Les facteurs accentuant la faiblesse de l’économie rurale malgache

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Approche de besoin de base :

Les premières études sur la pauvreté ont été effectuées à partir de la construction des seuils de pauvreté basée sur l’évaluation des coûts pour satisfaire les besoins de base. Il s’agit des coûts d’alimentation, d’habillement, de logement et autres. L’évaluation de ces coûts permet de fixer un seuil de pauvreté absolu en termes de revenu. Le calcul du coût de l’alimentation se fait à partir de la détermination du nombre de calories suffisant pour garantir un état physique satisfaisant.
Cette détermination des calories nécessaire pour satisfaire les besoins alimentaires pose un problème puisque le nombre de calories varie selon le sexe et l’âge. Il est donc préférable de recourir à une autre approche.

Méthode de la part alimentaire :

Cette méthode a été élaborée par Watts. Il a souligné qu’il existe une relation entre les dépenses alimentaires et le revenu total. On s’intéresse, dans ce cas, particulièrement au rapport sur l’alimentation et le revenu. On pourrait dire qu’un individu est considéré comme pauvre si la part de revenu affectée à la dépense alimentaire est importante. Si les dépenses alimentaires d’un individu sont donc supérieures aux autres dépenses, on le considère comme pauvre. Cette approche est basée sur la loi d’Engel. Pour déterminer le seuil de pauvreté, il faudrait tenir compte du revenu des pauvres. L’avantage de cette méthode est explicité par la non détermination du régime alimentaire minimal.

Pourcentage du revenu moyen ou médian :

C’est une méthode statistique. L’utilisation de ce type de seuil de pauvreté reflète le niveau de vie global d’une société ou d’une communauté où l’on fait l’étude. Par contre, l’utilisation de ce seuil de pauvreté nécessite une référence globale en matière de niveau de vie.
Pour les pays membres de la Communauté Européenne, le seuil de pauvreté est fixé à la moitié du revenu moyen. Pour la Suisse, le seuil de pauvreté est fixé à 66,6% du revenu médian. Il faut également voir la distribution de revenu de la population concernée par l’étude.
Les seuils de pauvreté fixés à partir des caractéristiques de tendance centrale posent des problèmes d’inégalité au sein d’une société. Mais il existe une autre approche relativiste de la pauvreté.

Approche par l’indice de privation relative de TOWNSEND :

L’auteur a fait appel à la notion de privation relative pour déterminer le seuil de pauvreté. Selon cette approche, un individu ou un ménage est considéré comme pauvre lorsqu’il ne dispose pas d’un certain nombre de biens jugés courants dans la société où il vit. Pour ce faire, il faudrait dresser une liste des questions pouvant résumer les niveaux de vie de la population. Donc, à partir des réponses à ces questions, on pourrait connaître les besoins considérés comme courants.
Ces approches ne sont pas les seules qui ont été élaborées mais elles sont les plus utilisées. Il en existe encore d’autres pour la détermination du seuil de pauvreté.

Autres approches pour la détermination du seuil de pauvreté :

Dans la notion de pauvreté subjective, on utilise ce qu’on appelle ligne de Leyden pour déterminer le seuil de pauvreté. Cette méthode met en relation l’opinion de chaque individu concernant le revenu minimum dont il a besoin et son revenu effectif.
Il y a également l’approche de capacité de Sen. Ici, on s’intéresse davantage sur les droits des individus appréhendés sous l’angle « capacité ». Cette notion définit donc les possibilités des individus à exercer leurs propres droits dans différents sphères.
En terme plus clair, cette approche souligne que la possibilité de disposer des biens nécessaires pour satisfaire le minimum de bien-être dépend des différentes caractéristiques institutionnelles dans la société. Tout individu n’ayant pas le niveau absolu de capacité minimale est considéré comme pauvre quelque soit sa position dans la société.
Cette méthode fait apparaitre un autre aspect du bien comme moyen permettant de réaliser les activités désirées et comme une fin en soi. Dans la mise en œuvre de cette approche, il y a trois étapes à suivre :
-Elaboration d’une liste des besoins essentiels.
-Spécification d’une relation entre les ressources disponibles et les moyens nécessaires pour satisfaire les besoins.
-Spécification des moyens alternatifs pour satisfaire les besoins.
A partir des définitions de la pauvreté et par les différentes approches s’y afférant, nous pouvons alors prendre déduction de la situation d’un pays ou d’une société. Les critères de Madagascar montrent qu’elle se trouve dans une situation de pauvreté absolue. Cette pauvreté est surtout intense dans le milieu rural. Pour comprendre cette pauvreté rurale malgache, entrons dans l’étude de la structure de son économie.

Le revenu rural

Il existe deux grandes catégories pour décrire le revenu des ménages ruraux : les revenus agricoles et extra-agricoles. La valeur de production des cultures y compris l’autoconsommation, les ventes et les autres utilisations, estimées au prix villageois, est définie comme étant le revenu agricole. Des données issues des enquêtes auprès des ménages en 2001 (EPM, 2001) ont également permis de faire la distinction entre trois principales sources de revenus extra-agricoles, à savoir : le salaire ouvrier des activités agricoles et non-agricoles, les transferts reçus et les revenus des entreprises non-agricoles.
82% des ménages ruraux disent que leur activité la plus importante est agricole. Lorsqu’on combine ce chiffre avec d’autres activités du secteur primaire telles que l’élevage ou la pêche, environ 86% disent qu’ils gagnent leur vie dans le secteur primaire (INSTAT, 2001).
Le revenu annuel moyen d’un ménage rural est estimé à 740.000Ariary. Le revenu annuel du quintile le plus riche est plus du double du revenu du quintile le plus pauvre (EPM, 2001).

Le revenu agricole :

La valeur de production agricole des ménages englobant la quantité autoconsommée de produits, les ventes et les autres usages de la récolte compose le revenu agricole. Pour l’année culturale 2000-2001, le revenu agricole s’est monté à environ 400.000Ariary par ménage rural (INSTAT, 2001). Les ménages ruraux les plus riches sont moins impliqués dans l’activité agricole proprement dite. Seuls 34% de leur revenu total est d’origine agricole Les ménages les plus pauvres, par contre, dépendent à 57% de la production agricole (EPM, 2001).
Les revenus des cultures varient de 260.000Ariary pour le quintile le plus pauvre à environ 400.000Ariary pour le quintile le plus élevé (INSTAT, 2003).
Les sources de revenu ne montrent pas de grande dynamique. Durant plusieurs années, la culture principale source de revenu n’a pas changé dans 74% des communes, dont 40% sont concernés par la production de riz (FOFIFA, 2003).

Le revenu extra-agricole :

Il représente environ 320.000Ariary par ménage et 43% du revenu total du ménage. La plus grande part de celui-ci, c’est-à-dire 88%, vient de l’emploi et des salaires extra-agricoles. Les autres sources sont les transferts et les retraites (6%), ainsi que les entreprises non agricoles (6%) (EPM 2003). L’importance du revenu non agricole grandit en fonction du niveau des dépenses. Le quintile le plus pauvre ne gagne que 160.000Ariary par ménage, alors que le quintile le plus riche reçoit plus de quatre fois cette somme. La différence pourrait être due à la distribution d’activités de productivité à haute et faible main d’œuvre dans la population ; ces dernières sont les plus usuelles parmi les pauvres (Lanjouw, 2001 ; Readon et al, 1998). Les pauvres, en effet, peuvent ne pas avoir accès aux emplois les mieux payés, ceux qui requièrent plus de qualifications et de formation. Les activités les plus lucratives sont les plus souvent disponibles pour les seuls travailleurs ayant une éducation, et qui appartiennent à la partie la plus riche de la population.

Travail salarié :

Les salaires qui proviennent de l’emploi représentent la plus grande part du revenu non-agricole des ménages ruraux. Les données montrent qu’au moins un membre de 35% de tous les ménages ruraux est engagé dans un emploi salarié extra-agricole. Cependant, alors que le revenu salarié est important, la performance agricole compte même pour ce type de revenu. Dans l’ensemble, le secteur agricole représente 80% de l’emploi extra-agricole. Environ 92% du quintile le plus pauvre est employé dans ce secteur pour moins de la moitié des travailleurs salariés du sous-groupe le plus riche. Les pauvres s’orientent plus vers la main d’œuvre agricole non-qualifiée sur la terre des autres dans la production de cultures alimentaires. Pour les riches, l’emploi extra-agricole se trouve relativement plus dans le secteur secondaire ou tertiaire.
Les salaires des non-qualifiés sont un indicateur important du bien-être car ils représentent une grande part des revenus des sous-populations les plus pauvres ; en particulier pendant la période de soudure.
Le salariat agricole montre des liens étroits avec la pauvreté. Il a été observé que les adultes dont le revenu provient du salariat agricole sont parmi les plus pauvres. A Madagascar, les travailleurs agricoles sont ceux qui possèdent peu ou pas de terre (Minten et Zeller, 2000). L’importance du salariat agricole varie d’une province à l’autre. Elle est, par exemple, d’en moyenne 10% pour Fianarantsoa alors qu’elle est de 33% pour Antsiranana (Annexe, tableau 1).

Les transferts :

Les transferts reçus par les ménages ruraux représentent environ 6% de leur revenu annuel. En 2003, 20% des ménages ruraux disent avoir reçu des transferts pendant l’année (EPM 2003). Lorsque la population rurale se trouve dans des zones proches des villes, elle bénéficie plus des transferts. Ces transferts sont effectués, en grande partie, par des membres de la famille mais les transferts de l’administration sont insignifiants.

Entreprises non-agricoles :

Les revenus des entreprises non-agricoles représentent environ 20.000Ariary par ménage rural et par an. Les revenus des entreprises non-agricoles dans les zones rurales sont plus importants pour les riches. En effet, 32% des ménages les plus riches reçoivent une partie de leur revenu des entreprises non-agricoles. Elles opèrent surtout dans le secteur tertiaire : 55% dans le commerce et 21% dans d’autres services tel que le transport, la santé, l’éducation (INSTAT, 2003). Les pauvres sont surtout engagés dans des entreprises non-agricoles du secteur primaire, en particulier la pêche.
La situation globale du revenu illustre l’importance des activités agricoles, plus que les autres activités. Le secteur agricole dépend énormément de la production agricole, de sa performance agricole.

La production agricole

La production agricole se trouve au centre de l’activité rurale. Cette activité est peu productive. Différentes raisons peuvent l’expliquer. Mais d’abord, il faut commencer par une analyse de la performance agricole.

La performance agricole :

L’agriculture va très mal à Madagascar. La valeur médiane de la production agricole pour les ménages ruraux agricoles se situe entre 180.000Ariary pour le quintile le plus pauvre et environ 480.000Ariary pour le quintile le plus riche. La mauvaise performance du secteur agricole et des zones rurales en général s’explique par une multitude de raisons. Par le passé, le secteur agricole a souffert de politiques discriminatoires. Les réformes structurelle des dernières décennies ont mené à un cadre de marché amélioré et ont éliminé la plupart des distorsions du marché à travers la dévaluation du Franc Malgache, une réduction des obstacles à l’importation, une libéralisation du marché et une privatisation des établissements paraétatiques. Cependant, ces interventions n’ont pas suffit à stimuler la croissance dans les zones rurales. La réduction des investissements publics et le déclin de l’efficacité dans l’utilisation de ces fonds, l’absence d’un secteur privé émergeant, l’aggravation des termes commerciaux dans les zones rurales, la dégradation de la base des ressources naturelles et les grands risques ont mené à une réponse faible de l’offre dans l’agriculture. Ces contraintes ont également mené à une faible adoption des technologies agricoles et à un système agricole caractérisé par une faible productivité de la terre et de la main d’œuvre. D’abord, l’aggravation de la situation des recettes fiscales des années 90 a causé un grave déclin des investissements du secteur public, à la fois en termes absolus et relatifs par rapport au PIB (Banque Mondiale, 2004). Les fonds propres de l’administration ont baissé de 10% pendant la même période. Alors que le secteur public a réduit ses interventions dans les zones rurales, on a pu noter une baisse de la disponibilité de l’infrastructure de base. Et d’ailleurs, même si les fonds sont disponibles, ils ne sont pas toujours utilisés efficacement. Par exemple, dans une revue du secteur agricole, la Banque Mondiale a déclaré en 1998 que les projets manquaient de cohésion et de focalisation, qu’ils étaient entrepris au niveau de plusieurs ministères et couvraient différents thèmes, sous-secteurs et zones géographiques sans faire attention à la synergie. Les problèmes comprenaient la répétition des approches antagonistes de politique et des responsabilités vagues. L’Etat n’a donc pas su offrir des services de base suffisants dans les zones rurales pour permettre à l’économie rurale de prospérer.
Ensuite, la réduction des financements publics n’a pas été comblée par des investissements du secteur privé dans les zones rurales. Alors que l’Investissement Direct Etranger a augmenté dans le pays et que Madagascar est de plus en plus intégré dans le commerce mondial, assez peu de ces fonds ont été canalisés dans le secteur agricole et rural. On dirait que les plus grandes entreprises sont en train d’abandonner les zones rurales. Les grandes rizeries qui étaient de grands acheteurs locaux comptent de plus en plus sur le riz importé. Ils considèrent que le riz local est à trop grand risque. En plus, ils souffrent de la concurrence sans cesse accrue des petits négociants informels qui sont caractérisés par des coûts commerciaux plus faibles.
Les termes commerciaux des activités agricoles ont empiré. Malgré que les prix aux producteurs se soient améliorés pour certaines cultures précises, ils ont baissé pour le gros des produits agricoles malgaches.
Enfin, la base des ressources agricoles est en train de se dégrader. Il est rapporté que la fertilité du sol est en baisse. Les ménages signalent que la fertilité de 42% des rizières et de 48% des tanety est encore pire qu’il y a dix ans. Un peu plus de 50% des ménages estiment que la fertilité de leur parcelle de rizière n’a pas empiré. 16% des parcelles de rizière s’étaient énormément dégradées (EPM, 2001).
Face à tous ces problèmes, le secteur agricole est peu performant. Mais l’efficience de la productivité dépend en premier lieu et surtout des facteurs de production utilisés.

Les facteurs de production :

Madagascar est très vaste et possède encore de larges étendues de terres cultivables. Cependant, des problèmes fonciers surgissent toujours. Ces problèmes s’accompagnent aussi d’une faible productivité due à une main d’œuvre abondante, certes, mais non qualifiée. Les matériaux utilisés sont peu évolutifs. Ce qui explique encore cette faiblesse de la productivité.

La répartition des terres :

A Madagascar, les fermes sont de petites tailles, même pour les grands propriétaires terriens. La surface moyenne par ménage est estimée à environ 1 hectare (EPM, 2001). Les grandes fermes agricoles mécanisées sont rares à Madagascar (Fraslin, 2002). Ils sont au nombre de 100 à 200 et ils occupent 2% de l’ensemble des terres agricoles cultivées du pays. Auparavant, la distribution de la terre a été considérée comme modérément équitable et il y avait peu de conflits fonciers. Cette distribution est devenue inéquitable. La propriétaire foncière est devenue de plus en plus inégale avec le temps (Dorosh et al, 1998). Il existe un lien entre pauvreté rurale et l’accès à la terre. Ceci est confirmé par les données de l’EPM en 2001 : les surfaces des terres cultivées par niveau de pauvreté varient de 67 ares par ménage pour le quintile le plus pauvre à 100 ares pour le quintile le plus riche.
Environ 40% de la terre agricole est consacrée au riz. Les pauvres possèdent moins de rizières de valeur que les riches. Alors qu’en réalité les riches sont propriétaires d’autant de tanety que les pauvres, les cultures de tanety sont relativement plus importantes pour les pauvres. Les ménages les plus pauvres dépendent plus de la production de ces cultures à la fois en terme de revenu que de consommation.
Les bas-fonds forment environ 40% des terres d’une exploitation agricole. Si nous prenons en considération la différence de qualité des terres, la distribution est encore plus inégale. Le ratio tanety/bas-fond est de 1,6 pour le quintile le plus pauvre comparé à 1,3 seulement pour le quintile le plus riche. La qualité de la terre des pauvres est aussi moindre par rapport aux autres indicateurs.
La taille moyenne d’une parcelle agricole est de 20 ares. Cette petite taille pourrait être un obstacle à la mécanisation agricole et à l’utilisation efficace des facteurs de production. La taille des parcelles est souvent liée au système d’héritage qui est très courant à Madagascar.
Certains groupes sociaux sont exclus de la propriété foncière. On peut encore observer l’existence d’un système de caste dans certaines régions. Dans ces parties, la caste la plus basse est souvent celle des descendants d’esclaves. Elle est socialement isolée et effectivement exclue de la propriété foncière (Randriamarolaza, 2001). La seule manière pour elle d’accéder à la terre est à travers le métayage ou des accords de location de terre. Puis, il existe des différences par genre en ce qui concerne l’accès à la terre. 52% sont au nom de l’homme, 15% au nom de la femme, 23% au nom des deux (EPM, 2003).
Malgré l’abondance des terres cultivées, leur accès n’est pas facile surtout pour les plus pauvres. De plus, la façon de travailler la terre n’est pas tellement productive. Même si la population rurale a une forte densité démographique, source de main d’œuvre abondante, la productivité reste toujours faible.

L’utilisation des capitaux et des intrants :

Le niveau de mécanisation des fermes malgaches est encore très faible. Les ménages ruraux qui sont propriétaires de tracteurs sont proches de 0%. Seuls 10% des cultivateurs possèdent des équipements pour traction animale telles que les charrues, les charrettes, les herses pour zébus (INSTAT, 2003). Moins du quart des parcelles sont labourées avec une charrue. Pour 63% des parcelles, le labour est fait à la main et 14% des parcelles ne sont pas labourées du tout. Les pauvres ont moins accès au capital et ils l’utilisent moins pour des activités agricoles. Ils comptent moins sur les bœufs ou sur un équipement agricole pour améliorer la productivité de la main d’œuvre agricole et ils s’en remettent moins à l’utilisation d’intrants pour améliorer la productivité de la terre. Les raisons principales semblent être saisonnières ou des contraintes de liquidité. Une capacité moindre pour supporter les risques peut être également une des raisons qui fait fuir la volonté d’investir dans des intrants (IFPRI/FOFIFA, 1998).
Selon les données de l’EPM (2003), il existe peu de reconstitution d’éléments nutritifs et les dépenses en intrants agricoles sont basses, parmi les plus bas d’Afrique. L’engrais chimique n’est utilisé que sur 18% des parcelles. L’utilisation d’engrais chimique est inversement liée à la pauvreté. Seul environ 30% des parcelles reçoivent des engrais naturels. Ce sont les cultivateurs qui sont propriétaires de bétail qui utilisent des engrais naturels. 37% du quintile le plus riche utilisent des engrais naturels par rapport à 19% pour le quintile le plus pauvre.
Dans l’ensemble, les cultivateurs investissent peu dans les améliorations du sol. Seul 6% des parcelles ont des tracés de contour, 1% a des brise-vent, et 17% des canaux de protection pou éviter l’érosion (EPM, 2003). Ce niveau est plus élevé chez les plus pauvres. Ceci est inquiétant car ils cultivent des champs qui sont plus sujets à l’érosion. Il semble que, souvent les cultivateurs pauvres n’ont pas la liquidité nécessaire pour payer pour ces investissements dont les bénéfices sont à long terme (EPM, 2001). L’utilisation des semences améliorées de riz est aussi très insuffisante. Elles ne sont utilisées que sur 9% des terres rizicoles (Annexe, tableau2).
Bien que le foncier soit un facteur déterminant de la richesse sur le plan national, elle ne constitue pas le seul indicateur de prospérité agricole. La possession d’un grand troupeau, par exemple, est signe plus important de richesse dans certaines régions.

L’élevage

A Madagascar, l’élevage n’est pas une activité totalement à part dans le sens où il ne constitue pas la principale activité pour la grande majorité des paysans. Cependant, il est étroitement lié à l’agriculture. L’élevage intéresse cependant 72% des ménages ruraux malgaches, que ce soit de basse-cour ou de gros bétail (INSTAT, 2002). Il constitue la principale source de revenu pour une bonne partie de la population rurale.
L’élevage bovin est le plus important dans les parties sud et ouest de Madagascar. La province de Mahajanga compte 31% du cheptel bovin et 16% de la population sont constituées d’éleveurs. En général, on compte 0,6 têtes de zébus par habitant. Le nombre de zébus est plus du double de celui de la population dans la moitié des fivondronana de Mahajanga. Toliara, de son côté, compte 29% de l’effectif bovin national et 21% de la population sont des éleveurs.
A l’heure actuelle, l’élevage à vocation laitière ne constitue qu’une activité complémentaire de l’élevage bovin bien qu’une part de ménages ruraux en tire la plus grande partie de son revenu. Il n’existe que quelques régions favorables à l’élevage à vocation laitière, à savoir, certaines régions des hautes-terres nord et sud et une partie de l’ouest avec quelques fivondronana de Mahajanga. Ces régions pratiquent cette activité de façon traditionnelle ou extensive. D’autres comme les fivondronana de Manjakandriana, les régions du Vakinankaratra et du Moyen-Ouest la pratiquent de manière semi-intensive. Mais le principal problème en matière d’élevage à vocation laitière est l’insuffisance d’apports alimentaires pour les vaches. Ce problème est, en effet, assez général même pour les régions les plus favorables à l’activité. Très peu de paysans cultivent des fourrages qui fournissent une alimentation adéquate aux vaches laitières alors que l’élevage laitier exige une qualité et une quantité d’aliments aux normes.
L’élevage porcin, quoique répandu dans tout Madagascar, intéresse principalement les hautes terres et le sud. Sur les régions côtières de Fianarantsoa, l’élevage porcin est un peu plus important par rapport à l’élevage des bovidés. Ce type d’élevage est presque inexistant dans le nord, le nord-ouest et l’est de l’île ((FOFIFA/INSTAT, 2001).
La situation de l’élevage connaît une dégradation au niveau de l’économie malgache. Les contraintes financières, alimentaires, sanitaires et de sécurité pèsent sur le secteur. La capitalisation de l’épargne dans l’élevage est très aléatoire.
Le revenu des paysans est donc constitué, pour l’essentiel, par l’activité agricole. C’est ce revenu qui lui permet de satisfaire à certains besoins. Le pouvoir d’achat, en effet, est fonction du revenu.
Section 4 : Le pouvoir d’achat des salaires agricoles
Les salaires agricoles réels ne sont pas les mêmes pour chaque communauté rurale. Sur les hautes-terres, ils sont les plus bas : le salaire journalier d’un travailleur lui permet d’acheter 2,4kg de riz pendant la période de soudure. Ces salaires sont par contre les plus élevés dans la province d’Antsiranana. Pendant la période de soudure, le salaire journalier vaut 2,9kg de riz à l’échelle nationale. Etant donné la grande taille des familles en milieu rural, ceci illustre la difficulté des ménages qui dépendent uniquement du salaire agricole en période de soudure. En période de récolte, la situation s’améliore beaucoup puisque le salaire journalier équivaut à 4,3kg de riz. Les travailleurs sur les Hautes-terres peuvent acheter moins de riz que les autres avec les salaires qu’ils gagnent. La province de Fianarantsoa est reconnue comme la plus pauvre de Madagascar, qu’on exprime le pouvoir d’achat en équivalent de riz ou en équivalent de Produits de Première Nécessité (Annexe, tableau 3).
De cette étude, on peut donc conclure que l’économie rurale malgache est très faible. On peut constater qu’elle est très peu dynamique. Cette faiblesse de l’économie rurale est source de pauvreté persistante. Le niveau de pauvreté a peu changé et est resté à un pic de 77% pendant plus d’une décennie. La situation économique rurale devient de plus en plus vulnérable. Cela est accentué surtout par les problèmes rencontrés dans le secteur agricole.

Les risques des prix

Les risques des prix sont aussi considérables dans l’agriculture malgache. Le recensement communal de 2001 montre que les producteurs sont confrontés à des risques de prix élevés des aliments de base. Les prix nominaux moyens du riz étaient 27% plus bas lors de la saison agricole de 2000-2001 que pendant l’année agricole précédente (FOFIFA 2001). Cette chute semble être due à l’effet combiné de prix mondiaux bas, de hauts niveaux de riz importé et de bonnes récoltes du riz local. Dans l’année 2004, les prix étaient 100% supérieurs pendant la période de soudure par rapport à l’année 2003 à cause de la mauvaise récolte et de la dévaluation du Franc Malgache (Banque mondiale, 2005).
Les prix des cultures de rente montrent des variations encore plus grandes. Une forte influence des marchés mondiaux sur la variabilité des prix locaux a été également enregistrée.
Le haut niveau de risque entraîne des investissements plus faibles dans les activités agricoles. Des mesures d’atténuation des risques devraient se voir dans une plus grande utilisation des intrants pour obtenir de meilleurs rendements. Cependant, comme les intrants modernes ne sont pas appliqués dans un grand nombre de parcelles, même lorsque celles-ci sont irriguées par une infrastructure améliorée d’irrigation, l’accès à cette infrastructure améliorée n’explique qu’en partie le faible taux d’adoption de la technologie moderne.
La fluctuation des prix est quelque peu décourageante pour les paysans. Les risques des prix sont défavorables au revenu rural. Le capital productif est en baisse. Mais que ces risques se présentent ou pas, des problèmes d’accès au marché et des problèmes liés aux institutions peuvent surgir.

Infrastructures et institutions

Les problèmes d’infrastructures constituent un problème énorme pour l’économie rurale. Une meilleure infrastructure de transports faciliterait à la fois l’accès aux marchés locaux et internationaux, améliorerait l’intégration au marché et réduirait la variabilité des prix. Le temps qu’il faut à la population agricole pour arriver à la ville la plus proche est très long. Les habitants de plus du quart ont recours à la marche à pied.
Un quart de la population agricole peut atteindre la grande ville la plus proche en moins de 5 heures. 57% de la population rurale ont besoin de 10 heures et 30% de 25 heures (Banque Mondiale, 2003). De ce fait, un nombre important de ménages agricoles vit dans des zones éloignées. L’éloignement et l’isolation constituent des problèmes pour la productivité agricole et pour l’accès aux marchés. Avec l’éloignement, les rendements agricoles diminuent à cause de la baisse du niveau des intrants fertilisants utilisés. Les rendements de riz, de maïs, de manioc dans la plupart des zones les plus éloignées ne représentent qu’environ la moitié des rendements des zones les moins éloignées (Annexe, tableau 4). La même tendance se reflète dans les taux de pauvreté où plus de 85% des individus vivant dans les milieux isolés sont estimés pauvres par rapport à environ 54% dans les zones rurales les moins isolées. L’accès au marché est manifestement un facteur déterminant majeur pour expliquer ces différences. Et bien que seul un nombre limité de ménages utilise des engrais chimiques, ce chiffre varie de 5% dans les régions les plus éloignées pour 25% pour les régions les moins éloignées.
L’impact d’investissements dans l’infrastructure d’irrigation à Madagascar a été longuement discuté. Dans l’ensemble, 23% des parcelles rizicoles sont mentionnées comme dépendant d’un type de gestion de l’eau quelconque à travers des barrages ou des canaux reliés à des stations mécaniques de pompage d’eau. L’accès à une infrastructure d’irrigation montre un lien fort avec la pauvreté : 6% seulement du quintile le plus riche a des champs qui reçoivent de l’eau à travers un système de pompe à eau. Le pourcentage le plus élevé pour les plus pauvres est de 0,2%. 56% du quintile le plus pauvre dépend de l’eau d’une source ou d’un puits par rapport à seulement 32% du plus riche (EPM, 2003).
Le crédit est peu utilisé à Madagascar. Un grand nombre de ménages déclare qu’il pourrait avoir accès au crédit formel ou informel. Cependant, seul un petit nombre semble l’utiliser en pratique. L’accès potentiel au crédit de sources formelles ou informelles grandit de manière monotone entre les quintiles des dépenses. Concernant la vulgarisation agricole, peu d’efforts ont été faits depuis la fin du Programme National de Vulgarisation Agricole financé par la Banque Mondiale. La majorité des vulgarisations disponible est organisée par des entités privées et des ONG.
Le manque d’infrastructures et d’instituions appropriées à l’activité rurale influent fortement les conditions économiques du milieu rural malgache. Cette situation peut aussi en entraîner d’autres. L’éloignement et le mauvais fonctionnement judiciaire sont, par exemple, source d’insécurité.

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Table des matières

Chapitre I : Analyse théorique de la pauvreté rurale
Section 1 : Définition de la pauvreté rurale
I. Définition de la pauvreté
II. Définition du terme « rural »
III. Définition de la pauvreté rurale
Section 2 : Les différentes approches pour la détermination du seuil de pauvreté
I. Approches absolues
II. Approches relatives
III. Les autres approches pour la détermination du seuil de pauvreté
Chapitre II : Structure de l’économie rurale malgache
Section 1 : Le revenu rural
I. Le revenu agricole
II. Le revenu extra-agricole
Section 2 : La production agricole
I. La performance agricole
II. Les facteurs de production
Section 3 : L’élevage
Section 4 : Pouvoir d’achat des salaires agricoles
Chapitre III : Les facteurs accentuant la faiblesse de l’économie rurale malgache
Section 1 : Les risques de production
Section 2 : Les risques des prix
Section 3 : Infrastructures et institutions
Section 4 : Les problèmes de sécurité
Section 5 : Les problèmes environnementaux
CONCLUSION
ANNEXE
BIBLIOGRAPHIE

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