent pas leur traitement
● Et 25% des patients ne respectent pas la dose prescrite (Source : Efpia 2013) .

Quand on s’intéresse aux différentes pathologies, les chiffres sont un peu plus hétérogènes. En règle générale, les chiffres les plus bas sont observés dans le cas de l’asthme, où on observe 13% d’observance (Sources : IMS 2014). Ces chiffres peuvent tomber jusqu’à 5% en fonction des études (Source : Marceau 2006). Dans le cas des transplantations rénales, à peine la moitié des patients continue à prendre leurs immunosuppresseurs à 1 an (Source : Dekker 1992). Les taux d’observance les plus hauts sont observés dans les transplantations cardiaques, avec des chiffres compris en 75 et 80%10 (Source : Dew 1996).

Afin de mieux comprendre le processus de l’adhérence, des chercheurs ont analysé les étapes clés pour une bonne observance :
1) Tout d’abord, le patient doit recevoir la bonne prescription de la part de son médecin. Ce qui n’est pas chose aisée puisque d’après le Consumer Reports qui a publié un sondage effectué auprès de 660 médecins « Ce que les médecins souhaitent que leurs patients sachent », le non suivi de la prescription par les patients est la première préoccupation des médecins. Cela a même un impact négatif sur la prescription puisque « La plupart des médecins que nous avons interrogés ont dit que cela affectait leur capacité à fournir des soins optimaux ».
2) Ensuite le patient doit aller retirer ses médicaments chez le pharmacien. Cette étape, également appelée « adhésion primaire », peut s’avérer limitante dans le processus d’adhésion au traitement puisqu’une étude de 2005 a montré que près de 30% des premières prescriptions n’étaient pas dispensées. Et les chiffres restent élevés pour des pathologies chroniques telles que le diabète (31,4%), l’hypertension artérielle (28,4%) et l’hypercholestérolémie (28,2%). Comment un patient peut-il prendre un traitement pendant 20 ou 30 ans s’il ne prend même pas sa première prescription ?
3) Puis le patient doit prendre son traitement dans le respect des doses prescrites (fréquence et heures de prise), c’est l’observance pure et simple. Cette étape de «persistance », durée de prise d’un médicament, doit durer au moins six mois puisque c’est la période pendant laquelle le risque d’abandon du traitement est le plus élevé. En analysant l’historique des patients de plusieurs pathologies, on s’aperçoit que la persistance varie pour chaque traitement mais suit généralement un modèle identique. Les résultats démontrent que la diminution de l’adhérence la plus spectaculaire se produit au cours des quatre premiers mois de la prescription. Au bout de 24 mois, moins de 50% des patients continuent de prendre leur médicament, même dans des domaines comme le cancer .
4) Enfin si le médicament est destiné à une maladie chronique, il doit alors être pris comme prévu – indéfiniment.

« L’adhésion va dépendre du résultat à passer ces quatre étapes avec succès », note la RAND Corporation, une organisation de recherche à but non lucratif, dans un rapport destiné aux décideurs politiques à Washington (Source : Gellad 2009).

Les raisons de la non-observance

Selon un rapport de l’OMS de 2003, les quatre grands types d’obstacles pouvant expliquer l’inobservance médicale sont d’ordre :
● Socio-économiques
● Liés aux systèmes de soins et remboursement
● Traitements et effets secondaires
● La maladie elle-même .

Dans les facteurs socio-économiques, la perte d’un emploi et de l’assurance maladie qui l’accompagne peut amener un patient à ne plus pouvoir payer son traitement. Il va alors trouver des solutions comme couper un comprimé en deux ou sauter des prises afin de rallonger la durée de vie du traitement. La place de la religion a aussi un rôle déterminant. Certaines personnes s’interdisent de prendre des médicaments contenant de l’alcool ou du porc. Un pharmacien de Sydney a par exemple créé l’organisation Halal Certified Medecine qui décerne le label HCM pour les médicaments halal (Source : Halal Medicines 2016). Même chose dans la communauté juive où un guide « des médicaments et des produits de santé casher réservés aux professionnels de la santé » recense les médicaments casher (Source : Mediel 2016).

Le système de soins et de remboursement joue un rôle important. Notamment l’importance de la relation entre le patient et son médecin ou son pharmacien. La place de l’éducation dans le système de soins joue également un rôle clé. Au cours d’interviews de médecins, j’ai pu m’apercevoir que les médecins étaient débordés et qu’ils n’avaient donc pas le temps d’éduquer les patients. Certains considèrent même qu’ils ne sont pas payés pour cela. Dans le cas de maladies chroniques comme le diabète ou le cholestérol, cela peut s’avérer catastrophique.

Concernant le traitement, le patient peut penser que le médicament ne fonctionne pas, s’il n’apporte pas de résultats immédiats et va donc être amené à stopper son traitement. Les effets secondaires sont également la cause de la non-observance dans 20% des cas (Source : Marceau 2006). La maladie elle-même peut être la cause de la non-observance notamment si elle est asymptomatique comme dans le cas de l’hypercholestérolémie. Le patient peut croire que son traitement est inutile et va l’arrêter (Source : Fischer 2010). Si le diagnostic de la pathologie est très grave, le patient peut ne pas trouver la force de prendre son traitement et se décourager.

Enfin plusieurs causes sont liées directement au patient comme son âge qui peut provoquer des oublis. Ce dernier représente 24% des causes de non-observance (Source : Frost & Sullivan 2005). Un choc émotionnel comme un accident ou un divorce peut amener un état dépressif, le médicament étant la dernière chose à laquelle la personne veut penser. L’éducation du patient comme sa capacité à comprendre sa pathologie joue un rôle important. Certains patients pensent que le médicament est la cause de la pathologie et d’autres vont suivre des conseils peu recommandables trouvés sur internet.

Les conséquences médicales de la non-observance

Même s’il est compliqué de lier un événement thérapeutique à la non-observance tellement les causes peuvent être multiples, des chercheurs ont estimé qu’une mauvaise observance menait à une augmentation de 17% du taux d’HbA1c (Source: Krapek 2004). Cette même HbA1c est majoritairement responsable des néphropathies en phase terminale.

Entre 33 et 69% des effets indésirables responsables d’hospitalisation seraient directement amputables à une mauvaise adhérence thérapeutique de même que 40% des admissions en centres de soins  (Sources : Osterberg 2015, Pan 2008). Enfin, une autre étude de 2012 estime que les patients qui ne prennent pas leurs médicaments comme prévu ont un risque d’hospitalisation, de ré-hospitalisation et de décès qui est 5,4 fois plus élevé s’ils sont hypertendus, 2,8 fois plus élevé s’ils souffrent de dyslipidémie et 1,5 fois plus élevé s’ils ont atteint d’une pathologie cardiaque (Source: Claxton 2012). Au total, la mauvaise adhérence thérapeutique est à l’origine de plus de 125000 décès par an aux États-Unis (Source : Osterberg 2015).

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Table des matières

Introduction
I. Les problèmes liés à la non adhésion et à la non observance
A) Contexte médical
a. Les chiffres de la non-observance
b. Les raisons de la non-observance
c. Les conséquences médicales de la non-observance
B) Contexte économique
C) La tendance numérique
II. La digitalisation dans le monde de la santé : le développement de serious games et les résultats
A) Le jeu : une catégorie au top
B) L’utilisation du jeu en santé
C) L’impact de la gamification
a. Bénéfices de la gamification sur la sensibilisation des patients
b. Bénéfices de la gamification sur l’engagement et l’adhérence des patients
c. Bénéfices de la gamification sur le changement de comportement et les résultats cliniques
d. Discussion
III. Exemple du développement d’un jeu santé dans un laboratoire pharmaceutique
A) Lancement du projet et collaborations multidisciplinaires
a. Les patients
b. Les associations de patients
c. Les professionnels de la santé
d. Les spécialistes en changement de comportement
B) Création rapide d’un prototype
C) Tests et amélioration du prototype
D) Mise en place du plan de communication « multichannel »
a. Faire de la cross-communication
b. Créer un site internet
c. Réaliser une vidéo de promotion
d. Faire de la publicité en ligne
e. Utiliser les canaux classiques de l’industrie pharmaceutique : visites médicales et congrès
f. Partenariat avec une association de patients
E) Maximaliser sa visibilité sur les stores
F) Suivi de la solution
G) Quelques résultats préliminaires
Conclusion
Bibliographie
Annexe 1
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4

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