Les éthiques de l’environnement anthropocentrées et non-anthropocentrées

Les éthiques de l’environnement anthropocentrées et non-anthropocentrées

UNE ÉTHIQUE DESCRIPTIVE DU PROJET A LA LUMIÈRE DES ÉTHIQUES ANTHROPOCENTRÉES ET NON-ANTHROPOCENTRÉES

L’objectif de ce troisième chapitre est de présenter la façon dont nous allons inscrire les différentes valeurs que nous venons d’identifier dans une perspective éthique et ainsi permettre de dégager des observations sur le projet de la Ville. Pour ce faire, nous commencerons par définir ce que nous comprenons de l’éthique. Par la suite, nous présenterons les repères conceptuels et théoriques que nous avons choisis pour donner cohérence et sens aux valeurs identifiées. Enfin, nous présenterons les observations que nous avons pu faire du projet Imaginer-Réaliser Montréal 2025 par rapport à ces mêmes repères conceptuels et théoriques.

Définition de l’éthique

Puisque l’objectif de ce second chapitre est de comprendre de quelle façon on peut inscrire les valeurs du projet dans une perspective éthique, nous allons d’abord définir ce que nous entendons de l’éthique.

L’éthique ou l’organisation des valeurs entre elles

Dans la première partie du mémoire, nous avons vu que la Ville engageait certaines valeurs dans son projet pour 2025. Or, selon Droz et Lavigne (2007), l’éthique est «un ensemble rationnellement structuré de valeurs explicites qui définissent le bien, le juste et le beau, par lequel quelqu’un rend compte de lui-même, de ce qui le fait exister et agir » (p.47). Dans le même sens, Lucie Sauvé et Carme Villemagne (2006) pensent que « l’organisation des valeurs entre elles, sous forme de système, correspond à une éthique » et que celle-ci « donne sens et cohérence aux valeurs qui s’y rattachent » (p.21). Pour illustrer leur définition, les deux auteurs prennent l’exemple de la valeur fondamentale de la vie. Celle-ci n’est pas définie de la même manière chez les défenseurs de la nature et chez les militants contre l’avortement Ainsi, une même valeur peut être considérée différemment selon le sens qu’on lui attribue et engendrer deux types d’éthiques différentes. On peut donc dire que, pour nous, l’éthique est un ensemble structuré de valeurs, ou encore comme une organisation de valeurs entre elles, et que cet ensemble structuré de valeurs donne donc sens et cohérence aux valeurs.
Toutefois, selon Sauvé et Villemagne, les différents systèmes éthiques observés se rattachent à l’une ou l’autre des considérations suivantes : d’un côté, l’argument éthique correspond à un ensemble de valeurs portées a priori ; de l’autre côté, l’éthique résulte d’une « construction collective dans un processus évolutif où la singularité de la situation et la dynamique des acteurs jouent un rôle majeur » (Sauvé et Villemagne, 2006, p.21). Nous allons dès à présent étudier plus en détails ces deux manières de concevoir l’éthique.

Deux manières de concevoir l’éthique

Dans un ouvrage datant de 1996, Bob Tickling propose deux façons de concevoir l’éthique. Dans un premier temps, l’auteur identifie l’éthique comme un ensemble de codes moraux ou de valeurs prescrites par le groupe social et non remises en question. Dans un second temps, il identifie l’éthique comme un « processus qui invite à la construction d’un système de valeurs cohérentes entre elles et pertinentes au regard d’un contexte » (p.160).
La première définition de Jickîing n’est pas sans rappeler celle de l’éthique du devoir, ou déontologique, tandis que la seconde distinction renvoie à l’éthique de la vertu. Certains auteurs rattachent la première éthique à la morale, tandis que la référence à l’éthique de la vertu est celle qui rend le plus souvent compte de l’usage du mot éthique (Kahn, 2006).

L’éthique dit devoir

L’éthique du devoir est une éthique centrée sur les devoirs et qui s’appuie sur la philosophie d’Emmanuel Kant au XVIII siècle selon laquelle l’être humain doit agir en tenant compte de principes qui expriment les intentions de ses actes. Elle est aussi appelée éthique déontologique en référence au mot grec qui signifie « devoir ». Selon Kant, l’homme est un être raisonnable qui n’agit pas seulement pas instinct ou par conditionnement, il est capable de former librement des intentions et choisir d’agir selon elles. Pour Kant, nous agissons conformément à l’éthique à chaque fois que nous agissons selon le principe rationnel catégorique et universel. Ce principe catégorique et universel, également appelé « impératif catégorique » suppose que nous agissions de manière à ce que cela soit acceptable par tous et que nous traitions l’homme comme une fin et jamais comme un moyen ou un objet. Selon Joseph Desjardins (1995), l’éthique du devoir est essentiellement centrée sur l’être humain à qui elle attribue la capacité d’agir avec raison.

L’éthique de la vertu

Wunenburger (2003) explique qu’à la différence de la morale déontologique qui s’appuie sur des principes, l’éthique de la vertu privilégie la visée d’un bien. C’est la raison pour laquelle elle est aussi appelée « éthique téléologique ». Elle remonte à la tradition aristotélicienne de l’éthique selon laquelle on ne peut vraiment connaître une chose qu’en connaissant sa fin, ou son télos. Pour Aristote, cette cause finale existe chez tous les objets vivants, chez l’homme comme chez les autres espèces vivantes, et ceux-ci sont considérés comme bons lorsqu’ils atteignent leur fin propre. Selon une conception plus moderne et centrée sur l’être humain, Wunenberger (2003) explique que l’éthique de la vertu renvoie à un changement opéré par l’homme.

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Table des matières

INTRODUCTION
CHAPITRE î : DE LA NÉCESSITÉ DE DÉPASSER LA PERSPECTIVE NORMATIVE ET ANTHROPOCENTRÉE DE L’ÉTHIQUE DE LA VILLE 
1.1 Le manque de réflexion sur l’éthique et la ville
1.2 Les perspectives éthiques normatives et anthropocentréés privilégiées
1.3 Les limités de la perspective normative de l’éthique de la ville
1.4 L’insuffisance de la seule perspective anthropocentrée en éthique de la ville
1.5 Le choix des éthiques de l’environnement
1.6 Le recours à une méthode inductive
1.7 Présentation du projet Imaginer-Réaliser Montréal 2025
1.7.1 Genèse du projet : le Sommet de Montréal 2002
1.7.2 Structure du projet Imaginer-Réaliser Montréal 2025
CHAPITRE 2 : LES PRINCIPALES VALEURS PRÉSENTES DANS LE PROJET IMAGINER-RÉALISER MONTRÉAL 2025
2.1 La valeur en question
2.1.1 Définition de la valeur
2.1.2 Valeurs terminales et valeurs instrumentales
2.1.3 Les limites de l’étude des valeurs
2.2 Présentation des sources
2.2.1 Une source d’informations variées
2.2.2 Identification d’un document principal
2.2.3 Choix du traitement de l’information
2.3 Les principales valeurs identifiées dans îe projet
2.3.1 Quatre groupes de valeurs nommés
2.3.2 Cinq axes stratégiques d’intervention
2.3.3 Classement des principales valeurs identifiées
2.4 Moyens et finalités
2.4.1 Définitions
2.4.2 Identification
2.5 Particularités du projet
2.5.1 Participation citoyenne
2.5.2 Valorisation de l’égalité et de la justice
2.5.3 Attention portée à l’autre
2.5.4 Nouvelles manières d’être et d’agir
2.5.5 Esthétique
CHAPITRE 3 : UNE ÉTHIQUE DESCRIPTIVE DU PROJET A LA LUMIÈRE DES ÉTHIQUES ANTHROPOCENTRÉES ET NON-ANTHROPOCENTRÉES 
3.1 Définition de l’éthique
3.1.1 L’éthique ou l’organisation des valeurs entre elles
3.1.2 Deux manières de concevoir l’éthique
3.2 Différentes approches de la perspective éthique
3.2.2 L’éthique contemporaine dominée par les approches normative et théorique
3.2.3 Limites et forces de l’approche descriptive
3.3 Les éthiques de l’environnement anthropocentrées et non-anthropocentrées
3.3.1 Les éthiques anthropocentrées
3.3.2 Les éthiques non-anthropocentrées
3.3.3 Les éthiques intensives et extensives de l’environnement
3.3.4 Les éthiques anthropocentrées et non-anthropocentrées ou l’élargissement de la communauté éthique
3.4 Observations
3.4.1 L’importance de la compréhension de la cohérence des valeurs entre elles
3.4.2 Le caractère anthropocentrique des valeurs du projet
3.4.3 Une instrumentalisation totale des valeurs non humaines du projet
3.4.4 L’ambiguïté de la place des valeurs économiques dans le projet
CHAPITRE 4 : PROSPECTIVES ET IMPLICATIONS POUR LA RECHERCHE 
4.1 Pistes pour l’intervention
4.1.1 Pour une ouverture du champ éthique de l’anthropocentrisme
4.1.2 La réévaluation de la place des valeurs économiques
4.2 Implications pour la recherche
4.2.1 La formulation de quelques composantes pour la construction d’une éthique de la ville
4.2.2 Le rôle privilégié de la discipline géographique 101
CONCLUSION
RÉFÉRENCES 
BILIOGRAPHIE
Appendice A 
Quatrième de couverture du fascicule présentant îe projet Imaginer-Réaliser Montréal 2025

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