Les gestes de valorisation utilisés dans l’enseignement

Les gestes de valorisation utilisés dans l’enseignement

Présentation du problème

Il existe mille et une manières de gérer sa classe. Grâce à ses expériences, chaque enseignant trouve des astuces pour maintenir la discipline et créer un cadre agréable au sein de sa classe. Mais, pour que cela soit bénéfique, l’enseignant doit innover, adapter sa manière de faire en fonction des classes qu’il rencontre. Il doit aussi remettre en question ses pratiques lorsque le climat de classe obtenu n’est pas celui attendu. Il faut donc avoir une marge de manoeuvre afin de s’adapter aux besoins des élèves. Je pense qu’il est donc pertinent de valoriser les élèves dans leurs travaux, dans leurs apprentissages et dans leurs attitudes afin d’évoluer au sein de relations positives.
Il existe encore des enseignants qui punissent et dévalorisent leurs élèves afin de pouvoir gérer leur classe. « Lorsque le maître punit, il émet deux messages contradictoires : il réaffirme son autorité mais en même temps il avoue son manque d’autorité puisque précisément il se trouve ou se croit obligé de sévir pour l’affirmer » (Gentili et al. 1997, cités par Studer, 2012). Grâce à ces moyens, les enseignants vont se créer une carapace afin de résister aux pressions et aux attentes de leurs élèves. Ils renverront une image d’autorité supérieure créant ainsi une hiérarchie. Ils avanceront alors dans le programme scolaire sans percevoir les craintes de leurs élèves se trouvant dans un cadre insécurisant et peu gratifiant. Un tel cadre peut également, sur le long terme, devenir insécurisant pour l’enseignant qui s’épuisera dans sa gestion de classe.
De plus, pour Maheu (2005), la punition humilie celui qui la reçoit. Le puni sera alors abaissé et dévalorisé par rapport aux autres élèves. Une fois la punition purgée, l’estime de soi de l’élève concerné sera fortement abîmée puisque ce sont ses échecs et ses transgressions qui auront été mis en avant (Maheu, 2005). De ce fait, l’enseignant crée chez l’élève le sentiment d’humiliation qui va alors lui faire perdre toute confiance en soi.
Cependant, selon Hierck et al. (2012), l’enseignant peut en relevant, en reconnaissant, en félicitant et en soulignant les bonnes aptitudes sociales et le rendement scolaire des élèves, obtenir un renforcement positif dans sa classe. Toutefois, lors d’une infraction grave, un élève ne peut s’en tirer sans conséquences. Si des règles sont créées collectivement en début d’année, elles sont faites pour être respectées. Néanmoins, en appliquant une punition à chaque infraction reviendrait à motiver les élèves extrinsèquement à respecter ces règles.
Selon Maheu (2005), la sanction éducative serait une alternative efficace et non violente pour empêcher l’élève de commettre une nouvelle infraction. Cette auteure mentionne qu’en sanctionnant une infraction, l’enseignant va faire grandir l’élève qui la commet en lui faisant comprendre sa faute. De plus, selon Gentili et al. (1997, cités par Studer, 2012), les sanctions sont « un instrument au service de l’élévation de la personne et non un outil pour la soumettre ». Ainsi, sanctionner est aussi une manière de valoriser en faisant prendre conscience que les actes ne répondent pas aux attentes élaborées collectivement.

Intérêt de l’objet de recherche

Lorsque nous entrons dans les salles des maîtres, nous entendons souvent parler de problèmes de gestion de classe et souvent des cas d’élèves difficiles qui n’écoutent pas ou n’ont pas envie d’apprendre. Des problèmes de comportements répétitifs et difficiles à gérer. Des élèves qui ne sont pas motivés par les activités proposées ou qui ne participent pas en classe. Il est vrai que de nos jours, un certain désintérêt se propage dans diverses classes composées d’élèves ne percevant plus le sens ni la valeur des attentes comportementales et des tâches leur étant inculquées.
 Les enseignants proposent-ils suffisamment de pratiques permettant de valoriser les apprentissages et ainsi d’intéresser les élèves ?
 Quelles pratiques de valorisation utiliser afin de créer un climat propice aux apprentissages ?
 Comment peut-on renforcer la confiance en soi et l’estime de soi chez les élèves ?
 De quelle façon la valorisation peut-elle devenir une source de motivation intrinsèque pour l’élève ?

État de la question

La construction d’identité à travers la relation pédagogique

Les enfants que nous accueillons dans nos classes sont en plein développement. Comme l’école est un lieu que l’élève fréquentera quotidiennement et obligatoirement, il est indispensable que cette dernière puisse lui offrir la possibilité de se développer sereinement dans un milieu où il n’a pas forcément choisi de vivre.
Durant toute sa scolarité, l’enfant va devoir apprendre à décoder cet environnement et à s’y adapter. Selon Marsollier (2004), « c’est le temps d’apprendre à décoder les normes attendues et à s’adapter à un environnement codifié » (p.11). Il devra apprendre à respecter les règles de vie, à communiquer et collaborer avec les autres ou encore accepter des idées auxquelles il n’adhère pas forcément. Selon Berger (2006), c’est à travers ce processus de socialisation que l’enfant va apprendre à trouver sa place dans la société constituée de valeurs et de normes parfois différentes de celles rencontrées dans le cercle familial.
Ces enfants vont donc se construire à l’aide des objets, des endroits qui les entourent, mais également grâce aux regards et aux paroles de chaque acteur social de l’école. C’est là que la valorisation a son importance dans le développement de ces enfants. Comme le dit Leperlier (2001), « la motivation a sa source dans l’affectivité. Le plus souvent, elle vient de l’image positive renvoyée par les adultes et intériorisée par l’enfant » (p.9). Lorsque l’élève nous regarde dans les yeux, ce qu’il va voir est son reflet. De ce fait, le regard et les paroles que l’enseignant transmettra auront une influence considérable sur l’image que l’enfant se fait de lui-même. En valorisant, en encourageant et en félicitant ses élèves, l’enseignant va pouvoir renvoyer une image positive de chacun. En revanche, si l’enseignant adopte un regard négatif, des paroles ou des jugements blessants ou ignore les accomplissements de ses élèves, ces derniers seront menés à penser qu’ils ne valent rien. Pour un petit être en pleine construction, penser qu’il ne représente rien aux yeux de la société est particulièrement douloureux et dévalorisant. La valorisation peut donc avoir des impacts sur la construction identitaire d’un enfant, mais encore plus lorsqu’elle n’est pas pratiquée !
Suite à ces lignes, nous remarquons qu’il existe dès lors une relation entre les élèves et l’enseignant. Ce lien se créer dès l’arrivée de l’enfant dans une classe et s’impose à lui sans qu’il ne l’ait vraiment souhaité. Selon Marsollier (2004), cette relation entre les deux individus c’est « la découverte de l’image de soi dans le regard des autres » (p.11). De ce fait, l’enseignant doit entretenir et renforcer cette relation afin de créer une véritable relation pédagogique. Car bien que cette relation soit imposée à l’élève comme à l’enseignant, ce dernier est libre d’entrer ou non dans cette dernière. Ainsi, l’enseignant est libre d’être attentif ou indifférent, de valoriser ou dévaloriser, d’aider ou de desservir ses élèves, mais également de les encourager ou les tyranniser.
Afin de démontrer l’existence ainsi que l’influence de cette relation pédagogique, il est pertinent de se pencher sur les travaux de Rosenthal et Jacobson. Dans leurs travaux, ces auteurs expliquent l’effet Pygmalion à l’école. Ce processus permet de savoir si les préjugés des enseignants influencent les productions des élèves (Deswarte 2005). La théorie sur l’effet Pygmalion permet d’émettre l’hypothèse que la réussite scolaire des élèves puisse s’expliquer par les « a priori » de l’enseignant à leur égard. L’expérience faite par Rosenthal et Jacobson se déroulait dans deux classes avec des enseignants et des élèves tout à fait ordinaires. Or, dans l’une d’elle, l’enseignant croyait devoir enseigner à des élèves ayant un potentiel plus élevé que la moyenne. À la fin de l’expérience, diverses analyses ont démontré que les élèves bénéficiant d’attentes positives de la part de l’enseignant, obtenaient de meilleurs résultats que la classe d’élèves ordinaires. Suite à cette constatation, Rosenthal va élaborer « la théorie des quatre facteurs » faisant référence aux interactions que l’enseignant a eu avec la classe composée soi-disant d’élèves au potentiel plus élevé (Deswarte 2005) :
 Le climat créé par l’enseignant
 Le temps et l’attention qu’il accorde à l’élève
 Les opportunités qu’il lui offre pour s’exprimer
 La qualité des renforcements (punitions versus récompenses) qu’il lui administre.
Cette expérience démontre que les comportements de l’enseignant peuvent avoir une influence sur les élèves. Si l’enseignant reconnait les élèves, les valorise et leur accorde de l’attention, les résultats de ces derniers peuvent en être influencés positivement.

L’estime de soi et la confiance en soi

Selon André, l’estime de soi c’est «ce mélange des regards et des jugements que je porte sur moi car aucun regard n’est neutre surtout sur moi-même » (2006, cité par Bernard, 2015, p.95). L’estime de soi est donc propre à chacun. Cet auteur mentionne également que l’estime de soi est un aspect de la personnalité, située au centre de trois composantes essentielles du Soi : comportementale, cognitive et émotionnelle. L’estime de soi influence donc nos capacités d’actions, dépend du regard que nous portons sur nous-mêmes et de notre humeur de base. Pour Balducci et Penot (2015), l’estime de soi est une valeur relative entre : Réussite et Aspiration. Cela signifie que l’estime de soi s’exprime par la comparaison entre les résultats obtenus et ceux souhaités.
Comme mentionné dans le chapitre sur la construction identitaire, certains auteurs rappellent que l’estime de soi se construit à travers l’image que les individus nous renvoient. Selon Cooley, l’estime de soi est le résultat d’un effet de miroir social. La valeur d’un individu est déterminée par la façon dont les autres le perçoivent (1902, cité par Bolognini & Prêteur, 1998). Il est donc indéniable que nous nous construisons avec et grâce aux autres car, ces derniers nous renvoient une image de nous qui nous influence dans la perception de notre identité. Rigon (2001) soutient cette idée en mentionnant que « l’estime de soi a une composante sociale importante, tant le regard des autres sur soi est important » (p.2). Le rôle de l’enseignant dans la construction de cette estime de soi est donc primordial. Il doit aider les enfants qu’il a en charge à grandir, à être soi-même et pour cela, leur renvoyer une image positive d’eux-mêmes. Pour que cela soit possible, il faudrait que les éducateurs cessent de juger en négatif ou d’évaluer les fautes (Staquet, 2015, p.17). Relever les atouts et les connaissances de chacun en dépit de leurs lacunes pourrait être une pratique de valorisation pertinente.
Car oui, les adultes en charge de l’éducation ne s’en rendent pas toujours compte, mais le simple fait de bombarder les élèves de phrases dénigrantes ou de pointer leurs erreurs peut baisser le niveau d’estime de soi chez les élèves. Or, une bonne estime de soi est indispensable à l’élève pour rester debout et s’adapter, quelles que soient les difficultés rencontrées. Si l’enseignant affaibli cette estime de soi, « les apprentissages scolaires et leurs challenges, d’efforts ou d’épreuves sont voués à l’abandon, à la défaite personnelle et à une fragilisation de son image. » (Staquet, 2015, p.9).
Cependant, afin de faire progresser ses élèves, il est indispensable pour l’enseignant d’évaluer leurs connaissances et leurs compétences même lorsque ces dernières posent problèmes. Il doit faire prendre conscience à l’élève de ses acquis mais également de ses erreurs ou ses compétences qui lui reste à acquérir afin qu’il progresse. Comme le souligne Perrenoud (2001), « l’évaluation formative participe à la construction d’une représentation précise non seulement des acquis de l’élève, mais de sa façon d’apprendre, de son rapport au savoir, de son projet, de ses ressources » (p.3). À travers cette citation, nous constatons que l’évaluation formative est un outil tout à fait adéquat pour que l’enseignant guide l’élève vers les objectifs souhaités. Effectivement, ce même auteur précise que « l’évaluation formative suit une logique de régulation ; elle s’inscrit donc dans une relation d’aide, un contrat de confiance, un travail coopératif » (p.1).
Les questions principales sont donc de savoir comment donner confiance en soi aux élèves, comment faire comprendre qu’il faut s’investir chaque jour pour réussir. Selon Hanse (2009), il est indiscutable que la clef de l’estime de soi se trouve non pas dans la capacité à réaliser certaines tâches, mais dans la conscientisation par l’individu de sa capacité à réaliser ces tâches. À nouveau, la valorisation représente ici une aide. L’enseignant doit valoriser sincèrement les progrès des élèves en insistant sur les nouvelles compétences que ces derniers ont acquis grâce à leurs efforts et sur celles qu’ils leur restent à acquérir pour répondre aux attentes institutionnelles. Ainsi, ces derniers pourraient retrouver une bonne estime de soi, ce qui leur permettrait de se construire une identité, de renforcer leur image positive, de donner du sens à l’effort et d’accepter de nouveaux défis.

La valorisation

Notre société occidentale comporte depuis toujours un grand nombre de vertus. Parmi celles-ci se trouve l’humilité. Comme le relève Rigon (2001), dans notre société, il semble parfois mal vu d’être fier de soi et de le dire. En raison d’une pression sociale constante et défavorable, l’élève va devoir se construire une estime de soi allant à l’encontre de cette valeur qu’est l’humilité. La dérive de ce processus est lorsque les individus en plus d’oublier leurs compétences vont jusqu’à les nier. L’individu associera donc ses réussites à des causes extérieures et non pas à ses propres efforts ou capacités. De ce fait, il se sentira impuissant dans l’accomplissement d’une tâche et ne sera ni motivé, ni persévérant à la réaliser (Crahay, 2007).
Ce phénomène, il est possible de le rencontrer dans le contexte scolaire. En effet, l’école a pour mission de former de futurs citoyens et inculque donc les valeurs de la société. L’humilité fait partie de ces vertus prônées par notre société et à transmettre à nos élèves. Elle permet néanmoins de se rendre compte de ses limites et de ne pas tenter des tâches trop laborieuses. Le problème est qu’elle nous pousse parfois à oublier nos véritables compétences. De ce fait, l’enseignant peut en valorisant ses élèves, lutter contre cette vertu qu’est l’humilité. Il va pouvoir leur montrer que ces derniers ont de la valeur à ses yeux. Leurs travaux et leurs attitudes sont donc reconnus, remarqués et félicités lorsque l’enseignant leur donne de la valeur.

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Table des matières
CHAPITRE 1. PROBLEMATIQUE
1.1 Définition et importance de l’objet de recherche
1.1.1 Raison d’être de l’étude : pourquoi la valorisation en milieu scolaire ?
1.1.2 Présentation du problème
1.1.3 Intérêt de l’objet de recherche
1.2 État de la question
1.2.1 La construction d’identité à travers la relation pédagogique
1.2.2 L’estime de soi et la confiance en soi
1.2.3 La valorisation
1.2.4 La valorisation pour le climat de classe
1.2.5 Manières dont l’enseignant peut valoriser ses élèves
1.2.6 Conclusion
1.3 Question de recherche et objectifs de recherche
1.3.1 Identification de la question de recherche
1.3.2 Objectifs de recherche
CHAPITRE 2. METHODOLOGIE 
2.1 Fondements méthodologiques
2.1.1 Recherche qualitative
2.1.2 Une double démarche : descriptive et compréhensive
2.2 Nature du corpus
2.2.1 Récolte des données
2.2.2 Procédure et protocole de recherche
2.2.3 Échantillonnage
2.3 Méthodes et/ou techniques d’analyse des données
2.3.1 Transcription
2.3.2 Traitement des données
2.3.3 Méthodes et analyse
CHAPITRE 3. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS 
3.1 Représentation de la valorisation
3.2 Les gestes de valorisation utilisés dans l’enseignement
3.2.1 Gestes de récompense et de punition
3.2.2 Gestes de félicitation, d’encouragement et de compliment
3.2.3 Gestes de reconnaissance
3.2.4 Gestes d’implication
3.2.5 Gestes de communication positive
3.2.6 Les trois types de valorisation
3.2.7 Conditions pour l’émergence de ces gestes
3.3 Les objectifs de la valorisation
3.3.1 La gestion de classe
3.3.2 Favoriser la confiance en soi et l’estime de soi
3.3.3 Engendrer le plaisir et la motivation
3.3.4 Aider l’apprentissage
3.3.5 Accomplir sereinement son métier d’enseignant
3.4 Les limites et les dérives de la valorisation
3.4.1 Engendrer la compétition
3.4.2 Travailler pour soi
3.4.3 Savoir être vrai
3.4.4 Savoir être équitable avec chacun
3.4.5 Une limite à ne pas négliger
3.5 Autres résultats
BIBLIOGRAPHIE

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