Les Mystères romains de Caroline Lawrence, un voyage au cœur de l’Antiquité romaine

Naissance de la littérature de jeunesse et du roman historique

Dans cette première sous-partie, nous présenterons la naissance et le développement de la littérature de jeunesse et du roman historique. Nous verrons qu’aujourd’hui ce domaine de la littérature est fortement étendu et connaît un important succès.
La littérature pour la jeunesse a rencontré des difficultés pour s’imposer et son succès est tardif comparé à la littérature en général. Dans Littérature jeunesse , Karine Delobbe remonte aux origines de la littérature jeunesse. Elle nous informe qu’au XVIIe siècle, l’instruction était un privilège princier. Elle se réfère à l’un des premiers livres faisant partie de la littérature de jeunesse et étant réservé à un enfant de haut rang : il s’agit des Aventures de Télémaque de Fénelon, dédié au petit-fils du Roi-Soleil. Ce n’est qu’au siècle des Lumières que le statut de l’enfant évolue. Comme le précise Karine Delobbe, il n’est plus considéré comme « un adulte en miniature » mais il retient l’attention des pédagogues et l’idée d’une littérature spécifique voit le jour. Au XIXe siècle, on voit alors apparaître des librairies spécialisées pour la jeunesse. Le statut d’éditeur est désormais reconnu en tant que véritable profession. De grands éditeurs voient alors le jour. Parmi eux, nous pouvons citer :
Pierre-Jules Hetzel qui crée la première collection pour la jeunesse en 1842. Il est à l’origine des éditions des romans de Jules Verne réunis sous le titre Voyages extraordinaires dans les mondes connus et inconnus.
Louis Hachette qui est le fondateur de la fameuse « Bibliothèque rose » apparue en 1860. Les magazines pour enfants émergent également. Hachette lance La Semaine des enfants, de 1857 à 1876 et Hetzel, le Magasin d’éducation et de récréation, de 1864 à 1915. Au XXe siècle, l’édition pour la jeunesse devient un secteur dynamique, sans cesse en évolution et toujours créatif. Les livres pour enfants obéissent à des répertoires divers : la première guerre mondiale est une toile de fond pour de nombreuses publications ; lors de l’après-guerre, le livre pour enfants a pour mission de transmettre un message de paix et de tolérance.

Définition du roman historique pour la jeunesse

Comme le note Bertrand Solet, la formule-même du « roman historique » peut apparaître comme un « non-sens ». En effet, le roman est synonyme de fiction, alors même que l’Histoire évoque une réalité du passé. Pourtant, le roman historique existe et allie donc fiction et Histoire. Bertrand Solet donne une définition précise du roman historique par le biais d’une citation de Claudie Bernard dans Lire à l’école : « le roman doit faire preuve d’une volonté de distanciation, de reconstitution et d’explication ». Ainsi le roman historique apporte-t-il des connaissances qui permettent une réflexion et une prise de conscience des réalités du passé.
L’Histoire, dans le roman historique, peut avoir une place variée. Le passé peut être lointain ou proche voire contemporain du lecteur. L’Histoire peut servir de cadre ou « être prétexte à décor ou bien anecdote ». Sur le site de l’Université de Lille consacré à la littérature de jeunesse, les rédacteurs précisent que malgré l’exigence de vérité due à l’Histoire, les auteurs ne renient pas la liberté de créer ou d’inventer. C’est d’ailleurs dans cette alliance de l’imaginaire et des faits historiques que réside la richesse des romans historiques. Le roman historique est donc le point de jonction entre la vérité historique et l’imaginaire de l’auteur. Jeanine Vignon dans son article « Le Moyen Age, des romans, des auteurs. Cycle 3/ 6e / 5e19 » résume ainsi cette idée : « Le roman est une fiction, une invention d’auteur ; l’Histoire est la réalité du passé […] C’est une évocation du passé, à travers une fiction, dont la qualité de l’écriture et de l’invention contribue au plaisir de lire».

Les personnages dans Les Mystères romains : un univers enfantin

Les personnages dans Les Mystères romains sont multiples. Personnages principaux ou secondaires font avancer l’intrigue. L’univers des romans est principalement enfantin puisque les héros sont de jeunes enfants. Il sera donc essentiel de montrer l’importance de la notion d’identification pour le lecteur.

Les personnages principaux

Dans les Mystères romains, nos quatre héros et protagonistes sont de jeunes enfants. Flavia, Jonathan, Nubia et Lupus ont respectivement dix ans, dix ans et demi, onze ans et huit ans et demi, au début de leurs aventures. Si Caroline Lawrence a choisi de jeunes héros pour voyager dans l’Histoire, ce n’est pas un hasard. En effet, ses romans sont destinés à la jeunesse, ce qui facilite ainsi l’identification du lecteur aux personnages, une méthode astucieuse pour intégrer le lecteur dans l’histoire et le familiariser au mieux avec l’Histoire.
Lorsque les lecteurs se reconnaissent à travers un ou plusieurs personnages, ils deviennent plus attentifs et réceptifs à la lecture. L’identification est un processus d’assimilation de caractéristiques d’autres personnes. La personne qui s’identifie se confond avec un autre individu. En effet, elle y retrouve certains traits de caractères ou sentiments et peut se trouver dans des situations similaires. Cela est nécessaire à la construction de l’identité de l’enfant et l’intérêt qu’il peut porter au récit.

Leurs rapports avec les adultes

Les Mystères romains peignent un univers enfantin, mais les jeunes héros sont également en relation avec des adultes que nous pouvons classer selon deux types : les adultes adjuvants et les adultes opposants. Les personnes bienveillantes sont surtout les parents ou amis proches. Elles permettent d’offrir aux héros, ainsi qu’au lecteur, un cadre rassurant et sécurisant. Les pères de Flavia et de Jonathan sont deux figures importantes : ils sont toujours présents pour leurs enfants et reflètent la vie de famille, importante pour le jeune lecteur. Dans Du Sang sur la via Appia, le père de Flavia se montre très attentionné envers sa fille. Lors de son anniversaire, il lui laisse choisir son cadeau et accepte d’acheter Nubia, alors que le marchand augmente les prix : L’étiquette autour du cou de la jeune fille annonçait six cents sesterces et maintenant Venalicius en demandait sept cents. Flavia eut envie de hurler que c’était injuste. Mais elle se mordit la lèvre et ravala sa rage. Les larmes lui brouillaient la vue. Elle avait été si près de sauver la jeune fille. Si près d’avoir enfin une amie de son âge. Si près de… Très bien, entendit-elle dire son père répondre d’une voix tout à fait naturelle. Voilà .

Les histoires parallèles à l’intrigue principale : susciter l’émotion du lecteur

Plusieurs concepts tels que l’amour ou encore la famille sont présents dans les romans. Autant de notions intemporelles qui s’inscrivent dans l’univers enfantin du lecteur et permettent de créer un climat émotionnel entre l’enfant et l’œuvre. Sensible aux thèmes qui lui sont familiers, ce dernier pénètre plus facilement dans l’histoire.
Les Mystères romains se déroulent certes dans la Rome antique mais l’auteur relate l’Histoire par le biais de sujets universels permettant aux enfants-lecteurs de se projeter eux-mêmes dans la vie de leurs héros. Ainsi, Caroline Lawrence aborde le thème de l’amour, fortement présent dans les romans. Plusieurs personnages connaissent l’amour ou ce dernier concept intervient parfois dans le déroulement même d’une intrigue.
Miriam, la sœur de Jonathan, suscite de nombreuses attentions par sa beauté. Lors de sa première apparition dans le tome 1, le narrateur nous la décrit ainsi : « Une jolie jeune fille d’environ treize ans apparut, une petite jarre de terre à la main. » Plusieurs personnages tombent sous son charme et se querellent par jalousie, sentiment connu et parfois ressenti par le jeune lecteur.
Dans le tome 5, Aristo, le tuteur de Flavia secrètement amoureux de Miriam, se bat avec Pline le Jeune, neveu de Pline l’Ancien. En effet, Aristo, jaloux de la relation amicale et intime qu’entretiennent Pline et Miriam, provoque son rival : Après quelques instants de combat farouche, les positions furent inversées : Aristo, cheveux et tunique couverts de poussière, maintenait à présent leur hôte dans une clé de bras et de jambes élaborée. Il lui tordit le bras. C’est toi qui as triché ! Tu essaies d’acheter son affection avec des cadeaux. Avoue que tu l’aimes. Jamais ! hoqueta Pline […] Et toi, pourquoi tu n’avoues pas que tu l’aimes ? Sans problème ! s’écria Aristo […] J’avoue que je l’aime. Je ne suis pas un lâche comme toi ! Je l’avoue et le monde entier peut l’entendre. J’aime Miriam.

Les périodes de l’Histoire dans le roman historique

Si le roman historique pour la jeunesse a aujourd’hui acquis une légitimité honorable, Bertrand Solet explique que c’est principalement parce qu’il répond au désir des jeunes de connaître leur passé. Remonter aux origines de la civilisation ou découvrir une période plus ou moins contemporaine serait un besoin essentiel à la construction identitaire des élèves. Le critique ajoute que le roman historique s’adresse en particulier aux jeunes à partir de dix ans, âge où l’enfant est plus en mesure de comprendre et mesurer le décalage temporel qu’il existe entre son époque et celle contenue dans la fiction.
Raymond Perrin constate le développement, depuis 2001, des collections consacrées au roman historique. Il cite alors plusieurs exemples : « Les romans de la mémoire » chez Nathan Jeunesse, «Histoire d’Histoire» aux Éditions Rue du monde ou encore « Milan poche Histoire » chez Milan Jeunesse, collection dans laquelle est publiée la série Les Mystères romains depuis 2002. Ainsi, les romans historiques se sont largement développés. De nombreuses périodes de l’Histoire sont alors représentées. Bertrand Solet répertorie les différentes époques exploitées par le roman historique afin d’en montrer toute la richesse : La préhistoire , La société égyptienne, L’Antiquité : Rome et la Grèce, Le Moyen-âge, Les guerres de religion et la Renaissance,  Versailles et la Révolution, La Commune de Paris, La Première Guerre mondiale, La guerre de 1939 et l’Holocauste, L’Algérie et la France. Le roman historique jeunesse actuel explore donc l’Histoire dans toute sa chronologie permettant au lecteur de découvrir son passé et les coutumes, événement ou mœurs des siècles précédents. Cette richesse met en évidence la volonté pédagogique des auteurs mais aussi des éditeurs. Ils souhaitent tous offrir une culture au lecteur. Dans Les 1001 Livres d’enfants qu’il faut avoir lus pour grandir, les romans historiques occupent une place considérable. L’ouvrage répartit les livres en fonction de l’âge.

Le rapport de stage ou le pfe est un document d’analyse, de synthèse et d’évaluation de votre apprentissage, c’est pour cela rapport-gratuit.com propose le téléchargement des modèles complet de projet de fin d’étude, rapport de stage, mémoire, pfe, thèse, pour connaître la méthodologie à avoir et savoir comment construire les parties d’un projet de fin d’étude.

Table des matières

Introduction 
CHAPITRE I  :Le roman historique : une Histoire contée 
1. L’essor du roman historique dans la littérature de jeunesse
1.1. Naissance de la littérature de jeunesse et du roman historique
1.2. Définition du roman historique pour la jeunesse
1.3. Les sous-genres du roman historique
1.3.1. Le classement des sous-genres
1.3.2. Le cas des Mystères romains
2. Les personnages dans Les Mystères romains : un univers enfantin 
2.1. Les personnages principaux
2.1.1. Leurs statuts sociaux et leurs histoires familiales
2.1.2. Leurs caractères
2.1.3. Leurs rôles dans les romans
2.2. Leurs rapports avec les adultes
2.3. Leurs rapports avec les animaux, personnages typiques des écrits pour enfants
3. L’écriture fictionnelle dans Les Mystères romains 
3.1. Les schémas narratifs, traits caractéristiques d’une histoire fictive
3.2. L’univers des Mystères romains : un clin d’œil à la jeunesse du lecteur contemporain
3.2.1. Les histoires parallèles à l’intrigue principale : susciter l’émotion du lecteur
3.2.2. L’humour : arme nécessaire d’une écriture destinée à un jeune public
CHAPITRE II :La transmission du savoir dans le roman historique 
1. Le roman historique : une volonté éducative 
1.1. Les périodes de l’Histoire dans le roman historique
1.2. Les difficultés auxquelles sont confrontés les auteurs : les mentalités, le temps, le langage
1.3. La narration informée et l’information narrativisée
2. Le savoir historique transmis dans Les Mystères romains : un savoir intégré à la fiction
2.1. Les événements historiques
2.1.1. Des événements vécus par les personnages
2.1.2. Des personnages témoins et narrateurs de l’Histoire
2.2. Une peinture de la société romaine
2.2.1. La violence, une réalité historique
2.2.2. Les faits de société
2.2.3. Les lois sociales et leur fonctionnement
2.2.3.1. La condition des esclaves
2.2.3.2. La justice romaine
2.3. La religion et les mythes
2.3.1. Les pratiques religieuses
2.3.2. Les Mystères romains : un voyage dans la mythologie
2.3.2.1. Des personnages mythologues
2.3.2.2. Des mythes au service de l’intrigue
2.4. Les personnages historiques
2.4.1. Les personnages politiques et les grands hommes
2.4.1.1. Les personnages ayant un rôle dans la fiction
2.4.1.2. Les références
2.4.2. Les écrivains
2.4.2.1. Pline et Quintilien : personnages intégrés dans la fiction
2.4.2.2. Les références
2.4.3. Les personnages principaux : une distance temporelle avec le lecteur contemporain
3. L’approche didactique des Mystères romains : une volonté pédagogique explicite 
3.1. Le langage didactique
3.1.1. Une première approche de la langue latine
3.1.2. Les Mystères romains : sur la piste du dictionnaire
3.2. Le paratexte éditorial
3.2.1. Les repères géographiques
3.2.2. Les repères chronologiques
3.2.3. Le glossaire
3.3. Le roman historique à l’école
Conclusion

Rapport PFE, mémoire et thèse PDFTélécharger le rapport complet

Télécharger aussi :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *