Les fonctions de la mangrove dans La structuration et la biologie des peuplements de poissons

La mangrove est l’un des facteurs structurant les peuplements de l’estuaire du Sine-Saloum. Elle contribue à l’enrichissement trophique du milieu (Diouf, 1996). Plusieurs études ont montré une corrélation positive entre la surface (ou longueur de côte) colonisée par la mangrove et la production halieutique en zone côtière (Heald et Odum, 1970 et Macnae, 1974). Les mangroves, jadis peu étudiées sont aujourd’hui l’objet d’un intérêt scientifique croissant lié d’une part au développement des activités humaines (pêche, aquaculture, aménagements hydro-agricoles, tourisme), d’autre part à la prise de conscience de l’importance des fonctions écologiques et économiques de ces écosystèmes. L’importance des mangroves estuariennes comme zones de nourricerie et d’alimentation pour les espèces de poissons a été largement reconnue dans diverses parties du monde. Par exemple dans le golfe du Mexique (Heald et Odum, 1975 ; Yanez-Arancibia et al., 1985), en Australie (Bell et al., 1984 ; Davis, 1988 ; Blaber et al, 1989, 1995 ; Robertson et Duke, 1997, 1990a ; Robertson et Blaber, 1992 ; Sheaves, 1992, 1996, 1998 ; Laegdsgaard et Johnson, 1995, 2001), en Guadeloupe (Louis et al., 1985), au Puerto Rico (Stoner, 1986),.en Floride (Thayer et al., 1987), en Malaisie (Chong, et al, 1990), en Taiwan (Tzeng et Wang, 1992), en Martinique (Louis et al., 1995), en Nouvelle-Calédonie (Thollot, 1996), au Sénégal (Diouf, 1996 ; Vidy, 2000 ; Ngom, 2000), aux Iles Caraїbes (Nagelkerken et al., 2000). Au Sénégal l’estuaire du Sine-Saloum compte de nombreuses îles bordées de mangrove, l’ensemble formant un réseau de rias aux dimensions très variées depuis les minuscules «bolons» jusqu’aux trois principaux bras débouchant sur la mer (du nord au sud : le Saloum, le Diomboss et le Bandiala). Il constitue une des régions les plus peuplées du Sénégal (un sixième de la population du pays, soit 1 700 000 habitants pour une superficie d’environ de10 %) et la pêche est une des principales sources de revenus et de protéines animales consommées dans la zone. Mais depuis quelques années, le Sénégal connaît un déficit pluviométrique qui a bouleversé le fonctionnement des estuaires à mangrove du Sine-Saloum. La modification de l’environnement la plus marquée est sans conteste l’inversion du gradient de salinité et son corollaire l’hyperhalinité des zones amont. Cette hyperhalinité et l’acidité des sols ont fortement contribué à la régression des mangroves au profit des « tannes » nus. Une bonne partie de l’estuaire, notamment la zone située en amont de Foudiougne a perdu une importante source de matière organique. Ces phénomènes sont amplifiés par la sécheresse (Diop, 1993).

L’ECOSYSTEME MANGROVE 

GENERALITES

Définition
Les mangroves sont des plantes qui poussent à l’interface entre la terre et la mer dans les latitudes tropicale et subtropicale. L’ensemble mangrove, microbes, champignons, plantes et animaux constituent la communauté de mangrove ou mangal. Le mangal et les facteurs abiotiques associés constituent l’écosystème mangrove. Le terme de « mangrove » est souvent employé pour désigner les espèces végétales et la communauté de mangrove. Pour éviter la confusion, Macnae (1968) propose que le mot « mangal » soit utilisé pour désigner l’ensemble de l’écosystème mangrove alors que le terme «mangrove» pour les espèces végétales. Duke (1992), définit la mangrove comme étant un arbre, arbustre, palmier ou fougère terreste, généralement dépassant 0,5 m de long et qui pousse normalement au dessus du niveau moyen de la zone intertidale des environnements marins et côtiers ou des bordures estuariennes. Cette définition est acceptable sauf que les fougères terrestres doivent probablement être considérées comme des associées de mangrove plutôt que des mangroves vraies. D’après Marius (1985), la mangrove se définit comme étant l’ensemble des formations végétales, arborescentes ou buissonnantes qui colonisent les atterrissements intertidaux marins ou fluviaux des côtes tropicales. D’ordinaire le mot mangrove est considéré comme composé du mot portuguais « mangue » et du mot anglais « grove ». Les correspondances en français sont « manglier » et «palétuvier» (Macnae, 1968) alors que le terme espagnol est « manglar ». Le Hollandais utilise «vloedbosschen» pour la communauté de mangrove et « mangrove » pour les espèces végétales. L’Allemand utilise les mêmes mots que l’Anglais. En Surinam, le mot « mangro» est un nom commun utilisé pour désigner le genre Rhizophora (Chapman, 1976). Tous ces mots sont originaires du mots malaisien « maggi-maggi » qui signifie « en dessus de la terre » (Kathiresan et Bingham, 2001). Ce mot est aussi utilisé à l’est de l’Indonésie pour désigner le genre Avicennia. La mangrove est donc l’ensemble des formations végétales qui se développent en zone intertidale. Ces formations végétales sont caractérisées par des adaptations morphologiques et physiologiques leur permettant de coloniser les littoraux des eaux influencées de façon périodique par les eaux saumâtres ou marines.

Distribution géographique

Distribution mondiale 

Les mangroves sont distribuées circum-tropicalement et sont présentes dans 112 pays et territoires (Kathiresan et Bingham, 2001). L‘estimation de la superficie globale de la mangrove diffère suivant les auteurs. Elle est approximativement estimée à 100 000 km2 dont 11 000 km2 environ en Australie (Saenger et Hegerl, 1981) ; 10 millions d’hectares (Bunt, 1992) ; 14 –15 millions d’hectares (Schwamborn and Saint-Paul, 1996) et 24 millions d’hectares (Twilley et al., 1992). Spalding (1997) donne une estimation de 18 millions d’hectares. Les mangroves d’Asie sont les plus luxuriantes du monde. Ainsi avec plus de 2 millions d’hectares de mangroves, l’Indonésie est la plus vaste forêt du monde et le delta du Gange est le plus grand complexe continu de mangroves avec 6 300 km2 dont 4 000 au Bangladesh.

Les facteurs responsables de la distribution des mangroves sont climatiques (température, pluviométrie, etc…), topographiques (géomorphologie côtière) et biologiques (physiologie des espèces, dispersion des plantules). L’embouchure des grands fleuves tropicaux constitue un terrain de prédilection pour de vastes forêts de mangrove. Par contre, lorsque la côte est montagneuse, on ne trouve que des bandes étroites de forêts de mangrove. Il apparaît ainsi que, le relief conditionne l’étendue de la mangrove (ISME, 1995). Les deltas, les estuaires, les lagunes sont souvent des milieux favorables à l’installation de la mangrove. Cette dernière se développe de préférence sur un matériel argileux ou argilo-limoneux, mais on la trouve également sur les sables, les terres calcaires, les récifs coralliens, les granites. En comparant la carte de distribution des zones arides dans le monde (UNESCO, 1977) à celle de la répartition des mangroves, on constate que les zones deltaïques ou littorales des régions axériques (sans saison sèche sévère) recevant toute l’année ou presque un important approvisionnement en eau douce, sont celles qui portent les plus belles formations de mangrove.

L’Irawady en Birmanie, la côte occidentale de la Malaisie, la côte orientale de Sumatra, le sud de Bornéo (Mahakam river) en sont des exemples. Par contre, dès que les climats régionaux présentent une saison sèche de 7 ou 8 mois ou plus, la mangrove devient chétive, pauvre en espèces et tend à disparaître rapidement. Les exemples du Pakistan, du nord du Sénégal sont bien connus. Les plus hautes espèces de mangrove se trouvent dans la région équatoriale. Ainsi c’est dans les régions équatoriales et tropicales humides où les eaux sont dessalées pendant une grande partie de l’année que la mangrove est la plus belle.

Distribution au Sénégal

Situées entre les latitudes 12° 20 et 16°20 nord et les longitudes 16° 20 et 16° 30 ouest, ce sont essentiellement des mangroves d’estuaire à l’embouchure du fleuve Sénégal, du Saloum, de la Casamance et de Joal. Les mangroves du Sénégal couvraient une superficie de 500 000 ha en 1988 (Diop, 1993). Des évaluations récentes font état d’une extension inférieure à 300 000 ha. Au niveau de l’estuaire du Sénégal, la mangrove ne subsiste qu’à l’état relictuel entre le barrage de Diama et Gandiole. Les mangroves du Sénégal notamment celle du Sine-Saloum et de la Casamance régressent du fait de la sursalure des eaux. Les mangroves au Sénégal sont situées sous un climat semi-aride au nord (pluviométrie inférieure à 200 mm) et tropical humide au sud (pluviométrie égale à 1100 mm). La persistance du déficit pluviométrique a entraîné des effets néfastes sur la mangrove.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE I : L’ECOSYSTEME MANGROVE
1.- Généralités
1.1.- Définition
1.2.- Distribution géographique
1.2.1.- Distribution mondial
1.2.2.- Distribution en Afrique de l’ouest
1.2.3.- Distribution au Sénégal
1.3.- La végétation
1.3.1. Au niveau mondial
1.3.2.- En Afrique de l’ouest
1.3.3.- La mangrove de l’estuaie du Sine-Saloum
1.4.- Biomasse et production
1.5.- La faune de la mangrove
1.5.1.- La faune duSine-Saloum
1.5.2.- L’avifaune
1.6.- Adaptations physiologiques et écologiques des mangroves
2.- Propriétés et caractéristiques
2.1.- Rôle de protection des côtes
2.2.- Rôle de nourricerie
2.3.- Rôle de zone de reproduction
3.- Utilisation et importance économique
4.- Les facteurs de dégradation de l’écosystème mangrove
CHAPITRE II : ROLE DE NOURRICERIE DES ESTUAIRES ET DES MANGROVES
1.- Rôle de nourricerie des estuaires sensus stricto
2.- Rôle de nourricerie des mangroves
3.- Contreverses sur le rôle de nourricerie des mangroves
CONCLUSION

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