Les grossesses non désirées. Chez les kanak dès 16 ans

Organisation territoriale de la Nouvelle-Calédonie

   La Nouvelle-Calédonie présente une organisation territoriale instituée par la loi N° 88.1028 du 9 novembre 1988 lors de la signature des accords de Matignon. Du point de vue politique, la Nouvelle-Calédonie est segmentée en trois provinces qui sont régentées par des assemblées élues au suffrage universel. Le Congrès forme l’union des trois assemblées provinciales. Ces provinces sont :
– La province nord qui comprend la partie nord de la Grande Terre et de l’archipel des Bélep. Elle concerne les territoires des communes de Bélep, Poum, Ouegoa, Pouebo, Hienghène, Touho, Poindimié, Ponerihouen, Houailou, Canala, Koumac, Kaala-Gomen, Kouaoua,Voh, Koné et Pouembout. La province Nord, avec ses 41 413 habitants, compte pour 21 % de la population néo-calédonienne [3].
-La province sud comprenant la partie sud de la Grande-Terre et de l’île des Pins, et composée des territoires des communes de l’île des Pins, Mont-Dore, Nouméa, Dumbéa, Païta, Bouloupari, La Foa, Moindou, Sarraméa, Farino, Bourail, Thio et Yaté. La province Sud est la plus peuplée (134 546 habitants) et elle compte pour 68,4 % de la population totale [4].
-À l’Est, la province des îles Loyauté comprenant les territoires des îles de Maré, Lifou, Ouvéa et Tiga, n’abrite que 10,6 % des Néo-Calédoniens (20 877 habitants)

Histoire du développement économique

  Le développement économique, surtout à travers l’exploitation minière du nickel et les secteurs liés (la métallurgie mais aussi le bâtiment et l’énergie) a entraîné l’apport de main-d’œuvre asiatique d’abord  indonésienne puis vietnamienne et japonaise. A partir de la fin du XIXème siècle et pendant la première moitié du XXème siècle, leurs descendants représentaient 3,34 % de la population locale en 2009. Depuis les années 50, la Nouvelle-Calédonie a vu la migration d’une population polynésienne faite essentiellement de wallisiens et futuniens dans le but de rechercher du travail. (10,69 % des habitants en 2009) [7 ; 8 ; 9 ; 10]. Après la seconde guerre mondiale, la France abandonne le terme de colonie et abolit le code de l’indigénat qui fut adopté le 28 Juin 1881. Et c’est en 1887 que le gouvernement français l’imposa à l’ensemble de ses colonies. En général, ce code assujettissait les autochtones et les travailleurs immigrés aux travaux forcés, à l’interdiction de circuler la nuit, aux réquisitions, aux impôts de capitation (taxes) sur les réserves et à un ensemble d’autres mesures tout aussi dégradantes. Il s’agissait d’un recueil de mesures discriminatoires destiné à faire régner le «bon ordre colonial», celui-ci étant basé sur l’institutionnalisation de l’inégalité et de la justice. Ce code fut sans cesse «amélioré» de façon à adapter les intérêts des colons aux « réalités du pays »). Parallèlement, le Territoire connaît une croissance économique rapide et importante grâce à l’exploitation de « l’or vert » : c’est le « boom du nickel », la Nouvelle-Calédonie devenant alors le troisième producteur mondial [7 ; 8 ; 9 ; 10].

L’enfant et la naissance

   Du point de vue de l’organisation de la société kanak, la chefferie représente les clans. Le chef est choisi par les descendants de ceux qui ont fondé le pays. Aucun signe extérieur ne différencie le chef du reste du groupe, l’étranger qui arrive ne le remarque pas. Seul les gens du pays savent qui il est. Son autorité est toute relative puisqu’il ne commande pas mais représente ses « frères » lors des cérémonies coutumières. Il rassemble, il arbitre les conflits [19]. La vie y est rythmée par les trois événements de l’existence :
– la naissance : le nom choisi pour l’enfant correspond à la place qu’il occupe dans la société.
– le mariage : il répond à des impératifs d’alliances matrimoniales, les femmes étant échangées entre clans.
– la mort : le corps du défunt est entreposé dans un cimetière appartenant au clan paternel et ses biens sont récupérés par les membres utérins. Tout citoyen est régi dans les différentes étapes de son existence (naissance, mariage, adoption, divorce, décès) par un ensemble de règles de droit relevant du droit civil. Ces règles sont définies par le Code Civil et s’appliquent en principe indistinctement à tout citoyen français que l’on appelle le « droit commun ». En Nouvelle-Calédonie, les mélanésiens nés sur le territoire bénéficient d’un régime de droit particulier relevant de la coutume. Il est institué par l’article 75 de la Constitution de 1958 qui reconnaît le droit pour les « citoyens de la République qui n’ont pas le statut civil de droit commun» de conserver «leur statut personnel tant qu’il n’y ont pas renoncé. » Ainsi en Nouvelle-Calédonie, deux systèmes de droit civil coexistent : le droit commun et le droit particulier ou coutumier. Par conséquent, les mariages et dissolutions de mariages se font sur la base du consentement mutuel après accord des familles intéressées, sur le plan strictement coutumier. L’officier d’état-civil ne dresse un acte que dans une deuxième phase, celui-ci n’est que 1’enregistrement officiel d’un accord déjà conclu coutumièrement. Dans les actes de naissance, qu’ils concernent des enfants légitimes ou illégitimes, la reconnaissance est automatiquement assurée, soit au nom du père de famille, soit au nom de la mère. L’application des règles de fond du statut particulier, bien que différentes de celles applicables au droit commun et reposant sur un droit coutumier non écrit, ne rencontre pas de problème majeur. Tout comme le statut civil coutumier, la propriété coutumière est soumise à la coutume.

La place de la femme dans l’organisation sociale kanak 

  La maternité permetelle l’accès à une position dans cette société En terre kanak, la maternité est survalorisée, tandis que la sexualité est perçue comme un fait nocif et dégradant pour les hommes et la société [22]. « La valorisation des femmes comme épouses et mères étaient également au principe de l’enseignement prodigué aux filles dans les écoles catholiques et protestantes jusqu’à la fin des années 1960, centré sur les notions de devoir maternel et de travail domestique. S’y ajoutait le combat missionnaire contre l’immoralité qui passait par l’interdiction des danses mais aussi par l’interdiction de l’usage des plantes abortives ou contraceptives et par la volonté d’imposer une norme de virginité pré-maritale dans des sociétés où elle n’existait pas »[22]. Le pouvoir des femmes de donner des enfants est assurément gratifiant,mais les enfants « appartiennent » au père et à son clan. Si la complémentarité est mise en avant, celle-ci implique une dimension hiérarchique et une disparité : les hommes occupent les fonctions politiques, valorisées, tandis que les femmes assument un rôle reproductif et d’entretien domestique, à accomplir avec humilité. Les femmes kanak se servent de la maternité, de leur importance dans les alliances entre les clans et dans la production des produits échangés, ainsi que du prestige que leur maris et frères ne pourraient acquérir sans elles, comme autant de pouvoirs. Une fille kanak ne deviendra totalement une femme que lorsqu’elle aura donné à sa belle-famille un enfant, de préférence un garçon. Durant sa grossesse, elle sera l’objet de soins intensifs de la part des femmes du clan marital. « On va parler d’elle quand elle aura un enfant : les parents ont moins de scrupules à profiter de l’argent du mariage. Si une femme ne donne pas d’enfant, les parents se sentent en dette. Mais si elle a des enfants, ils disent : « Ma fille, elle a réussi son mariage » [20]. Une femme acquiert en se mariant  des responsabilités, car pour elle, se marier c’est comme atteindre la majorité en France. D’après C. Salomon, on observe aujourd’hui une pluralisation des conduites « dont témoignent les démarches individuelles et associatives qui mettent désormais ouvertement en cause les violences sexuelles commises contre elles et leurs filles », même en milieu rural. Avec l’accès aux études, au salariat des femmes, le possible recours au droit français, la possibilité d’aller à Nouméa et l’assouplissement des règles d’alliances, les femmes kanak ont aujourd’hui plus de choix dans l’accomplissement de leur vie, et plus de recours possibles en cas de situation difficile [23].

Le désir d’enfant dans la société kanak

   Dans la société Kanak, pour « fabriquer » un enfant « deux sangs » de deux lignées sont : celui du père (le sperme) et celui de la mère, sont des sangs vivants et source de puissance. Il revient donc aux sangs paternels de fabriquer le squelette du futur enfant, et, ceux utérins, les chairs, les parties molles et les organes. La femme est dite enceinte, dès lors que ces deux sangs se réunissent, à partir du dernier jour de ses règles. L’enfant à venir est donc, dès les tous premiers instants de sa conception, l’objet de toutes les attentions. Les pères – garants de la protection de l’enfant à naître, lui octroie un nom à sa naissance, pour lequel correspond un tertre où bâtir sa maison, une terre à cultiver, un rang dans la hiérarchie du lignage, une fonction cérémoniale et une multitude de relations d’échanges [24 ; 25]. Bien qu’enrichis de vie par la capacité de la femme à procréer, les pères ne détiennent cependant pas l’exclusivité sur l’enfant à venir, bien au contraire, les mères en demeurent les propriétaires jusqu’à sa mort. Il est avant tout un être social, irrémédiablement lié à sa famille, son lignage, son clan et le produit d’un système d’alliances ancestrales et matrimoniales, de relations qui s’inscrivent d’elles mêmes dans un système géographique déterminé. Il n’existe qu’au travers du groupe,pour le groupe auquel il est rattaché par le nom, et, a pour objectif, à son mariage qui le fait homme, de le faire « grandir » par ses qualités propres, dans le respect de la coutume, et en retour des bienfaits reçus de sa parenté et de ses aînés.» [25 ; 26] En outre, la société kanak est une société patrilocale et patrilinéaire, son système de parenté est particulier car les cousins et les cousines parallèles et croisés sont nommés frères et sœurs [19 ; 20].

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Table des matières

INTRODUCTION
1. PREMIERE PARTIE : Etat des lieux
1.1. Contexte géopolitique et historique de la Nouvelle-Calédonie
1.2. Les différentes structures sanitaires en Nouvelle-Calédonie et leurs organisations – Les compétences de la sage-femme
1.3. Les fondements de la société kanak : Organisation clanique, rites et traditions 
1.4. L’historique de la contraception traditionnelle jusqu’à l’apparition et l’extension de la contraception
1.5. La place de la femme et de l’enfant dans l’organisation de la société kanak
2. DEUXIEME PARTIE : Cadre de l’étude
2.1. Problématique
2.2. Matériel et méthodes
2.3. Résultats de l’enquête
3. TROISIEME PARTIE : Analyse et Interprétation
3.1. Les grossesses non désirées chez les jeunes Kanak de 16 à 24 ans s’expliquent par leur imprégnation culturelle
3.2. L’information sur la contraception prodiguée chez les jeunes kanak serait mal assimilée
3.3. La contraception proposée aux jeunes kanak n’est pas adaptée 
3.4. Propositions d’actions
4. CONCLUSION
5. BIBLIOGRAPHIE
6. ANNEXES

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