Les habitudes alimentaires de la petite nyctale (aegolius acadicus) en forêt boréale mixte de l’est du canada

Répercussions de la foresterie et de l’agriculture sur les espèces associées aux forêts âgées

Diminuer l’écart entre les paysages forestiers aménagés et les paysages naturels est l’assise même de l’aménagement écosystémique en forêt boréale (Gauthier et al. 2008).
L’enjeu d’aménagement le plus couramment identifié dans les paysages aménagés de ce biome est la modification de la structure d’âge du paysage forestier. Ce phénomène se traduit par une perte de forêts âgées au profit de forêts en régénération et de jeunes peuplements (Bergeron et al. 2002) qui peut affecter la diversité biologique associée à ce type d’habitat (Drapeau et al. 2000, 2003). Cette modification de la structure d’âge des peuplements forestiers à l’échelle des paysages amène également une réduction de la quantité d’arbres vivants de grands diamètres, ainsi que d’arbres morts sur pied (Fenton et al. 2008). En forêt boréale, la perte et la fragmentation progressives des habitats forestiers matures et âgés suscitent de nombreuses préoccupations pour les espèces associées à ces habitats ainsi qu’à ses attributs particuliers, tels les arbres morts et les arbres à cavités (Drapeau et al. 2009). En effet, en forêt boréale de l’est du Canada, les chicots et les gros arbres ayant des cavités fournissent des substrats d’alimentation, des sites de repos et des cavités de nidification à plus d’une cinquantaine d’espèces d’oiseaux et de mammifères (Darveau 2001; Cadieux 2011).
Les cavités ont donc été reconnues comme une ressource critique au cœur d’un réseau complexe reliant les excavateurs primaires créant la ressource, à des excavateurs faibles et utilisateurs secondaires qui y nichent.

Fragmentation et perte d’habitat

Effets sur la faune

Ceci étant dit, la perte et la fragmentation des habitats peuvent modifier divers processus liés à la dynamique des populations telles que la productivité, la prédation, la compétition et la dispersion des organismes (Bélisle et al. 2001; Chalfoun et al. 2002; Fahrig 2003; Stevens et al. 2004). Chez les oiseaux et les mammifères, certains travaux révèlent que la taille des populations animales décroit de façon proportionnelle à la perte d’habitats jusqu’à un seuil où seulement 10 à 30% d’habitats favorables persistent dans un paysage donné (Andrén 1994; Virg6s 2001, Radford et al. 2005). En deçà de ce seuil, les effets de la fragmentation des habitats s’ajoutent à ceux de la perte nette des habitats. Ces phénomènes entrainent des déclins plus prononcés que ceux prévus par la perte d’habitat à elle seule, ce qui peut se traduire par la disparition d’espèces plus sensibles.

Espèces spécialisées

Certains organismes plus spécialisés seront inévitablement touchés par la perte et la fragmentation du couvert forestier (Monkkonen et Welsh 1994; Imbeau et al. 2001). Selon lmbeau et al. (200 1), les espèces d’oiseaux résidentes ou effectuant de courtes migrations sont plus sujettes aux menaces de la perte d’habitat et de fragmentation. De ces espèces, huit sont particulièrement sensibles aux menaces de la foresterie en forêt boréale coniférienne. Il s’agit de trois espèces excavatrices, soit le Pic à dos rayé (Picoides dorsalis), le Grand Pic  (Dryocopus pileatus) et le Pic à dos noir (Picoides arcticus), de quatre espèces utilisatrices secondaires de cavités, soit la Nyctale de Tengmalm (Aegolius funereus), la Mésange à tête brune (Poecile Hudsonica), le Petit Garrot (Bucephala albeola), le Garrot à œil d’or (Bucephala clangula) et fmalement le Grimpereau brun (Certhia americana). Parmi les utilisateurs secondaires de cavités, la Petite Nyctale (Aegolius acadicus) est la seule espèce prédatrice dans la forêt boréale mixte de l’est de l’Amérique du Nord dont les activités de chasse se réalisent strictement en milieu forestier (Rasmussen et al. 2008).

Effet de la perte et de la fragmentation des habitats sur le comportement de nidification

Une étude réalisée en Alberta a perm1s de démontrer que, bien que corrélé positivement avec les habitats forestiers, la présence de mâles chanteurs est détectée dans des habitats avec aussi peu que 16% de couvert forestier. Une étude en Estrie a pour sa part démontré que la probabilité de détection des mâles chanteurs était de 50% pour un habitat résiduel de 25% du couvert forestier d’origine et de 100% pour seulement 30% de couvert résiduel (Perreault 20 10). La Petite Nyctale serait ainsi un strigidé avec une forte tolérance à la perte d’habitat, devant le Grand-duc d’Amérique qui requiert de 36% à 65% de couvert forestier dans le paysage et devant la Chouette rayée qui requiert 66% de couvert et plus (Grossman et al. 2008). La proportion de couvert forestier ne semble pas influencer le choix des sites de nidification par la Petite Nyctale. Cette capacité pour la Petite Nyctale de nicher dans dans des îlots forestiers de moins grande taille ou à l’intérieur de paysages plus fragmentés a aussi été démontrée en Alberta par Hinam et St-Clair (2008).
Ces travaux ont de plus permis de démontrer que le mâle nicheur utiliserait un domaine vital autour du nichoir variant de 11,7 ha (190 m de rayon) à 137 ha (660 m de rayon; moy = 89,4 ha ± 40,2) et passerait de 1 à 60 min sur un perchoir à l’affût d’une proie.
Le temps passé au même perchoir augmente significativement avec la distance au nid (Chamov 1976; Hinam et St-Clair 2008). Le mâle peut prendre plus de 100 minutes entre chaque passage au nid avec une moyenne de 22,7 min± 17,8 min (Hinam et St-Clair 2008).
Toujours selon ces mêmes auteurs, la distance séparant la parcelle boisée voisine à celle utilisée pour la nidification n’influence pas le nombre de mouvements à l’intérieur d’une parcelle boisée donnée. Cependant l’augmentation de la taille de la parcelle augmente le nombre de déplacements dans cette même parcelle (Hinam et St-Clair 2008).

Effet de l’âge du mâle et des précipitations sur le succès de reproduction

Certaines études finlandaises sur la Nyctale de Tengmalm ont démontré que le succès reproducteur des couples où les mâles étaient à leur première saison de nidification était moindre que le succès des couples où les mâles étaient plus âgés (Korpimaki, 1988). Cette différence dans le succès reproducteur serait rattachée au succès de chasse des mâles, les mâles plus jeunes étant moins performants que les mâles plus âgés. Il fut aussi démontré en Finlande que l’âge des mâles Nyctales de Tengmalm a une influence sur la date d’initiation de nichée (Laaksonen et al. 2002). Il a été observé dans cette même étude que les mâles plus vieux produisent plus de jeunes que les mâles d’un an.
Ces effets de l’âge du mâle pourraient toutefois être masqués par les effets de l ‘environnement, tel que la quantité de nourriture disponible. En effet, lors des années où les rongeurs sont abondants, l’effet de l’âge du mâle serait atténué. Cette quantité de nourriture disponible peut être liée aux variations intrinsèques aux espèces de proies colonisant l’environnement (Cheveau et al. 2004; Bowman et al. 2008), ou encore, être reliée aux conditions atmosphériques telles que les précipitations. En effet, il a été démontré lors d’études sur différentes espèces de rapaces telles que la Crécerelle d’Amérique (Falco sparverius), la Chouette tachetée (Strix occidentalis), ou encore la Buse variable (Buteo buteo) et le Faucon Crécerelle (Falco tinnunculus) en Europe, que les précipitations avaient un effet négatif sur le nombre de proies qui sont transportées au nid (Kostrzewa et Kostrzewa 1990; Dawson et Bortolotti 2000; North et al. 2000). Ce nombre de proies à la baisse a inévitablement un effet sur le succès reproducteur de l’oiseau étudié.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
0.1. Répercussions de la foresterie et de l’agriculture sur les espèces associées aux forêts âgées 
0.2. Fragmentation et perte d’habitat
0.2.1. Effets sur la faune
0.2.2. Espèces spécialisées
0.3. Problématique
0.4. État général des connaissances sur la Petite Nyctale 
0.4.1. Répartition
0.4.2. Sélection de l’habitat en période de reproduction
0.4.3. Habitudes alimentaires
0.4.4. Reproduction
0.4.5. Prédation
0.4.6. Effet de la perte et de la fragmentation des habitats sur le comportement de nidification
0.4.7. Effet de l’âge du mâle et des précipitations sur le succès de reproduction
0.5. Objectifs de l’étude 
CHAPITRE I :LES HABITUDES ALIMENT AIRES DE LA PETITE NYCTALE (AEGOLIUS ACADICUS) EN FORÊT BORÉALE MIXTE DE L’EST DU CANADA
1.1. INTRODUCTION 
1.2. MÉTHODES
1.2.1. Aire d’étude
1.2.2. Description de la Diète
1.2.2.1. Extraction et identification des restes osseux
1.2.2.2. Estimation de la biomasse
1.2.2.3. Biais de la méthode d’identification
1.2.3. Obtention des données de composition paysagère, de précipitations et d ‘âge des mâles
1.2.4. Traitement Statistique
1.3. RÉSULTATS 
1.4. DISCUSSION 
1.5. REMERCIEMENTS 
1.6. RÉFÉRENCES 
CHAPITRE II :EFFET DE LA PERTE ET DE LA FRAGMENTATION DE FORÊT AGÉE SUR LE SUCCÈS REPRODUCTEUR DE LA PETITE NYCTALE (AEGOLIUS ACADICUS) EN FORÊT BORÉALE DE L ‘EST DU CANADA
2.1. INTRODUCTION 
2.2. MATÉRIEL ET MÉTHODE 
2.2.1. Aire d ‘étude
2.2.2. Détermination de l’occupation des sites, de la taille de ponte et du succès reproducteur
2.2.3. Mesures de la condition physiologique des individus
2.2.4. Caractérisation de la composition et de la fragmentation du paysage à l’échelle des stations
2.2.5. Conditions météorologiques
2.3. ANALYSE STATISTIQUE 
2.3.1. Occupation des sites
2.3.2. Taille de ponte
2.3.3. Prédation et réduction de nichée
2.3.4. Condition physiologique des individus et succès à l’envol
2.4. RÉSULTATS 
2.4.1. Occupation des stations de nichoirs
2.4.2. Nombre d’œufs pondus
2.4.3. Prédation
2.4.4. Réduction de nichée
2.4.5. Condition physiologique des individus
2.4.6. Succès à l’ envol
2.5. DISCUSSION 
2.6. REMERCIEMENTS
2.7. RÉFÉRENCES
CONCLUSION GÉNÉRALE 
3. 1. Alimentation 
3.1.1. Sélection de proies
3.1.2. Variables influençant la quantité totale de proies et la sélection de proies
3.1.3. Effet des proies principales versus alternatives sur le succès reproducteur
3.2. Sélection d’habitat et succès reproducteur
3.2.1. Variables influençant l’occupation de sites de nidification
3.2.2. Conditions physiologiques des individus
3.2.3. Succès d’envol
3.3. Conclusion globale
BIBLIOGRAPHIE DE L ‘INTRODUCTION ET DE LA CONCLUSION GÉNÉRALE

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