Les Minoens et l’Orient : mise en évidence d’échanges à partir de l’étude des vases

Au début de mes recherches, j’avais dans l’optique de présenter un panorama complet des différentes catégories artistiques présentes au sein du monde minoen : au vu de l’importance du corpus, il a alors été nécessaire de le réduire à la production de vases en terre cuite, métal, pierre, et faïence.

Ce choix, qui aurait alors pu sembler réducteur, a au contraire révélé des intérêts multiples. Dans un premier temps, la quantité d’objets présents dans le corpus permet d’approcher une diversité de techniques, de formes, de décors et d’usages. D’autre part la technique même de l’élaboration d’une typologie ou d’une iconographie trouvait des parallèles au sein d’autres formes artistiques que j’avais préalablement pu relever et étudier. Désormais développés au second plan, les arts de la fresque, de la statuaire ou encore la glyptique pourront être utilisés à des fins comparatives. La composition même de ce corpus en allie la production de vases communs en céramique à ceux issus d’une production de luxe. Cette variété permet d’approcher au plus près la société minoenne.

En effet comme le souligne Marguerite Yon, « le mobilier utilitaire est significatif pour déterminer le caractère d’une civilisation puisqu’il constitue l’environnement ordinaire de la population » . Les vases en céramique se révèlent alors doublement précieux étant le mobilier à usage domestique par excellence et constituant un apport à la connaissance d’autres catégories de mobilier de la vie quotidienne façonné en matériaux périssables . De son côté, Michèle Casanova précise que « les produits de luxe en raison de leur haute valeur et de leurs fonctions symboliques, peuvent aussi permettre d’étudier le mouvement des biens matériels, les représentations culturelles, les rapports d’influences, de domination, d’échanges entre les différents centres de civilisation ».

La totalité du corpus de vases minoens est issue de travaux archéologiques effectués par les spécialistes de la discipline ; ces vases proviennent de sites crétois mais également égyptiens, levantins ou grecs. Cependant l’ensemble m’est seulement connu par la bibliographie. En effet, mon approche du mobilier n’est qu’indirecte, établie à partir d’œuvres citées ; les informations et les descriptions sont tirées de photographies que j’ai pu étudier au cours de mes lectures.

Ce corpus fut établi à partir d’œuvres délibérément choisies et non dans une volonté de présenter l’ensemble des vases connus du monde minoen dans son exhaustivité. Ceci est tout particulièrement le cas des vases en céramique qui, en raison de leur grand nombre, n’auraient pu être présentés dans leur globalité au sein de ce mémoire ; les vases en pierre ont également fait l’objet d’un choix conscient de ma part Il ne s’agit alors en aucun cas de présenter la céramique dans son intégralité ni de produire une étude technique fine de la production mais plutôt de livrer des œuvres choisies dans l’intention de mettre en avant un phénomène, une forme, une iconographie, un réseau d’échanges. On pourrait néanmoins reprocher l’intention d’un choix, l’absence d’exhaustivité et le support photographique pourrait fausser dans une certaine mesure le raisonnement et les conclusions portés à travers ce corpus.

Cependant ces barrières ne sont pas les seules qui entravent la bonne démarche scientifique.

D’une part, l’aspect lacunaire des sources archéologiques vient biaiser la vision du chercheur. Ceci est tout à fait probant dans le cadre de l’art du métal : en effet, nous pourrons pleinement constater la faible part de vases dit précieux notamment du à la refonte ou au pillage de ces vases métalliques , entrainant ainsi une destruction du contexte et la perte d’informations stratigraphiques, archéologiques et artistiques. Le chercheur doit alors rester particulièrement vigilant face à l’absence d’un modèle particulier. En effet, l’absence d’objets en fouille ne signifie pas indubitablement l’absence d’objets à l’époque étudiée. Il semble certain que les fouilles ne nous livrent qu’une partie de la culture matérielle alors que l’époque devait être florissante en matière d’art et d’échanges, notamment en ce qui concerne l’art du vase en métal ou le mobilier précieux. Le cas des vases en faïence alimente également cette question : sa faible proportion au sein du corpus mais également au sein de l’ensemble des objets en faïence recensés dans le monde minoen, un seul exemple de rhyton face à une diversité de figurines ou de plaques en faïence, est elle représentative de cette technique à l’époque minoenne ? D’autre part, un corpus bibliographique reflète le parti pris des spécialistes et soulève ainsi la multiplicité de positions adoptées pour une dénomination typologique, une fonction, une datation ou la nature d’un matériau utilisé notamment pour la pierre et le métal, variant par conséquent selon les ouvrages et l’appréciation des chercheurs . Il s’agissait alors d’établir une typologie propre au corpus selon les critères que j’ai pu fixer ; pour le reste, en cas de litiges ou de contradictions issues de plusieurs sources j’ai alors fait le choix de préciser les différentes affirmations.

Le corpus présente deux catégories d’objets issus du travail de la terre cuite, les appliques et les vases. Nous aborderons dans un premiers temps ces vases. On constate une évolution constante de la technique de la céramique tendant vers un choix poussé et de qualité de l’argile, une maitrise de la cuisson à haute température, une régularité et une certaine finesse dans les formes et les parois. Le tournant majeur se fait au début du MM par l’introduction du tour de potier ; au préalable, les poteries étaient façonnées à la main.

Cette technique d’élaboration est propre au MA1 au MM1 mais continue d’être en usage a posteriori pour la production de vases de grandes dimensions, ceux de stockages tels que les jarres, les amphores ou les pithoi, difficilement réalisable avec précision au tour. Cette technique admet deux procédés : le montage en colombins, boudins d’argiles préalablement roulés et puis cumulés en hauteur, ou le simple modelage à la main.

L’emploi d’une simple tournette est attesté dès le MA ; la motte d’argile est alors déposée sur un set fait en natte et travaillée à la main. L’évolution se fait au milieu du MM par l’introduction d’une nouvelle technique, celui du tour de potier à rotation rapide, généralisé au MM3.

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Table des matières

INTRODUCTION
I. LE CHOIX DU CORPUS
A) Définition du contenu
B) Sources du corpus
C) Problèmes et Limites : une vision altérée
II. MATERIAUX & TECHNIQUES
A) La terre cuite : la poterie
Le modelage à la main
Le façonnage au tour
Le moulage
Les finitions
La cuisson
B) La terre cuite : les appliques
C) La pierre
D) Le métal
La matière
La chaîne opératoire
Les outils
E) La faience
F) Associations de matériaux
III. TYPOLOGIE DU CORPUS
A) Vases
B) Couvercles
Typologie du support
Traitement
C) Appliques
Typologie du support et localisation
Fonctions attribuées
Traitement
Iconographie
IV. LE DECOR DES VASES
A) Les différentes techniques utilisées
Absence de traitement
Moulage, appliques et pièces rapportées
La technique de la barbotine
Le décor incisé
Le relief sculpté des vases en pierre
Les décors métalliques
Le décor peint
CONCLUSION

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