Les oligodendrogliomes intracrâniens

Les oligodendrocytes :

   Ces cellules représentent environ 40% des cellules du système nerveux central et sont métaboliquement les plus actives. Leur corps cellulaire est très petit, et présente un noyau dense (hyperchromatique), sphérique ou ovalaire, avec un cytoplasme résistant aux techniques de coloration de routine.Les oligodendrocytes sont pourvus de prolongements cytoplasmiques longs, peunombreux et peu ramifiés mais dont la surface réelle est considérable. Suivant leur localisation, on distingue : les oligodendrocytes inter-fasciculaires, qui longent les fibres nerveuses de la substance blanche et les oligodendrocytes du cortex, qui sont étroitement liées au pericaryon des neurones réalisant l’aspect de satellitose péri-neuronale (Figure 1). L’une des fonctions principales des oligodendrocytes consiste en la myélogénèse axonale par l’intermédiaire de leurs prolongements dendritiques. Les oligodendrocytes expriment la GFAP durant leur maturation, et pourraient le faire de nouveau lors des modifications métaboliques accompagnant leur transformation néoplasique.

Via la cellule OPC (oligodendroglial precursor cell)

   La compréhension de l’oligodendrogénèse via la cellule O-2A a été bouleversée depuis les années 2000 par la découverte de deux gènes dénommés Olig1 et Olig2 impliqués précocement au cours de la différenciation oligodendrogliale [26, 27,28,29]. Ceci a remis en cause l’existence des cellules O-2A, en découvrant une voie de différenciation oligodendrogliale parfaitement séparée de celle de l’astrogénèse. Des études récentes ont montré que le pic de formation des astrocytes est plus précoce que celui des oligodendrocytes, ce qui rend difficile l’existence d’un ancêtre O-2A commun. De plus, les expériences ont montré que l’oligodendrogénèse était un phénomène focal de localisation ventrale, différente des zones embryologiques dorsales génératrices de précurseurs d’astrocytes [24].

DESCRIPTION DES OLIGODENDROGLIOMES :

   Bailey et Cushing, en 1926, donnent la première description histopathologique de l’oligodendrogliome, basée sur une étude de 9 cas. Puis, en 1929, elle sera complétée par celle de Bailey et Bucy qui en précisent les caractères anatomocliniques et font remarquer sa lenteur évolutive. [33]. L’oligodendrogliome selon Cushing et Baily est « un type particulier de tumeur au sein de laquelle sont parfois observés d’occasionnels astrocytes. Les cellules tumorales comportent un noyau arrondi dont le réseau chromatinien est dense ainsi qu’un cytoplasme formé par un anneau peu coloré par les colorations de routine. Entre ces cellules, se trouve un matériel indéterminé qui n’est pas marqué par les colorations spéciales neurofibrillaires, neurogliques, ou du tissu conjonctif… Il n’est pas observé de mitose et ces tumeurs tendent à se calcifier… sur les colorations de routine, l’aspect de ces tumeurs est très évocateur ». Depuis cette description, les oligodendrogliomes ont conservé leur réputation de tumeur monomorphe ayant un aspect très caractéristique, immédiatement reconnaissable par leur forme « en nid d’abeille » avec un halo clair périnucléaire. Baily et Cushing décrivent également, en 1926, la présence d’un riche réseau capillaire de type endocrinoïde « chickenwire pattern ». Ils proposent un grading sur des critères cytologiques et sur la détermination du type cellulaire prédominant [34]

Classifications embryogénétiques :

  Les classifications histologiques des tumeurs du SNC étaient purement descriptives avant Baily et Cushing. Et la valeur pronostique s’est progressivement imposée avec le développement des techniques neurochirurgicales. Les classifications embryogénétiques sont basées sur plusieurs principes :
• Les catégories histologiques sont isolées selon la ressemblance des cellules tumorales avec les types histologiques identifiés au cours de l’ontogenèse du parenchyme cérébral.
• Le comportement des tumeurs est directement fonction du type cellulaire prédominant [35]. Baily et Cushing ont appliqué ce principe pour établir une classification histopronostique selon une maturité et une malignité croissante : la survie est d’autant plus courte que la tumeur reproduit un stade plus précoce dans l’échelle de la maturation.Plusieurs tentatives de classifications embryogénétiques seront réalisées, en particulier par Penfield [36], Hortega [37], et Kernohan [38], mais sans corrélations anatomocliniques, ce qui rend ces classifications subjectives du fait qu’elles sont basées sur l’analyse des caractéristiques cytologiques tumorales et le type cytologique dominant. Néanmoins, elles permettent l’individualisation de l’oligodendroblastome, initialement introduit par Penfield [36]

Différenciation versus anaplasie et grading histologique des gliomes :

   Contrairement à Baily et Cushing, Kernohan [39], propose à partir de 1949 un système de grading histopronostique permettant d’évaluer le degré de malignité des gliomes, en faisant intervenir la notion de différenciation cellulaire. Il montra que son système était corrélé à la survie sur une série de 161 patients. Les tumeurs sont classées en quatre grades de malignité croissante, selon la présence ou non de critères d’anaplasie : Cependant, il était difficilement applicable et peu reproductible, car il ne comportait pas moins de onze critères spécifiques (aspect cytologique) ou non spécifiques (nombre de mitoses, polymorphisme nucléaire, nécrose, prolifération vasculaire endothéliale,…) (Tableau I). Ringertz établit, en 1950 [40] un grading simplifié regroupant les grades 3 et 4 de Kernohan. Il sera plus utilisé par les pathologistes américains, tandis que celui de Kernohan le sera plus par les pathologistes européens. Cependant, ces grading ne sont pas adaptés aux oligodendrogliomes et ces tumeurs seront toujours divisées en deux catégories : oligodendrogliomes et oligodendroblastomes, héritées des classifications histogénétiques de Penfield [36].

Classifications de l’OMS 

   La première classification officielle des tumeurs cérébrales a été établie en 1979 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Plusieurs systèmes étaient alors utilisés : la classification histogénétique de Baily et Cushing [34], et ses variantes [1, 42], le système de Kernohan à quatre grades [39], et le système de Ringertz à trois grades. Un consensus n’ayant pas pu être trouvé au moment de la réunion officielle de l’OMS, il a été choisi d’établir un compromis entre les différents systèmes en usage. Le système OMS est basé sur des critères cytologiques et sur le type cellulaire prédominant, chaque catégorie ayant une valeur histopronostique. Le principe d’un grading histologique de malignité n’a cependant pas été retenu, principalement sur les deux arguments suivants :
• un échantillon n’est pas toujours représentatif de la totalité de la tumeur.
• le grading des gliomes peut progresser dans le temps. Cette classification utilise, tout de même, une cotation de I à IV basée sur l’estimation clinique de l’évolution habituelle de chaque type de tumeur. Les oligodendrogliomes sont ainsi décrits comme « une tumeur essentiellement composées de cellules oligodendrogliales… » et les caractéristiques classiques sont reprises : aspect en nid d’abeille, calcifications. Deux grades sont décrits : II et III. La richesse du réseau capillaire et le degré d’hyperplasie endothéliale définissent plus le grade II. Le grade III (oligodendrogliome anaplasique) est un « oligodendrogliome qui contient des foyers d’anaplasie… quand la tumeur s’est transformée en une lésion très fortement anaplasique, il est impossible de la distinguer histologiquement du glioblastome…». Cette classification de l’OMS a été révisée en 1993 [43]. Cependant, elle est toujours restée basée sur le type cellulaire dominant avec individualisation des entités nouvelles comme les tumeurs neuroépithéliales dysembryoplasiques (DNT) et des reclassements : les oligoastrocytomes (initialement classés comme tumeur oligodendrogliale) sont reclassés dans les gliomes mixtes. Le grading Sainte-Anne des astrocytomes est implicitement pris en compte,mais le grading des oligodendrogliomes reste peu changé, on parle cependant de « prolifération endothéliovasculaire ». Pour les oligodendrogliomes de grades II, l’hyperplasie endothéliale est absente ou discrète, alors que pour les oligodendrogliomes anaplasiques une prolifération endothéliovasculaire peut être présente et associée à d’autres critères d’anaplasie. Cette classification a été encore révisée en 2000 [39] puis en 2007, et c’est cette dernière version de la classification OMS qui est actuellement utilisée. Les oligodendrogliomes sont de classe II lorsqu’ils présentent un aspect bien différencié (aspect typique « en nid d’abeille »). La présence d’atypies nucléaires marquées et des mitoses occasionnelles est compatible avec un oligodendrogliome de grade II, mais une activité mitotique «significative», une prolifération microvasculaire marquée, ou de substantiels phénomènes de nécrose indiquent une progression vers un oligodendrogliome anaplasique (OMS grade III)

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Table des matières

INTRODUCTION
RAPPEL
I.HISTOLOGIE DES CELLULES GLIALES
1.Les oligodendrocytes
2.Les astrocytes
3.Les cellules NG2+
4.Les cellules épendymaires
II. L’OLIGODENDROGENÈSE
1. Les phases de l’oligodendrogénèse
2.Etapes de la différenciation des oligodendrocytes
3.Facteurs de croissance nécessaires à l’oligodendrogénèse
4.Facteurs de transcription impliqués dans l’oligodendrogenèse
III.DESCRIPTION DES OLIGODENDROGLIOMES
IV.CLASSIFICATIONS DES OLIGODENDROGLIOMES
1.Classifications embryogénétiques
2.Différenciation versus anaplasie et grading histologique des gliomes 3.Classifications de l’OMS
4.Classification de SAINTE-ANNE
PATIENTS ET METHODES
RESULTATS
I.Données épidémiologiques
1.Répartition selon les années
2.Répartition selon le sexe
3.Répartition selon l’âge
II.Données cliniques
1.Délai diagnostic
2.Symptomatologie clinique
III.Les données para cliniques
1.La tomodensitométrie (TDM)
2.L’imagerie par résonnance magnétique (IRM)
IV.Traitement
1.Traitement médical
2.Données chirurgicales
3.Traitement adjuvant
V.Résultats histologiques
1.Répartition selon le type et le grade histologique
2.Immunohistochimie
3.Biologie moléculaire
VI.Evolution
1.post opératoire immédiate
2.Evolution à moyen et long terme
DISCUSSION
I.Données épidémiologiques
1.Fréquence
2.Répartition selon le sexe
3.Répartition selon l’âge
4.Facteurs étiologiques
II.Données cliniques
1.Délai diagnostic
2.Le mode de révélation
III.Données paracliniques 
1.La Tomodensitometrie (TDM) des oligodendrogliomes
2.L’imagerie par résonance magnétique (IRM)
3.Particularités des oligoastrocytomes
4.La tomographie par émission de positrons (TEP)
IV.Analyse histologique et biologie moléculaire 
1.Grade de malignité
2.Immunohistochimie
3.Biologie moléculaire
V.diagnostic différentiel 
1.Sur le plan clinique
2.Sur le plan radiologique
3.Sur le plan histologique
VI.Traitement
1.Traitement médical préopératoire
2.Traitement chirurgical
3.Traitement adjuvant
VII.Surveillance post-thérapeutique
1.Clinique
2.Radiologique
VIII.Pronostic 
1.Survie
2.Les facteurs pronostiques
3.La récidive
4.Les métastases
CONCLUSION
ANNEXES
RESUMES
BIBLIOGRAPHIE

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