Les mines d’or en afrique de l’ouest

L’or est un élément classé dans la catégorie des métaux précieux. Son existence en Afrique est connue depuis l’Antiquité. La côte de l’or ou Gold Coast devenue plus tard le Ghana en atteste. Egalement les récits faits sur les puissants empires précoloniaux soudanais montrent la présence et l’importance de l’or dans les sociétés ouest africaines. En effet, l’Afrique l’Occidentale était formée du XIe au XVIe siècle par d’imposants royaumes qui étaient successivement l’empire du Ghana, l’empire du Mali et l’empire du Songhay. Les économies de ces différents royaumes reposaient presque essentiellement sur le commerce transsaharien. L’or était le principal produit de ce grand négoce qui traversait le désert en reliant le Nord et le Sud du Sahara. De plus, ces Etats jouaient un rôle très important dans les relations internationales.

Ils étaient favorisés par leur position géographique qui franchement tournée vers l’océan Atlantique à la croisée des chemins entre le Sahara, la savane et la forêt et leurs potentialités minières surtout aurifères. En réalité, l’or du Soudan c’est-à-dire l’or extrait au Bilad el tibr ou le pays de l’or en poudre . Le pays de l’or se localise entre Bambouck et Galam . Le Galam et le Bambouck sont des régions historiques de l’Afrique de l’Ouest. Elles sont répertoriées entre les deux affluents du fleuve Sénégal. C’est-à-dire à l’Ouest de la Falémé et à l’Est du fleuve Bafing. Aujourd’hui, elles se situent dans la frontière sénégalo malienne précisément dans la zone dite boutonnière Kédougou-Kénieba.

L’exploitation artisanale des mines d’or est une activité séculaire et bien ancrée dans la culture des peuples de l’Afrique de l’Ouest. Depuis des siècles, les populations du nord de la Guinée, de l’ouest du Mali et de l’Est du Sénégal ont su transformé les ressources minières surtout aurifères d’état brute en produits raffinés. Les artisans de ces pays ont su très vite maitriser la technique des minéraux pour fabriquer des outils . Ces ustensiles faits à base de pépites d’or étaient utilisés dans la vie quotidienne surtout lors des cérémonies culturelles comme « baptêmes et funérailles». Cependant, retenons que malgré leur ingéniosité, les exploitants traditionnels ne disposaient que des instruments très rudimentaires qui ne leur permettaient pas d’exploiter en profondeur les grands gisements miniers. Leurs principaux outils de travail étaient principalement des « calebasses et paniers » faits à basse de feuilles d’arbres qu’ils utilisaient sous forme de sceaux. Ce manque d’équipements adéquats causait la perte en quantité importante de minéraux. Malgré l’absence d’une technologie qui soit à la pointe, ces exploitants traditionnels savaient quels lieux chercher et exploiter pour trouver des pépites d’or grâce à leur expérience du sous-sol. Certains pouvaient passer facilement de l’étape de la recherche d’emplacement à celle de l’exploitation. L’orpaillage à cette époque ne présentait pas de grands risques environnementaux et sanitaires car les orpailleurs n’utilisaient pas des produits chimiques et toxiques.

Le mot or vient du latin « aurum » qui a donné l’adjectif aurifère. Ce dernier qualifie une matière ou un élément contenant de l’or. L’or est défini comme étant une matière très ductile, malléable, molle, dense et inoxydable. C’est un élément chimique jaune, brillant, assez mou de numéro atomique 79 et de symbole Au. Il se fonde à 1063°C. A l’état naturel, l’or se présente sous formes de pépites. Ces dernières peuvent être réduites en poudre ou en paillettes par l’érosion mécanique. L’or peut être également sous formes d’inclusions dans les sulfures comme l’arsénopyrite. Celui-ci est un composant chimique qui contient de l’arsenic. L’arsenic quant à lui, est un métal qui a la propriété de se volatiliser au feu sous forme de fumée.

L’or est l’une des ressources minières les plus précieuses. Il est classé dans la catégorie des cinq métaux les plus précieux comme l’argent, le platine, le palladium, et le rhodium. Il est très recherché et apprécié par les peuples depuis des millénaires. Il a une vocation esthétique, économique, culturelle et sacré ce qui suscite une grande fascination chez les différentes civilisations. Sûrement, c’est pour cette raison sacrée qu’il est souvent relié à des dieux et esprits d’origines surnaturelles. C’est l’une des explications pour laquelle avant tout travail d’exploitation, en Afrique, des cérémonies rituelles sont faites pour exaucer les « esprits » afin qu’ils donnent une récolte abondante et d’écarter tous dangers liés à l’orpaillage. Cet aspect mystique justifie aussi d’une certaine manière pourquoi l’or est utilisé depuis l’époque antique dans des cérémonies socio-cultuelles de différents peuples. Par exemple en Afrique Occidentale, l’or est ancré traditionnellement dans la fabrication des masques, des ornements de parures pour les familles royales surtout pour les femmes. Dans l’Egypte antique, le métal jaune représenté l’âge d’or de la civilisation égyptienne. Il était considéré comme « la chair du soleil ». Au pays des Incas, l’or représente « la sueur du soleil » ; chez les perses « la semence des dieux » ; les philosophes indous le qualifient comme « la lumière minérale » ; les chinois le considèrent comme la « consécration du Yang » c’est-à-dire le soleil» ; quant aux philosophes occidentaux, ils le considèrent comme étant « l’image de la lumière solaire et de l’intelligence divine de l’univers» .

LE CADRE GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE

Présentation du milieu physique et humain 

L’Afrique de l’Ouest est la partie Occidentale du continent africain. Elle est composée des pays côtiers au Nord du Golfe de Guinée traversant le fleuve Sénégal, les pays couvert par le bassin du fleuve Niger ainsi l’arrière-pays sahélien. L’Afrique de l’Ouest présente une géographie diversifiée et un héritage culturel impressionnant. L’Océan Atlantique à l’Ouest, le Sahara au Sud, le Sahel qui occupe la partie septentrionale. L’Afrique de l’Ouest a une une de superficie de 6 140 000 km2 soit le 1/5 du continent africain. L’ensemble des pays de cette région présente une diversité ethnico-culturelle à travers les composants sociaux. On peut noter le groupe des Mandés plus présent au Mali et au Sénégal, les Songhaïs au Niger, les Peuls au Sahel et en Guinée et les Touaregs, les Berbères et les Haoussas.

Présentation géographique de la République de Guinée

La République de Guinée est encore appelée Guinée Conakry du nom de sa capitale pour la différencier des autres Guinée (Guinée Bissau et Guinée Equatoriale). Elle est située au Sudouest de l’Afrique de l’Ouest. Sa superficie est estimée à 245 857 km2 pour une population de 10 628 972 habitants.  Grâce à cette superficie, la Guinée est le 75émepays le plus vaste au monde. Elle est un pays côtier. De plus, bordée à l’Ouest par l’océan Atlantique, elle partage ses frontières avec le Mali, le Sénégal, la Guinée- Bissau, la Cote d’Ivoire, le Liberia et le Sierra Leone. Ces deux derniers pays sont insérés dans la concavité en occupant les parties côtières. La Guinée est le pays montagneux dit Fouta Djalon avec un sommet culminant qui mesure 1500m. La République de Guinée est constituée de quatre régions naturelles qui sont dotées chacune d’avantages multiples et variés. Ainsi, nous avons :

– La Guinée forestière qui se situe au sud du pays. Comme son nom l’indique, elle est couverte de forêt. Par ailleurs, la forêt guinéenne couvre plus de« 60% du territoire nationale » . Cette partie est la région des montagnes boisées et des collines. Elle abrite également le point culminant du Mont Nimba. Ce dernier se trouve dans le massif du Fouta Djalon. Dans le mont Nimba, logent plus de 200 espèces endémiques comme les lions, léopards etc. Il est classé patrimoine mondial de l’UNESCO (Organisation des Nations Unies pour l’Education la Science et la Culture). La Guinée forestière présente des ressources minérales très importantes. Parmi elles, on peut noter : la mine d’or de N’Nzérékoré, les indices de grés siliceux, le fer schistes et des gisements de bauxite.
– La Guinée maritime ou basse Guinée située à l’Ouest du Fouta-Djalon est la deuxième région naturelle du pays. C’est la partie occidentale du pays où est circonscrite la capitale nationale Conakry. La Guinée maritime est la partie côtière du pays avec des basses plaines, des baies, des estuaires, de nombreux fleuves, des lagunes marécageuses qui sont recouvertes de mangroves. Elle alimente de grands fleuves de l’Afrique de l’Ouest tels que : le fleuve Gambie, le fleuve Sénégal, et le fleuve Niger.
– La haute Guinée, qui est formée par la bordure de la cuvette du Niger Occidental correspond au haut Niger. C’est une zone soudanienne. Elle a une riche savane et une végétation arbustive. De plus, elle est le bastion des Malinkés.
– La moyenne Guinée ou la basse Guinée est le lieu des massifs, des montagnes, des plaines et des hauts plateaux du Fouta-Djalon. Elle partage sa frontière avec la République du Sénégal. Ce sont les peuls qui sont les principaux habitants de la moyenne Guinée.

La République de Guinée est caractérisée par une hétérogénéité des sols. Près de 25% des sols sont cultivables. Pour cette raison, ce pays a une capacité de production agricole énorme. La Guinée cultive des denrées comme du maïs, du riz, des tubercules, des fruits et légumes. Elle possède un réseau hydrographique abondant qui est qualifié de« château d’eau » de la sousrégion cela grâce aux nombreux fleuves et cours d’eaux qui y partent pour arroser les pays voisins. En réalité, la Guinée a un relief dense situé surtout dans la base Guinée avec des plateaux, montagnes, cours d’eaux, fleuves. Une saison des pluies dense et longue (8 mois, avril-novembre). En plus de sa potentialité hydraulique et énergétique, le sous-sol guinéen renferme d’importantes ressources naturelles surtout minières et principalement la bauxite, le diamant et l’or. Il recèle aussi des veines de minéraux comme le fer.

La République de Guinée est dotée d’une histoire riche. Déjà, entre le IX et XV siècle au temps des grands empires précoloniaux, le royaume mandingue était un Etat vassal de l’empire du Ghana. Le royaume mandingue s’étendait du haut du Sénégal au Niger. Niani qui est maintenant un petit village, était la capitale de l’empire du Mali au XIII siècle. Au XVI et XVIII siècle, des vagues de migrations sont notées avec la venue massive des peuls et mandingues qui apportent avec eux l’Islam.

Pendant l’époque coloniale, la Guinée, à l’image de la totalité des Etats de l’Afrique de l’Ouest, est devenue une colonie française dans la dernière décennie du XIX siècle. Ainsi, elle est séparée du Sénégal auquel elle était rattachée. Elle intégra par la suite la fédération dite A.O.F (Afrique Occidentale Française) en 1901. A l’époque coloniale, les activités économiques étaient largement basées sur l’agriculture avec la culture du café, banane, huile de palme et les activités minières. En parlant de mines, celles de bauxites et d’or étaient exploitées grâce aux travaux forcés imposés par l’administration coloniale aux populations indigènes. Cette administration qui était coiffée par un gouvernement central avait instauré le système d’administration directe dans toutes les colonies de l’A.O.F. Ce système a modifié et bouleversé les structures sociales de base de la Guinée. En fait, l’organisation traditionnelle et coutumière se reposait essentiellement sur la chefferie. Ces chefs traditionnels sont remplacés par des cercles de commandements mis en place le gouvernement central.

Lors du referendum de 1958, la Guinée est le seul pays de l’A.O.F qui avait rejeté la proposition du général De Gaule. Ce referendum proposé l’intégration des colonies de l’Afrique Occidentale Française au sein d’une communauté . Ainsi, la Guinée devient indépendante vis-à-vis de la France en octobre 1956. Sékou Touré, qui s’est distingué par le biais des mouvements syndicats, devient dans ce sens le premier président de la République. A la suite de cette indépendance politique, le pays rencontra de nombreuses difficultés politiques et économiques. La relation avec l’ancienne métropole et ses voisins comme le Sénégal et la Côte d’Ivoire ne sont pas au bon fixe. De ce fait, le président Sékou Touré se rapprocha du bloc communiste et des pays de l’Est. Il accusait la France de complot pour renverser son gouvernement. Ce n’est que dans les années 1980 que le régime s’assouplit. La Guinée, qui était confrontée à de nombreux problèmes, bénéficie d’investissement de capitaux venant des pays d’Europe capitaliste et des USA pour exploiter les ressources naturelles.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIERE PARTIE:LE CADRE HISTORIQUE ET GEOGRAPHIQUE DES REGIONS AURIFERES CHOISIES (GUINEE, MALI ET SENEGAL)
CHAPITRE 1: LE CADRE GEOGRAPHIQUE ET HISTORIQUE
CHAPITRE II : LES POTENTIALITES AURIFERES DES TROIS PAYS
DEUXIEME PARTIE:LES DIFFERENTES TECHNIQUES D’EXTRACTIONS AURIFERES
CHAPITRE 1 : LE SYSTEME D’EXPLOITATION INDUSTRIELLE DE L’OR
CHAPITRE II- L’EXPLOITATION ARTISANALE DE L’OR OU ORPALLAGE
CHAPITRE III : LES IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUE ET ENVIRONNEMENTAUX DE L’EXPLOITATION DES MINES D’OR
CHAPITRE IV : LES CONSEQUENCES ECONOMIQUES, SOCIALES ET SANITAIRES DE L’ORPALLAGE
CHAPITRE IV-LES CONSEQUENCES SANITAIRES ET ENVORONNEMENTALES
CONCLUSION GENERALE
ANNEXES
LES SOURCES BIBLIOGRAPHIQUES

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