Variabilité spatio-temporelle de l’habitat de ponte de Sardinella aurita

Les populations de petits poissons pélagiques présents dans la zone Sénégal-Mauritanie

Les poissons pélagiques sont des espèces qui vivent dans la colonne d’eau et se distinguent ainsi des poissons de fond démersaux. Ils s’alimentent principalement dans les couches de surface, voyagent souvent en bancs importants et peuplent généralement les écosystèmes d’upwelling. Les principales espèces de petits pélagiques dans la région Nord ouest africaine appartiennent à la famille des Clupeidés, des Carangidés, des Scrombidés et des Engraulidés. Les clupéidés sont représentés par la sardine (Sardina pilchardus : Walbum, 1972) et la sardinelle (Sardinella aurita (Valenciennes, 1847) et Sardinella maderensis (Lowe, 1839)), les Carangidés par le chinchard (Trachurus trachurus (Linnaeus, 1758) et Trachurus trecae (cadenat, 1949)) et la carangue (caranx rhocus (Geoffroy Saint Hilaire, 1817)), le maquereau (Scomber japonicus (Houttuyn, 1782) et l’anchois (Engraulis encrasicolus (Linnaeus, 1758) complètent respectivement pour les Scombridés et les Engraulidés. La plupart de ces espèces possèdent des comportements migratoires qui les amènent à entreprendre d’importants déplacements (Garcia, 1982).

Distribution géographique de Sardinella aurita

Sardinella aurita (Valenciennes, 1847) aussi appelée sardinelle ronde, est une espèce de poisson pélagique qui appartient à la famille des Clupeidés au corps oblong et comprimés (Figure 1.10). Elle se rencontre sur l’ensemble du littoral africain, de la Méditerranée jusqu’au Sud de la Baie de Saldanha (33°S) en Afrique du Sud. Elle est également présente en Mer Noire, dans l’Atlantique Ouest, le long du Golfe du Mexique jusqu’au Brésil où elle soutient d’importantes pêcheries au Vénézuela et au Brésil (Fréon, 1988), ainsi que dans l’Indo-Pacifique (Indonésie, Mer de Chine) (Ghénon and Fontana, 1981) (FAO, 2012) (Figure 1.11). Malgré sa grande aire de répartition, la sardinelle ronde est particulièrement importante dans les zones d’upwelling où la production primaire est importante (Figure 1.1).

Dans l’Atlantique Est, la distribution de la sardinelle ronde est continue le long des côtes de l’Afrique de l’Ouest mais elle se concentre essentiellement dans trois zones (Fréon, 1988). Ces foyers de concentration où les débarquements excèdent les 100.000 tonnes sont situés entre la Mauritanie et la Guinée, (26°N-10°N), entre la Côte d’Ivoire et le Ghana (5°N) et plus au Sud entre le Gabon et le Sud de l’Angola (0-18°S). Dans la zone NordOuest africaine, la sardinelle ronde se trouve sur le plateau continental où elle préfère les eaux salées (> 35 o/oo), non turbides et de température inférieure à 24°C (CamarenaLuhrs, 1986; Fréon, 1988). Contrairement à la sardinelle plate (Sardinella maderensis), la sardinelle ronde se trouve généralement loin des côtes et peut se rencontrer sous la thermocline en saison chaude (période de faible enrichissement) jusqu’à des profondeurs de 200 mètres (Fisher et al., 1981).

Au niveau de la zone Nord-Ouest africaine, l’existence de deux stocks est souvent évoquée : le stock sédentaire saharien (22°N-30°N) et le stock sénégalo-mauritanien (12°N22°N) qui effectue des migrations Nord-Sud (Maxim and Maxim, 1988; Garcia, 1982; Chavance et al., 1991).

Sardinella aurita de la zone sénégalo-mauritanienne

Cycle de vie
La sardinelle ronde de la zone sénégalo-mauritanienne a une espérance de vie moyenne relativement courte (3-4 ans) et une longueur maximale de 31 à 36 cm (Boëly, 1979; Boëly et al., 1982; Pascual-Alayón et al., 2008; Samba, 2011). Néanmoins en dehors des eaux Nord africaines, la sardinelle peut atteindre un age de 7-8 ans (Ben-Tuvia, 1960). La croissance est rapide et sexuellement différenciée ; les femelles présentent les taux de croissance les plus rapides et sont plus grandes que les mâles. Les œufs de sardinelle de taille comprise entre 1 et 2 mm (Ben-Tuvia, 1960), éclosent après environ 24 heures (Conand, 1977). Au Sénégal les larves grandissent au minimum de 3 cm en un mois et les juvéniles atteignent 12 cm en quatre mois (Conand, 1977). En zone mauritanienne, la croissance de Sardinella aurita est également rapide, de l’ordre de 1.5 cm par mois pour les tailles variant de 20 à 25 cm et 1.2 cm par mois pour les tailles comprises entre 25 et 30 cm (Ould sidina et al., 2006). Sardinella aurita se nourrit de plancton (Fréon, 1988), principalement de phytoplancton (diatomées, débris d’algues vertes ou brunes) et de détritus chez les juvéniles. Au fur et à mesure qu’elle se développe, le régime devient zooplanctonique (copépodes, cladocères, dinoflagellés, larves de cirripède) et la taille des proies augmente. Cependant, (Morote et al., 2008) indique que le régime alimentaire des larves de Sardinella aurita dans le Nord-Ouest de la Méditerranée est basé sur les copépodes. La reproduction des sardinelles est externe et se déroule dans la colonne d’eau au-dessus des profondeurs moyennes du plateau continental, entre les isobaths 30 et 50 mètres. En zone sénégalo-mauritanienne, la reproduction de cette espèce est très étalée dans le temps avec une période de reproduction maximale de mai à septembre (Boëly et al., 1982) (Tableau 1.1). La reproduction est importante en mai au Sud de Dakar, se poursuit en juin sur l’ensemble des côtes sénégalaises et vers le Nord jusqu’au Cap Timiris (19°N) pour se terminer en juillet-août devant les côtes mauritaniennes (Boëly et al., 1982; Fréon, 1988; Cury and Fontana, 1988; Lévénez, 1993). Au cours de cette période, les larves se concentrent dans de vastes nourriceries, localisées plus particulièrement de la Gambie à la presqu’île du Cap Vert, le long des côtes mauritaniennes entre 17° et 18° N, sur le Banc d’Arguin et dans la baie du Lévrier. Au Sénégal une seconde ponte plus côtière est observée en octobre-novembre à laquelle ne participent que de jeunes reproducteurs. Des pontes de faible importances ont encore lieu entre janvier et mars et le devenir des larves entraînées alors vers le sud et le large reste incertain (Conand, 1977; Boëly et al., 1978). Plus récemment Diouf et al. (2010) ont observé une reproduction continue durant toute l’année chez Sardinella aurita avec des pics en mars et mai puis en septembre. L’étude de (Samba, 2011) réalisée dans la Baie de Hann au Sud de Dakar montre une ponte de faible amplitude en Février-Mars, la reproduction se fait principalement en octobre-novembre. Cependant les échantillons qui ont servi à ce travail viennent des pêcheurs locaux, la provenance de ces poissons (Dakar ou ailleurs) est incertaine. Enfin (Ndiaye, 2013) observe une deux périodes en Mars-Juin et Novembre-Décembre. Les informations disponibles semblent indiquer que la saisonnalité n’est pas très bien marquée et que les différences observées des périodes de reproduction pourraient être liées à une variabilité interannuelle du milieu qui a un impact réel sur le cycle de reproduction des espèces (Boëly et al., 1982). Dans la zone Mauritanienne, deux périodes de pontes ont également été trouvées. (Chavance et al., 1991) identifie une période en Juillet-Août et une autre en Décembre-Janvier. L’étude de Pascual-Alayón et al. (2008) conclut à l’existence d’une période principale de ponte (Juin, Juillet et août) et une seconde (Novembre et Décembre). Ainsi, la sardinelle ronde se reproduit toute l’année mais de façon irrégulière.

Caractéristiques migratoires 

Un stock unique de population de Sardinella aurita a été identifié dans les eaux côtières de la région Nord-Ouest africaine entre 10° N et 25° N. A l’intérieur de cette région, entre le Sénégal, la Mauritanie et le Maroc, la sardinelle effectue des migrations saisonnières sur l’ensemble de l’aire de répartition du stock (Boëly, 1979) (Figure 1.12) à la recherche de zones de convergence à proximité des upwelling pour des besoins d’alimentation et de reproduction (Boëly et al., 1982). Ces déplacements sont assurés d’une part par des sous-stocks de jeunes individus (juvéniles et jeunes reproducteurs) n’effectuant que des migrations d’amplitude limitée à l’intérieur des nurseries, et d’autre part un sous stock commun d’adultes grands migrateurs, qui parcourent l’ensemble du secteur (Fréon, 1988). En début d’année la majorité du stock est concentré au Sud du Sénégal et de la Gambie, le départ vers le Nord débute en avril et s’intensifie en juillet, lorsque les eaux tropicales chaudes et moins riches envahissent le plateau continental jusqu’au Cap Timiris (Mauritanie). II est probable que la majorité des jeunes sardinelles après s’être reproduits, regagnent le stock principal et remontent alors vers le Nord, où les conditions de vie sont plus favorables (Fréon, 1988). Ces poissons arrivent en Juillet Aout à la latitude du Banc d’Arguin (Boëly et al., 1982; Boëly, 1979). Autour de Aout Septembre, les débarquements chutent en Mauritanie, probablement parce que la sardinelle continue sa migration vers le Maroc.

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Table des matières

1 Introduction Générale
1.1 Contexte générale
1.2 Les upwellings
1.3 Le système d’upwelling Nord africain
1.3.1 Caractéristiques Physiques
1.3.2 Caractéristiques biogéochimiques
1.4 Les populations de petits poissons pélagiques présents dans la zone SénégalMauritanie
1.4.1 Distribution géographique de Sardinella aurita
1.4.2 Sardinella aurita de la zone sénégalo-mauritanienne
1.5 Objectifs de la thèse
1.6 Structure de la thèse
2 Matériels et méthodes
2.1 Introduction
2.2 Modèle hydrodynamique ROMS
2.2.1 Le modèle
2.2.2 ROMS dans la zone Nord-Ouest Africaine
2.2.3 Configuration ROMS SM1 et SM2
2.3 Le modèle couplé physique-biogéochimique ROMS-PISCES
2.4 Modèle individu centré ICHTHOP
3 Modélisation des premiers stades de vies de Sardinella aurita
3.1 Introduction
3.2 Analyse de la sensibilité des facteurs biologiques
3.3 Résumé de l’article
3.4 Article FOG-12094 : Do Sardinella aurita spawning seasons match local retention patterns in the Senegalese–Mauritanian upwelling region ?
3.5 Introduction
3.6 Methodology
3.6.1 Hydrodynamical modeling
3.6.2 Individual-based Lagrangian model
3.6.3 Release experiments
3.6.4 Data
3.7 Results
3.7.1 Evaluation of hydrodynamic solutions
3.7.2 Larval Retention patterns
3.8 Discussion
3.9 Conclusion
4 Variabilité spatio-temporelle de l’habitat de ponte de Sardinella aurita
4.1 Introduction
4.2 Modélisation de l’habitat de ponte de la sardinelle
4.2.1 Calcul de l’habitat de potentiel de ponte
4.2.2 Validation de la simulation interannuelle ROMS-PISCES
4.3 Variabilité de l’habitat de ponte potentiel
4.3.1 Variabilité saisonnière
4.3.2 Variabilité interannuelle
4.4 Discussion
4.4.1 Habitat de ponte et stratégie de reproduction
4.4.2 Habitat de ponte et migration saisonnière de la sardinelle
4.4.3 Impact des conditions environnementales sur la variabilité interannuelle du stock de sardinelle
4.5 Conclusion
5 Conclusion Générale

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