Les poissons d’eau douce en tant qu’espèces exotiques envahissantes

Présentation du sujet 

Introduction

La mondialisation avec l’augmentation des commerces, des voyages et du transport de marchandises a été bénéfique pour de nombreux pays, cependant elle a également facilité la propagation des espèces exotiques envahissantes (EEE) à travers le monde (McNeely et al. 2001) . Les EEE peuvent être définies comme des espèces introduites (volontairement ou accidentellement) par l’Homme, dans un nouveau territoire hors de son aire de distribution naturelle, dont l’implantation et la propagation menacent les écosystèmes, les habitats ou les espèces indigènes avec des conséquences sur les services écologiques et/ou socio-économiques et/ou sanitaires négatives. Ces espèces possèdent des traits biologiques en commun : un développement rapide les rendant très compétitives par rapports aux autres espèces, une capacité d’adaptation et une résistance supérieure, une capacité de reproduction importante et peu de prédateurs naturels (UICN, 2016).

D’après l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) il est bon de distinguer espèce exotique, c’est à dire une espèce introduite mais qui n’a pas forcément d’impacts négatifs, et les espèces exotiques envahissantes qui sont à l’origine d’impacts importants de manière directes ou indirectes. Les impacts des EEE peuvent être regroupés selon cinq catégories (UICN, 2016) :

1-Impacts sur la biodiversité : ces espèces entraînent une compétition avec les espèces indigènes et peuvent transmettre des parasites et maladies, ce qui peut être responsable d’une disparation de certaines espèces.
2-Impacts sur le fonctionnement des milieux : changements des propriétés du sol, des plans d’eau et cours d’eau (érosion des berges…).
3-Impacts sur la santé humaine : certaines espèces peuvent être vectrices et/ou des réservoirs de maladies.
4-Impacts socio-économiques : elles peuvent engendrer des pertes de production, des dégâts divers et des coûts pour les gérer. On estime que la gestion des EEE à l’échelle européenne aurait des coûts annuels dépassant 12 milliards d’euros. Les impacts des EEE sont vastes, ils peuvent toucher aussi bien le domaine agricole que celui de la santé.
5- Impact sur la sécurité humaine : dans les milieux aquatiques, les densités importantes de certaines espèces entraînent des problèmes comme dans des systèmes de refroidissement des centrales électriques.

Au niveau mondial et européen, des dispositions juridiques sont mises en place afin de lutter contre les EEE, par exemple, la convention CITES (Commerce International des Espèces Sauvages) témoigne d’une prise de conscience de cet enjeu au niveau mondial. Un règlement européen a été aussi mis en place le 22 octobre 2014, il est relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des EEE dans l’Union Européenne (Règlement (UE) N°1143/2014). D’après l’UICN, l’objectif au niveau mondial est que : « D’ici 2020, les espèces exotiques envahissantes et les voies d’introductions soient identifiées et classées en ordre de priorité, les espèces prioritaires soient contrôlées ou éradiquées et que des mesures soient en place pour gérer les voies de pénétration, afin d’empêcher l’introduction et l’établissement de ces espèces » (UICN, 2016). En France, l’UICN a déclaré que les EEE constituent la troisième source de perte de biodiversité sur la planète (Le Monde.fr, 2019). Il est vrai qu’une espèce de poissons d’eau douce sur cinq est menacée et la majorité de ces espèces sont importées volontairement ou involontairement notamment à cause des activités humaines pour des fins commerciales, ou même sportives (UICN, 2016).

En France environ 36% des espèces ont été introduites pour le loisir pêche, suivie, à égalité, par la curiosité scientifique et par la lutte biologique (19%) puis par accidents (15%) et pour l’aquaculture (11%) (figure 2) (P. Keith et Allardi 1997).

Le choix des espèces, problématique et hypothèse 

Les poissons d’eau douce constituent le groupe le plus impacté par les espèces invasives. La carpe (Cyprinus Carpio) et la truite fario (Salmo trutta) qui sont des poissons connus en Europe font partie de la liste des 100 espèces exotiques envahissantes parmi les plus néfastes du monde (IUCN-The World Conservation Union et Invasive Species Specialist Group 2000).

La carpe est un poisson qui appartient à la famille des cyprinidés. Elle a été introduite dans de nombreux pays à travers le monde car c’est une espèce appréciée en aquaculture pour la pêche de loisir et elle peut être utilisée comme espèce ornementale (Koehn et al. 2000). Elle affectionne les eaux stagnantes ou lentes (étangs, lacs, rivières) avec des substrats de vase ou de sable riche en végétation aquatique. C’est un poisson se nourrissant principalement de débris végétaux, mais aussi de petits mollusques, vers et larves d’insectes vivant dans la vase. La carpe « fouille » le fond du cours d’eau de manière à trouver sa nourriture (Keith et al. 2011). Cette espèce de par son alimentation, sa capacité de résistance importante face aux conditions environnementales et d’autres phénomènes expliqués dans la partie résultat entraîne de nombreux impacts sur les écosystèmes aquatiques (Koehn et al. 2000).

La truite est un poisson différent de la carpe car elle va apprécier des eaux beaucoup plus fraiches, en effet elle supporte mal des eaux supérieures à 17°C. C’est une espèce lithophile, qui dépend donc de substrats minéraux (pierreux) sur lesquels elle se reproduit (Crowl et al. 1992). Ce poisson se nourrit principalement d’invertébrés benthiques et les gros individus vont être plutôt piscivores, en se nourrissant de chabots, vairons, loches et d’autres juvéniles (Philippe Keith et al. 2011). La truite est l’un des poissons les plus recherchés par les pêcheurs, c’est pour cette raison qu’elle a été introduite dans plusieurs endroits du globe (Jones et al. 2017). Son impact est important dans différents pays où elle a été implantée notamment du fait de la prédation, la compétition et l’hybridation qu’elle entraine sur les espèces présentes (Townsend 1996) (Carosi et al. 2020).

D’après l’INPN, la truite fait partie de la liste des espèces de poissons protégés sur l’ensemble du territoire Français national (« Liste des espèces de poissons protégées sur l’ensemble du territoire français national » s. d.). L’objet de ce PFE est dans un premier temps, d’identifier les impacts directs et indirects de la truite (Salmo Trutta) et de la carpe (Cyprinus Carpio) dans les écosystèmes d’introduction en dehors de l’Europe. Puis d’étudier dans un second temps les méthodes mises en place pour mesurer et réduire l’impact de ces deux espèces. La truite (Salmo Trutta) et la carpe (Cyprinus Carpio) ont été choisies comme cas d’étude, car ce sont des espèces qui vont entraîner d’importants impacts dans les différents lieux d’introductions. Ces deux espèces étant différentes, il est intéressant de pouvoir les comparer entre elles au niveau de leurs impacts dans les différents écosystèmes d’introductions, mais aussi les méthodes qui seront prises pour mesurer et réduire leurs effets néfastes. A partir des différents constats faits précédemment, la problématique suivante a été posée : la truite et la carpe sont des poissons bien implantés dans nos cours d’eau et même soumis à une certaine protection (truite), cependant quels vont être leurs impacts sur les écosystèmes aquatiques dans d’autres endroits du globe ? Et comment mesurer et gérer l’impact de ces espèces ? Ainsi, deux hypothèses peuvent être posées. La première hypothèse est que ces deux espèces auront des impacts négatifs dans leurs lieux d’introductions. La deuxième hypothèse est qu’en fonction de leur position dans les niveaux trophiques les deux espèces auront des impacts différents.

Synthèse des différents impacts 

Carpe :
Les différents auteurs sont unanimes sur l’impact de la carpe notamment en Australie. Il est vrai que suivant le pays les impacts vont être plus ou moins perçus différemment. En effet d’après Vilizzi et al (2015), pas moins de 129 expériences évaluant l’impact des carpes sur les écosystèmes aquatiques dans 19 pays différents ont été réalisées. Les différentes expériences ont été réalisées en laboratoire et en condition réelle.

Ainsi ces études ont testé l’impact de la carpe sur différents critères : la turbidité, l’azote, le phosphore, le phytoplancton (chlorophylle a), les macrophytes, le zooplancton, les invertébrés benthiques et sur les amphibiens. En effet, une proportion considérablement élevée d’études (entre 66 % et 87%) a montré que la carpe augmentait la turbidité (solides en suspension), l’azote, le phosphore et la biomasse de phytoplancton. Cependant, 13 à 29% de ces évaluations n’ont détecté aucun effet de la carpe et 2 à 5% ont constaté une diminution. De plus, dans 68% à 90% des expériences, une diminution de l’abondance des macrophytes aquatiques, des invertébrés benthiques et des poissons a été constatée même si la carpe affichait un faible impact sur ces critères. Ces études ont été réalisées dans 19 pays différents. Ainsi pour chaque critère impacté, un score de 1 est donné et chaque score correspondant à un critère impacté est additionné pour pouvoir émettre un score de risque  . Quand il n’y a aucun impact, un score de 0 est attribué.

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Table des matières

Présentation du sujet
Introduction
Le choix des espèces, problématique et hypothèse
Synthèse des différents impacts
Carpe
Truite
Mesure de l’impact de la carpe
Méthode pour réduire l’impact de la carpe
Les méthodes directes
Méthode indirecte
Mesure de l’impact de la truite (Salmo Trutta)
Méthode pour réduire l’impact de la truite
Discussion
Comparaison des méthodes pour mesurer l’impact entre la truite et la carpe
Comparaison des méthodes pour réduire l’impact
Conclusion
Bibliographie 

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