Les particules finales enclitiques dans le dialecte de Baoding

Le dialecte de Baoding et les catégories TAME : Aperçu général 

Le dialecte de Baoding : une introduction typologique 

Langues sinitiques et dialectes mandarins 

Le chinois, une seule langue ?
Selon la définition du Dictionnaire des langues (Peyraube, 2011 : 979), “Les langues sinitiques ou langues chinoises constituent l’une des deux branches de la famille des langues sino-tibétaines, l’autre branche étant le tibéto-birman. Comme taxon ou sous-groupe de langues, elles sont aussi diverses que les langues romanes ou germaniques de la famille indo-européenne. Ainsi, le cantonais et le mandarin, sous leurs formes parlées, ne sont pas du tout mutuellement compréhensibles, au même titre que le roumain et le portugais, ou l’anglais et l’allemand”.

Les langues sinitiques sont connues sous le nom de « dialectes chinois » (fāngyán 方言) dans la tradition locale. Depuis longtemps, le chinois est considéré pour des raisons politiques et culturelles comme une seule langue avec de nombreux dialectes régionaux, non seulement dans la vision que se fait le grand public du chinois, mais aussi dans le domaine de la linguistique, où le chinois standard (en anglais Mandarin) est souvent considéré comme représentatif de l’ensemble des langues sinitiques. Ainsi Norman (1988 : 3) parlait dans l’introduction de son ouvrage Chinese d’une « seule langue chinoise existant sous un grand nombre de formes, autant écrites que parlées ». Chao (1968 : 13) avait aussi justifié le titre de son ouvrage A Grammar of Spoken Chinese en insistant sur la grande uniformité syntaxique observée dans tous les dialectes de la langue chinoise, et considérait qu’on pouvait parler d’une « grammaire universelle du chinois ».

Néanmoins, dans le domaine de la linguistique moderne, le fait de considérer les diverses variétés de chinois comme une seule langue est problématique. Handel (2015 :34-35) et Peyraube (2011 :979) s’accordent à dire que l’intercompréhension est un critère important pour savoir si on a affaire à des langues distinctes ou à des dialectes d’une seule langue : deux variétés sont considérées comme deux langues distinctes dans le cas où les locuteurs ne se comprennent pas mutuellement. Selon cette définition, fontils remarquer, les différents « dialectes » chinois ne peuvent pas être considérés comme des dialectes d’une seule langue. Ils doivent plutô t être considérés comme un groupe de langues génétiquement apparentées ayant un seul ancêtre commun relativement récent, le chinois ancien, remontant à l’époque de la dynastie Han (206 AEC-220). Le terme de « langues sinitiques » renvoie à cette réalité, comme on parle de « langues romanes » pour désigner les langues qui descendent d’un seul ancêtre commun, le latin. C’est celui que nous utilisons dans ce travail.

Les langues sinitiques ont souvent été considérées comme typologiquement homogènes, étant caractérisées par exemple par les traits suivants : voici les 7 paramètres phonétiques, morphologiques et syntaxiques proposés par Norman (1988 : 11) pour situer typologiquement le chinois moderne parmi les langues d’Asie.

1) Les morphèmes sont monosyllabiques
2) La langue est une langue à tons
3) Une seule consonne est tolérée en début de syllabe
4) La langue est morphologiquement et syntaxiquement analytique
5) l’emploi de classificateurs est obligatoire avec les numéraux
6) la langue présente l’ordre des constituants Adjectif-Nom
7) la langue présente comme ordre des constituants de la phrase l’ordre SVO (SujetVerbe-Objet) .

Le dialecte de Baoding, un dialecte mandarin 

Selon les cartes B 1-3 de l’Atlas linguistique de la Chine publié par l’Académie des Sciences Sociales de la Chine (CASS) (Liu Shuxue 2012), la langue (variété de chinois) parlée à Baoding est un dialecte qui appartient au mandarin de Ji-Lu (冀鲁 话 Jì-Lŭ guānhuà, littéralement « mandarin du Hebei et du Shandong »), l’un des dialectes mandarins distingués par cet atlas. Les autres sont : le mandarin du nord est, le mandarin de Pékin, le mandarin de Jiao-Liao (péninsules du Jiaodong et du Liaodong), le mandarin des Plaines Centrales, le mandarin de Jianghuai (région du Fleuve Bleu et de la Huai), le mandarin du sud-ouest et le mandarin du nord-ouest (ou Lan-Yin : de Lanzhou et Yinchuan). Cette classification reflète l’évolution historique de la langue chinoise, et se base essentiellement sur l’évolution des consonnes sonores du chinois ancien et et des codas occlusives, à savoir, les syllabes caractérisées comme relevant du ton « entrant » rusheng du chinois ancien (voir Li Rong, 1985). La norme phonétique choisie pour le chinois standard est le pékinois, qui relève de la variété de mandarin appelée « mandarin de Pékin ».

D’après de ce que nous connaissons de la formation des diverses langues sinitiques (Coblin, 2000 ; Paris, 2011 :996), les dialectes mandarins se sont formés dans le nord de la Chine à l’époque de la dynastie Song (960–1279). A la chute des Song du Nord en 1127, la capitale est transférée de la capitale du nord, Kaifeng 开封 à Hangzhou 杭州, situé dans l’actuelle province du Zhejiang (deux villes connues à l’époque sous les noms de Bianliang 汴梁 et Lin’an 临安), l’usage de la langue de Kaifeng étant préservé à Hangzhou pendant la dynastie des Song du sud. Pendant la dynastie Yuan (1271–1368), la capitale est à Pékin, c’est à cette époque qu’on fait remonter la formation du mandarin du nord. La base de pouvoir de la nouvelle dynastie Ming (1368–1644) est située à Nankin. Une nouvelle forme de mandarin apparait, le mandarin du sud, qui restera la langue de l’administration jusqu’à la première moitié du19ème siecle, même après le transfert de la capitale à Pékin en 1421. Ainsi la première grammaire du mandarin connue, l’Arte de la lengua Mandarina de F. Varo (1703), reflète le mandarin du sud (Coblin, 1998). Les missionnaires européens traduisent le terme guānhuà 官话 par « mandarin ». Depuis l’époque Ming, il existe donc au moins deux branches distinctes de mandarin bien identifiées : le mandarin du nord, dont la formation remonte à l’époque Yuan, et le mandarin du sud, apparu à l’époque Ming. Cette opposition entre mandarin du sud et mandarin du nord est manifeste au niveau phonologique, comme l’a montré Baxter (2006) dans son étude sur la phylogénie de dix dialectes mandarins. Le dialecte de Baoding s’inscrit clairement dans la lignée du mandarin du nord.

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Table des matières

Liste des tableaux, des figures et des cartes
Liste des tableaux
Liste des figures
Liste des cartes
Abréviations et conventions
Introduction
PARTIE I. Le dialecte de Baoding et les catégories TAME : Aperçu général
1. Le dialecte de Baoding : une introduction typologique
1.1. Langues sinitiques et dialectes mandarins
1.1.1. Le chinois, une seule langue ?
1.1.2. Le dialecte de Baoding, un dialecte mandarin
1.2. Le dialecte de Baoding : introduction géographique et historique
1.2.1. La ville de Baoding hier et aujourd’hui
1.2.2. Le dialecte de Baoding
1.3. Eléments de phonologie du Baoding
1.3.1. Structure syllabique
1.3.2. Consonnes (22 phonèmes consonantiques)
1.3.3. Voyelles (16 phonèmes vocaliques)
1.3.4. Tableau des rimes (35 rimes)
1.3.5. Catégories tonales
1.3.6. Sandhi tonal
1.4. Eléments de morpho-syntaxe du dialecte de Baoding
1.4.1. La morphologie du Baoding
1.4.1.1. Morphologie nominale
a. La dérivation diminutive
b. le suffixe du pluriel
c-1. Le classificateur et le numéral
c-2. Réalisation phonétique du classificateur derrière le numéral
d. La réduplication
1.4.1.2. Morphologie verbale
a. Les suffixes verbaux et les autres affixes
a-1. Le suffixe verbal –tʂo
a-2. Les suffixes verbaux –lɛ et –lo
a-3. Le suffixe verbal –kuɤ
a-4. Autres affixes
b. La réduplication
1.4.2. Syntaxe : quelques généralités
a. Ordre des mots
b. Pronoms personnels et démonstratifs
b-1. Les pronoms personnels dans le dialecte de Baoding
b-2. Les pronoms démonstratifs dans le dialecte de Baoding
c. Voix passive et causative : le marquage de l’objet et les divers rôles obliques
d. Types de phrases
e. Autres parties du discours entrant en interaction avec les particules enclitiques marquant des 8 catégories TAME
2. Cadre théorique et
2.1. Les catégories du temps et de l’aspect
2.1.1. La catégorie du temps
2.1.2. La catégorie de l’aspect
2.1.2.1. L’aspect grammatical et aspect lexical
2.1.2.2. Les travaux antérieurs sur les catégorisations aspectuelles de verbes
2.2. Les catégories du mode et de la modalité
2.2.1. La catégorie de la modalité et les types de modalité
2.2.2. La catégorie du mode et les types de phrases
2.2.3. Récapitulatif : mode et modalité
2.3. La catégorie de l’évidentialité
2.3.1. Le système évidentiel : état de l’art
2.3.1.1. L’évidentialité : une catégorie grammaticale
2.3.1.2. Les types d’évidentialité selon Aikhenvald
2.3.2. L’évidentialité et la modalité
2.4. (Inter) subjectivité et (inter)subjectification
3. Les particules finales enclitiques du dialecte de Baoding : vue d’ensemble
3.1. Les particules finales : dans la perspective typologique
3.1.1. Typologie des particules finales
3.1.2. Les particules finales dans les langues de l’Asie : les différences avec les langues indoeuropéennes
3.1.3. Les particules finales dans les langues sinitiques
a. L’inventaire des particules finales et leur distribution dans chaque paradigme
b. Le statut controversé de 了 le et le débat autour des valeurs de TAM des particules finales du chinois standard
c. Les valeurs sémantiques, les fonctions syntaxiques et la portée des particules finales
3.2. Les particules finales enclitiques et leur organisation en paradigmes dans le dialecte de Baoding
3.2.1. Les règles universelles régissant de l’ordre des morphèmes fonctionnels
3.2.2. Les trois paradigmes des particules finales en Baoding
3.3. Les particules de mouvements associés
3.3.1. Typologie des mouvements associés
3.3.2. Le mouvement associé dans les langues australiennes et les langues d’Amérique du sud
3.3.3. Le MA dans les langues sinitiques
3.4. Les valeurs TAME
3.4.1. Les valeurs temporelles
3.4.2. Les valeurs aspectuelles
3.4.3. Les valeurs modales
3.4.4. Les valeurs évidentielles
3.5. Modalités interpersonnelles
3.5.1. Modalités interpersonnelles dans les langues sinitiques
3.5.2. Types de phrase interrogative en baoding
3.6. Recueil et analyse des données
PARTIE II. Les particules finales du dialecte de Baoding : études de cas
4. Mouvement associé : =tɕ hi et =lɛ
4.1. Les travaux antérieurs sur le mouvement associé et les paramètres sémantiques décrits dans une perspective typologique
4.1.1. Le mouvement associé, une « nouvelle » catégorie grammaticale
4.1.2. Les paramètres sémantiques organisant les systèmes de mouvement associé d’un point de vue typologique
4.2. Le mouvement associé en baoding : comparaison avec les directionnels déictiques et la sérialisation
4.2.1. Particule de mouvement associé vs. Verbes en série en baoding
4.2.1.1. Les propriétés prosodiques de « GV=tɕ hi » et « GV=lɛ »
4.2.1.2. La distinction entre le mouvement associé et la sérialisation
4.2.2. Mouvement associé v. directionnels déictiques en baoding
4.3. Les paramètres sémantiques du mouvement associé dans Baoding d’un point de vue typologique
4.4. Les propriétés sémantiques des verbes de mouvement associé et l’interaction avec son encodage en baoding
4.4.1. Les caractéristiques sémantiques du codage de mouvement associé
4.4.2. L’interaction entre les marqueurs de MA et d’autres particules enclitiques
4.4.3. « Round-trip motion»
4.5. Fonction pragmatique discursive du morphème de mouvement associé dans le dialecte de Baoding
4.6. Résumé du chapitre
5. Imperfectif du présent et du passé : la particule =ni et la particule =lɛ.tʂo
5.1. La particule =ni en baoding
5.1.1. La particule ne en chinois standard
5.1.1.1. Les divers emplois de ne en chinois standard
5.1.1.2. Les analyses divergentes sur le rôle aspectuel de ne en chinois standard
5.1.2. Les emplois de la particule finale enclitique =ni dans le dialecte de Baoding
5.1.2.1. Les cas où la particule =ni est obligatoire dans le dialecte de Baoding
5.1.2.2. Les cas où l’emploi de la particule =ni est exclu
5.1.2.3. La particule =ni dans les phrases interrogatives et les complétives en Baoding
a. Phrases interrogatives et particules modales
b. Les complétives avec la particule =ni
5.2. La particule =ni et les classes de verbes en baoding
5.2.1. Les classes de verbes du chinois standard
5.2.2. Les classes de prédicats en baoding
5.2.2.1. Catégorie I des prédicats d’état de propriété permanente
5.2.2.2. Catégorie II des prédicats d’état épisodique
5.2.2.3. Catégorie III des verbes de posture
5.2.2.4. Catégorie IV des verbes de placement
5.2.2.5. Catégorie V-a des verbes sémelfactifs
5.2.2.6. Catégorie V-b des verbes d’activité
5.2.2.7. Catégorie VI-a des verbes d’achèvement (ponctuels)
5.2.2.8. Catégorie VI-b des composés verbaux de structure « procès+résultat »
5.2.3. Conclusion sur l’utilisation de =ni comme critère de classification des verbes
Conclusion

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