Les déterminants sociaux de la malnutrition chez les enfants 0-5 ans

Définition des concepts

 Malnutrition : Selon la FAO (1992 citée par Camara, 2005), la malnutrition est un déséquilibre nutritionnel. Ce déséquilibre peut être un excès ou un déficit des éléments nutritifs. Selon l’Unicef (1998), elle est le fruit de l’association d’une alimentation inadéquate (en qualité et en quantité) et des infections. Rakotondrabe (2004), renchérit en disant que la malnutrition résulte d’une part, de la qualité et de la quantité de l’alimentation reçue par l’enfant dans le passé et, d’autre part, des maladies qu’il a pu contracter au cours de sa vie. La malnutrition désigne un état pathologique dû à une carence, un excès ou à un déséquilibre des apports alimentaires. Elle est en général le fruit d’un apport inadéquat et d’une infection (Unicef, 1998). Une carence en vitamine, en micro nutriments, et en protéines peut entraîner un problème nutritionnel grave. Les plus vulnérables sont les fœtus, les enfants de moins de cinq ans et les femmes pendant la grossesse et durant l’allaitement. La malnutrition ne présente pas un type unique. Elle peut se présenter sous plusieurs formes qui apparaissent souvent simultanément en symbiose, comme la malnutrition proteino-énergétique, les troubles dus à la carence en iode et les manques de fer et de vitamine. Ces définitions semblent s’adapter à la situation de crise, de paupérisation et d’insécurité alimentaire permanentes dans lesquelles vivent la majorité des pays en développement.
 Comportements nutritionnels : C’est l’ensemble des conduites des mères face aux soins et à l’alimentation de l’enfant. Ils sont saisis à travers les variables suivantes : la vaccination de l’enfant, les infections de l’enfant, la qualité de l’eau de boisson, les habitudes alimentaires et l’éducation nutritionnelle des enfants. Le comportement nutritionnel des mères affecte les chances de survie des enfants. Les pratiques alimentaires sont déterminées non seulement par les moyens dont disposent les ménages mais aussi par les caractéristiques socioculturelles des parents. Ils sont appréhendés ici par l’allaitement maternel, l’âge au sevrage, l’âge de la mère, le sexe de l’enfant, son rang de naissance.
 Facteurs socio-économiques : Ils se rapportent au niveau économique du ménage (ses moyens matériels et financiers) et renseignent sur sa capacité à disposer des ressources nécessaires à la prise en charge des soins en général et à l’acquisition des aliments de qualité pour les jeunes enfants en particulier. Dans notre étude, ils seront appréhendés par l’occupation de la mère.
 Facteurs socioculturels : Les facteurs socioculturels déterminent le milieu socioculturel dans lequel vit l’individu ; et le milieu socioculturel véhicule les normes et les valeurs à l’individu en matière d’alimentation et de soins réservés aux enfants. En d’autres termes, ce sont les perceptions, les croyances, les normes et les valeurs véhiculées au sein d’un groupe d’individus donné, susceptibles de favoriser ou de défavoriser la malnutrition des enfants.
 Pauvreté : Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur le fait que la pauvreté est un phénomène complexe, pluridimensionnel, ne pouvant être réduit à sa simple expression monétaire (c’est-à-dire à un niveau insuffisant de ressources économiques pour vivre de façon décente). Le PNUD déclare ainsi que « la pauvreté n’est pas un phénomène unidimensionnel. Un manque de revenus pouvant être résolu de façon sectorielle. Il s’agit d’un problème multidimensionnel qui nécessite des solutions multisectorielles intégrées ». De même, la Banque mondiale (BM ) affirme que la pauvreté a des « dimensions multiples », de « nombreuses facettes » et qu’elle est « la résultante de processus économiques, politiques et sociaux interagissant entre eux dans des sens qui exacerbent l’état d’indigence dans lequel vivent les personnes pauvres ». C’est la situation d’une personne sur le plan nutritionnel. Cet état est influencé par les échanges continuels de matière et d‘énergie qui se font entre l’organisme et le monde extérieur (Dosithée Ngo, 2001). Plusieurs facteurs influencent l’état nutritionnel d’un individu : la consommation des aliments et (quantité et qualité) et leur utilisation.
 Problèmes nutritionnels : Les problèmes nutritionnels regroupent les affections par carence et par excès. Dans les pays en développement, les problèmes par excès sont rares. On les rencontre que dans les classes sociales les plus favorisées.

L’approche structuraliste d’Andersen et de Newman

   Cette théorie étudie les facteurs structuraux et fonctionnels des sociétés. Pour ces auteurs, l’unité d’analyse se devait d’être la famille, car ils considéraient alors que les soins obtenus par un individu dépendaient forcément des caractéristiques démographiques et économiques sociales et culturelles de l’ensemble familial. Par conséquent, l’utilisation individuelle des services de santé est fonction d’une combinaison de caractéristiques individuelles, familiales et environnementales. Ceux-ci se distinguent en trois catégories :
 Facteurs prédisposant (variables démographiques : âge, sexe, statut marital, morbidités passées ; indicateurs de la structure sociale : race, niveau d’éducation, occupation, ethnie, mobilité résidentielle, taille de la famille, connaissance des maladies et de leur impact),
 Facteurs de capacité (indicateurs familiaux : revenu, assurances, source régulière de soins, accès aux sources ; indicateurs communautaires : densité et disponibilité des ressources sanitaires dans le lieu de vie, prix des services, région géographique, habitat rural versus urbain),
 Facteurs déclenchant (besoins face à la maladie exprimés par le niveau perçu de besoins, conséquences attendues de la maladie, symptômes, diagnostic effectué par l’individu, état général concomitant ou niveau de besoin évalué ou mesuré par un tiers, symptômes et diagnostic établi par les experts).
Parmi ces facteurs certains traitent directement de la notion d’accessibilité aux ressources en fonction de variables géographiques sur le demandeur ou l’offreur de soins. Ce modèle est important dans la mesure où il nous permet de connaitre les différents facteurs structuraux liés aux déterminants de la malnutrition. Il nous permet aussi d’appréhender la problématique de la malnutrition à Keur Massar, à travers les caractéristiques sociodémographiques, les considérations d’ordre social, économique, ainsi que les comportements, attitudes et pratiques des communautés autour de ce phénomène. Cependant, il devient aussi important d’introduire une perspective individualiste dans le sens où les stratégies de résilience dues au niveau de connaissance, au manque de moyens des populations et à l’absence de communication autour de la question de la malnutrition. Dans notre contexte, rechercher les facteurs socioculturels associés aux déterminants de la malnutrition supposerait de comprendre les rationalités que les mères et gardiennes d’enfants donnent à leurs actions. Ces derniers en ayant des représentations sur la malnutrition ellemême, agissent donc selon des valeurs, des croyances. Comme le dit Max Weber, « expliquer les faits sociaux à partir de comportements individuels ». La sociologie Wébérienne donne une place importante à l’individu. Ainsi, il affirme que les êtres humains peuvent être compris dans leurs manifestations externes (comportements) mais aussi dans leurs motivations (sousjacentes à ces comportements). De plus, les phénomènes sociaux sont expliqués par les raisons des actions individuelles. Sur ce, le modèle de Weber appliqué à notre problématique, nous pourrons ainsi reconstruire les pratiques inappropriées des mères/gardiennes d’enfants face à la malnutrition et éclairer davantage ce fait.

La cible principale

   La cible principale sur laquelle a porté notre étude est : Les mères/gardiennes d’enfants de 0-5ans atteints de malnutrition dans la mesure où elles offrent les soins nécessaires, s’occupent des enfants et de la famille en générale, elles sont des porteurs de culture, gardienne de la socialisation de la famille, elles veillent également à la santé et au bien-être de l’enfant. Ce qui explique l’influence des facteurs socioculturels sur elles. Les belles-mères qui sont aussi impliquées dans la pratique et comportements alimentaires des enfants de manière générale,

Les connaissances, attitudes et pratiques autour de la malnutrition

   Elle peut refléter la prévalence de certaines normes et pratiques sociales ou l’existence d’une faible disponibilité de substituts à l’allaitement. Les pratiques alimentaires inadéquates font référence non seulement à la qualité d’aliments donnés aux enfants, mais aussi aux étapes de leurs introductions. L’allaitement au sein constitue alors un facteur crucial pour la santé de l’enfant et surtout les aliments pouvant remplacer le lait maternel est souvent rares ou inappropriés, tant du point de vue hygiénique que nutritif. Néanmoins, il existe certains qui essayent de faire ressortir la particularité de la zone dans la perception de la maladie. Dans cette logique, l’Infirmier Chef de Poste qui a été interrogé nous livre son point de vue sur le phénomène : « Je dirai juste que par rapport à la zone de Malika, la malnutrition est devenue un grand fléau dans cette zone vraiment, parce qu’à chaque fois, on essaye d’identifier les causes et ils sont énormes. D’abord, il y’a la qualité d’hygiène qui manque, la présence du décharge de ‘’Mbeubeuss’’ dans la zone il aussi la promiscuité, c’est-à-dire le nombre important des gens dans les maisons avec les enfants. Ce qui n’offre pas un cadre de vie sain. Il y’a aussi ce qu’on peut appeler le cycle de la malnutrition qui commence depuis la mère qui a été malnutri depuis sa jeunesse et quand elle tombe enceinte et qu’elle ne suit pas ses CPNs normalement, le non-respect du calendrier vaccinal, son enfant qui naitra ne pourra être que malnutri ». A cela s’ajoute : « L’absence d’eau potable, les risques d’infections font que l’allaitement maternel est la seule solution pour les mamans de nourrir leurs bébés en toute sécurité. L’allaitement maternel est bien plus qu’une alimentation : c’est le premier vaccin. Il protège les nourrissons du système immunitaire et améliore la réaction de leur organisme aux vaccinations. Le lait maternel est un véritable cocktail pour le bien-être nutritionnel du nourrisson. Un passage brutal entre le lait riche de basculer l’enfant dans la malnutrition. » Les propos de l’infirmier chef de poste montrent l’absence d’hygiène de vie dans certains secteurs, mais aussi la question du passage de l’allaitement maternel exclusif à, d’autres types d’aliments, notamment l’alimentation complémentaire et souvent les enfants sont victimes de cette rupture brutale, ce qui réduit leur résistance et entraîne une faiblesse et sont exposés au phénomène de la malnutrition. Par ailleurs, une introduction très précoce de compléments d’aliments solides ou semi solides augmente les risques de malnutrition puisqu’elle peut exposer les enfants aux agents pathogènes et surtout à la diarrhée ; infections qui peuvent se manifester à plusieurs reprises et pour une période longue entraînant ainsi une sous nutrition de long terme. De même la non consommation de nutriments riches en protéines et en vitamines, lorsque le lait maternel seul ne suffit plus à couvrir les besoins essentiels de l’enfant, renforce les déficientes nutritionnelles de l’enfant dès son jeune âge. Ce dernier accumule alors d’avantage de retard. Mais, à partir de six mois le lait maternel n’est plus à mesure d’assurer les besoins nutritifs de l’enfant et c’est la période la plus dangereuse pour les enfants en particulier. « Malheureusement, les régimes alimentaires de sevrage que l’on offre aux enfants sont en grande partie à l’origine de ces nombreuses maladies nutritionnelles » selon l’ICP O.T (infirmier chef de poste des Parcelles assainies Keur Massar). D’après les informations obtenues au niveau du (bajenu gox) A.N « Les premiers aliments de complément et de sevrage doivent être introduits à partir de six mois. Ces aliments solides ou semi solides donnés à l’enfant, en plus du lait maternel doivent être suffisamment variés et riches en vitamine Ce sont entre autres les œufs, les farines, les fruits, les légumes, la viande.» D’après elles, le sevrage est une séparation qui peut être vécue comme un traumatisme si elle est brutale et avoir de graves conséquences, tant sur l’état nutritionnel du bébé que sur son comportement. Cela s’explique du fait de l’introduction précoce de nouveaux aliments donnés à l’enfant et qui augmente le risque de contamination. En outre, on peut dire que ce n’est pas le sevrage des jeunes enfants qui pose problème, mais c’est plutôt la manière à laquelle les aliments complémentaires sont administrés. Autrement dit, les prémices de la malnutrition sont souvent liées à la période transitoire entre le sevrage et l’introduction de nouveaux aliments pour la nourriture de l’enfant. Cependant certaines mamans ne comprennent pas pourquoi le lait uniquement et quelques fois, même avec l’interdiction par les infirmiers et médecins, donnent à l’enfant du riz ou du pain, selon qu’il le demande ou selon qu’elles en sentent la nécessité jugeant le lait insuffisant.

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Table des matières

INTRODUCTION GENERALE
PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE ET MÉTHODOLOGIQUE
CHAPITRE 1 : CADRE THÉORIQUE
1.1. Contexte et Problématique
1.2. Hypothèses de recherche et cadre conceptuel
1.2.1. Hypothèse principale
1.2.2. Hypothèses secondaires
1.3. Objectifs de recherche
1.3.1. Objectif principal
1.3.2. Objectifs secondaires
1.2.3. Définition et opérationnalisation des concepts
1.2.3.1. Définition des concepts
1.2.3.2. Opérationnalisation des concepts
1.2.4. Cadre théorique de référence
CHAPITRE 2 : CADRE MÉTHODOLOGIQUE
2.1. CHAMPD’ETUDE
2.2. Délimitation du champ d’étude
2.3. Population cible de l’étude
2.3.1. La cible principale
2.3.2. Les cibles secondaires
2.4. Echantillonnage
2.4.1. Techniques d’échantillonnage
2.4.2. Choix de la méthode
2.5. Techniques et outils de collecte
2.5.1. Entretien semi-directif
2.5.2. Observation
DEUXIEME PARTIE : ANALYSES ET INTERPRETATIONS DES DONNEES
1. Les perceptions de la malnutrition au niveau communautaire
2. Les connaissances, attitudes et pratiques autour de la malnutrition
3. Les facteurs socio-économiques liés à la malnutrition
4. Les comportements favorisant la malnutrition chez les enfants
5. Investissement et activités dans le domaine de la PEC des enfants malnutris
CONCLUSION
Bibliographie
ANNEXES

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