Les exploitations agricoles et les produits de rente à Anjouan : des atouts et des problèmes

L’Archipel des Comores, pays du Sud-Ouest de l’océan Indien, est situé à l’entrée Nord du Canal de Mozambique entre l’Afrique orientale et le Nord-Ouest de Madagascar. Il comprend quatre îles distinctes : la Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte, île française (croquis N°1). Dans cet archipel des Comores, les habitants sont à 80 % des agriculteurs. Deux types d’exploitation agricole sont pratiqués. Le premier se spécialise en cultures vivrières : le manioc, la patate douce, le riz de montagne réservé aux besoins alimentaires des Anjouanais. Le second est consacré aux cultures de rente, introduites à la seconde moitié du XIXé siècle par les Européens. Au départ, il s’agissait de la canne à sucre, vite remplacée par les plantes à parfum : le girofle, la vanille et l’ylang-ylang, auxquelles sont venus s’ajouter le café et le cacao. L’agriculture de plantation s’insère ainsi peu à peu dans la polyculture traditionnelle des paysans anjouanais. Ces plantations recouvrent 35% du territoire. Elles appartiennent à la fois des sociétés étrangères et à la population nationale. Les cultures doivent beaucoup aux conditions physiques, car les données climatiques et pédologiques conviennent aux cultures de rente. Par ailleurs, les facteurs humains ne sont pas négligeables. Entre autres, les cultures de rente occupent les régions littorales et certains versants de montagne qui permettent un large éventail de productions. Celles-ci sont destinées à être vendues aux pays étrangers. Les principaux clients sont des : la France, les Etats-Unis et la Belgique. Ces produits d’exportations constituent une des principales ressources pour les paysans et en particulier Anjouan. L’économie de l’île repose, en effet, en grande partie sur l’exploitation des richesses agricoles qui contribuent à équilibrer la balance commerciale. D’ailleurs, l’île n’exporte que les trois produits de rente sur le marché mondial. Ainsi, l’agriculture vivrière est délaissée au profit de ces cultures spéculatives qui occupent une grande partie des terrains cultivables.

Les facteurs historiques

L’introduction des cultures de rente aux Comores : une histoire récente

Les produits de rente comportent les épices, les herbes aromatiques, les huiles essentielles. Ils sont originaires, pour la plupart, des régions tropicales d’Asie : l’Inde, l’Indonésie, et aussi d’Amérique : le Mexique, le Pérou, les Antilles. Ils sont exportés vers les pays industrialisés. A certaine époque les épices ont été aussi rares et aussi chers que l’or. Les Arabes, les Vénitiens, les Portugais, les Hollandais, tous ont voulu contrôler la route des Indes et dominer le fructueux commerce des épices. A cette époque, Le commerce des épices était comparable en importance à celui de l’or ou des pierres précieuses. Ce sont les marchands arabes qui, les premiers, ont rapporté des épices en Chine et en Inde vers l’Occident (Martin F. 1950). Les cultures de rente fournissent la cannelle, le café, la vanille, l’ylang-ylang et le girofle. C’est ainsi que Prud’homme M. affirme que « c’est par les Aztèques que les Européens firent connaissance de la vanille, les plus fines des épices que nous donna l’Amérique ». Le cas du girofle semble avoir été connu depuis la Haute Antiquité. Dans l’Antiquité, en Mésopotamie, les Assyriens et les Babyloniens utilisaient déjà des épices en cuisine, en médecine et en parfumerie. Les Egyptiens se servaient aussi des épices pour embaumer les morts et pour fabriquer des parfums. A partir du XVé siècle, les navigateurs portugais, à la suite de Vasco de Gama, ont franchi le Cap de Bonne-Espérance et se sont lancés eux-mêmes dans ce fructueux commerce. Au XVIIé siècle, c’est au tour des marchands Hollandais et Anglais de s’investir dans le commerce des épices en créant des compagnies et des comptoirs sur les côtes asiatiques. Quant aux Français, en 1654, ils se sont installés en Inde avec la création par Colbert de la Compagnie des Indes orientales. Plus tard, ils ont développé la culture des épices dans leurs colonies de la mer des Antilles (Guadeloupe, Martinique) et de l’Océan Indien (Madagascar, la Réunion, Maurice, Comores). Au XVIIIé siècle, les Anglais ont dominé le marché des épices, alors que leurs cours étaient en baisse. Au XIXé siècle, ces cultures commerciales se sont largement étendues en Afrique, en Amérique, en Asie et dans les îles de l’Océan Indien. Parmi eux, Seychelles, La Réunion, Maurice, Madagascar et les Comores ont gagné leur part importante de leurs revenus grâce à l’exportation des produits aromatiques. Les Comores ont bénéficié ces richesses culturales. Et Sidi A. admet que les cultures de plantation ont été introduites aux Comores par des colons français et anglais, à partir de la seconde moitié du XIXé siècle et le début de XXe siècle. De ce fait, de larges espaces leur ont été consacrés : le Bambao, le Pomoni et le Nyoumakélé. Ces vastes superficies ont été monopolisées par les colons qui ont créé des sociétés d’exploitation agricole où les Anjouanais travaillaient en qualité d’ouvriers. Cela a permis à la population locale de maîtriser les techniques culturales. Après le départ des colons, les producteurs comoriens les ont remplacés. Les plantations fournissent actuellement les seuls de produits que les Comores exportent sur le marché international en concurrence avec d’autres pays. Les problèmes de débouchés sont réels, mais aux Comores, ils sont amplifiés par une politique interne défaillante. Malgré tout, les cultures de rente occupent une place non négligeable dans l’île.

La place majeure des cultures de rente d’Anjouan 

Historiquement, la terre appartenait à la couronne pendant la période sultanine. A la mort du sultan, son héritier en avait la garde. Quant aux sujets, Sidi A. affirme qu’ils avaient le droit de travailler ces terres pour leur propre compte, moyennant une petite redevance à la couronne. Le Sultan n’avait le droit de vendre ces terres que sous certaines conditions particulières. Et vers la seconde moitié du XXé siècle, le Sultan d’Anjouan donnera des concessions à bail à des Européens. Par la suite, ceux- ci élargiront petit à petit leur superficie agricole. C’est l’une des raisons de l’apparition dans cette île des différents domaines consacrés à l’agriculture commerciale (croquis n°2), tels les domaines de Pomoni, de Patsy, de Bambao et de Nyoumakélé, localisés dans des plaines fertiles. Ils ont produit exclusivement de la vanille, de sisal et d’ylang-ylang destinée à l’exportation.

L’appropriation des terrains inoccupés a été un facteur de l’aménagement spatial et de la diversification des cultures. Quatre nouvelles plantes ont été introduites : le vanillier, le giroflier, l’ylanguier et le caféier. Elles ont généré de grandes exploitations ainsi que l’apparition des ateliers de préparation de ces produits de rente. Cette activité nécessitant une main-d’œuvre nombreuse, il y a eu recrutement de la main d’oeuvre locale comme cultivateurs, préparateurs et gardiens. Ces ouvriers ont reçu leur salaire journalier et ils ont été initiés aux nouvelles techniques agricoles et aux préparations des produits de rente.

Les conditions de développement des cultures de rente 

Les potentiels pédologiques 

Anjouan doit son origine aux éruptions volcaniques. Selon les recherches réalisées au cratère de dzialandzé ont, en effet, montré la présence des terrains sédimentaires surhaussées par les soulèvements de sol de l’île. L’absence des fossiles dans l’île semble confirmer cette hypothèse. L’activité volcanique se manifeste progressivement croissante et son résultat est l’altitude plus élevée dans cette île (le mont N’tringui) et culmine à 1.595 m. C’est ainsi que MANICACCI J. admet qu’Anjouan semble n’avoir jamais fait partie de l’Afrique ou de Madagascar. Elle aurait surgi du fond de l’Océan à l’occasion d’éruptions volcaniques et d’exhaussements sous-marin successifs. Ces différentes phases d’éruption volcanique l’ont donné la forme initiale. Cette île présente une juxtaposition de reliefs correspondant aux phases volcaniques qui ont des influences sur la morphologie et sur la pédologie de l’île. Cette dernière est caractérisée par la domination des reliefs accidentés dans la partie centrale, par l’ouverture des petites plaines et par l’apparition des cirques. Ces différents espaces géographiques, de nature variée, subissent une altération plus ou moins poussée selon leur ancienneté. Ils sont des sols constitués d’argile, des basaltes et des pouzzolanes avec quelques plaines alluvionnaires qui sont perméables et riches en éléments minéraux. Leurs valeurs physiques et chimiques de ses sols constituent des potentialités agricoles. En effet, les sols sont des éléments fondamentaux de l’agriculture entant que support direct des plantes dans lequel vivent et croissent les racines. Autrement dit, l’agriculture a des relations étroites avec le milieu naturel, mais celui-ci peut être favorable ou défavorable. C’est pourquoi des chercheurs géographes et des ingénieurs agronomes proposent un choix des sols requis pour diverses cultures : les vanilliers, les girofliers et les ylanguiers. C’est ainsi que LATRILLE E. souligne que le vanillier demande des sols légers riches en humus et en matières minérales dont l’acidité de sol n’est pas fort et le phosphore varie entre 6,5 à 6,9. Il préfère les sols provenant de la décomposition des roches volcaniques et les alluvions sablonneuses. Ils ne doivent pas être soumis aux crues. Quant au giroflier pousse sur les différents sols basaltiques et sur les sols sédimentaires pas trop sablonneux. Il se croit bien sur les flancs des collines mais le phosphore doit être à 6,8. Et les ylanguiers conviennent à presque tous les types de sols et se développent bien sur des sols caillouteux (HALIDI M.1986). Anjouan, les sols provenant en général de l’éruption volcanique sont fertiles et perméable. Ils facilitent l’extension en tous sens les racines de la plante. Par conséquent, ils conviennent aux cultures de rente. Une vision panoramique sur l’ensemble d’Anjouan permet de constater que les cultures occupent les grands espaces. Cependant, elles ne sont pas seulement soumises à des exigences chimiques, mais aussi à des conditions climatiques, étant donné que les cultures de rente exigent une quantité de chaleur et d’eau bien précise.

Les facteurs agroclimatiques

L’étude de l’équilibre écologique est l’un des soucis de l’agronomie. Elle repose sur l’identification et sur la caractérisation du climat local. Ce dernier peut influencer favorablement ou non sur les possibilités de la pratique agricole. C’est ainsi que DERRUAU M. affirme que le climat doit être considéré dans ses rapports avec les cultures et non en soi. Chaque culture dépend d’un type climatique : le climat tropical, le climat tempéré et autres. A cet effet, Anjouan est soumise à l’alternance de l’alizé et de la mousson qui lui confère un climat de type tropical. Un climat tropical se répartit en deux saisons bien distinctes : l’une représente la saison chaude et pluvieuse. Elle correspond à l’été austral et pendant cette période une dépressionnaire s’étend du centre de l’Afrique, de Madagascar et dans l’Océan Indien (BATTISTINI R.). La masse d’air qui arrive sur l’Archipel des Comores provient de l’Hémisphère Nord après avoir franchi l’Equateur. Elle devient chaude et humide : c’est la saison pluvieuse qui commence au mois de novembre pour se terminer vers le mois d’avril. L’autre saison est sèche et fraîche correspondant à l’hiver austral, elle débute de la mi-mai pour finir au mois d’octobre. A cette période, les pluies sont plus rares et la température oscille entre 14°C et 15°C minima. Pendant cette période, la ZCIT se situe au Nord de l’Equateur. L’Anjouan, comme toutes les îles des Comores, est alors sous l’influence de l’Alizé.

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Table des matières

Introduction
Première partie
Les exploitations agricoles et les produits de rente à Anjouan : des atouts et des problèmes
Chapitre 1: Des conditions géographiques favorables à exploitation agricole
Chapitre 2 : Des exploitations agricoles aux techniques traditionnelles
Chapitre 3 : Une commercialisation difficile en cours d’amélioration
Deuxième partie
Des retombées positives et les défaillances des activités générées par les cultures de rente
Chapitre 4 : Des retombées positives notables mais limitées
Chapitre 5 : Les défaillances des cultures de rente à Anjouan
Chapitre 6 : Des mesures de redynamisation efficace au développement des cultures de rente
Conclusion

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