Les liens entre le statut ethnolinguistique et les facteurs socio-psychologiques

Les liens entre le statut ethnolinguistique et les facteurs socio-psychologiques

La différence entre les sujets minoritaires et les sujets majoritaires en termes de leur niveau perçu de compétence en LM et en L2 (H6a à H6d)

Rappelons que l’Hypothèse 6 stipulait que les groupes minoritaires (les Marocains de Montréal et les Marocains de Bruxelles) sont différents des groupes majoritaires dans le pays d’origine (les Marocains arabisés et les Marocains francisés) (H6a et H6b) et des groupes francophones majoritaires (les Québécois de Montréal et les Belges de Bruxelles) (H6c et H6d) en termes de leur niveau perçu de compétence en langue maternelle et en langue seconde. Cette hypothèse a été entièrement confirmée.Les résultats ont indiqué que le niveau perçu de compétence en langue maternelle (arabe et/ou berbère) et en langue seconde (français) est différent entre les sujets minoritaires scolarisés en français dans deux villes majoritairement francophones et les sujets de même culture scolarisés en arabe et ou en français dans le pays d’origine. Aussi, les sujets minoritaires sont différents des sujets francophones majoritaires en termes de leur niveau perçu de compétence en langue maternelle et en langue seconde . Plus spécifiquement ces résultats ont en effet, montré que la perception du niveau de compétence en langue maternelle (arabe et/ou berbère), chez les sujets minoritaires scolarisés en français est plus bas par rapport au niveau perçu de compétence en langue maternelle chez les sujets majoritaires de même culture et qui se trouvent dans le pays d’origine. Inversement, le niveau perçu de compétence en langue seconde (le français) est plus élevé chez les sujets minoritaires scolarisés en français par rapport à celui observé chez les sujets majoritaires scolarisés en français et ou en arabe dans le pays d’origine.
Rappelons que pour les groupes minoritaires, la langue maternelle est l’arabe et/ou le berbère, alors que pour les groupes francophones majoritaires, c’est le français. Pour ce qui est de la langue seconde, le français est la L2 pour les groupes minoritaires, alors que pour les francophones majoritaires c’est le flamand et/ou l’anglais.

Chapitre 7 Discussion des résultats et conclusion générale

De la même manière, chez les deux groupes minoritaires dans deux villes majoritairement francophones ainsi que chez les deux groupes francophones majoritaires dans ces mêmes villes, nous avons remarqué que les groupes minoritaires scolarisés en français ont un niveau moins élevé de perception de la compétence en langue maternelle (arabe et/ou berbère) comparativement à celui observé chez les groupes francophones majoritaires (LM, le français pour ces deux derniers groupes). Par contre, les groupes minoritaires ont un niveau plus élevé de perception de la compétence en langue seconde (le français) par rapport à celui observé chez les groupes francophones majoritaires (l’anglais et/ou le flamand pour ces deux derniers groupes).
De façon générale, une première constatation importante à faire à la suite de ces résultats est de souligner que le niveau perçu de compétence linguistique en langue maternelle et en langue seconde chez les sujets, varie non seulement en fonction du statut des groupes minoritaires et ou majoritaires mais, également varie en fonction de la langue de scolarisation des groupes majoritaires.Les différentes recherches menées par Landry et Allard (1990; 1992; 1996); et par Landry (2001) et qui mesurent la vitalité ethnolinguistique des groupes en rapport avec leur niveau de compétence linguistique, suggèrent que le niveau de compétence des sujets est déterminé par la vitalité ethnolinguistique de la communauté plutôt que par les qualités personnelles des individus. Cependant, il importe de préciser que ces recherches ont surtout été menées auprès des groupes francophones minoritaires scolarisés en anglais et elles n’ont pas permis d’examiner le niveau de compétence linguistique de ces groupes par rapport à d’autres groupes. Alors que dans notre recherche, nous avons examiné le niveau perçu de compétence linguistique en langue maternelle et en langue seconde, aussi bien chez les groupes minoritaires que chez les groupes majoritaires de même culture se trouvant dans différents contextes et ayant des expériences scolaires différentes. Aussi, nous avons suggéré que le statut ethnolinguistique des groupes ainsi que la langue de scolarisation des groupes majoritaires sont des variables jouant un rôle important dans la perception du niveau de compétence linguistique des sujets en langue maternelle et en langue seconde.

Chapitre 7 Discussion des résultats et conclusion générale

Une deuxième constatation nous semble intéressante, c’est celle liée au niveau perçu de compétence linguistique en langue maternelle et ou en langue seconde des sujets minoritaires et des sujets majoritaires. Il appert que même s’il y a une différence entre les groupes, les sujets se perçoivent compétents aussi bien en langue maternelle qu’en langue seconde. Ce résultat suggère donc, chez nos sujets, un certain équilibre linguistique qui pourrait être bénéfique pour chacun des groupes aussi bien sur le plan académique que sur celui des relations interpersonnelles.

La différence entre les sujets minoritaires et les sujets majoritaires en termes des usages langagiers (H7)

L’Hypothèse 7 a été aussi entièrement confirmée. Tel qu’il a été stipulé dans cette hypothèse, les usages langagiers des groupes minoritaires scolarisés en français dans deux villes majoritairement francophones (les Marocains de Montréal et les Marocains de Bruxelles), sont différents de ceux des sujets de même culture, scolarisés en arabe et ou en français dans le pays d’origine (les Marocains arabisés et les Marocains francisés).En effet, les résultats de notre recherche ont montré que les groupes minoritaires (les Marocains de Montréal et les Marocains de Bruxelles) sont différents des groupes majoritaires (les Marocains arabisés et les Marocains francisés). Plus spécifiquement, il a été montré que les Marocains de Montréal et ceux de Bruxelles ont recours soit à la langue maternelle (l’arabe et ou le berbère); soit à un mélange de langue (arabe + français et/ou berbère) soit uniquement au français. Pour ce qui est des groupes majoritaires, les Marocains arabisés utilisent surtout l’arabe (LM), alors que les Marocains francisés ont plutôt recours à un mélange de langue (français+arabe).Ce qui ressort de plus pertinent dans ces résultats, c’est qu’il nous a été possible de repérer non seulement une différence entre les groupes minoritaires et les groupes majoritaires dans leurs usages langagiers, mais également, à l’intérieur de chaque groupe, de noter des variations dans les usages langagiers, et ce, en fonction du milieu (milieux familial, scolaire ou avec les camarades) où les sujets sont contact avec la langue

Chapitre 7 Discussion des résultats et conclusion générale

maternelle et ou avec la langue seconde. Ces variations au niveau des usages langagiers chez les sujets sont surtout dues à leur environnement linguistique assez particulierCes résultats rejoignent ceux obtenus par Landry dans sa recherche menée auprès des Francophones du Nouveau Brunswick. Ce dernier a démontré que l’usage du français chez les sujets est fréquent, uniquement avec les parents. Par contre, cet usage diminue avec les frères et sœurs. Ceci indique selon Landry, un effet de génération dans le degré de francité du réseau familial.Dans l’ensemble, les résultats relatifs à notre Hypothèse (H7) viennent appuyer la théorie socio-psychologique de Landry et Allard (1990). Cette théorie suggère que l’ensemble des réseaux de contacts linguistiques détermine en partie le comportement langagier de l’individu en situation de contact des langues. Selon les auteurs, ces réseaux sont d’une part, l’articulation primordiale existant entre le comportement individuel concret et les systèmes de relations sociales. D’autre part, ces mêmes réseaux ont un impact propre sur le comportement langagier de l’individu et même sur le choix du code ou de la variété linguistique à utiliser.Dans le cas de notre étude, les sujets minoritaires sont non seulement scolarisés en français mais se trouvent dans des milieux où la langue d’usage est le français. Il est par conséquent important pour ces adolescents d’être en contact avec leurs réseaux familiaux et communautaires pour pouvoir continuer à faire usage de leur langue maternelle voire de la maîtriser. Dans le cas où le contact avec leurs réseaux communautaires est limité ou inexistant leur seule langue d’usage serait celle parlée par la majorité dans leur milieu de vie.Dans le cas des groupes marocains vivant dans le milieu majoritaire (Maroc), deux situations peuvent ainsi se présenter. D’un côté, les sujets qui sont scolarisés en arabe avec seulement quelques heures d’enseignement en français auraient plus tendance à faire usage de la langue maternelle dans tous les milieux et dans toutes les situations; plus particulièrement s’ils ne sont pas en contact avec la langue française et avec les gens qui parlent cette langue. De l’autre côté, les sujets scolarisés en français, et se trouvant même

Chapitre 7 Discussion des résultats et conclusion générale

dans un milieu ou la majorité parlent l’arabe, seraient probablement davantage en contact avec des individus de leurs réseaux scolaires et communautaires qui emploient plus la langue française que la langue arabe. Par conséquent, ce contact aurait une influence assez directe sur le comportement langagier de ces sujets.Également, nos résultats indiquant une différence entre les groupes minoritaires et les groupes majoritaires en ce qui a trait à leurs usages langagiers vont dans le même sens que les résultats de certaines recherches menées par Landry et Bourhis (1997), par Bornman et Appelgryn (1997) et par Landry et Allard (1990). Les chercheurs ont démontré que le statut ethnolinguistique d’un groupe a un impact direct sur le choix d’une langue à l’intérieur d’une communauté et par le fait même sur le maintien ou non de l’identité première. C’est dans ce sens que Giles, Bourhis et Taylor (1977) insistent dans leur théorie sur l’importance du statut ethnolinguistique dans le maintien ou non d’une langue à l’intérieur d’une communauté. Ils soulignent que, plus la représentation démographique d’un groupe quelconque est forte, son statut socio-économique élevé et le support institutionnel important, plus le groupe sera en mesure de maintenir sa langue. Dans le même sens, Jürgen, 1996 : 64 précise à cet effet que : « (…) plus un groupe contrôle ses propres institutions ou exerce du pouvoir au sein d’organisations sociales importantes, plus élevée sera la vitalité linguistique du groupe et plus la langue sera utilisée sur le plan social et institutionnel ».

La différence entre les sujets minoritaires et les sujets majoritaires en termes des habitudes linguistiques (H8a à H8c)

En ce qui concerne l’hypothèse 8, il s’agissait de vérifier si les habitudes linguistiques des Marocains de Montréal sont différentes de celles des Marocains de Bruxelles (H8a). Aussi, à savoir si les habitudes linguistiques des Marocains arabisés sont différentes de celles des Marocains francisés (H8b). Finalement, cette hypothèse stipulait aussi, que les habitudes linguistiques des groupes minoritaires dans deux villes majoritairement francophones sont différentes de celles des groupes francophones majoritaires dans ces mêmes villes (H8c).

Chapitre 7 Discussion des résultats et conclusion générale

De façon générale, cette hypothèse a été partiellement confirmée. D’abord, nous avons constaté que les Marocains de Montréal et les Marocains de Bruxelles ne sont pas entièrement différents entre eux en ce qui a trait à leurs habitudes linguistiques (H8a). Les résultats ont révélé une tendance, soulignant que le français est la langue qui est seulement » ou « surtout » utilisée pour regarder la télévision, les films ou bien pour écouter la radio ou des chansons, et ce, aussi bien chez les Marocains de Montréal que chez les Marocains de Bruxelles.Ces résultats vont dans le même sens que les résultats obtenus dans la recherche de Godin et Renaud (1994), menée dans un contexte différent de celui de notre recherche. Il s’agit d’une recherche menée auprès des Francophones acadiens du Nouveau Brunswick. Les auteurs ont démontré que le statut ethnolinguistique des groupes jouait un rôle important dans l’usage des langues dans le domaine des médias. Leurs résultats ont donc révélé que près de 90% des jeunes Francophones écoute la musique anglaise et environ 72% écoutent la radio et la télévision anglaises.En revanche, pour ce qui est de la comparaison entre les deux groupes majoritaires (H8b), les résultats ont indiqué que les Marocains arabisés sont différents des Marocains francisés dans leurs habitudes linguistiques. La majorité des Marocains arabisés utilisent les deux langues (à savoir le français et l’arabe) dans les médias alors que chez les Marocains francisés, la moitié des sujets utilisent le français et l’arabe alors que l’autre moitié utilise surtout le français.Pour ce qui est de la troisième partie de cette même hypothèse (H8c) qui stipulait que les habitudes linguistiques des groupes minoritaires (les Marocains de Montréal et les Marocains de Bruxelles) sont différentes de celles des groupes francophones majoritaires (les Québécois de Montréal et les Belges de Bruxelles), nous avons constaté une tendance suggérant qu’aussi bien les groupes minoritaires que les groupes francophones majoritaires font usage « seulement » ou « surtout » du français pour regarder la télévision, des films ou bien pour écouter la radio ou des chansons.

Chapitre 7 Discussion des résultats et conclusion générale

En résumé, les résultats relatifs à l’hypothèse (H8a et H8c) révèlent que les deux groupes minoritaires, à savoir les Marocains de Montréal et les Marocains de Bruxelles font usage du français dans le domaine des médias. Il en est de même pour les deux groupes francophones majoritaires (les Québécois de Montréal et les Belges de Bruxelles). En revanche, il existe une différence entre les deux groupes majoritaires dans le pays d’origine. Les Marocains arabisés utilisent le français et l’arabe alors que les Marocains francisés utilisent uniquement le français. Il serait important de souligner, qu’à notre connaissance, peu d’études ont tenté d’examiner les usages langagiers des groupes dans le domaine des médias. Notre recherche fait cependant exception et son intérêt réside dans le fait qu’elle a fait ressortir que le statut des sujets en tant que groupe minoritaire ou majoritaire ne joue pas vraiment un rôle important dans le choix des langues à utiliser dans ce domaine. Toutefois, en milieu majoritaire et avec une population scolarisée dans deux langues différentes, la langue de scolarisation peut être considérée comme un facteur important qui détermine en quelque sorte la langue que les sujets préfèrent utiliser dans leurs contacts avec les médias.En somme, considérant l’ensemble de nos résultats relatifs aux hypothèses (H 5, H6, H7, H8), vus sous l’angle de notre cadre théorique, nous suggérons alors qu’il existe un lien entre le statut ethnolinguistique des groupes et leurs comportements langagiers. D’ailleurs, c’est ce que stipule le modèle socio-pychologique de Landry et Allard (1990). Ces auteurs affirment que le statut ethnolinguistique d’un groupe aurait un impact direct sur le choix d’une langue à l’intérieur d’une communauté et sur le niveau de compétence linguistique des groupes en situation de contact des langues.Par ailleurs, nos résultats ajoutent une dimension importante qui, à notre connaissance, n’a pas été soulevée dans les recherches précédentes. Cette dimension se rapporte à la langue de scolarisation qui d’après nos résultats serait un facteur important déterminant le comportement langagier des sujets majoritaires.

Chapitre 7 Discussion des résultats et conclusion générale

Section 3 : L’examen de l’expression identitaire chez les sujets minoritaires et les sujets majoritaires

Dans le but de présenter une discussion relative à la section 3, nous allons faire dans un premier temps un rappel des résultats de l’analyse d’«échelonnage multidimensionnel » afin de répondre à la question 4 de notre recherche. Dans cette question, il s’agissait de vérifier dans quelle mesure l’expression de l’identité culturelle est différente d’un groupe à l’autre selon :
le statut des sujets en situation minoritaire ou majoritaire;
le pays d’accueil des sujets en situation minoritaire;
la langue de scolarisation des sujets en situation majoritaire.
À cette question correspondaient les hypothèses H9, H10, H11.

La différence entre les groupes minoritaires et les groupes majoritaires en termes de l’expression identitaire (H9)

Les résultats relatifs à l’hypothèse 9 ont montré que chez les sujets, en situation de minorité ethnolinguistique et scolarisés en français dans deux villes majoritairement francophones (les Marocains de Montréal et les Marocains de Bruxelles), l’expression de l’identité culturelle est différente de celle exprimée par les sujets de même culture, scolarisés en langue maternelle ou en français dans le pays d’origine (les Marocains arabisés et les Marocains francisés). Ces résultats confirment notre hypothèse 9. Plus spécifiquement, ils ont montré que les Marocains de Montréal vivant à Montréal s’identifient aux groupes majoritaires (les Québécois francophones), alors que les deux groupes majoritaires qui vivent dans le pays d’origine s’identifient à leur propre groupe d’origine (les arabophones arabisés et / ou francisés).
Ces résultats vont dans le même sens que les résultats de certaines recherches (voir, entre autres, les travaux de Bornman et Appergryn, 1997, de Landry et Bourhis 1997, de Fiske, 1992 et de Lorenzi-Cioldi, 1993), menées dans des contextes différents de celui de notre recherche et auprès de populations différentes de celles de notre étude. Les auteurs ont démontré qu’il existe un lien entre le statut des individus et leur perception

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Table des matières

Introduction
Chapitre 1
Problématique de la recherche
Introduction
2.Les liens entre le statut ethnolinguistique et les facteurs socio-psychologiques
Chapitre 2
Cadre théorique de la recherche
3 Introduction
Chapitre 3
Revue des écrits
4 Introduction
Schémas des questions et des hypothèses de recherche
Chapitre 4
Méthodologie de la recherche 
5.Introduction
Chapitre 5 
6.Introduction
Les usages langagiers
7.Introduction
Les liens entre les échelles des attitudes langagières et les mesures des usages langagiers
8.Introduction.
Conclusion générale
9.Références bibliographiques

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