Les éléments essentiels de la peau

Depuis des années, les habitudes de la société sont de se laver autant de fois que possible pour avoir une hygiène irréprochable en pensant que cela est bénéfique pour notre peau. Or à la surface de notre peau, vivent des milliards de micro-organismes qui jouent un rôle primordial pour notre santé. Le lavage successif avec des produits non adaptés dégrade ces microorganismes et donc notre barrière cutanée, ce qui rend notre épiderme vulnérable et donc par la suite notre corps dans son entière composition. Les recherches récentes ont permis de mieux comprendre cet ensemble de micro-organismes que l’on nomme le microbiome cutané. Les recherches sur le microbiome cutané constituent une véritable révolution pour l’industrie cosmétique, avec le développement de produits visant à protéger, rétablir ou maintenir l’équilibre de ce microbiome.

A ce jour, en pharmacie d’officine nous avons plus d’informations, conseils et de produits concernant le microbiome intestinal, les médecins prescrivent de plus en plus de levures, de prébiotiques et de probiotiques. Dans un futur proche il sera fondamental que le microbiome cutané soit mis au centre des conseils en pharmacie d’officine, nous verrons dans cette thèse l’ampleur que prend le microbiome cutané dans le monde pharmaceutique depuis quelques années.

La peau

La peau est l’organe le plus grand du corps humain, il s’étend sur environ 2m2.D’une épaisseur de 1,5mm de moyenne, elle représente pourtant 15% de notre poids total. Elle contient de l’eau, des protéines, des matières grasses, des minéraux et des oligo-éléments. Composée de plusieurs couches de tissus, la peau exerce différentes fonctions (liste non exhaustive) :
– La peau protège notre corps, elle agit comme une barrière physique, chimique et biologique qui s’interpose face à l’environnement.
– Elle gère la thermorégulation de notre corps en conservant ou évacuant la chaleur pour permettre de stabiliser la température corporelle à 37 degrés.
– C’est un organe sensoriel extrêmement performant qui est responsable du toucher.
– Elle remplit une fonction immunitaire en étant le premier rempart contre les agressions.
– Et une fonction dite esthétique car elle est l’objet de tous les regards. La peau gère tout simplement les échanges entre le corps humain et l’extérieur, c’est donc une interface, à la fois barrière et zone d’échange.

La structure de la peau

La peau est structurée en 3 couches de tissus : l’hypoderme (la plus profonde), le derme (intermédiaire) et l’épiderme (la plus superficielle).

L’hypoderme

L’hypoderme forme la couche la plus profonde de la peau. C’est un tissu conjonctif richement vascularisé qui contient beaucoup de tissu adipeux, lui-même constitué de cellules nommées adipocytes. Il est rattaché au derme par des fibres de collagène et d’élastine. Cette couche est dotée d’une grande élasticité capable de bien absorber les chocs et de plus, elle permet d’isoler le corps thermiquement. La forte présence d’adipocytes (appelés aussi « graisse sous-cutanée ») va permettre à cette couche d’avoir une fonction de réserve énergétique.

Le derme

Le derme correspond à la couche intermédiaire. C’est aussi un tissu conjonctif qui va venir soutenir l’épiderme. Il est parcouru par un riche réseau de vaisseaux capillaires et est essaimé de nombreuses terminaisons nerveuses. Il se divise en deux : le derme papillaire (superficiel) et le derme réticulaire (profond et moyen). Les fibroblastes disséminés dans la couche dermique synthétisent les fibres de collagène et les fibres élastiques qui baignent dans une sorte de gel qu’on appelle la matrice extracellulaire constituée d’eau et de glycoprotéines. Celle-ci joue le rôle de réservoir hydrique. On y trouve aussi des cellules du système immunitaire telles que les macrophages, les cellules dermiques dendritiques, les mastocytes et les lymphocytes. La riche vascularisation de cette couche supporte plusieurs fonctions. Elle permet à la première ligne de défense de l’organisme de répondre efficacement à tout signal de danger. L’épiderme dépourvu de capillaires y puise l’énergie et les nutriments nécessaires pour assurer son activité cellulaire. Elle participe de façon importante à la thermorégulation à côté des glandes sudoripares. Les glandes sudoripares et les follicules pilosébacés sont des annexes épidermiques implantées dans le derme.

L’épiderme

L’épiderme est la structure la plus externe, non vascularisée, elle se divise en 5 couches superposées (interne à externe) :
– La couche basale (stratum basale) permet la régénération de la peau grâce à des divisions cellulaires (la quasi-totalité des cellules sont en mitose) qui vont permettre aux cellules produites de migrer en direction de la couche la plus externe. Cette couche est composée en majeure partie de kératinocytes qui se lient les uns aux autres via des desmosomes. Le tout est lié au derme grâce à une membrane basale jonchée d’hémidesmosomes.
– La couche épineuse (stratum spinosum ou couche de Malpighi) est la couche la plus épaisse de l’épiderme. Elle est composée de kératinocytes qui sont plus volumineux et plus étirés horizontalement.
– La couche granuleuse (stratum granulosum), plus mince, est formée de kératinocytes qui rentrent en apoptose. Leur cytoplasme comprend moins d’organites cytoplasmiques et de chromatine nucléaire. Les cellules sont plus aplaties et se caractérisent par la présence de grains de kératohyaline et de granules lamellaires (ou corps d’Odland).
– La couche claire (stratum lucidum) possède des cellules anucléées (leurs noyaux ont disparu). Les grains de kératohyalines se transforment en filaggrine.
– La couche cornée (stratum corneum), la plus superficielle, se compose de cellules mortes, de forme aplatie, les cornéocytes. Elles sont dites mortes mais elles demeurent biologiquement actives. Elles ont perdu tous leurs organites, remplacés par des filaments denses de kératine et elles sont liées entre elles par un ciment interlipidique formé d’acide gras, de cholestérol et de céramides ainsi que des cornéodesmosomes. Ce ciment se forme à partir des corps d’Odland que l’on retrouve dans les couches précédentes. Ces cellules jointives et bien tassées forment un revêtement imperméable à la peau et jouent un grand rôle de défense.

Le processus de kératinisation assure un renouvellement continu de la peau. Les kératinocytes sont formés et localisés au niveau de la couche basale. Ils ont une grande capacité de prolifération, de renouvellement et de division. Les cellules se divisent et les cellules filles migrent vers l’extérieur. Elles vont petit à petit se différencier et perdre leur potentiel prolifératif, ainsi que leur contenu, jusqu’à perdre leur noyau et se présenter sous forme de cellules mortes plates : des cornéocytes. Ces cornéocytes jouent un rôle de défense. Il faut environ 3-4 semaines pour que les kératinocytes de la couche basale deviennent des cornéocytes. Ceux-ci vont finalement être libérés par le processus de desquamation qui va éviter une trop grande accumulation de cellules mortes à la surface de la peau. Ce processus dépend d’enzymes de la famille des trypsines et des chymotrypsines qui vont détruire les liens intercornéocytaires.

Les éléments essentiels de la peau

Les kératinocytes, cellules majoritaires de la peau, sont présents dans toutes les couches de l’épiderme. Ils synthétisent la kératine, une protéine insoluble responsable de l’imperméabilité de la peau et jouent un rôle de protection et de défense. Les mélanocytes, 2-4 % de la population épidermique, sont distribués au niveau de l’assise basale de l’épiderme et dans les follicules pileux. Leur fonction est de synthétiser des pigments mélaniques qui confèrent à la peau sa pigmentation et interviennent dans le phénomène de bronzage destiné à la protection contre les ultra-violets.

Les fibroblastes sont localisés dans le derme. Ils modèlent la matrice extracellulaire de par leur fonction de synthèse et de dégradation. Ils interviennent dans la synthèse du collagène dermique qui est une protéine fibreuse inextensible qui résiste à la traction. Cette protéine joue un rôle clef dans le processus de cicatrisation et participe aux propriétés d’hydratation et de souplesse à la peau. Les fibroblastes fabriquent aussi les fibres élastiques qui parcourent la matrice extracellulaire. Elles confèrent à la peau son élasticité et lui permettent de revenir en place après étirement. Elle est synthétisée en grande quantité pendant la croissance et sa production diminue avec l’âge. Il ne faut pas oublier l’acide hyaluronique qui est un glycosaminoglycane, ayant un aspect gélatineux en présence d’eau en raison de sa forte hygroscopie.. C’est un composant majeur de la matrice extracellulaire qui permet à la peau de conserver sa fermeté.

Viennent ensuite les annexes de la peau : les poils et les glandes sébacées et sudoripares. Les poils couvrent presque intégralement le corps humain avec des tailles variables. Ils jouent un rôle très important dans la thermorégulation. Ils sont ancrés au niveau du derme dans ce qu’on appelle le follicule pileux. La glande sébacée appendue au poil est une glande intradermique. Elle synthétise le sébum constituant majeur avec la sueur du film hydrolipidique qui protège la peau et évite son dessèchement.

La glande sudoripare sécrète la sueur et, par ce processus, permet à l’organisme de lutter contre la chaleur. En effet lorsque la température du corps s’élève par exemple pendant une séance de sport ou quand on est malade, la sueur émise s’évapore à la surface de la peau : ce mécanisme élimine des calories et contribue avec la vasodilatation à refroidir le corps.

Barrière physique, immunologique et biochimique

Barrière physique

La peau est le premier rempart entre le corps humain et le monde extérieur, elle doit donc avoir les capacités de gérer les agressions de l’extérieur. C’est la couche la plus extérieure, donc la couche cornée qui concentre le rôle de barrière contre la pénétration d’agents extérieurs. La structure des cornéocytes et leur organisation permettent d’éviter le passage d’agents délétères, microbiens ou chimiques à l’intérieur de notre corps. Cependant, en cas de défaillance de ce premier niveau de protection, un autre mécanisme de protection est mis en jeu faisant intervenir les cellules du système immunitaire.

Barrière immunologique

Le système immunitaire cutané intervient lorsque la barrière physique n’opère plus. Il a pour but de protéger l’hôte et de restaurer si besoin l’intégrité de la peau. Il se divise en deux types : en premier lieu l’immunité innée, ensuite l’immunité adaptative ou spécifique. Dans les deux cas, les premiers gardiens sont les kératinocytes car ce sont les plus nombreux (90% des cellules de la peau). Ils jouent le rôle de sentinelles immunitaires et reconnaissent les agents étrangers grâce à des récepteurs PRR (pattern recognition receptor) de la famille des Toll-like, qui, une fois la reconnaissance réalisée, synthétisent des médiateurs chimiques (cytokines et chimiokines). Ils initient la cascade inflammatoire. D’autre part, les kératinocytes sont aussi capables de produire des peptides antimicrobiens qui vont inhiber des microorganismes comme S.aureus, Candida Albicans (1). L’épiderme contient 2 types de cellules immunitaires. Les cellules dendritiques, ou cellules de Langerhans, formées de pseudopodes qui vont leur permettre d’accrocher l’élément pathogène et de le phagocyter. On appelle ces cellules des CPA : cellules présentatrices d’antigènes. Une fois l’élément pathogène ou antigène phagocyté, la cellule dendritique va sécréter des médiateurs chimiques (prostaglandines ou chimiokines) qui vont entraîner une vasodilatation locale et vont donc augmenter l’afflux sanguin et le recrutement local d’autres cellules de l’immunité comme les polynucléaires et les macrophages. Les cellules immunitaires du derme (cellules dendritiques dermiques, macrophages, mastocytes) sont également mobilisées sur le site concerné. L’épiderme héberge aussi des lymphocytes T qui ont été activés au niveau des ganglions lymphatiques grâce aux CPA. Ainsi, après l’activation des CPA, s’en suit une cascade de multiplications, de différenciations qui doit aboutir in fine à une destruction des agents pathogènes.

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Table des matières

Introduction
Chapitre I : La peau
A/La structure de la peau
A.1 L’hypoderme
A.2 Le derme
A.3 L’épiderme
B/ Les éléments essentiels de la peau
C/ Barrière physique, immunologique et biochimique
C.1 Barrière physique
C.2 Barrière immunologique
C.3 Barrière biochimique
D/ Les paramètres physico-chimiques
D.1 Le pH
D.2 La température
D.3 Le taux d’humidité
Chapitre II : Le microbiome
A/ Le microbiome intestinal
A.1 La flore intestinale
A.2 Le développement et l’évolution du microbiome intestinal
A.3 Le rôle du microbiome intestinal
B/ Le microbiome cutané
B.1 La flore cutanée
B.1.1 La flore cutanée résidente
B.1.2 La flore cutanée transitoire
B.2 Le rôle du microbiome cutané
B.3 L’évolution du microbiome cutané
B.3.1 L’évolution en fonction du temps
B.3.2 L’évolution en fonction de différents paramètres
B.3.2.1 Le système immunitaire
B.3.2.2 L’environnement et le mode de vie
B.3.2.3 L’hygiène et l’utilisation de produits cosmétiques
Chapitre III : Les produits cosmétiques
A/ Définition
B/ Catégories
B.1 Les formes anhydres
B.2 Les formes aqueuses
B.3 Les dispersions
C/ Composition
D/ Réglementation européenne
D.1 La Personne Responsable
D.2 La composition du produit cosmétique
D.3 Le Dossier d’Information Produit (DIP)
D.4 La fabrication
D.5 L’étiquetage
D.6 Notification à la Commission Européenne (CE)
Chapitre IV : Les opportunités
A/ Activité Scientifique
A.1 Les publications scientifiques
A.2 Les brevets
A.3 Les essais cliniques
B/ Evolution du marché
C/ Les acteurs
C.1 Les acteurs académiques
C.2 Les acteurs privés et industriels
C.3 Les programmes
C.4 Les acteurs du microbiome cutané
D/ Le développement de produits cosmétiques
D.1 Introduction
D.2 Le maintien et/ou la restauration de la barrière cutanée
D.3 Le microbiome
D.3.1 La protection
D.3.2 La modulation
D.3.3 La personnalisation
Conclusion
Bibliographie

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