Les pratiques alternatives des femmes en agriculture

Diversité des pratiques agricoles et pratiques alternatives

L’hétérogénéité dans les types de fermes et leur structure est une caractéristique de l’agriculture. Elle indique que, contrairement aux prévisions, la modernité n ‘ a pas fait disparaître la diversité. La modernisation avait pour objectifs l’intensification, la spécialisation et la production à grande échelle. Certains agriculteurs ont effectivement embarqué dans cette approche, mais d’autres, cependant, ont développé des stratégies diverses pour s’ajuster aux conditions du marché, des politiques et des nouvelles technologies (PLOEG, 2000). Nous remarquons dans la plupart des pays occidentaux, l’ émergence d’une agriculture duale. C’est-à-dire, la coexistence d’un « secteur modernisé et performant à qui on demande une production alimentaire à bon marché et un secteur plus marginal, traditionnel mais fort utile, notamment pour le maintien de l’occupation humaine dans les zones rurales marginalisées» (JEAN, 1997 : 86).
Quelques pratiques alternatives seront présentées ici, non pas dans l’objectif d’en faire l’inventaire complet, mais simplement d’en donner les exemples les plus courants.
L’ agriculture biologique est certainement l’une des pratiques alternatives les plus connues. En lien avec cette dernière, Dufresne propose l’agriculture du troisième genre; une agriculture où le prestige et les avantages de la science se rapportent sur des techniques plus douces et naturelles (DUFRESNE, s.d.).

Développement de l’agriculture productiviste dans le Bas-Saint-Laurent

Bien que l’agriculture québécoise ait déjà connu des transformations importantes lors de son passage de l’agriculture traditionnelle à l’agriculture marchande, elle fut a nouveau marquée par de profonds changements lors de sa spécialisation dans les années 1960 et 1970 (MORISSET, 1987). Ce processus, une fois enclenché, se développa jusqu’ à la monoproduction. Bien que les activités agricoles demeurent des productions basées sur le travail familial, leur spécialisation changea leur dynamique à bien des égards. L’une de ses conséquences les plus manifestes fut la concentration des exploitations agricoles aux mains d’un nombre toujours plus restreint de producteurs (JEAN, 1997; DOUCET et al.,1994). La spécialisation de l’agriculture entraîna la disparition des exploitations n’atteignant pas la rentabilité dans cette nouvelle économie agricole (JEAN, 1997). Le développement des plans conjoints joua également un rôle majeur dans la concentration des exploitations agricoles. Effectivement, ils permirent aux producteurs voulant rapidement prendre de l’expansion de le faire sans risque de surproduction. Le système de quotas les obligeant à éliminer les plus petits producteurs, ils s’assuraient ainsi un marché pour leurs produits (MORISSET, 1987).

Le mouvement des femmes en agriculture

Les femmes ont toujours investi temps, argent, santé et sécurité dans leur exploitation agricole ou celle de leur père et conjoint. Comme dans bien d’autres secteurs, elles sont longtemps demeurées invisibles et sous-représentées. Elles furent pourtant impliquées dans différentes associations dès 1915 avec les cercles de Fermières, puis en 1939 avec l’Union catholique des fermières (UCF). Selon le témoignage de Marie-Anna Caron, fondatrice de l’UCF: «Le rôle des femmes rurales dans l’établissement d’un syndicalisme agricole fort et vigoureux fut sans doute discret mais déterminant» (OUELLET, 1997 : 5).
L’Association féminine d’éducation et d’action sociale (AFÉAS), toujours active aujourd’hui, fut créée dans les années 1960. L’AFÉAS a entrepris, en 1975, une première étude sur le statut légal et financier des femmes collaboratrices de leur conjoint dans une entreprise. Ce dossier, traité conjointement avec le Conseil du statut de la femme, souleva à la fois beaucoup d’intérêt et d’interrogations. C’est en réaction à cette non-reconnaissance du travail des femmes au sein de l’entreprise de leur conjoint que fut fondée en 1980 l’Association des femmes collaboratrices. Cette dernière faisait des pressions pour: « modifier les lois d’impôt, le code civil, réformer le droit de succession et enlever toute discrimination dans les lois et règlements pour le couple vivant une situation de collaboration» (OUELLET, 1997 : 6).

Agricultrices et innovation

Pour remédier au peu de connaissances encore aujourd’hui disponibles sur les femmes en agriculture, plusieurs auteurs et auteures se sont penchés sur cette question. Selon Moisan, le corpus le plus volumineux concerne l’analyse et la quantification de la contribution des femmes à l’entreprise agricole (MOISAN, 1997). La valeur économique de ce travail a également été questionnée, tout comme le statut officiel des conjointes d’agriculteurs. Finalement, l’accès récent à la propriété par les femmes, son impact dans la prise de décision et la gestion de l’entreprise ainsi que sur la relève féminine furent explorés. Peu de recherches se concentrent sur l’étude des pratiques développées par les agricultrices. Sont-elles différentes de celles développées par les hommes? Sont-elles innovantes, plus respectueuses de l’environnement?
Quelques éléments peuvent toutefois être relevés de la littérature. D’abord, la participation croissante des femmes dans la restructuration de l’agriculture est perceptible notamment par l’augmentation du nombre d’étudiantes dans les facultés d’enseignement en agriculture et dans le secteur professionnel (INHETVEEN, 1998). Il semble même que « women today are irrefutably agents of innovative means and models for the future in agriculture» (INHETVEEN, 1998 : 265).

Représentations du rôle des agricultrices dans le développement des pratiques alternatives

À la question du rôle des agricultrices dans le développement des pratiques alternatives, les réponses sont mitigées. Dans un premier temps, précisons que la majorité des agricultrices, sept d’entre elles, s’accordent pour dire que les femmes en agriculture travaillent à certains égards différemment des hommes. Elles soulignent que la culture des femmes, c’ est-à-dire certaines valeurs, certaines façons de faire et d’être qui, selon elles, caractérisent leurs pratiques, serait davantage axée sur l’ organisation, la négociation, la créativité, la démocratie, le consensus et la facilité à se créer des réseaux.
Plusieurs notent le souci particulier des femmes pour la qualité de vie et leur intérêt pour la santé. Elles auraient une attitude plus prudente vis-à-vis de l’endettement et elles auraient moins tendance à investir pour de la machinerie agricole. Selon ces femmes, les agricultrices apporteraient une « vision différente» des choses, c’est-à-dire qu’elles avanceraient des solutions différentes aux problèmes rencontrés. Notons que ces solutions pourraient parfois être dictées par des situations et ressources elles-mêmes  différentes de celles des hommes. On voit ainsi que les apports des agricultrices apparaissent à leurs yeux comme une contribution spécifique touchant plusieurs volets des pratiques, notamment les manières d’administrer leur entreprise.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE 1 PROBLÉMATIQUE ET MÉTHODOLOGIE
1.1 – Problèmes et question de recherche
1.2 – Pertinence de l’objet de recherche
1.3 – État de la situation
1.3.1 – L’agriculture au Québec
1.3.2 – Diversité des pratiques agricoles et pratiques alternatives
1.3.3 – Les agricultrices au Québec
1.4 – Problématique
1.4.1 – Développement de l’agriculture productiviste dans le Bas-Saint-Laurent
1.4.2 – Les ruptures entre l’agriculture et le monde rural
1.4.3 – Le mouvement des femmes en agriculture
1.4.4 – Agricultrices et innovation
1.5 – Cadre théorique
1.5.1 – Développement durable
1.5.2 – Développement local
1.5.3 – Analyse féministe
1.6 – Hypothèses et questions spécifiques
1.7 – Les concepts opératoires
1.8 – Méthodologie
CHAPITRE 2 LES PRATIQUES ALTERNATIVES DES FEMMES EN AGRICULTURE: UNE VISION DYNAMIQUE
2.1 – Portrait des dix agricultrices et de leur entreprise
2.1.1 – Lise
2.1.2 – Linda
2.1.3 – Dominique
2.1.4 – Pascale
2.1.5 – France
2.1.6 – Johanne
2.1.7 – Chantal
2.1.8 – Anne
2.1.9 – Nicole
2.1.10 – Catherine
2.2 – Typologie des agricultrices
2.3 – Pratiques et représentations des agricultrices
2.3.1 – Leurs représentations du secteur agricole et de l’agriculture durable
2.3.2 – Représentations des pratiques alternatives
2.3.3 – Représentations du rôle des agricultrices dans le développement des pratiques alternatives
2.4 – Motivations et engagements des agricultrices
2.4.1 – Leurs motivations quant au développement de pratiques alternatives
2.4.2 – Leurs implications et vision du développement régional
CHAPITRE 3 L’ALTERNATIVE AGRICOLE AU FÉMININ: LES ATOUTS DES FEMMES 
3.1 – Modes d’ apprentissage adaptés
3.1.1 – L’agriculture: une passion et un choix éclairé
3.1.2 – Des cheminements riches et diversifiés
3.1.3 – Formation continue et autodidactisme
3.2 – Modes de gestion appropriés
3.3 – Modes de protection de la qualité de vie recherchée
CHAPITRE 4 PRATIQUES ALTERNATIVES ET PRATIQUES FINANCIÈRES: Y A-T-IL DES ENJEUX PROPRES AUX AGRICULTRICES ? 
4.1 – L’ accès au financement et au soutien financier: un enjeu de premier plan
4.1.1 – L’accès au financement et au soutien financier pour les pratiques alternatives
4.1.2 – Les autres programmes et les institutions bancaires
4.1.3 – L’accès au financement pour les agricultrices
4.1.4 – Rentabilité pour les pratiques alternatives: rêve ou réalité
4.2 – Des solutions à la précarité financière
4.2.1 – L’ agriculture soutenue par la communauté
4.2.2 – L’agrotourisme
4.2.3 – La multifonctionnalité
CONCLUSION

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