Les politiques urbaines américaines des cinquante dernières années

Les politiques urbaines se sont succédé aux Etats-Unis depuis les années 1950. Caractérisées par un investissement de l’Etat fédéral ou par son désengagement, elles avaient pour but de traiter les problèmes des villes, résultant de leur organisation physique et sociale. Une vue d’ensemble synthétique de ces politiques, avant de les expliquer plus en détail, peut être illustrée par le schéma suivant. Il représente leur succession au cosurs des cinquante dernières années, parallèlement à l’évolution de la structure spatiale des villes et des changements de gouvernements.

L’étalement spatial des villes, conséquence des politiques fédérales en matière de logement et d’infrastructures routières 

La ville américaine des années 1950 est caractérisée par un étalement spatial et le développement des banlieues résidentielles. L’expansion de ces quartiers périphériques est favorisée par l’image véhiculée par la société américaine d’un cadre de vie idéal pour la famille, qui est un compromis entre la ville et la campagne. Les banlieues assurent cette fonction tandis que la ville-centre se limite aux fonctions économiques et à l’accueil des immigrés (Ghorra-Gobin, 1997). La ville américaine s’étend alors de façon concentrique autour d’un centre des affaires dynamique, le Central Business District. Cette expansion spatiale des villes est à mettre en parallèle avec les politiques fédérales menées à l’époque dans les domaines du logement et des infrastructures routières. En effet, dès les années 1930, le gouvernement incite les ménages à acquérir un logement en banlieue en instaurant de faibles taux d’intérêt pour les emprunts. De plus, une politique de développement du système autoroutier du pays est mise en place dans les années 1950. En 1956, la loi Federal Aid Highway Act assure le financement du réseau autoroutier sur l’ensemble du territoire, vaste projet de planification entrepris par l’Etat fédéral (Ghorra-Gobin, 1998). Ces politiques ont contribué au phénomène de suburbanisation des villes américaines. Les banlieues se sont développées, attirant une population aisée qui délaisse les centres occupés désormais par les populations défavorisées restantes, n’ayant pas les moyens de déménager dans les quartiers périphériques.

Une politique urbaine sociale dans les années 1960 

Face aux problèmes sociaux engendrés par la concentration des populations pauvres dans certains quartiers de la ville, le gouvernement met en place une politique urbaine à caractère social dans les années 1960. De nombreux programmes et lois, permettant à l’Etat fédéral d’intervenir directement au niveau de la ville, sont votés pour aider les populations défavorisées. Le but est de lutter contre la pauvreté et d’enrichir les ghettos, quartiers pauvres situés à proximité du centre ville, pour éviter le départ des classes moyennes vers les banlieues. Durant cette période, les aides à la personne doublent aussi bien dans le domaine médical que dans celui de l’emploi ou de l’éducation. En 1965, un nouveau secrétariat d’Etat chargé du Logement et du Développement est créé (HUD : Housing and Urban Development). Il prend en charge le logement des populations les plus pauvres. Un nouveau programme lancé en 1966, les Model Cities, a pour but d’améliorer les conditions de vie des populations défavorisées. Pour cela, des quartiers-cibles sont désignés à l’intérieur de plusieurs villes américaines. Le but est d’y créer des emplois et de rénover les logements, tout en assurant l’amélioration de l’instruction, de la santé, la réduction de la criminalité et de la délinquance, le développement de la culture et des transports. L’implication des acteurs publics, privés et associatifs, ainsi qu’une importante participation civique sont encouragées pour atteindre les objectifs préconisés par le programme des Model Cities (Body-Gendrot, 1998). Ce programme prend fin en 1974. Au cours des années 1960, la participation de la population concernée par les différents programmes mis en place au niveau local est fortement encouragée. Une loi suivra, votée en 1972, pour favoriser la création d’associations pour le développement communautaire (CDC : Community Development Corporation). Ces associations contribuent à la revitalisation des quartiers délaissés des villes-centres. « Le gouvernement fédéral passe un contrat avec les habitants qu’il charge d’une mission de développement économique et de rénovation de l’habitat » (Body-Gendrot, 1998). Malgré les nombreuses actions mises en œuvre par l’Etat fédéral dans les années 1960 en matière de politique urbaine, un déclin des centres-villes ainsi que l’expansion des quartiers périphériques continuent d’être observés au début des années 1970.

Les années 1970 : une politique urbaine à caractère économique 

Un changement de politique s’opère à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Les politiques urbaines menées jusque là, à caractère plutôt social, prennent une orientation plus économique. Ce changement s’effectue avec l’élection du président républicain Richard Nixon, qui succède à huit ans de présidence démocrate. L’Etat fédéral ne souhaite plus intervenir directement auprès des villes et décentralise les programmes gouvernementaux. En 1972, une loi est votée pour permettre le partage des recettes fiscales de l’Etat fédéral avec les Etats et les villes (Global Revenue Sharing), afin que les gouvernements locaux prennent en charge la politique sociale. La loi de 1974, Housing and Community Development Act, stipule que les programmes fédéraux des années 1960 seront regroupés « sous forme de larges budgets (« block grants ») laissés à la discrétion des élus locaux dans les domaines de la rénovation urbaine, du développement rural, éducatif, du transport, de la sécurité et de la formation » (Body-Gendrot, 1998). Ainsi, les subventions fédérales sont accordées aux gouvernements locaux qui décident de leur usage. Cette loi a pour but de favoriser la rénovation des quartiers les plus pauvres, situés dans des zones qualifiées de prioritaires. Mais l’identification de ces secteurs reste floue et les investisseurs privés se montrent peu intéressés par ces quartiers pauvres, délaissés par les services municipaux. En 1977, une nouvelle loi sur les programmes de développement urbain est votée, Urban Development Action Grants, afin de revitaliser les projets de rénovation des centresvilles en s’appuyant sur des financements publics et privés. Cette loi permettra d’augmenter les subventions destinées aux villes, en particulier celles du Nord-Est, considérées alors comme plus en difficulté que celles du Sud ou de l’Ouest. Le début de la présidence démocrate de James Carter en 1977 sera marqué par le souhait de l’Etat fédéral de réorienter les « block grants » vers les quartiers les plus pauvres, et de renforcer le poids des associations communautaires telles que les Community Development Corporations. Néanmoins, la politique urbaine menée par le gouvernement fédéral reste économique, l’aspect social est passé au second plan.

Retour de l’Etat fédéral dans la politique urbaine 

Au milieu des années 1990, un nouveau programme fédéral urbain est mis en place par l’administration Clinton, marquant le retour de l’Etat fédéral dans les villes : le programme des Empowerment Zones. Ces « zones de redynamisation sociale » sont situées dans des quartiers défavorisés économiquement et socialement, et sont sélectionnées selon une liste de critères précis. « L’objectif consiste à la fois à développer l’emploi dans ces territoires ciblés par différentes aides aux entreprises, incitations fiscales, taux d’intérêts plus faibles, microcrédits et à le rendre accessible aux résidants de ces territoires par des actions de formation, d’accompagnement social, des aides pour la garde des enfants, les préparant à être compétitifs sur le marché du travail. […] Le programme préconise fortement la constitution de partenariats entre les habitants, les élus locaux, les associations communautaires, les services sociaux et le secteur privé qui doivent travailler ensemble à la définition d’une stratégie de revitalisation des territoires concernés et à sa mise en œuvre » (Bacqué, 2006). L’objectif est d’atteindre une autosuffisance de ces quartiers défavorisés en y maintenant sa population et en créant des liens avec d’autres quartiers. Aucune action particulière ne sera menée par le gouvernement fédéral en matière de politique urbaine dans les années 2000, si ce n’est des coupes budgétaires dans les fonds attribués aux gouvernements locaux, marquant un nouveau retrait et désintérêt de l’Etat fédéral dans les affaires urbaines.

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Table des matières

Introduction
Partie 1 Les Politiques urbaines aux Etats-Unis
1. Les politiques urbaines américaines des cinquante dernières années
2. L’American Recovery and Reinvestment Act
3. Vers la définition d’une problématique de recherche
Partie 2 Etude de l’affichage internet des politiques urbaines
1. Les villes de l’étude
2. Les sites internet officiels des villes américaines consacrés à l’American Recovery and Reinvestment Act
3. Critères d’évaluation de l’affichage des nouvelles politiques urbaines impulsées par l’ARRA sur les sites internet des villes
Partie 3 Résultats de l’étude
1. Mise en évidence d’un degré d’affichage internet des nouvelles politiques urbaines impulsées par l’ARRA
2. De la communication à la réalité du terrain : lien entre affichage internet des politiques urbaines et engagements réels des villes
Conclusion
Bibliographie
Table des figures
Table des matières
Annexes

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