Les principales causes de l’absence d’assainissement

L’assainissement est une préoccupation mondiale dans la mesure où il constitue un objectif du millénaire pour le développement (OMD), fixé par les Nations Unis en 2002. L’objectif est d’atteindre un taux d’assainissement de 75% d’ici 2015. Ainsi, le Sénégal a pris l’engagement d’atteindre cet objectif en initiant depuis 2005 le programme d’eau potable et d’assainissement du millénaire (PEPAM). Le taux d’assainissement en milieu urbain est passé de 54,7% en 2004 à 63,3% en 2010 . A ce rythme, les OMD risquent de ne pas être atteints.

L’Office National de l’Assainissement du Sénégal a été crée par la loi N°96-02 du 23 février 1996 à l’issue de la réforme du secteur de l’eau dans le but de protéger l’environnement et d’améliorer le cadre de vie et la santé des populations. Il a pour mission d’assurer la collecte, le traitement, la valorisation et l’évacuation des eaux usées et pluviales en zone urbaine, péri urbaine et rurale. Cependant dans la banlieue dakaroise et particulièrement à Yeumbeul Nord, l’assainissement est presque absent. Cette situation résulte d’une combinaison de plusieurs facteurs. Le caractère irrégulier de l’habitat, surtout au niveau des périphéries urbaines à l’image de Yeumbeul Nord, constitue un problème majeur. Le milieu physique est caractérisé par une succession de dunes et de dépressions qui ne favorisent pas l’écoulement de surface. En effet, les eaux de pluie s’accumulent dans les bas-fonds. A cela s’ajoute une nappe peu profonde qui rend difficile l’assainissement. Les pouvoirs publics ont également une grande part de responsabilité à cause de leur incapacité à maitriser l’occupation anarchique et du déficit importantd’infrastructures de base, dont le réseau d’assainissement. En effet, les besoins des populations en services d’assainissement ont considérablement augmenté à cause de l’accroissement fulgurant de la population urbaine. En plus, il n’existe aucun réseau collectif d’assainissement des eaux usées domestiques et pluviales. La faiblesse des revenus est également un problème car les habitants n’ont pas les moyens pour bien gérer les eaux usées. Les eaux pluviales inondent les maisons, les rues et les lieux de travail car elles ne sont pas drainées. Les populations sont vulnérables aux risques d’inondation, de pollution et de maladies hydriques. Par conséquent, l’assainissement des eaux usées domestiques et pluviales apparait comme une nécessité pour assurer unbien-être des populations.

Partant de là, nous nous sommes fixé comme objectif de montrer les facteurs liés à l’absence de l’assainissement à YN et ses conséquences socio-économiques et environnementales sur la vie des populations.

PROBLEMATIQUE

Contexte

L’eau est primordiale pour la survie des êtres vivants. Cependant, son insuffisance en qualité peut être source de nuisances.Lors de son utilisation par l’homme, elle se charge d’éléments qui impactent négativement sa qualité. Consciente des effets négatifs que peuvent entrainés les eaux usées, la communauté internationale a pris l’engagement d’investir dans les services sociaux de base et particulièrement dans les services d’assainissement. En effet, l’objectif est d’assurer une alimentation en eau de bonne qualité et d’améliorer la santé des populations par le biais de l’assainissement. Dans les pays en voie de développement, cet engagement n’est pas encore réalisé. Les problèmes d’assainissement sont toujours d’actualités. L’Agence Japonaise de Coopération Internationale(JICA) soulignait en 1994 la vétusté des réseaux de drainage existants à Dakar depuis 50 ans et le déversement sans traitement des eaux usées domestiques dans la mer en divers endroits de la capitale. Dans la banlieue dakaroise et particulièrement à Yeumbeul Nord, en plus du manque d’infrastructures de base, on note une absence quasi-totale de l’assainissement qui découle de plusieurs facteurs. L’absence de planification et d’aménagement de l’espace urbain et périurbain sont des problèmes majeurs de la banlieue dakaroise. Cette absence de planification se manifeste par des habitats spontanés. En effet, l’accroissement de la population a favorisé une forte poussée démographique périurbaine. Cependant, les déguerpis des quartiers centraux et populaires de Dakar et les migrants ruraux ont fortement contribué à l’augmentation rapide de la population de la Commune d’Arrondissement de Yeumbeul Nord (CAYN).Devant le déficit important des réseaux d’assainissement, la demande en logement a augmenté, poussant les populations à une occupation anarchique de l’espace.« La rapidité et l’ampleur de la croissance démographique n’ont pas permis aux pouvoirs publics de doter les agglomérations de l’ensemble des infrastructures collectives nécessaires à la vie quotidienne. Les problèmes posés par l’eau sont les plus aigus tant sur le plan de sa fourniture que celui de son évacuation» .

« Les populations à majorité pauvres, se livrent à l’auto construction, occupant des espaces instables, des zones non aedificandis où les services d’assainissement sont inexistants » .Avec un manque de respect total des normes d’urbanisation, les populations ont habité dans des zones basses où s’accumulent les eaux de pluies. Ces zones sont difficiles à aménager car la nappe y est affleurante. Au même moment, les besoins en services d’assainissement sont énormes à cause de la forte croissance démographique. Ainsi, la rapide progression de l’urbanisation exacerbe les problèmes sociaux et environnementaux.

La commune de Yeumbeul nord est entièrement située dans la zone des niayes, caractérisée par une succession de dunes et de dépressions.Le cadre de vie des populations souffre de l’absence de système d’évacuation des eaux usées domestiques et pluviales. Les lacs Wouye, Tiouroure et Warouwaye, ainsi que le bassin de rétention de Yeumbeul Nord (YN) constituent des réceptacles d’eaux pluviales. Mais,une bonne partie des eaux pluviales inondent les maisons et les rues car elles ne sont pas drainées.

Dans cette commune, il n’existe aucun réseau d’assainissement collectif.C’est l’assainissement individuel des eaux usées qui existe : latrines avec fosses ou puisards initiés par des programmes tels que le développement social des quartiers de Yeumbeul et le programme d’assainissement des quartiers périurbains de Dakar (PAQPUD). Seule 30% de la population bénéficiait de cet assainissement selon le plan local de développement de 2004 .Malgré ces efforts consentis, le dispositif reste toujours insuffisant comparé à l’accroissement démographique et l’extension des communes . Ainsi, l’assainissement des eaux usées domestiques et pluviales s’impose dans la CAYN, dans un contexte où l’accès à l’eau et à l’assainissement constitue l’un des 7 OMD fixé par l’ONU depuis 2002.Cet objectif qui vise un taux de 75% à l’horizon 2015, risque de ne pas être atteint dans la CA de YeumbeulNord. Le caractère irrégulier de l’habitat et les conditions physiques du milieu constituent des facteurs bloquants.

ANALYSE CONCEPTUELLE 

L’assainissement 

L’assainissement a été défini différemment par certains auteurs et organisations.Tout d’abord, dans le dictionnaire universel, l’assainissement est une action visant à éliminer de l’environnement tout ce qui peut être nuisible à la santé. Il peut aussi être défini comme l’ensemble des techniques de collecte, de transport et de traitement des eaux usées domestiques et pluviales, d’une agglomération, d’un site industriel, d’une parcelle ou d’un ensemble de parcelles avant leur rejet dans le milieu naturel. De ce fait, elle suit une démarche dont la finalité est l’amélioration globale du cadre de vie. Au regard du nouveau code de l’assainissement de 2009, l’accent est mis sur la gestion des eaux usées, des excrétas et des eaux pluviales en vue de prévenir les dommages liés à la santé, à la sécurité de l’homme ainsi qu’à l’environnement.« On entend par assainissement l’ensemble des travaux que doivent effectuer en se conformant aux différents codes liés à l’assainissement, les particuliers, les collectivités et les pouvoirs publics pour faire disparaitre dans les agglomérations toutes causes d’insalubrité ».Selon cette définition de l’OMS, l’assainissement implique donc le contrôle et l’approvisionnement public en eau, l’évacuation des excrétas et des eaux usées, l’élimination des déchets et des vecteurs de maladies. L’assainissement est aussi le traitement des effluents de la ville, de l’agriculture ou de l’industrie ; les eaux pluviales d’un coté, les usées de l’autre, conduites par les égouts à des stations d’épuration ou de lagune .

Dans notre travail, l’assainissement désigne l’ensemble des moyens utilisés pour assurer le transport et le traitement des eaux usées domestiques et pluviales avant de les réutiliser à d’autres fins ou de les rejeter dans la nature. Son but essentiel est de réduire ou de faire disparaitre tous les déchets liquides et solides, contenus dans ces eaux usées, pouvant porter atteinte à l’homme et à son environnement. En effet, il existe plusieurs types d’assainissement, parmi lesquels nous pouvons retenir : l’assainissement collectif et l’assainissement autonome.

L’assainissement collectif

C’est un type d’assainissement qui désigne la mise en place d’un réseau d’assainissement public permettant à toute la collectivité de se raccorder à l’égout. Son but est de collecter, de transporter et de traiter les eaux usées avant de les rejeter dans la nature. Ce type d’assainissement est inexistant dans notre zone d’étude. L’ensemble de la population interrogée dans le cadre de l’enquête ménage soutient qu’il n’existe pas de canalisation ni de réseau d’égout dans la commune. La seule infrastructure d’assainissement collectif existante est un tuyau mis en place par l’Etat du Sénégal depuis 2011. Ce tuyau permet de drainer une partie des eaux pluviales. Mais la quasi-totalité des eaux n’est pas drainée.

L’assainissement autonome

Ce type d’assainissement, encore appelé assainissement autonome désigne l’installation privée d’une personne ou d’un groupe de personne qui n’est pas branché à l’égout. Ce type d’installation est généralement utilisé par les populations qui ne bénéficient pas d’un réseau collectif. A Yeumbeul Nord, c’est l’assainissement individuel qui existe. Cet assainissement est composé de latrines avec fosse. Le DSQY et le PAQPUD ont construit certaines fosses dans la CAYN. Cet assainissement représentait 30% seulement selon le plan local de développement de 2004. Aujourd’hui sur 250 ménages, 249 disposent d’une fosse septique.

Les eaux usées

Une « eau usée » est un liquide impropre à la consommation, à un usage industriel ou domestique. Les eaux usées proviennent essentiellement des activités domestiques et industrielles. Ces catégories d’eaux usées sont communément appelées respectivement eaux domestiques, déchets industriels, infiltrations et eaux pluviales . Cependant celles qui concernent notre sujet sont les eaux usées domestiques et pluviales.

Les eaux usées domestiques

Elles découlent de l’ensemble des utilisations de l’eau par l’homme au sein de la parcelle. Ce sont les eaux utilisées dans la maison pour la toilette, les sanitaires, la cuisine, le linge, etc.

Les eaux de vannes
Elles sont issues des WC et sont constituées des eaux de nettoyage anal pour certains des urines et des matières fécales. Elles sont chargées d’azote, de phosphore, de matières minérales et organiques et surtout de pathogènes fécaux et de micropolluants. En effet, elles constituent un risque sanitaire extrêmement important en raison de leur charge bactériologique élevée (10¹⁰ CF/100ml)  .

Les eauxménagères

Elles regroupent l’ensemble des rejets provenant des multiples besoins domestiques (bain, douche, vaisselle, eau de cuisine, lessive etc.). Elles représentent 70 à 75% des eaux usées domestiques totale. Elles sont riches en matières organiques, minérales et dissoutes.Elles contiennent également des matières en suspension, des graisses, des savons et des détergents divers. Leur teneur en germes pathogènes est relativement faible (10⁵ à 10⁷ CF/100ml) par rapport à celle des eaux vannes. Elles peuvent cependant constituer un risque sanitaire non négligeable.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PROBLEMATIQUE
METHODOLOGIE DE RECHERCHE
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
ANALYSE CONCEPTUELLE
PREMIERE PARTIE : LES PRINCIPALES CAUSES DE L’ABSENCE D’ASSAINISSEMENT : LE CADRE PHYSIQUE, CLIMATIQUE ET HUMAIN
CHAPITRE I : LES FACTEURS PHYSIQUES
DEUXIEME PARTIE : GESTION ET CONSEQUENCES DES EAUX USEES DOMESTIQUES ET PLUVIALES A YN
CHAPITRE IV : LES SYSTEMES D’ASSAINISSEMENT DES EAUX USEES DOMESTIQUES ET PLUVIALES AYN
CHAPITRE V : LES ACTEURS DU SECTEUR DE L’ASSAINISSEMENT
CHAPITRE VI : LES CONSEQUENCES SOCIO-ECONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTALES
CONCLUSION GENERALE
BIBLIOGRAPHIE
LISTE DES ILLUSTRATIONS
ANNEXES

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