Les mecanismes d’adaptation aux risques d’inondation

Différentes notions liées au risque d’inondation

DE L’APPARITION DE LA PRISE EN COMPTE DES RISQUES NATURELS EN FRANCE …

Un phénomène naturel, tel qu’une inondation, se définit selon une série de facteurs et critères qui permettent de comprendre et de gérer l’impact du phénomène physique sur une société. Dans cette première partie nous allons spécifier les éléments et les termes principaux qui permettent de comprendre et caractériser un risque naturel et notamment une inondation ainsi que les autres notions qui sont liées à ces termes principaux. Une catastrophe naturelle telle qu’une crue se définit tout d’abord comme « un champ d’action, une magnitude, une intensité ou un débit, une violence et une récurrence » (D’Ercole et Thouret, 1996). Ces premières données apportent une description physique du phénomène et permettent ainsi de définir son aléa, soit « la probabilité qu’un phénomène naturel donné, d’une intensité donnée se produise en un lieu donné » (Mengual, 2008, p.17). Cette caractérisation d’un phénomène naturel par son aléa mène à la construction d’une carte d’aléas qui localise géographiquement les zones dites « à risque » et permet ainsi de visualiser a priori les espaces qui seront touchés par un phénomène exceptionnel, soit dans le cas d’une inondation : l’invasion plus ou moins importante d’un territoire par l’eau. On peut également définir une inondation de manière plus spécifique comme le débordement des eaux hors du lit mineur à la suite d’une crue plus ou moins exceptionnelle. Cette probabilité d’occurrence donnée par l’aléa est généralement calculée sur la base des phénomènes de plus forte intensité recensés. Cela ne permet cependant pas d’établir de manière certaine qu’aucun phénomène d’intensité plus forte ne viendra jamais frapper un espace ni qu’un évènement d’aussi forte intensité se reproduira un jour. De plus, cette probabilité définit également une période de retour (décennale, centennale…) pour un phénomène d’une intensité définie. Selon la définition du Ministère de l’écologie et du développement durable, cette période de retour représente l’inverse de la probabilité que le phénomène se produise chaque année, par exemple une crue de retour décennal à une chance sur dix de se produire chaque année (IMRA Grenoble, 2009). Cette première caractérisation d’inondation, selon son aléa, permet d’établir une représentation physique et géographique de la catastrophe mais ne permet pas d’évaluer les impacts que celle-ci aura sur une société. Une inondation de même intensité et frappant deux espaces distincts au même moment n’aura pas les mêmes conséquences sur les territoires et les sociétés résidentes. Afin de caractériser ces conséquences, il est possible d’évaluer le risque, soit « la probabilité de perte affectant des objets (les enjeux) soumis à un événement dommageable (l’aléa) » (Veyret et Reghezza, 2005, p.3), ou encore le résultat du croisement de l’aléa et de la vulnérabilité des enjeux » (Mengal, 2008, p.19). Ce risque évalue donc l’impact sur les enjeux d’un territoire donné, enjeux qui peuvent être de nature très variable : vies humaines, bâtis d’habitation, agricole, industriel ou encore patrimonial, terres agricoles, réseaux, … Plus généralement, l’ensemble des personnes et des biens pouvant être affectés à par un phénomène naturel (Mengal, 2008).

Avant le XXème siècle, l’évaluation du risque face à une catastrophe naturelle se concentre exclusivement sur l’analyse de l’aléa, soit l’aperçu des zones touchées mais l’ampleur des dommages causés par un aléa n’est pas analysée. Les réponses alors mises en place pour éviter un risque s’appuient sur des processus techniques et des connaissances scientifiques ce qui amène à la réalisation d’ouvrages tels que des digues, des barrages, des réservoirs : le but principal étant de protéger les enjeux face aux aléas grâce à des ouvrages techniques (qui semblaient infaillibles et durables) sans pour autant questionner réciproquement l’adaptabilité des enjeux à cet aléa. Par exemple, si les activités ou les bâtiments présents dans une zone inondable étaient appropriées dans ce type d’espace susceptible d’être recouvert par les eaux. Cependant, certaines crues ou catastrophes (par exemple les crues centennales de la Loire du 19e siècle) ont permis de modifier progressivement cette vision et de mettre en lumière certaines défaillances. En effet, les dégâts occasionnés voire les pertes humaines entraînées par ces phénomènes naturels ont fait apparaître une prise de conscience de la part des décideurs quant à la gestion des risques. De plus, le risque peut être aggravé par ces faiblesses et causer des conséquences plus importantes. Des éléments comme des constructions empêchent le bon fonctionnement de ces ouvrages, ils sont donc moins efficaces et les dégâts occasionnés peuvent être ainsi beaucoup plus conséquents (Ledoux, 2006).

… VERS L’INTRODUCTION DE LA NOTION DE VULNERABILITE

A partir des années 70, cette vision de la vulnérabilité est modifiée et est dorénavant prise en compte dans l’analyse et la gestion du risque. La vulnérabilité est alors définie par l’incapacité à faire face à un aléa (coping capacity). Elle est fonction de plusieurs éléments :
– la capacité à anticiper l’occurrence de l’aléa (connaître/prévoir/alerter)
– la capacité à s’adapter à l’existence de cet aléa (mesures de réduction de l’aléa ou de protection/réduction de l’exposition)
– la préparation de la société à faire face à l’urgence (plans de gestion de crise/exercices de simulation)
– le comportement de la société pendant la crise (gestion d’urgence/capacité d’adaptation/réactivité)
– la capacité à anticiper et à effectuer la reconstruction dans les meilleurs délais (résilience) .

Cette nouvelle approche du risque est introduite notamment avec l’expérience qui montre que « l’urbanisation augmente l’aléa et aggrave l’exposition » (Veyret et Reghezza, 2005, p.3). Dernièrement, le Ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie (MEDDE) a défini que « la vulnérabilité représente la fragilité d’un type d’enjeu (population, bâtiments, etc.) par rapport à un phénomène naturel d’une ampleur donnée » (MEDDE, 2012). Différents types de vulnérabilités peuvent être distingués :
– la vulnérabilité structurelle des ouvrages ou des bâtiments, liée à leur conception et réalisation
– la vulnérabilité systémique, concernant un ensemble d’enjeux organisés en systèmes comme les infrastructures (réseaux routiers, de télécommunications…) et les centres de secours (hôpitaux, casernes…)
– la vulnérabilité individuelle, exprimant le niveau de développement d’une culture du risque chez les individus, etc. (MEDDE, 2012) .

D’après cette définition, la vulnérabilité n’est pas intrinsèque, elle correspond à un aléa et elle dépend des éléments exposés et de leur résistance. Elle est caractéristique d’un site à un moment donné, ainsi, elle est modulable et évolutive en fonction de l’activité humaine. Pour la suite de nos travaux, nous prendrons comme définition de vulnérabilité, celle du Ministère de l’EDDE. En effet, bien que le cadre de notre recherche soit fixé par un terrain d’étude initialement donné, l’un de nos objectifs est que les résultats de nos recherches soient exploitables dans d’autres espaces inondables en milieu urbain. Il suffit donc de trouver un terrain d’étude situé proche d’un cours d’eau, potentiellement inondable avec la présence d’activités humaines sans que la zone soit toutefois nécessairement habitée, la présence de simples activités récréatives est considérée comme activité humaine. De plus, cette dernière définition dénombre plusieurs types de vulnérabilités selon les différents enjeux concernés, notre travail de recherche n’a pas pour objectif d’étudier la vulnérabilité dans sa globalité mais bien de cibler un volet de ce concept que nous allons développer et appliquer pour analyser notre cas d’étude. D’après la définition du MEDDE, le concept de vulnérabilité est systémique, c’est-à-dire considérer un ensemble d’enjeux organisés selon un système. Cette approche de la vulnérabilité admettrait de considérer les différents types d’activités d’une part comme un ensemble possédant des connections entre elles, agissant comme un véritable réseau (vulnérabilité systémique). D’autre part, elle permet de considérer des usages possédant des types de vulnérabilités différentes, qu’il est nécessaire d’étudier de manière distincte en traitant de thématiques et de sujets d’analyses différents (vulnérabilité structurelle et individuelle). A partir de cette définition et de cette approche, nous possédons une première piste de réflexion pour la considération de l’espace de notre cas d’étude, à savoir comme un réseau composé de plusieurs usages connectés entre eux : un usage des sols possède des relations avec un autre type d’usage (ex : présence de commerces de proximité car implantation d’une zone d’habitat). D’autre part, dès notre introduction nous avons parlé des dégâts occasionnés par les inondations, or cette définition aborde la notion de la vulnérabilité structurelle qui s’applique quant à elle, directement sur les édifices et les bâtiments. Cette démarche nous semble également pertinente car, en cas de crue, ce sont les ouvrages meubles qui seront touchés par les inondations, pouvant entraîner des dégâts plus ou moins importants en fonction du type d’activités auxquelles ils sont destinés et selon les mesures, adaptations sur la construction des bâtiments en cas d’aléas naturels (ex : construction sur pilotis). De plus, les pertes humaines ont aussi été abordées au début de nos propos et la vulnérabilité individuelle correspondrait à la notion permettant d’étudier le rapport des individus par rapport au risque d’inondation.

Tous ces éléments nous ont amené à choisir comme définition pour le concept de vulnérabilité, celle du MEDDE. L’ensemble des notions vues précédemment correspondrait aux phénomènes que l’on souhaiterait étudier et analyser sur un terrain d’étude.

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Table des matières

INTRODUCTION
PARTIE 1 : LES MECANISMES D’ADAPTATION AUX RISQUES D’INONDATION
I. Différentes notions liées au risque d’inondation
II. Un risque au cœur des préoccupations des collectivités et de la recherche
PARTIE 2 : APPROCHE METHODOLOGIQUE ET ADAPTATION DE LA QUESTION DE RECHERCHE A UN CAS D’ETUDE : LE QUARTIER VIENNE/BOUILLIE A BLOIS
I. Un projet de recherche lié au programme de recherche européen TRANS-ADAPT
II. Des risques d’inondation liés historiquement à la Loire
III. Les processus de mobilisation du multi-usage des sols dans une zone inondable
PARTIE 3 : RESULTATS DE RECHERCHE
I. Mesure de la vulnérabilité
II. Utilisation des critères de vulnérabilité au cas d’étude
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
TABLE DES FIGURES
Cartes
Photographies
Figures
Tableaux
INDEX
ANNEXES

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