Les dynamiques migratoires subsahariennes au Maroc

 Un monde de mobilités 

Le XXIe siècle est marqué par le sceau de la mobilité grandissante des individus, concluant à l’édification d’un espace planétaire, à la fois concurrentiel et interdépendant, interconnecté, mais aussi plus fluide et en perpétuel mouvement. L’histoire de toute l’humanité a toujours été marquée par les migrations. Cette affirmation se vérifie concernant le rapport du continent africain à l’Europe. Ce phénomène migratoire « régionalisé et mondialisé » , comme nous l’explique Catherine Wihtol de Wenden. Ces nouveaux migrants se déplacent plus souvent dans leur région qu’à une échelle transcontinentale, dessinant ainsi de nouveaux systèmes articulant diasporas transnationales et régimes migratoires régionaux.

Se construit ainsi une réalité géographique où « presque tous les pays du monde sont concernés par les départs, les arrivées et le transit » , certains pays comme le Maroc revêtent les trois statuts conjointement. Ce phénomène a induit « une grande fluidité du passage et la mobilité » , et entraîné l’apparition de profils variés de migrants : jeunes travailleurs, étudiants, demandeurs d’asile, réfugiés, migrants environnementaux, mineurs isolés et femmes migrantes, ainsi qu’une déconstruction et une recomposition de l’espace international. En effet, selon le département de la population des Nations unies, on dénombre « 266 millions de migrants internationaux, soit 3,5 % de la population mondiale, et 740 millions de migrants internes dans leur propre pays. De ce fait, un milliard de personnes sont aujourd’hui en situation de mobilité forcée ou volontaire sur 7,7 milliards » d’individus vivant sur notre planète.

Les statistiques sur la migration témoignent amplement de ces circulations migratoires. L’Europe et l’Asie représentent les premières destinations privilégiées par les migrants ; « 77 millions pour l’Europe si l’on inclut la Russie et l’Ukraine, 80 millions pour l’Asie, suivie par les États-Unis (60 millions), les pays du Golfe (25 millions) et la Russie (12 millions) » comme l’illustre la carte ci-dessous .

Concomitamment, les pays du Sud sont aussi devenus des destinations attractives pour certaines catégories de migrants tels les réfugiés, les demandeurs d’asile ou étudiants ; ces derniers choisissant de se stabiliser dans un pays proche géographiquement du leur. Ce choix s’explique également par le fait qu’une cinquantaine des pays du Sud « ne sont pas signataires de la Convention de Genève de 1951 sur l’asile, donc la protection est souvent relative » sans oublier la facilité de franchissement des frontières pour les migrations irrégulières, comme le mentionne Catherine Wihtol de Wenden. Dans un tel contexte, le contrôle accru et le durcissement des politiques migratoires du Nord contribuent à freiner certains mouvements migratoires sud-nord. À ce titre, le « Sud de la planète est en passe de recevoir autant de migrants que le Nord de la planète : Asie 80 millions, Afrique 26 millions, Amérique latine et Caraïbes 10 millions, Océanie 8.4 millions ».

Les facteurs explicatifs influençant les migrations résultent de plusieurs ordres. Nous citerons, par ricochet, les trajectoires démographiques différenciées des territoires dont l’accroissement démographique dans certains pays du Sud, mais aussi le vieillissement des populations au Nord et sa natalité déclinante ouvrant des perspectives d’emploi pour le Sud. En effet, le décalage d’ordre démographique entre Sud et Nord montre un recul de sa population active ; c’est le cas pour « l’Europe qui va perdre 3 % de sa population d’ici 2030 et 60 millions de personnes d’ici 2050 ». Cette tendance favorisera davantage les flux migratoires.

Interroger des migrations d’Afrique subsaharienne vers l’Europe à travers le Maroc, qui sont, comme nous l’explique Mehdi Alioua (2011), le résultat des écarts et des inégalités de développement, ou encore de l’enjeu démographique. Le continent africain représente le maillon faible de la mondialisation. La population d’Afrique subsaharienne en l’occurrence « atteindra les 4,4 milliards d’habitants à la fin du XXIe siècle (contre 1,2 milliard de nos jours) si les tendances démographiques sont constantes » . Des millions de jeunes sont sous-employés et nombre d’entre eux ont donc pour finalité de trouver des sources de revenu leur permettant de subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles en dehors de leur pays d’origine. C’est pourquoi, « l’Afrique subsaharienne va continuer à alimenter les migrations du fait de la jeunesse de sa population (19 ans d’âge médian) et de sa croissance démographique soutenue » . Dans cette perspective, « en 2030, la pauvreté affectera toujours le quart de la population africaine » qui puisera une partie de sa force pour développer sa résilience dans la migration et la mobilité.

Migrations et mobilités : des termes de plus en plus associés à des logiques de contrôles et de filtrage

Les migrations, comme concept revisité et remplacé graduellement par celui de mobilités du fait de l’accélération des transports, renvoient à la fois à un discours et un paradigme : elle est devenue un défi planétaire du fait de tension continue entre logiques de circulations et logiques d’accueil. En effet, le concept de mobilité sert de matériau afin de décrire de nouvelles modalités de mouvement et d’insertion des migrants via « les migrations circulaires et temporaires et des conditions inédites de gestion migratoire ». Ceci témoigne de la capacité de tout un chacun de faire face aux crises actuelles multiformes : durcissement des contrôles des frontières, crise de l’accueil et de solidarité , crise des migrations Sud-Sud, dédoublées aux multiples crises politiques localisées syrienne, afghane ou encore irakienne, mais aussi algérienne ou camerounaise. Néanmoins, le droit à la mobilité et le droit de circulation ne sont pas synonymes d’égalité. De ce fait, une nouvelle ligne de fracture se dessine entre deux rives, celle du Nord et celle du Sud. Ce déséquilibre se traduit par une opposition des personnes issues des pays du Nord, qui jouissent d’une liberté de circulation, d’installation et de travail, aux personnes moins favorisées, issues des pays à revenus limités et contraintes dans leur mobilité.

David Goeury et Philippe Sierra nous précisent que l’opposition entre les populations pauvres dont nous tentons de restreindre la mobilité et les populations riches, libres dans leurs mouvements et non conditionnées par l’obtention de visas crée ainsi un monde dissymétrique. En effet, dans ce monde se démultiplient « des lieux-frontières à l’intérieur même des territoires ». Telle est la fonction du consulat pour obtenir le visa, des lieux de filtrage, de captage et de refoulement, ou des lieux d’immobilisation et parfois d’enfermement des migrants qui prennent la forme de camps plus ou moins formels ou de centres de rétention. C’est notamment le cas de villes frontières ou bien des villes dissuasives qui se ferment, entourées de lieux de mise à l’écart du migrant.

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Table des matières

INTRODUCTION GÉNÉRALE
PARTIE 1. Les dynamiques migratoires subsahariennes au Maroc : La dispersion comme réalité multidimensionnelle mouvante
Chapitre 1. Chronologie des migrations subsahariennes au Maroc et mutation des alliances maroco-européennes en matière migratoire
Chapitre 2. Le Maroc et la mise en place de tactiques de contrôles frontaliers couplés aux partenariats avec l’UE : l’évolution des réponses politiques nationales aux injonctions sécuritaires européennes.
Chapitre 3. Définir et penser réflexivement la complexité du phénomène de dispersion dans l’étude des migrations.
PARTIE 2. Géographie comparative dans deux villes moyennes au Maroc : Profils, parcours, motivations et pratiques urbaines des migrants subsahariens à Tiznit et Taza
Chapitre 1. Approche méthodologique et épistémologique de notre recherche
Chapitre 2. Analyse descriptive du profil et de la trajectoire migratoire subsahariens à destination du Maroc
Chapitre 3. Le rapport et le mode d’habiter des migrants dans la ville moyenne et leur lutte pour se construire une place urbaine : une entrée spatiale
PARTIE 3. Évaluation des politiques d’accueil locales, « post-dispersion » à Tiznit et Taza : Étape vécue des migrants dans les « villes-refuge », enjeux de l’hospitalité sociourbaine et gouvernance migratoire locale
Chapitre 1. Chapitre 1. Penser les ressources, les logiques et pratiques de l’accueil dans les villes moyennes marocaines à l’épreuve des migrations subsahariennes
dispersées
Chapitre 2. La « ville -refuge » comme nouvel espace-temps urbain d’accueil des migrations subsahariennes dispersées
Chapitre 3. Évaluation critique des politiques locales d’accueil et l’insertion des migrants dispersés dans la ville-refuge : tendances, contraintes et perspectives
Chapitre 4. Repenser la gouvernance locale des migrations subsahariennes
dispersées
CONCLUSION

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