Les effets des biocides 

Évaluation des risques sanitaires

La démarche d’évaluation des risques sanitaires (ERS), formalisée en 1983 par l’Académie des Sciences américaine, a pour but de réaliser une synthèse la plus complète possible mais aussi critique concernant les données disponibles sur la toxicité proprement dite des substances et les possibilités d’exposition à celle-ci. Grâce à cette démarche systématique et la plus transparente possible, l’évaluation des risques sanitaires doit apporter des options argumentées permettant de réduire les risques identifiés.
Ce type d’étude s’effectue en quatre étapes. Elle consiste tout d’abord à identifier les dangers. On cherche ensuite à connaître les éventuelles relations dose-effet, c’est-à-dire la relation entre l’exposition à une substance considérée comme dangereuse et ses effets sur la santé. En troisième lieu, l’exposition est évaluée afin de déterminer les doses de substances auxquelles sont soumises les personnes dans une situation donnée. Enfin les risques sont caractérisés afin d’estimer s’ils sont acceptables ou comment ils peuvent être contrôlés et maîtrisés.
La réalisation d’une évaluation des risques sanitaires nécessite une collaboration de différents professionnels rassemblant des représentants du musée concerné, des médecins du travail, toxicologues, épidémiologistes et si possible un hygiéniste spécialisé en métrologie ou un ingénieur en sécurité.

Évaluation des risques et épidémiologie dans les musées

La littérature relatant des exemples de mesures de la qualité de l’air, de biométrologie ou d’évaluations des risques sanitaires face à la présence de biocides résiduels dans les musées est extrêmement restreinte. La documentation consultée pour ce travail a permis de rassembler les études suivantes : Jardin botanique de Lyon : mercure, Muséum d’histoire naturelle de Grenoble : formaldéhyde, lindane, PDB, arsenic et mercure, Musée d’histoire naturelle de Londres : arsenic, mercure, naphtalène et PDB, Collection de botanique de l’université de Cambridge : vapeurs de mercure, Musée d’histoire naturelle de Denver : arsenic et DDT, Collection de botanique de l’université du Nebraska : vapeurs de mercure, Collection de botanique du Musée national de Wales : arsenic, mercure et baryum, Collections ethnographiques du Thomas Burke Memorial Washington State Museum et du département d’anthropologie de l’université : arsenic, mercure et plomb, Collections de fluides du National Park Service : formaldéhyde, Musées allemands (quatre): DDT, pentachlorophénol (PCP), lindane, methoxychlore, naphtalène, arsenic, etc., Collections de botanique de l’université de Madrid : vapeurs de mercure.
Cette rareté bibliographique affecte aussi les informations épidémiologiques relatives à des intoxications dans les musées.

EFFETS SUR LES MATERIAUX CONSTITUTIFS DES SPECIMENS

Préalablement à la description des dégradations issues de l’emploi de pesticides, il apparaît important de préciser que les spécimens ne présentant pas d’altérations majeures dues aux nuisibles sont la preuve de l’efficacité de ces traitements. Aussi, l’utilisation de tels produits a permis de conserver ces collections jusqu’à aujourd’hui.
Les phénomènes d’altération des matériaux dus aux biocides sont peu connus et les recherches sur ce sujet sont assez rares. Ces données se basent essentiellement sur des observations visuelles. De plus, le manque d’informations et de documentation concernant les traitements passés accentue la difficulté à distinguer des dommages dus aux pesticides de ceux causés par d’autres agents. Aussi, les informations rassemblées sont-elles souvent floues, peu précises, tant au niveau des mécanismes d’altération que des matériaux concernés.
Les naturalia étant des collections composites, une grande diversité de matériaux a été prise en compte dans ce chapitre. Outre les matériaux constitutifs des spécimens à leur état naturel (collagène, kératine, chitine, cellulose…), sont également considérés les matériaux et produits de préparation et de conservation. Ainsi, les éléments métalliques qui structurent les montages (mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons) ou qui maintiennent les plantes et les insectes sur leur support ; certains spécimens sont peints et/ou vernis (poissons, reptiles, becs et pattes des oiseaux, etc.) ; les tissus mous sont modelés dans divers matériaux (cire, résines synthétiques, etc.) les matériaux de bourrage/remplissage sont extrêmement variés (paille, étoupe, sciure, polymères synthétiques, etc.) ; les étiquettes sont constituées de papier, d’encre, de colle, etc.

LA GESTION DES BIOCIDES

MESURES DE SECURITE ET EQUIPEMENTS DE PROTECTION

La présence de biocides dans les collections d’histoire naturelle peut donc poser des problèmes de santé pour les personnes amenées à manipuler les spécimens et plus particulièrement, celles qui subissent une exposition répétée.
Face à la diversité et aux difficultés de quantification de produits résiduels, la détermination précise des risques qui en découlent est complexe à établir et implique un financement. Aussi, dans le but de prévenir tous problèmes éventuels d’intoxication, il importe d’appliquer différentes mesures de sécurité. Ces règles sont générales et peuvent difficilement être précisées ou détaillées en l’absence d’évaluation des risques sanitaires pour des scénarios d’exposition particuliers.
La prévention des risques peut se faire en agissant au niveau de la source ou entre la source et la cible du toxique. Dans le premier cas, en supprimant ou limitant l’émission des biocides en intervenant au niveau des collections (soit en isolant le spécimen, soit en le décontaminant). Dans le second cas, en supprimant ou limitant les possibilités d’entrée de ces composés dans le corps (réduction du contact et du temps d’exposition).

METHODES DE DECONTAMINATION DES NATURALIA

La toxicité des biocides résiduels dans les naturalia et les altérations des matériaux constitutifs qu’ils peuvent provoquer impliquent d’effectuer des traitements de décontamination lorsque ces deux sujets sont jugés trop préoccupants.
Lorsqu’une évaluation des risques sanitaires indique que ceux-ci doivent être gérés au niveau de la source d’émission du toxique, il convient tout d’abord de quantifier les pesticides à traiter, afin d’estimer le niveau de décontamination à atteindre. La connaissance de ce niveau sera utile pour contrôler le succès du traitement.
Le vocabulaire utilisé nécessite quelques précisions : « détoxiquer » a pour sens de « supprimer les effets nocifs, toxiques de (une substance) » et le mot « décontaminer » signifie littéralement «éliminer ou atténuer les effets d’une contamination ». En d’autres termes, une décontamination peut être totale ou partielle.
Un spécimen, un objet ou un espace est considéré comme décontaminé lorsqu’il n’y a plus de risques pour la santé ou d’altérations pour les matériaux constitutifs.
Très peu d’études sont publiées concernant le sujet de la décontamination des collections face à la présence de biocides, encore moins concernant les collections d’histoire naturelle.

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Table des matières

INTRODUCTION
INTRODUCTION GENERALE AU SUJET
OBJECTIFS ET METHODOLOGIE
BREF HISTORIQUE DE LA RECHERCHE
NOTE SUR LES MATERIAUX DANGEREUX ET LEUR ORIGINE
1. LES BIOCIDES 
1.1. DESCRIPTION ET HISTOIRE D’UTILISATION
1.1.1. Composés inorganiques
1.1.2. Composés organiques
1.1.3. Fumigants divers
1.1.4. Note sur les spécimens en fluide
1.1.5. Synthèse
1.2. MISE EN EVIDENCE ET METHODES D’IDENTIFICATION 
1.2.1. Recherches préliminaires et observations
1.2.2. Tests microchimiques
1.2.3. Analyses instrumentales
1.2.4. Synthèse
2. LES EFFETS DES BIOCIDES 
2.1. EFFETS SUR L’ORGANISME 
2.1.1. Notions générales de toxicologie
2.1.2. Toxicité de quelques biocides résiduels
2.1.3. Évaluation des risques sanitaires
2.1.4. Évaluation des risques et épidémiologie dans les musées
2.1.5. Synthèse
2.2. EFFETS SUR LES MATERIAUX CONSTITUTIFS DES SPECIMENS
2.2.1. Biocides inorganiques
2.2.2. Biocides organiques
2.2.3. Spécimens en fluide
2.2.4. Note sur la conservation/dégradation de l’ADN
2.2.5. Synthèse
3. LA GESTION DES BIOCIDES
3.1. MESURES DE SECURITE ET EQUIPEMENTS DE PROTECTION 
3.1.1. Première mesure de sécurité
3.1.2. Protections collectives et individuelles
3.1.3. Conduites à tenir dans les collections
3.2. METHODES DE DECONTAMINATION DES NATURALIA
3.2.1. Décontamination de l’environnement et des supports des spécimens
3.2.2. Méthodes de traitements mécaniques
3.2.3. Procédures thermiques
3.2.4. Traitements par lyophilisation
3.2.5. Traitements au laser
3.2.6. Méthodes de traitements chimiques
3.2.7. Méthodes de traitements biologiques
3.2.8. Synthèse
3.3. NOTE SUR L’UTILISATION ACTUELLE DE BIOCIDES 
4. ETUDE DE CAS : LE MUSEUM DE DIJON
4.1. PRESENTATION DU MUSEE ET DE SES COLLECTIONS
4.1.1. Histoire et lieux
4.1.2. Les collections
4.2. MISE EN EVIDENCE ET IDENTIFICATION DE BIOCIDES RESIDUELS
4.2.1. Recherches en archives et enquêtes
4.2.2. Observations visuelles de traces physiques
4.2.3. Étude de la contamination des collections par des biocides inorganiques
4.3. DONNEES RELEVEES EN VUE D’UNE EVALUATION DE RISQUES 
4.3.1. Scénarios d’exposition aux biocides
4.3.2. Étude préliminaire de la qualité de l’air
4.4. SYNTHESE 
CONCLUSION

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