Les différents types de plates-formes de services entre particuliers

 Les différents types de plates-formes de services entre particuliers

L’offre de mise en relation autour des services entre particuliers s’organise en trois catégories, suivant la forme de contrepartie régulant les transactions.

Sans contrepartie financière : Ces plates-formes s’organisent comme des réseaux d’entraide en mettant en relation des particuliers qui ont besoin d’aide, et des personnes prêtes à les aider bénévolement. Nouvel acteur de ce modèle, Yelp.fr entend devenir la référence en matière de bénévolat entre particuliers.

Le don contre don : Ces plates-formes proposent aux particuliers d’échanger des services entre eux, en partageant leurs savoir-faire respectifs. Cet échange s’effectue soit directement d’une personne à une autre, soit par un système équitable de « crédit temps ». Dans ce cas précis, chaque heure de service rendu, donne droit à une heure de service reçu auprès de n’importe quel membre de la communauté. En France, Yakasaider.fr et ses 15000 utilisateurs est un bon exemple de plate-forme de ce type.

Avec contrepartie financière : Le recours à la pratique de services entre particuliers contre rémunération, est une activité ancienne et popularisée, via les systèmes de petites annonces publiées dans les journaux ou affichées dans les commerces. En utilisant les dispositifs de communication efficaces offerts par internet, ces platesformes permettent rapidement de mettre en réseau à l’échelle d’une région ou d’un pays, des groupes d’individus connectés aux besoins et aux intérêts complémentaires, en opérant une multiplication d’opportunités de mise en relation. Cette technologie sociale permet d’élargir considérablement le champ de l’offre et de la demande à partir de la localisation géographique et le type de besoin demandé. Les plates-formes de Jobbing classées dans cette catégorie, se présentent comme des experts du recrutement entre particuliers. Le Jobbing consiste à mettre en relation des prestataires amateurs, semi professionnels ou professionnels, désignés par un vocabulaire contextualisé « jobbers », et des clients les « demandeurs » ou « posteurs » publiant leur besoin sous forme d’annonces ou d’appels d’offres. Les uns à la recherche d’un revenu, les autres attirés par les commodités du dispositif technique et les économies promises par les plates-formes. Si l’orientation des deux premiers types de plates-formes, qui s’appuient sur le bénévolat et la gratuité des échanges sont plébiscitées et reconnues d’utilité générale, en revanche, les plates formes avec contrepartie financière suscitent davantage d’interrogations. En effet, il ne s’agit pas vraiment d’échange mais de prestations de services rémunérées par des clients sur lesquelles la plate-forme, qui sert d’intermédiaire, prélève une commission de 15 à 17%. De nombreux articles de la presse économique, commencent à s’interroger en émettant des réserves sur la nature collaborative et l’utilité réelle de ces plates-formes qui se commissionnent sur le travail des jobbers. On les soupçonne de tirer parti d’une population fragilisée par un chômage de masse en exploitant une situation de précarité. Dans un article des Echos « L’économie du partage ou les visages de Janus », le député Pascal Terrase rapporteur parlementaire sur le sujet, attire l’attention sur la dualité de ce modèle alternatif : «Elle est d’un côté, généreuse, innovante et dynamique et, de l’autre, elle peut donner lieu à des comportements sauvages, exploitants et égoïstes » . Des voix s’élèvent pour remettre en question l’utilité sociale de ces plates-formes dès qu’elles touchent au domaine du travail, en dénonçant une forme de marchandisation des relations sociales, à l’instar de Benoît Georges : « Si l’échange de biens d’occasion n’a jamais choqué personne, sa transposition dans le monde des services pose bien plus de problèmes. » .

L’émergence de tensions et l’ouverture d’un débat autour de l’ambivalence de ce modèle alternatif appelé parfois  » business de la sociabilité « , ont motivé notre choix d’étudier les mécanismes de fonctionnement des plates-formes de jobbing et leur stratégie de communication.

Définition du terme « Jobbing » 

Le mot « Jobbing » est un substantif composé du nom commun « job » et du suffixe  » ing » qui marque une action. Le terme « job » emprunté à l’anglais, appartient à un registre de langue familier comme son équivalent français le terme « boulot ».

Le mot « job » est défini ainsi, dans le dictionnaire Le Petit Robert : « Travail rémunéré qu’on ne considère généralement pas comme un véritable métier, synonyme petit boulot ». Cette définition situe le jobbing du côté de la prestation d’amateur et du travail informel, par opposition au terme « profession » ou « métier » qui renvoie à des qualifications professionnelles. Il s’agit généralement d’une activité ou d’un travail occasionnel, qui consiste à exécuter de petites tâches ponctuelles, parfois de quelques heures, à la demande d’un particulier. Le « jobbing » cible des catégories sociales différentes, celle des jobbers et celle des clients comme le précise Audrey Guiller dans son article  : « Certains peinent à boucler leur fin de mois, d’autres travaillent tellement qu’ils n’ont plus le temps à consacrer à certaines petite tâches » .

Les principaux acteurs des sites de jobbing

Dans ce domaine, les acteurs de premier plan, sont historiquement les plates-formes généralistes avec une mise en relation directe gratuite telles que Leboncoin, qui est devenu en 2014 la première plate-forme d’échange de services entre particuliers en nombre d’offres. En 2012 les pages d’offres d’emplois captaient déjà 1,4 millions des 14 millions de visiteurs mensuels . Une spécialisation s’est opérée à partir de 2008 avec l’apparition aux Etats-Unis de TaskRabbit, site emblématique créateur du concept, devenu depuis une référence dans le secteur des services entre particuliers, avec plus de 1,25 millions d’utilisateurs aux Etats-Unis en 2013 . Le phénomène arrive en France en 2012, on a pu observer à partir de cette date une multiplication des plates-formes spécialisées dans le jobbing, avec l’apparition des sites comme YoupiJob.fr, Needelp.com ou encore Frizbiz.com.

Le jobbing une activité en forte progression 

Aujourd’hui, bien que ces plates-formes soient des initiatives entrepreneuriales récentes, on observe qu’une part grandissante d’individus y recourent dans leurs habitudes de consommation. D’après une enquête TNS/Sofres de novembre 2014, 41 % des sondés ont déclaré avoir déjà proposé leurs services à d’autres particuliers et 33% avoir déjà sollicité des services auprès d’autres particuliers. Les chiffres avancés par les acteurs du marché confirment cette dynamique. Antoine Jouteau, directeur adjoint du site Leboncoin, a évalué en 2013 à 600000, les offres de services postées chaque jour sur le site Leboncoin.fr. La même année, Bernard Tournier, fondateur du site Youpijob, chiffrait les services effectués à partir de son site à 18000 heures de travail pour un revenu moyen de 200 euros par mois. L’importance grandissante du phénomène jobbing peut être attribuée à un certain nombre de facteurs d’ordre économiques et technologiques.

Une mutation socio-économique de nos sociétés

Le contexte économique morose, incite les français à s’organiser différemment pour trouver des compléments de revenus. De l’avis de leurs concepteurs, ces plates-formes répondent au besoin actuel de recherches d’emplois, en proposant une activité utile et profitable à leurs usagers. Ils présentent le jobbing comme un système D pour arrondir ses fins de mois, pratique qui n’a cessé de prospérer ces dernières années, jusqu’à devenir un gisement d’emplois  qu’il serait dommage de ne pas exploiter. Bertrand Tournier, fondateur de Youpijob, pionnier en France dès 2012, estime que « La mise en relation de particuliers en recherche de quelques heures de travail pour les uns, et des services pour les autres, est un vivier d’emplois, plus précisément d’auto-emplois susceptibles de réduire le chômage »  . Augustin Verlinde, cofondateur de Frizbiz, se considère également comme « un apporteur d’offres pour les uns et une source d’opportunités pour les autres » . Tout en rappelant que l’esprit de son modèle économique est axé sur la création du lien social « Par le biais de ce système, les gens qui ont de la disponibilité s’occupent et rencontrent des gens » et sur le respect de l’environnement « En plus, ces services sont à la fois économiques et écologiques. Par exemple avec Frizbiz, les jobbeurs qui répondent aux annonces n’habitent pas loin du demandeur, ce qui réduit les frais de transport et les conséquences sur l’environnement» .

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Table des matières

I) Introduction
1.1) Contexte général
1.1.1) Les différents types de plates-formes de services entre particuliers
1.1.2) Définition du terme « Jobbing »
1.1.3) Les principaux acteurs des sites de jobbing
1.2) Le jobbing une activité en forte progression
1.2.1) Une mutation socio-économique de nos sociétés
1.2.2) Une désintermédiation synonyme de liberté
1.2.3) Une simplification du quotidien en toute confiance et à moindre coût
1.3) Problématique et hypothèses
1.4) Approche méthodologique
1.5) Plan
II) Une structure médiatique d’internautes en réseau : les dispositifs des plates-formes pour susciter la participation et l’engagement
2.1) Une vitrine promotionnelle, la page d’accueil
2.1.1) Scénographie de la narration: fabrique d’histoires
2.1.2) Procédés de construction projective et d’identification
2.1.3) Valorisation des acteurs représentés
2.1.4) Un espace démocratique ouvert à tous les internautes
2.1.5) Scénographie de l’appartenance à une communauté collaborative
2.2) Organisation de mécanismes de régulation et de coopération communs aux plates-formes
2.2.1) Scénographie d’un contrat de confiance
2.2.2) Construction de métriques de réputation
2.2.3) Construction d’un profil personnalisé, la mise en scène de soi
2.2.4) Scénographie d’un engagement réciproque, présentation de soi des fondateurs
2.2.5) Les principes de régulation, évaluation et surveillance collective
2.3. Mise en place d’une stratégie commerciale
2.3.1) Scénographie d’une concurrence généralisée en temps limité
2.3.2) Processus de sélection d’un jobber
2.3.3) Stratégie d’optimisation du travail des jobbers
2.3.4) Orientation de la fixation du prix par les plates-formes
2.4) Construction d’une identité sociale virtuelle
2.4.1) L’inscription, un rituel d’intégration dans une institution
2.4.2) Mise en place de badges, gages de certification
2.4.3) Identité virtuelle, masque et avatar
Conclusion de la partie II
Les plates-formes de « jobbing » – Laurent CARBONNEL
III) Observation des interactions dans les espaces de socialisation
3.1) Des modalités d’expression encadrées par un interdit initial
3.1.1) Discussion surveillée, recadrage et autodiscipline
3.1.2) Transgression de l’interdit, contournement de la plate-forme sur le site Frizbiz
3.2) Inégalité du rapport de position entre client et jobber
3.2.1) Sélection d’un jobber par une cliente et rejet du second sur le site Youpijob
3.2.2) Négociation de la rémunération entre client et jobbers sur le site Frizbiz
3.3) La question de la qualification et des types de jobbers
3.3.1) Négociation entre le client et le jobber (Figure 21)
3.3.2) Témoignages du client mécontent
Conclusion sur les modalités d’expression dans les six interactions
3.4) Exemples de transactions réussies
3.4.1) Marché conclu en deux questions
3.4.2) Co-construction d’un projet par trois acteurs engagés
Conclusion de la partie III
IV) Le rôle des plates-formes, les limites du modèle économique du jobbing
4.1) Les profils des prestataires de services, non professionnels
4.1.1) Les jobbers salariés déjà intégrés dans le marché du travail
4.1.2) Les jobbers contraints dans une logique de survie
4.2) Obligation de transparence sur le modèle économique et le partage de la valeur
4.2.1) Construction d’un nouveau statut pour les micro-entrepreneurs ?
4.2.2) Fixation d’un tarif horaire minimum par les plates-formes
4.2.3) Organisation d’une fiscalisation pour lutter contre le travail dissimulé
Conclusion générale

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