Les inégalités sociales sont observées, des classes à niveaux sont testées

« Éliminer les indésirables »

Selon Pierre Ramseyer, premier directeur de l’ESRN, « les élèves de la ville entrent à l’école secondaire un peu comme dans un moulin »17. Il est convaincu qu’un examen d’entrée pour tous « éliminerait les indésirables »18. Durant cette séance, il est également suggéré que les parents des élèves non promus remboursent les frais d’écolage. Ces élèves sont décrits comme étant des trouble-fêtes qui arrêtent leur cursus en cours de route. Les examens d’admission doivent permettre un meilleur filtrage. Pierre Ramseyer propose de faire passer un examen à tous les élèves désirant y entrer. Il affirme que sans cet examen, certaines difficultés pourraient apparaître; les locaux et le nombre de professeurs notamment. Pierre Rieben, vice-président de la commission, est partisan d’un examen d’admission, mais affirme que le remboursement de l’écolage pour les élèves non promus n’est pas envisageable pour des raisons juridiques. L’ensemble de la commission se montre favorable à l’examen d’admission suite au discours du directeur Pierre Ramseyer. À

titre anecdotique, P. Rieben trouve les élèves dispersés non seulement par des fautes d’enseignement, mais également par la radio et le cinéma. Comment interpréter cette information ? Nos aînés ont certainement senti que les élèves avaient d’autres préoccupations et que l’école n’était plus leur unique manière d’acquérir des connaissances et de découvrir la vie. La radio et le cinéma leur permettent une ouverture nouvelle sur le monde qui les entoure et, de ce fait, l’école n’a plus le même intérêt. L’article 1 indiquant qu’aucun élève ne peut entrer à l’école secondaire sans examen préalable est accepté le 4 février 1954 puis finalisé le 28 février. Les premiers examens sont passés seulement un mois plus tard, quinze jours avant la rentrée d’avril 1954. 19 Le 11 février de la même année, une nouvelle séance a lieu et les discussions autour de l’organisation de l’admission à l’ESRN reprennent. Les enjeux de ces échanges sont notamment de trouver la bonne formule pour convaincre le DIP.

Il est rappelé que les examens d’admission existent depuis plusieurs années pour les élèves venant des communes suburbaines et que ce système fonctionne bien jusqu’à présent. Cependant, la nature même des épreuves pose problème dans la mesure où il faudrait proposer des tests d’une certaine valeur pour permettre un filtrage efficace. Pour des raisons économiques, il n’est pas souhaité que des élèves commencent l’Ecole secondaire pour ne pas la terminer. À ce propos, Samuel Humbert, conseiller communal, s’exprime de la manière suivante: Chacun souhaite un meilleur filtrage à la base. L’école est là pour les enfants et non pas le contraire. Il s’agit de favoriser ceux qui veulent faire des études, et ce que nous voulons, ce sont des élèves qui font le cycle complet.20 Le DIP valide le nouveau règlement d’admission et les examens sont organisés. D’entente avec le Département, cette rentrée 1954 est désignée comme expérimentale. En plus de l’évaluation des branches principales, des tests psychologiques et des épreuves d’intelligence analysent les candidats à l’école secondaire. Les résultats des examens susmentionnés sont jugés comme bons même si la commission remarque et cautionne les mesures de clémence21 prises pour favoriser certains élèves. La commission relève toutefois de grandes différences de niveau malaisément explicables, puisqu’il faut remettre en cause l’enseignement dans certaines communes. En effet, certains élèves ayant une moyenne de 5.50 à l’école primaire ont raté les tests, quand d’autres les ont réussis en se présentant avec une moyenne bien inférieure. Durant les discussions, un constat est soulevé: même en ayant de très bonnes notes à l’école primaire, certains élèves n’ont pas le niveau pour l’école secondaire. Au printemps 1954, ce sont 717 élèves qui entrent à l’ESRN aux collèges moderne et classique.

Analyse des sections classique et moderne

Le 8 mai 1954, quelques semaines après la rentrée scolaire, Pierre Ramseyer présente ses souhaits de réforme aux différents neuchâtelois. Lors d’une séance organisée au Locle, son exposé insiste sur le problème de structure qui demeure dans le système éducatif et qu’il est primordial de régler. Les élèves ne désirant pas poursuivre des études supérieures passaient usuellement neuf ans à l’école primaire. Pourtant, il est devenu dépréciatif de ne pas entrer soit au collège classique, soit au collège moderne. Les patrons engagent plus volontiers des étudiants ayant fait l’école secondaire alors même que cette école n’apprend pas aux élèves les métiers professionnels. C’est pour cette raison que de nombreux élèves sont motivés à rejoindre l’école secondaire. Malgré cet enthousiasme, Pierre Ramseyer rappelle que seuls 50 % des entrants terminent leur cursus.

Si la section classique doit amener les élèves à poursuivre des études littéraires, la section moderne, elle, doit par défaut préparer les élèves à tout le reste; des études scientifiques aux écoles professionnelles, en passant par les carrières artisanales. Le directeur de l’ESRN rappelle que ces deux sections avaient été créées en 1946 pour permettre aux élèves de suivre des études supérieures. Les programmes n’étaient pas établis pour les élèves se dirigeant vers des voies professionnelles ou artisanales. De plus, les élèves sortant de 5e choisissent parfois d’entrer en classique en 6e pour quitter l’école primaire plutôt que pour poursuivre des études littéraires, ce qui engendre inéluctablement des problèmes d’orientation et d’organisation. En résumé, le collège classique est jugé satisfaisant pour les bons élèves désirant réellement poursuivre des études littéraires. Le collège moderne est quant à lui jugé insuffisant pour les élèves voulant poursuivre des études scientifiques et pour les élèves désirant poursuivre une carrière professionnelle ou artisanale. Pierre Ramseyer affirme que toute la structure doit être repensée pour offrir à la jeunesse une formation à la hauteur de ses besoins. Pour commencer, la création d’une section scientifique est l’une de ses priorités. acteurs du système éducatif.

Des problèmes de locaux suite à la démocratisation des études Environ dix mois plus tard, le 25 mars 1955, une constatation ressort lors de la séance de la commission scolaire: de plus en plus d’élèves veulent entrer à l’école secondaire. Pierre Ramseyer parle dans son discours d’un « problème mondial ».26 Des contrariétés de locaux viennent perturber le bon déroulement de la rentrée et quatre classes supplémentaires doivent s’ouvrir. Les acteurs de l’époque se demandent comment faire face à l’augmentation des effectifs. Ils n’imaginent pas en 1955 que ce problème perdurera encore dix ans… Alors que des tests sont mis en place afin d’éviter que les élèves n’entrent à l’ESRN comme dans un moulin, les « négociateurs » doivent toutefois trouver de nouvelles solutions pour accueillir des effectifs toujours grandissants. Pierre Rieben, vice-président de la commission, fait remarquer que « le rythme des naissances joue également un rôle important dans la question des effectifs ».27 En décembre 1956, le Bureau présente à la commission une modification du règlement d’admission. Deux ans après son introduction, il est constaté que certains élèves des classes secondaires présentent d’importantes lacunes. Un article est modifié et les étudiants ayant des résultats insuffisants après le premier trimestre sont renvoyés à l’école primaire.28

Pour la rentrée des classes 1956, 961 élèves sont inscrits dans les deux sections de l’école secondaire; 492 élèves au collège classique et 469 au collège moderne. En deux ans, l’effectif augmente considérablement (+244 élèves), ce qui engendre à nouveau des complications évidentes dues au manque de place. De ce fait, Pierre Ramseyer explique à la commission que les classes sont surchargées et qu’il est compliqué d’en ouvrir davantage. « En ce qui concerne les locaux, P. Ramseyer [souligne] la situation extrêmement angoissante ».29 Le 17 janvier 1957, la commission se rencontre et estime les effectifs pour la prochaine rentrée. 1100 élèves sont attendus et il est supputé que cinq nouvelles classes devront être ouvertes. Samuel Humbert-Droz, conseiller communal, explique à la commission qu’ « il [faut] prendre contact avec l’école primaire, avec l’école de commerce, avec la société de la salle de conférence [et] avec le propriétaire de la Salle de Paroisse pour trouver des locaux nécessaires ».30

Au Collège latin, des animaux empaillés sont entreposés dans des classes qui ont été mises à disposition du musée. Cette nouvelle fait vivement réagir la commission qui a besoin de cette place. La situation d’urgence demeure. Quatre mois plus tard, le 23 mai 1957, le rapport de la commission nous informe que le musée d’histoire naturelle s’incline devant l’ultimatum de Samuel Humbert-Droz et déménage les animaux empaillés avec une certaine amertume. Nous apprenons également que la ville commence à montrer certaines réticences quant au financement des projets de construction de l’ESRN puisqu’elle a déjà déboursé sept millions de francs durant les dix dernières années. À l’heure où la construction d’un bâtiment pour accueillir le nombre grandissant d’élèves devient indispensable, les réticences financières viennent mettre à mal les projets de l’ESRN qui constate que sans l’aboutissement d’une réforme, les autorités cantonales ne mettront pas la main au porte-monnaie pour subventionner la commune de Neuchâtel.31

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Table des matières

INTRODUCTION
1. ANALYSE DES SOURCES
2. DE L’APRES-GUERRE AUX PORTES DU XXIE SIECLE
2.1 POURQUOI CREER UNE ECOLE SECONDAIRE REGIONALE ?
2.2 CREATION D’UNE COMMISSION SCOLAIRE, PREMIERS DEBATS, PREMIERES REFORMES – LES ANNEES
2.2.1 « Eliminer les indésirables »
2.2.2 Analyse des sections classique et moderne
2.2.3 Des problèmes de locaux suite à la démocratisation des études
2.2.4 « La société a besoin d’une élite »
2.3 DES COMPROMIS ET UN NOUVEAU CENTRE SCOLAIRE — LES ANNEES 60
2.3.1 Le peuple refuse la suppression d’une année de latin
2.3.2 Une nécessité de s’adapter aux transformations de la société
2.3.3 Les inégalités sociales sont observées, des classes à niveaux sont testées
2.4 LES GRANDES REFORMES SONT-ELLES DERRIERE ? LES EXPERIENCES PEDAGOGIQUES DANS LES ANNEES
2.4.1 Un certain conformisme freine la pédagogie nouvelle
2.4.2 La section préprofessionnelle pour une Ecole globale
2.5 UNE NOUVELLE REFORME – LES ANNEES 80
2.5.1 Renforcer la sélection et s’adapter à la nouvelle mentalité des élèves
2.5.2 Des intentions particulières pour chaque section
2.5.3 « Vous avez dit… pédagogie ? »
3. 1984-2014, VERS LA FIN DES FILIERES
Préambule
3.1 L’ECOLE SE TRANSFORME
3.2 LE CORPS ENSEIGNANT DOIT S’ADAPTER
CONCLUSION
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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