Les monnaies complémentaires et le dialogue des prix

Qu’est-ce que la monnaie ?

Selon Plihon (2013, p.3) : « Dans une économie d’échange qui est complexe et décentralisée comme la nôtre, la monnaie remplit une triple fonction de calcul économique, de paiement et de réserve de valeur. ». Premièrement, en tant qu’unité de compte, elle permet de mesurer la valeur de biens hétérogènes. C’est un moyen universel d’expression de la valeur des flux et des stocks. Deuxièmement, en tant qu’intermédiaire d’échange, elle permet d’acquérir n’importe quel bien ou service, y compris le travail humain. Elle a permis l’affranchissement de la condition de double coïncidence des désirs qui était lié au troc. Finalement, en tant que réserve de valeur, elle permet l’accumulation de richesses tout en gardant sa valeur pour être tout de suite réutilisable. Cela permet le transfert du pouvoir d’achat dans le temps. Nous pourrions également citer une quatrième fonction, qui est celle du pouvoir libératoire des dettes que confère la monnaie. En effet, dans nos pays occidentaux, la monnaie est le seul instrument pour pouvoir effacer des dettes. Il existe deux types de monnaie, la monnaie scripturale, qui est une monnaie immatérielle. Elle circule dans l’économie et s’échange par l’intermédiaire de cartes de crédit, de chèques, etc. Cette monnaie est convertible en monnaie fiduciaire, qui est l’ensemble des billets et des pièces de monnaie, c’est la monnaie dite matérielle. Aujourd’hui, il faut savoir que la monnaie fiduciaire ne représente plus que 10% de la masse monétaire et que les 90% restants sont sous forme de monnaie scripturale3. Étant donné qu’aujourd’hui la monnaie est majoritairement sous forme scripturale et émise par les banques, il est important de s’intéresser au mécanisme de la création monétaire par ces dernières.

Son fonctionnement

La création monétaire est l’injection de nouvelles liquidités dans notre économie. Aujourd’hui, le principal moyen de création monétaire passe par le crédit et, au niveau microéconomique, se fait de banque à particulier. Prenons un exemple, Monsieur X à besoin de 2’000CHF supplémentaires. Il va donc voir son banquier et celui-ci lui accorde un crédit de 2’000CHF. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le banquier ne va pas aller prendre cet argent dans les réserves de la banque ou dans le compte épargne d’un autre client, mais il va le créer de toute pièce. En effet, lors d’un crédit, le banquier crée de la monnaie scripturale qu’il ajoute sur le compte du client. Cette monnaie était inexistante avant le crédit, on parle alors de création monétaire « ex nihilo », c’est-à-dire à partir de rien. Ensuite vient le moment du remboursement, le taux d’intérêt étant de 10%, Monsieur X doit rembourser les 2’000CHF initialement prêtés en plus la somme de 200CHF d’intérêt. La banque recevra donc 2200CHF, les 200CHF d’intérêts serviront de bénéfice à la banque tandis que les 2000CHF seront détruits. Les banques sont tout de même limitées par une réglementation prudentielle qui impose aux banques des limites dans le montant total de leurs prêts.

Elles doivent respecter un ratio de solvabilité qui stipule que le montant total de leurs fonds propres doit être au minimum de 8% par rapport au total leurs prêts. En d’autres termes, si la banque détient 1000CHF de fonds propres, elle ne pourra prêter plus de 12’500CHF.4 Nous remarquons tout de même que la création monétaire par les banques privées se fait donc sur de la dette et que sans crédit il n’y aurait pas de monnaie scripturale. La base de notre économie repose donc sur la confiance des gens en cette monnaie virtuelle en circulation et sur les institutions bancaires qui la garantissent. De plus, pouvons-nous réellement parler de monnaie lorsque nous constatons qu’il ne s’agit, finalement, que d’une promesse de paiement en monnaie fiduciaire ? Comme nous l’explique Derudder (2012, p.33), lorsque nous recevons notre relevé de compte indiquant que nous avons mille francs suisses, en réalité nous n’avons que la promesse de la banque de nous procurer mille francs suisses en monnaie centrale si nous le demandons et quand nous le demanderons.

Sujet à controverse

Ainsi, même si ce fonctionnement est aujourd’hui légal en regard du droit, il incite à se poser des questions. Est-ce normal que l’argent soit créé par des privés et que ces derniers reçoivent des intérêts sur cette création ? Combien cela coûte-t-il à la société d’avoir abandonné la création monétaire aux banques privées ? N’est-ce pas ce mécanisme qui conduit à l’endettement toujours plus important des États ? Les réponses à ces questions resteront ouvertes et devront faire l’objet d’un autre travail tant il y a de matière à développer sur le fonctionnement actuel de nos institutions monétaires. Cependant, pour apporter quelques éléments de réflexion, il m’a semblé intéressant d’observer à la pensée de certains économistes de haut niveau, comme Maurice Allais, économiste français et Prix Nobel d’économie en 1988, qui considère que : « La création monétaire doit relever de l’État et de l’État seul. Toute création monétaire autre que la monnaie de base par la Banque centrale doit être rendue impossible, de manière que disparaissent les « faux droits » résultant actuellement de la création de monnaie bancaire. » Allais (1999, p. 95) Il rajoute que cette monnaie qui serait créée par l’état devrait être prêtée aux banques moyennant un petit taux d’intérêt qui deviendrait, dès lors, une ressource pour l’État.

L’état créerait la monnaie et les banques n’auraient plus le droit de prêter de l’argent qu’elles n’auraient pas. De plus, de nos jours les pouvoirs politiques dépendent de manière croissante du pouvoir monétaire et cela apparaît clairement dans notre société où l’économie conditionne de plus en plus nos choix et celui des politiques. Philippe Derudder rajoute même que : « Lorsque Mayer Amschel Rothschild, fondateur des banques Rothschild, avait déclaré : « Donnez-moi le droit d’émettre et de contrôler l’argent d’une Nation, et alors peu m’importe qui fait ses lois. », il ne faisait que dire tout haut ce que bien d’autres pensaient tout bas et révélait ainsi au grand jour ce qui se joue dans les coulisses de l’argent. ». Derudder (2012, p. 20) Pour conclure, nous pouvons observer que le sujet de la réappropriation du pouvoir de création monétaire par les États trouve de plus en plus place au sein des débats qui entourent l’émergence d’une société plus équitable et plus respectueuse de la planète. Les Suisses seront d’ailleurs amenés à se prononcer sur le sujet dans peu de temps, étant donné qu’une initiative populaire a été déposée le 1er décembre 2015 afin que l’émission monétaire se fasse uniquement pas la Banque Nationale5.

Synthèse des résultats de l’interview

Par la suite, je vais synthétiser les points les plus intéressants et impactants que j’ai relevé de ces interviews en effectuant une synthèse. Tout d’abord, il y a eu une part égale de commerces démarchés et de commerces qui sont venus d’eux-mêmes pour faire la demande d’intégration du réseau. Ils ont la plupart adhéré pour des raisons éthiques, tout en espérant également que cela puisse augmenter la visibilité de leurs commerces. Sur les 16 commerces, la moitié seulement avait déjà effectué une transaction en lémans et la plupart d’entre eux avaient au moins trois mois d’ancienneté. Cependant, quasiment aucun de ces commerces n’a réussi à payer ses fournisseurs, ou des commerces avec qui ils traitent, avec des lémans. Seulement deux d’entre eux l’avaient déjà fait. Les raisons principales invoquées ont été que les fournisseurs étaient étrangers ou qu’ils n’acceptaient pas la monnaie. Certains ont aussi évoqué la difficulté et le temps perdu actuellement à devoir chercher eux-mêmes des fournisseurs qui acceptent cette monnaie. Il y a donc un sérieux travail à faire sur l’activation des échanges entre les membres du réseau. La tranche d’âge moyenne des clients venus dépenser des lémans était de 30 à 40 ans. Pour ce qui est du degré d’ouverture du réseau, les réponses ont été assez partagées. La majorité penchait tout de même pour un réseau ouvert, mais beaucoup se sont montrés très intransigeants sur le fait que le réseau devait rester un réseau sélectif et restrictif sur les questions d’éthique et de durabilité et qui ne devrait pas s’ouvrir aux grands groupes. Il va donc être difficile de satisfaire tous les commerçants au vu des attentes diverses.

En ce qui concerne les retours sur une éventuelle mise en place d’un service d’accompagnement et d’audit aux entreprises, ces dernières se sont montrées très réceptives. J’ai reçu 75% de réponses positives et les personnes avec qui j’ai discuté ont montré un intérêt marqué et pensaient que cela pourrait amener une véritable plusvalue à la monnaie léman. De plus, le fait que ce service devra être payant ne les a pas dérangés. Lorsque les avantages d’un système de monnaie fondante sont expliqués aux commerçants, à savoir l’encouragement à la consommation et la désincitation à la thésaurisation, ils sont très réceptifs et montrent que cette mesure pourrait être très bien acceptée si elle est accompagnée d’explications. En effet, la grande majorité s’est dite favorable. La monnaie électronique a également été plesbicitée et cela montre que les commerçants sont ouverts au changement et à l’amélioration des modalités et des services de la monnaie afin d’encourager son utilisation. Ma dernière question portait sur la façon dont ils vivraient une demande de cotisation de la part de l’AML. Les réponses ont été plutôt favorables dans l’ensemble, mais il y a tout de même un tiers des commerçants qui se sont montrés totalement opposés au paiement d’une cotisation pour le moment. Certains ont avancé le fait que l’AML n’apportait pas assez de plus-value pour qu’ils puissent envisager le paiement d’une cotisation, d’autres n’étaient pas emballés par le projet, car ils n’avaient pas encore ressenti d’impacts sur la fréquentation de leurs commerces. Néanmoins, les commerçants s’étant montrés favorables au paiement d’une cotisation étaient actuellement disposés à payer en moyenne 200 CHF par année.

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Table des matières

Déclaration
Remerciements
Résumé
Liste des tableaux
Liste des figures
Abréviations
Table des matières
1. Introduction
1.1Contexte
1.2Motivation
1.3Objectif du travail et périmètre de la recherche
1.4Méthodologie
2.La monnaie
2.1Qu’est-ce que la monnaie ?
2.2Son fonctionnement
2.3Sujet à controverse
2.4Les monnaies complémentaires
2.4.1Historique
2.4.2Rôle et utilité des monnaies complémentaires
2.4.3Les monnaies complémentaires et le dialogue des prix
2.4.4Différents exemples de monnaies complémentaires
2.4.4.1SOL violette
2.4.4.2Les SEL – Systèmes d’Échanges Locaux
2.4.4.3Le WIR
3.Projet Léman
3.1Bref historique
3.2Le Léman aujourd’hui
3.2.1Objectifs de la monnaie
3.3Les parties prenantes
3.3.1Analyse des parties prenantes
3.4État des lieux
3.4.1Interview des commerces
3.4.1.1Synthèse des résultats de l’interview
3.4.2 Enquête sur les consommateurs
3.4.2.1Synthèse des résultats de l’enquête
3.5Analyse stratégique
3.5.1Analyse interne de l’organisation
3.5.2Analyse externe de l’environnement
3.5.2.1Les facteurs clés de succès
3.6Problématiques détectées et enjeux
4.Recommandations
5.Conclusion
Bibliographie
Annexe 1 : Mes propositions
1.La vision
2.Les impacts
3.La stratégie
3.1Les modalités
3.2Monnaie fondante
3.3Accompagnement des entreprises
3.4Frontières géographiques
3.5Utilisation des lémans
3.6Système d’incitation vertueuse
3.7Monnaie électronique
3.8Valeur de la monnaie
3.9L’ouverture du réseau
3.10Taux de change
3.10.1Quel taxe de reconversion adopter ?
4.La proposition de valeur
4.1Qui ?
4.2Pourquoi ?
4.3Quoi ?
4.4Comment ?
5.Le modèle d’affaires
6.Le financement
Annexe 2 : Résultats de l’enquête des consommateurs
Annexe 3 : Questionnaire de l’interview aux commerces
Annexe 4 : Charte du léman

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