Les megapoles des pays emergents face aux risques

Depuis le début des années 2000, la population urbaine représente près de 50% de la population mondiale, et 80% de celle-ci se concentre dans les grandes villes. En effet, le nombre de villes de plus de 8 millions d’habitants est grandissant, il était de 28 en 2014 et on comptabiliserait plus de 30 mégapoles aujourd’hui. La plupart d’entre elles sont situées à proximité d’un littoral ou d’un cours d’eau, le phénomène de réchauffement climatique et ses conséquences soulèvent par conséquent de nouvelles problématiques. A quelles mesures les systèmes urbains aggravent ils les effets de phénomènes naturels ? Les espaces urbains sont-ils face à des risques spécifiques ? Le risque indique-t-il un dysfonctionnement des systèmes urbains ? La mégapolisation comporte elle en son sein une nouvelle forme de vulnérabilité ? Les pays sont-ils à égalité face à ces risques ? Les espaces urbains et d’autant plus les mégapoles, sont l’objet de risques différés, induits… Cette chaine de risques peut ainsi allier : risques naturels, technologiques, économiques, etc… Il faut toutefois distinguer le risque de la catastrophe. Les villes peuvent être sujettes à des aléas, il existe donc un risque, sans subir de dommages référant à une catastrophe. L’ensemble des phénomènes naturels causant un risque peuvent être regroupés en deux types d’aléas : les aléas hydroclimatiques et d’origine géologique. Les premiers peuvent prendre de nombreuses formes : épisodes de sécheresse, ouragans, remontées de nappes, mouvements de masses littoraux, moussons, ruissellement… Celles-ci peuvent de plus se combiner, ce qui expliquent notamment que les aléas hydroclimatiques causent près de 80% des catastrophes d’origine naturelle. L’autre part des catastrophes naturelles résulte donc d’aléas d’origine géologique, principalement les aléas sismiques et volcaniques, qui peuvent être liés. De plus, les actions humaines peuvent amplifier un risque naturel mais également le provoquer, notamment avec les effets du réchauffement climatique. Le second volet agissant sur le risque, en plus de l’aléa, est la vulnérabilité des espaces. Les territoires urbains et notamment les mégapoles, sont particulièrement vulnérables. Cette vulnérabilité peut être humaine, organisationnelle, économique, sociale… Elle nécessite donc une approche systémique, mais celle-ci se révèle souvent compliquée du fait des nombreuses interactions caractéristiques de l’urbain, et encore plus lorsqu’il s’agit de mégapoles. « La ville multiplie, amplifie, diversifie les facteurs de vulnérabilité, laquelle découle du fonctionnement même de la ville, de ses logiques d’organisation spatiale et des dynamiques territoriales. » (Chocat, Veyret) .

Historique de la perception du risque

Historiquement le risque a longtemps été considéré comme une fatalité, liée uniquement à l’aléa. Or, un tremblement de terre ayant eu lieu en Algérie en mai 2003 a fait près de 2 500 victimes alors qu’un même phénomène d’une intensité nettement supérieure a touché le Japon peu de temps après sans faire de victime, « seulement » des blessés et des dégâts matériels. Les conséquences variant selon le territoire touché par l’aléa, l’existence d’une autre composante, importante par expériences, est mise en avant. Si on fait l’analogie avec la médecine, depuis l’Antiquité les médecins reconnaissent la vulnérabilité comme un élément clé de la survie des individus, des patients, lors des épidémies par exemple. Aux Etats-Unis, l’estimation des vulnérabilités est apparue dans les années 1950 avec le floodplain management. A l’initiative de cette démarche, l’Université de Chicago multiplie les recherches sur cette thématique et devient ainsi un réel précurseur. C’est toutefois Les années 90 qui seront un tournent pour l’analyse du risque. On aboutit à deux définitions officielles de celui-ci ; l’une française et l’une internationale.
– En 1997, d’après le ministère français de l’environnement le risque est le résultat de « la conjonction d’un aléa et des enjeux en présence », soit la présence d’enjeux (entreprises, administrations…) sur un territoire touché par un aléa.
– De son côté, l’ONU a placé la réduction des catastrophes naturelles en tant qu’enjeu majeur (Décennie Internationale pour la Prévention des Catastrophes Naturelles), ce qui a conduit à redéfinir les concepts, les méthodes et les outils. Il y a un passage de la vision du risque comme une altérité, le « hazard paradigm », à la prise en compte du risque comme une construction sociale, physique, fonctionnelle… Le risque est alors associé à « l’espérance mathématique de pertes en vies humaines, blessés, dommages aux biens et atteintes à l’activité économique au cours d’une période de référence et dans une région donnée, pour un aléa particulier. » Le risque est donc, d’après cette définition, le produit de l’aléa par la vulnérabilité.

Les concepts ont donc évolué et les outils ont été enrichis grâce à l’informatique, mais les méthodes restent basées sur des modèles additifs, qui ne prennent pas en compte les interactions complexes entre les différentes dimensions de la vulnérabilité.

Emergence de la vulnérabilité : un débat scientifique

Pour la suite de l’étude, nous nous appuierons sur la seconde définition. Le risque s’expliquant par l’alliance d’un aléa et d’une vulnérabilité. Quand l’aléa a fait l’objet de recherches par des spécialistes depuis de nombreuses années, la vulnérabilité n’est que très peu étudiée, et encore moins analysée conjointement avec l’aléa. (Theys, Fabiani, 1987). Ce constat perdure, Claude Gilbert affirme « Il est peut-être temps de prendre au sérieux la vulnérabilité et d’engager à son sujet des recherches tout aussi longues et complexes que celles concernant les aléas » (Gilbert, 2006). Le nombre de catastrophes constatées grandissant et leurs impacts humains, économiques… de plus en plus importants, de nombreux chercheurs attirent l’attention sur l’étude de la vulnérabilité. Les différents travaux font évoluer le concept, et D’Ercole énonce en particulier que « La vulnérabilité apparaît comme la propension d’une société donnée à subir des dommages en cas de manifestation d’un phénomène naturel ou anthropique. Cette propension varie selon le poids de certains facteurs qu’il est nécessaire d’identifier et d’analyser car ils induisent un certain type de réponse de la société ». Ainsi, la vulnérabilité n’est plus seulement considérée comme l’ensemble des dommages causés par un aléa, mais prend aussi en compte les facteurs sociétaux qui agissent sur la « fragilité » d’une société face à un aléa. Il apparaît dès lors une différenciation entre les vulnérabilités :
– « structurelle » ou « physique » , correspondant à l’endommagement physique d’un aléa sur des enjeux (bâtiments, réseaux, infrastructures, populations..), facilement quantifiable.
– « sociale », relatant la capacité d’une société à faire face à une crise. Autrement dit, « elle renvoie à une série de caractéristiques liées aux personnes, aux communautés et à leur environnement qui incluent le bien-être initial (statut nutritionnel, santé physique et mentale), les moyens d’existence (ressources et capitaux, revenus et qualifications) et le niveau de développement (taux d’urbanisation, taux de croissance et de vitalité économique…), l’autoprotection (capacités et volonté de construire une habitation sûre et d’utiliser un site sûr), la protection sociale (mesure de préparation et d’atténuation), les réseaux sociaux et politiques, ou encore les institutions (capital social, environnement institutionnel et les proches). » (Quenault) Une classification des facteurs de la vulnérabilité sociale a été proposée (D’Ercole et Thouret, 1996), mais étant régulièrement dépendants les uns des autres, leurs interactions rendent ces facteurs difficilement quantifiables.
– « synthétique », tentant de lier les vulnérabilités structurelles et sociales au sein d’un même système multidimensionnel.

Les recherches sur la vulnérabilité urbaine ont abouti à « une complexification et un élargissement progressif du concept » (Birkman, 2005). Il y a d’après l’auteur un passage d’une vulnérabilité intrinsèque à une vulnérabilité multidimensionnelle.

La définition et prise en considération de la vulnérabilité urbaine restent des questions d’actualité, et font l’objet de perpétuelles remises en question. Toutefois, pour conclure sur l’évolution du concept de vulnérabilité urbaine et ses différentes définitions, il est important de retenir que le caractère destructeur et meurtrier des catastrophes est aujourd’hui, plus fortement lié à la vulnérabilité des territoires, qu’à la méconnaissance de l’aléa. Traiter que du risque naturel est restrictif, puisque les villes font l’objet d’une chaine de risques avec des risques induits, des risques différés… L’urbain est construit sur divers systèmes organisationnels, la tendance actuelle à la concentration de la population dans des villes, toujours plus grandes, complexifie donc le phénomène de vulnérabilité. Ainsi, les nombreuses interdépendances qui composent les systèmes urbains provoque une diffusion du risque. Ces systèmes se caractérisent par leur interaction , leur globalité , leur organisation et leur complexité . La vulnérabilité des espaces urbains est donc multifactorielle et inégalitaire entre les pays dits « développés » et ceux « en développement ». Notamment, du fait que la population de certains pays émergents accepte toujours le risque, considéré comme une épreuve envoyée par un Dieu, que d’autres pays se résignent à subir le risque, faute de moyens jugés suffisants pour limiter les impacts, ou encore une gestion post-catastrophe inefficace, révélant ainsi une vulnérabilité sociale importante. En ce qui concerne la suite de notre étude, elle se concentrera sur les espaces urbains des pays émergents qui font face au risque, et plus particulièrement les mégalopoles.

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Table des matières

INTRODUCTION
LEXIQUE
LA PLACE DE LA VULNERABILITE DANS LA LITTERATURE
1. Historique de la perception du risque
2. Emergence de la vulnérabilité : un débat scientifique
3. Différentes approches de la vulnérabilité
LE TRAITEMENT ANALYTIQUE DE LA VULNERABILITE
1. Le traitement de la vulnérabilité de la population
2. Le traitement de la vulnérabilité du bâti
LE TRAITEMENT SYSTEMIQUE DE LA VULNERABILITE
1. Principe général : modèle MADS
2. Traitement selon un diagramme Stocks-flux
3. Traitement statistique et spatial
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE

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