Les études sur le fonctionnement intrapsychique d’ individus psychotiques

La notion de structure de personnalité

La notion d’organisation de la personnalité a été proposée par Kernberg (1967) comme approche supplémentaire à l’approche descriptive, permettant notamment de poser des diagnostics structuraux. Plus récemment, Ferrant (2007), un des auteurs ayant collaboré à l’ouvrage de Roussillon (2007), substitue le terme de structure pour celui de pôle d’ organisation, démontrant le caractère plus en mouvance de cette dernière. Le terme de structure, d’un autre côté, a aussi été abondamment abordé par divers autres auteurs tels que Bergeret (1996, 2012) et Roussillon (2007), qui lui confèrent quelques variations théoriques selon leur point de vue sur la notion. Ainsi, dans le cadre de cet essai, l’ utilisation du terme « structure » sera préconisé dans l’optique d’en faciliter sa lecture, tel qu’utilisé par Bergeret, un auteur central dans cette littérature. Bergeret (2012) conçoit que la structure représente le mode d’organisation permanent le plus profond de l’ individu. La structure de personnalité se construit surtout en fonction du mode de relation aux parents en très bas âge, des frustrations et des moments de chocs vécus.

De plus, c’est aussi en fonction des défenses mises en place par le Moi pour contrecarrer les poussées internes du Ça que la structure s’accomplie. Au sein d’une structure, Bergeret (1996) rapporte que la personnalité se trouve organisée avec un degré d’évolution libidinale et moïque défini, un mode de relation d’objet sélectif, une angoisse latente spécifique et des mécanismes de défense peu variables. Kernberg (2006) ajoute que la structure de personnalité est aussi organisée selon le degré d’ intégration de l’identité de l’individu et selon ses aptitudes devant l’épreuve de la réalité. D’ ailleurs, tant qu’un individu n’est pas soumis à de trop fortes pressions intérieures ou extérieures par rapport à ses ressources internes, sa structure de personnalité demeurera en équilibre et organisée. Néanmoins, si un individu rencontre de trop grandes pressions par rapport à ses capacités, la structure de personnalité associée à cet individu décompensera selon les lignes de forces et de ruptures préconçues dans son jeune âge. Selon Bergeret (2012), un parallèle est possible entre un bloc de minéral cristallisé et la psyché. Ainsi, petit à petit, le psychisme s’ aménage, se cristallise, se fixe avec des lignes de clivage immuable par la suite, résultant en une structure stable, tout comme pour le bloc de minéral. Ainsi, allant de concert avec ses mêmes lignes de forces et de ruptures le spécifiant, la structure de personnalité d’un individu névrotique développera une névrose et celui d’un individu ayant une structure de personnalité psychotique, développera une psychose. Une fois décompensé, il peut aspirer à retrouver un certain état d’ équilibre et évoluer en état de structure névrotique ou psychotique à nouveau compensé. Les auteurs, dont Kernberg (2006) et Bergeret (2012) s’entendent pour dire qu’ il existe trois types de structures de personnalité, soit la névrotique, l’ état-limite et la psychotique.

La structure de personnalité névrotique

Selon Bergeret (1996), l’individu ayant une structure névrotique est considéré comme étant le plus évolué sur le plan libidinal, ayant résolu le complexe d’oedipe et abouti au 10 stade génital. Son degré d’évolution Moïque se situe entre le Ça et le Surmoi. Cela veut donc dire que le Moi cet individu parvient à gérer assez efficacement les pulsions du Ça qui aspirent à s’exprimer et celles du Surmoi qui aspirent à ne rien laisser passer qui pourrait être interdit ou irrationnel. De plus, son mode de relation objectale est basé sur un mode génital, c’est-à-dire sur une relation empreinte de réelle considération pour autrui, de respect et d’une conception égalitaire de l’autre. C’est la forme d’amour auquel parvient le sujet qui a atteint le dernier stade psychosexuel, après la résolution du complexe d’OEdipe. L’ angoisse caractérisant la structure névrotique est l’angoisse de castration. L’individu de structure névrotique utilise des mécanismes de défensel de hauts niveaux tels que le refoulement* en majeure partie, le déplacement*, la négation*, la formation réactionnelle*, l’intellectualisation * et la rationalisation * . Une intégration complète de l’identité de l’individu ayant une telle structure est aussi présente. Finalement, ses capacités devant l’épreuve de la réalité sont maintenues. Selon Bergeret (2012), il existe au sein des structures, des sous-structures propres à chacune d’elles qui ne se retrouvent que dans ces dernières. Ainsi, pour la structure névrotique, les sous-structures correspondantes sont l’hystérique2 et l’obsessionnelle3 . L’individu ayant un fonctionnement obsessionnel est plus évolué dans son développement infantile et plus complexe que l’individu ayant un fonctionnement hystérique, du point de vue, entre autres, de l’angoisse spécifique ou du mode de relation objectale.

La structure de personnalité psychotique Selon Bergeret (1996), le degré d’évolution libidinale d’un individu de structure psychotique est le plus archaïque de toutes les structures. En ce sens, l’ individu de structure psychotique est marqué d’importantes fixations au stade oral et possiblement de la première moitié du stade anal. Le degré d’évolution Moïque est aussi considéré et c’est ainsi que son conflit psychique se situe entre le Ça et la réalité, c’ est-à-dire entre ses besoins pulsionnels et la réalité extérieure. Le mode de relation objectal spécifique pour l’individu de cette structure est de type fusionnel, symbiotique et ce mode se retrouvera sans cesse répété au niveau de ses relations interpersonnelles ultérieures en réaction à son angoisse latente. Globalement, l’angoisse latente spécifique pour la personne de structure de personnalité psychotique renvoie, comme le relève Bergeret (2012), à un trouble profond au niveau identitaire accompagné d’une crainte terrifiante d’une disparition de son Moi, c’ est-à-dire d’une angoisse de morcellement, d’anéantissement. D’autres auteurs rapportent aussi la présence d’une angoisse d’ intrusion (Ferrant, 2007). Kernberg (2006) stipule que le niveau d’intégration de l’ identité de la personne présentant une structure psychotique demeure effectivement de bas niveau.

En ce sens, l’ individu ne parvient pas à établir une différenciation nette entre son Moi et son non-Moi, c’ est-à-dire entre lui et l’ autre. D’ ailleurs, l’autre comble par le fait même son propre manque car il ne peut pas envisager de s’en séparer, son Moi n’étant pas également complet. Bergeret (1996) stipule que les mécanismes défensifs psychotiques prédominants sont la projection, l’ introjection* , le clivage du Moi* et le clivage de l’ objet*, le déni de la réalité et que ceux-ci peuvent entrainer des phénomènes tels que la dépersonnalisation et le dédoublement de la personnalité. Complémentaires à ces mécanismes, Roussillon (2007) ajoute que les modes défensifs principaux de l’individu présentant un pôle d’organisation psychotique sont également l’ identification projective*, l’ idéalisation* et l’ omnipotence * . Le dernier critère permettant d’ identifier cette structure concerne l’ épreuve de la réalité qui n’est pas maintenue chez ces individus, celle-ci étant altérée et marquée d’ importantes failles. Finalement, pour la structure de personnalité psychotique, il y a la sous-structure schizophrénique, la sous-structure paranoïaque et la sous-structure mélancolique qui seront explicités brièvement dans la prochaine section.

Le fonctionnement intrapsychique à partir des méthodes projectives S

elon Chabert (1998b), l’objectif des méthodes projectives est de permettre une étude approfondie du fonctionnement intrapsychique d’une personne dans l’optique d’une formulation dynamique. Les épreuves projectives permettent de pouvoir considérer des conduites psychiques difficilement accessibles dans des cas cliniques complexes mais surtout leurs articulations entre elles et leurs potentialités d’évolution. Les méthodes projectives ont pour point commun la particularité du matériel sur lesquelles elles se fondent, celles-ci étant toujours concrètes mais à la fois ambiguës. Ce contexte favorise les associations verbales de l’individu tout en se déroulant dans un cadre relationnel spécifique entre le clinicien et ce dernier, grâce à l’ objet médiateur qu’est le test en soi, tel que stipulé par Chabert (1998a). De plus, selon Chabert (1998b), deux contraintes seulement sont imposées à l’ individu lors de la passation de telles épreuves. La première concerne l’ association libre dont il doit faire preuve, le contraignant à considérer la réalité externe en plus de sa réalité interne. La seconde contrainte concerne le fait qu’ il ne dispose, règle générale, que d’une séance pour la passation de chaque test, même s’ il n’y a pas de temps limite associé à l’administration des tests projectifs. Anzieu et Chabert (2011 , p. 23) stipulent que: « Comme dans la situation psychanalytique, la consigne qui laisse au sujet la plus grande liberté est en même temps pour lui une contrainte. Il est condamné à être libre, c’ est-à-dire à se révéler lui-même ». Selon Anzieu et Chabert (2011), il existe plusieurs catégories de tests proj ectifs, que ce soient les tests proj ectifs graphiques tels que le dessin de la maison, de l’arbre et du chemin (MAC), des tests projectifs thématiques tel que le TAT et des tests projectifs structuraux tel que le Rorschach. Ces grandes catégories de tests projectifs consistent dans le fait qu’ elles représentent du matériel faisant appel aux diverses représentations et aux divers affects mobilisés par leurs contenus latents.

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Table des matières

Sommaire
Liste des tableaux
Remerciements
Introduction
Contexte théorique
La notion de personnalité
La notion de structure de personnalité
Les différentes structures de personnalité
La structure de personnalité névrotique
L’aménagement état-limite
La structure de personnalité psychotique
La sous-structure schizophrénique
La sous-structure paranoïaque
La sous-structure mélancolique
Les troubles psychotiques selon le DSM -5
Le fonctionnement intrapsychique à partir des méthodes projectives
Les études sur le fonctionnement intrapsychique d’ individus psychotiques
évalués à partir du TAT et du Rorschach
La structure psychotique et les troubles psychotiques au TAT
La structure psychotique et les troubles psychotiques au Rorschach
La structure psychotique et les troubles psychotiques au TAT et au
Rorschach
Liens entre la théorie et les études empiriques
Limites des études
Pertinence de l’ essai, obj ectif et question de recherche
Méthode
Participants
Instruments de mesure
Q uestI. onnal.r e pre’ 1 I·m·lna·lr e
Le test du TAT
Le test du Rorschach
Déroulement
Résultats
Présentation des résultats
Discussion
Variables sociodémographiques
Résultats du rapport à la réalité aux méthodes projectives
1 er participant
2e participant
3e participant
4e participant
Les résultats convergents quant au rapport à la réalité
Résultats de la relation d’ objet aux méthodes proj ectives
1 er participant
2e participant
3e participant
4e participant
Les résultats convergents quant à la relation d’ objet
Résultats de l’intégration de l’ identité aux méthodes projectives
1 er participant
2e participant
3 e participant
4e participant
Les résultats convergents quant à l’intégration de l’identité
Les résultats divergents au TAT et au Rorschach
Le rapport à la réalité
La relation d’ objet
L’ intégration de l’ identité
Éléments de réflexion sur la structure psychotique
F orees et limites de l’essai
Conclusion
Références
Appendice A. Lexique
Appendice B. Questionnaire préliminaire
Appendice C. Cumulatif des procédés relevés au T AT pour chacun des participants

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